Le basculement libérateur (7/8)
Nous arrivons doucement à la fin de l’exploration du « basculement libérateur » et peut-être est-il utile de rappeler que ce dont je fais le partage est une manière de voir les choses. Il appartient à chaque lecteur de vérifier ce qu’il peut recevoir, ce qui peut lui parler. Et ce que vous lisez peut aussi vous inspirer, vous faire découvrir ou traduire mieux ce qui vous correspond davantage. En tous cas, rappelez-vous que rien n’est censé vous faire vous sentir coupable, ni vous laisser avec l’impression qu’il vous faudrait mettre en place quelque chose de très compliqué ou qui ne serait même pas du tout à votre portée.
Un basculement libérateur est plus simple que ce que l’on pourrait croire. Il ne demande pas « grand-chose », sinon pas tous les efforts que l’on pourrait imaginer, et ce « pas grand-chose » peut être formulé de diverses manières, comme avec les propositions ci-dessous. Le « pas grand-chose » prend tout son sens quand on « se lance à l’aventure ». En fait, le plaisir ou plutôt du bien-être est très vite au rendez-vous :
- Regarder, mais regarder au bon endroit ;
- Faire un petit pas de côté, pour se retrouver sur la bonne voie ;
- Passer de la tête au cœur, ce qui ne demande aucun temps ;
- Renoncer au vouloir, pour s’ouvrir à l’appréciation ;
- Plutôt qu’imposer, donner ce qui est « demandé » ;
- Plutôt que prendre, que quémander ou même que refuser, s’ouvrir au recevoir ;
- Plutôt que penser, regarder, écouter, toucher, sentir ;
- Plutôt que se dire quoi que ce soit, être dans la gratitude ou dans l’observation ;
- Tant qu’à se dire des choses, se dire qu’il y a toujours une autre voie ;
- Plutôt que se retenir, dire, s’exprimer ;
- Plutôt que parler avidement, écouter ;
- Plutôt que déplorer une chose de plus, voir que l’on n’apprécie pas ce qui est pourtant à notre goût ;
- Plutôt qu’être attiré par la négativité, chérir une idée attrayante ;
- Plutôt que se vivre en détenteur du savoir, découvrir que du « croire » nous a rigidifiés ;
- Se trouver une « pratique » qui dynamise, qui s’avère motivante…
Il y a des basculements ou des instants de basculement qui nous surprennent, qui peuvent nous surprendre. « Nous étions au plus bas, il y a encore cinq minutes, et nous voici avec un grand sourire, avec le cœur plein de joie ». Cela ne vous est-il jamais arrivé ? Cela vous arrivera ! Sachons cela ou rappelons-le-nous au besoin, juste histoire de contribuer à l’imminence des instants heureux !
Pour suivre ces autres propositions que j’ajoute, sans doute plus délicates, la connaissance de sa blessure principale ne serait pas superflue. Il s’agit surtout de se connaître mieux, de comprendre davantage comment on fonctionne, la façon dont on vit personnellement l’impression commune de séparation. Nous l’endurons tous d’une manière distincte. Voyez au moins si une blessure vous parle plus que l’autre !
- ABANDON-. Savoir possible « l’impossible », plutôt que rester résigné ;
Sentir son besoin d’aide, plutôt que ne faire qu’aider autrui ;
Sourire à la vie, plutôt que s’effacer. - DÉVALORISATION-. Se détacher de ses notions du bien et du mal, plutôt que braver l’interdit ;
Se laisser toucher (affectivement) par autrui, plutôt que n’être centré que sur soi ;
Se respecter, plutôt que se soumettre. - MALTRAITANCE-. Savoir l’amour omniprésent, plutôt que de croire en l’injustice ;
Dire ses vrais ressentis, plutôt que rester dans le jugement ;
Confier tranquillement ce qui ne va pas, plutôt que se plaindre. - REJET-. Se rendre disponible, plutôt que de vouloir contrôler ;
Être à l’écoute de l’autre, plutôt que parler pour lui ;
Découvrir et honorer son vrai manque, plutôt que se révolter. - TRAHISON-. Oser la vie, plutôt que rester caché, préférer la lumière à l’ombre ;
Faire ses vraies demandes, plutôt que ruminer ;
Se laisser complètement aller, plutôt que rester coincé…
Si vous déplorez la pérennité d’un conflit relationnel ou de n’importe quelle contrariété, vous pouvez gagner beaucoup à voir surtout la persistance d’un certain état d’esprit. Par exemple, si vous deviez être traité mal ou vous sentir traité mal sur une longue période, sans doute est-ce surtout que vous continuez vous-même de vous traiter mal. Et si vous tenez absolument à maintenir votre attention sur des outrances que vous endurez, sur leur multiplication et leur réalité assurément incontestable, il vous faut les maintenir et les perpétuer effectivement pour satisfaire cette attention-là. Eh oui, nous avons ce pouvoir !
Il peut être important pour vous, ce qui se comprend bien, ce qu’explique le conditionnement dont vous avez à vous libérer, de dénoncer, d’accuser, d’inciter à l’indignation ou d’apporter d’incontestables preuves, et vous vous attirerez ou maintiendrez de quoi le faire jusqu’à ce que vous dirigiez ailleurs votre attention, par exemple sur des témoignages d’amour incontestables ou sur ce qui vous tient à cœur. Tout ce qui retient l’attention se renforce, prend de l’ampleur. Alors, à quoi l’accordons-nous ?
En vue de dépasser un vécu éprouvant qui se prolonge, nous pouvons déjà nous aider en nous disposant à découvrir quels pourraient en être divers bénéfices secondaires. Par exemple, tant que je reste particulièrement attentif à mes erreurs communes de vision (chiffres, lettres, couleurs…), surtout jusqu’à en être irrité, tant que je tiens à en témoigner (un bénéfice secondaire), je décourage la vision claire. La possibilité de « prouver brillamment » une expérience pénible devient son bénéfice secondaire. La disposition à voir sans les yeux, ayant été établi qu’il s’agit d’une aptitude innée, est d’abord la disposition à élargir et à affiner son « regard », aussi bien pour l’aveugle physique que pour le voyant physique. En fait, nous avons tous à dépasser une sorte d’accoutumance aux limitations et à la négativité.
Et cette accoutumance-là fait partie de ce qui explique l’indifférence que nous pouvons éprouver face à des propositions sages qui, à d’autres moments, nous réchauffe pourtant le cœur. Par exemple, le rappel que l’on peut se laisser aller, se laisser aller complètement, produit parfois sur une personne concernée un effet incroyablement désinhibiteur, alors qu’à d’autres moments, en réponse au même rappel, cette même personne peut rester de marbre. Un tel vécu est l’occasion idéale de nous rendre compte, quand c’est le cas, que nous ne choisissons pas l’amour, que nous ne choisissons pas la lumière, que nous ne choisissons pas la paix… Et c’est une reconnaissance qui s’avère merveilleuse, libératrice. À quoi accordons-nous notre attention ?
Nous avons vu que nous définissons les positionnements psychiques par un verbe, comme le montre encore la petite liste donnée dans le premier paragraphe du premier texte sur le basculement libérateur (souffrir, déplorer, réagir, résister, dénoncer, accuser, s’accuser…). Eh bien, quand nous vivons un basculement, c’est encore un verbe qui pourra au mieux en rendre compte. Par exemple, quand ils ont basculé, l’abandonné demande et reçoit, le dévalorisé s’élève et partage, le maltraité donne et dit juste, le rejeté écoute et se révèle, le trahi ose, se laisse aller.
J’ai dit aussi que le verbe qui définit un positionnement pouvait être aussi bien un verbe d’état qu’un verbe d’action. Cela reste vrai pour le basculement libérateur, mais le verbe d’état (ou assimilé) s’impose d’autant plus quand il s’agit du basculement ultime ou du basculement essentiel. Quand ils en ont fini avec leur blessure, l’abandonné est uni, le dévalorisé est présent, le maltraité sourit, le rejeté est en paix, et le trahi rayonne. La répétition, l’insistance ou la reformulation est incontestablement ce dont nous avons besoin. Alors, recevons ce qui suit :
- Au lieu de se négliger, prendre soin de soi ; au lieu de s’effacer, s’unir.
- Au lieu de se soumettre, répondre ; au lieu de se rabaisser, prendre de la hauteur.
- Au lieu de se plaindre, dire ; au lieu de prendre, donner.
- Au lieu de s’opposer, proposer ; au lieu de penser, écouter.
- Au lieu de se replier, s’ouvrir ; au lieu de se rigidifier, se déployer.
Arrêtons-nous maintenant sur le grand nombre des personnes qui ne pourraient pas être interpellées par ce genre de textes et de propositions (il s’agit de la grande majorité), si elles étaient amenées à y jeter un coup d’œil. Ce peut être intéressant, parce qu’il est aussi évident que ce que nous allons dire nous concerne aussi à un certain degré, à certains moments, dans un domaine ou dans un autre. Profitons de toutes les occasions pour découvrir ce qui nous limite, ce dont nous nous privons sans le savoir, sans en être conscients.
En effet, beaucoup de gens restent positionnés comme avec l’évidence qu’aucun enseignement n’est pour eux, qu’ils n’en ont d’ailleurs aucunement besoin. Je ne parle donc pas ici de ceux qui, à tort, se croient incapables de suivre quelque enseignement que ce soit ou qui croient que pour eux, tout est cause perdue. Je parle de ceux qui ne peuvent pas reconnaître ce qui ne va pas dans leur vie, dans leur couple ou s’agissant de leur santé. Ils vivent ce qu’ils vivent comme tout à fait normal, « confortablement » installés dans leurs stratégies d’évitement et de compensation. Et le jour où ça craque, ce qui est bien sûr inévitable, ils perdent à peine contenance et se trouvent encore une branche à laquelle se raccrocher. Voici donc un peu de ce qui pourrait les définir mieux :
- N’accorder aucun intérêt pour soi aux propositions ou possibilités transformatrices ;
- Ignorer toute invitation qui semble inclure une remise en question ;
- Regarder au mieux les choses de très loin, très discrètement, sans « se mouiller » ;
- Ne pas faire la différence entre une personne bien intentionnée et une autre, animée par ses seuls « intérêts » ;
- Vivre une vie sans surprise, sans nouveau, avec du connu aussi rassurant que limitant ;
- Être le jouet de dépendances non reconnues comme telles ;
- S’étendre inlassablement et exclusivement sur ce qui ne parle que du monde extérieur ;
- S’en tenir au 20 heures ou à son journal favori et à ses diverses habitudes ;
- Limiter toute conversation exclusivement à des sujets souvent polémiques (politique, argent, sexe, sport…) ;
- Trouver de quoi salir ou invalider quiconque pourrait nous confronter à une vérité (éclairer l’un de nos travers) ;
- Couper par tous les moyens les vrais échanges dont ils sont témoins ;
- D’une manière ou d’une autre, contrecarrer l’harmonie épisodiquement régnante ;
- Semer la zizanie, être à l’origine de conflits ;
- Se montrer condescendant ou faire des déclarations péremptoires, voire menaçantes ;
- Rester positionné en tant qu’autorité incontestable ;
- Ne surtout pas prendre le risque de perdre de son ascendant (surtout imaginaire) ;
- Avoir la solution en toute circonstance, y croire ou le laisser croire ;
- Jouer le rôle de M. ou Mme « Je-sais-tout » ;
- Ne pas envisager ni surtout supporter que quiconque puisse être plus … que soi ;
- Ne pas devoir dire merci, sauf avec un intérêt immédiat à la clé ;
- Rester droit dans ses bottes, quelle que soit la réalité ;
- S’attendrir un bref moment, en cas de coup dur, juste avant de replonger dans l’orgueil ou l’arrogance ;
- S’en tenir à des intérêts exclusivement matériels et généralement égoïstes ;
- Se laisser traiter mal sans même le reconnaître (déni) ou dans le vain espoir d’une considération chaleureuse…
Peut-être tout cela peut-il nous faire penser à des personnes que nous connaissons bien, y compris dans notre entourage proche, mais il s’agit de positionnements ravageurs et n’y en aurait-il pas au moins un qui pourrait être aussi le nôtre, à un certain degré ? Relisons-les lentement et permettons-nous de reconnaître ce qui pourrait nous parler. L’énumération ne présente aucun autre intérêt. Pour nous y retrouver au besoin, elle offre l’embarras du choix ! Et ce sont là des positionnements qui garantissent le statu quo existentiel, qui témoignent des effets ordinaires du conditionnement humain général. Considérons-le avec bienveillance.
Maintenant, occupons-nous plus directement de nous deux, toi cher lecteur qui me lit et moi qui écris. En général, toi et moi, nous sommes relativement disposés à faire pour nous-mêmes une vraie différence, une différence heureuse, mais nous avons suffisamment d’humilité pour admettre que nous trébuchons souvent, que bien des choses nous échappent encore. Alors, nous allons tenter d’énumérer, quitte à revenir sur des points déjà évoqués, quelques pierres d’achoppement de l’harmonie ou de l’épanouissement. Ce sont des rappels précieux.
La seule identification de l’une de ces « pierres » occasionne un basculement libérateur. De plus, l’une d’entre elles pourrait même être ton talon d’Achille et je te suggère donc une lecture d’autant plus attentive. Et si tu devais relever un point manquant ou des points manquants, fais-le-moi savoir en commentaire. Je t’en remercie par avance très chaleureusement. Nous gagnons beaucoup à partager ce qui se veut sage ou qui le devient par le partage, par la collaboration, précisément !
Il va donc s’agir ici de découvrir ce qui peut se passer en nous quand nous restons contrariés plus que d’habitude, quand nos propres rappels ou nos « outils familiers » ne semblent pas fonctionner, ne pas répondre dans le moment, lesquels peuvent être la reconnaissance de notre état réactionnel ou d’une préoccupation seulement compensatrice, l’accueil du douloureux que recouvrait la réaction ou l’intérêt compensateur, la préférence temporaire de la souffrance à la paix, à l’amour, l’assomption de notre responsabilité, la conscience que nous nous prenons pour ce que nous ne sommes pas… Ah, mais il se peut aussi que nous n’ayons pas encore bien intégré l’une ou l’autre de ces premières hypothèses. Auquel cas, elle serait à ajouter à la liste ci-après.
L’ÉTAT D’ESPRIT-. Quand nous restons insatisfaits après une demande exprimée, après toute interaction, vérifions ce qu’était notre état d’esprit au départ, au moment de l’expression, de l’interaction. Quelle était notre humeur, notre disposition ? Avions-nous l’esprit libre ? N’aurions-nous pas été avec une intention qui elle a pu ne pas être exprimée, que nous avons même pu ne pas nous formuler ? Avions-nous des attentes ? Quelles sont-elles ? Nous les aurions encore !
LE(S) BÉNÉFICE(S) SECONDAIRE(S)-. Et si nous pouvions tirer un certain « avantage » à rester contrariés ? Si celui-ci est la possibilité d’être dans la déploration, de quelque manière que ce soit, de (se) prouver un mauvais traitement enduré, par exemple, on ne va bien sûr pas le reconnaître aisément. La contrariété peut aussi se faire excuse pour éviter quelque chose, mais les bénéfices secondaires peuvent être multiples et variés. Regardons cela de près, avec bienveillance !
CE QUE JE ME DIS-. La contrariété peut même accompagner une circonstance censée être plutôt heureuse. La question que nous pouvons nous poser alors reste bien sûr valable pour toute autre circonstance : « Quelque chose ne va pas ici, OK, mais qu’est-ce que je me dis, qu’est-ce que je me raconte ? Est-ce que je suis dans le jugement, dans l’anticipation ? Qu’est-ce que je crois, que je crains, que j’imagine, que je projette… ? Oui, qu’est-ce que je me dis ? »
CE QUE JE NE ME DIS PAS-. Si nous pouvons nous dire bien des choses qui nous contrarient au bout du compte, il y a aussi « ce que nous ne nous disons pas », ce à quoi nous ne pensons pas, ce qu’il ne nous vient pas de demander, d’essayer, d’explorer, de faire, et qui pourrait pourtant nous convenir… C’est ne pas « profiter » d’une possibilité, d’une facilité, d’une chose immédiatement accessible, même de personnes qui seraient heureuses de nous être agréables…
POUR AGIR, ATTENDRE LES EFFETS DE L’ACTION-. Nous pourrons attendre longtemps ! « Je lui en parlerai quand il me parlera » ; « je ferai ce que j’ai à faire quand j’aurai le dynamisme nécessaire » (c’est l’action qui dynamise, qui cause l’entrain) ; « je ferais bien du yoga, mais je manque de souplesse » ; « je m’entraînerai à … (à la vision sans les yeux, par exemple) quand je saurai que je peux le faire » ; « je m’occuperai de mon surpoids quand j’aurai commencé à maigrir »
L’INTÉGRATION RÉPRESSIVE-. Certes, nous pouvons avoir compris beaucoup de choses, fait l’expérience de ce qui peut réellement nous aider, mais quant à savoir ce qui est intégré, c’est une autre histoire ! Or, parfois, nous ferions bien de nous intéresser aussi à ce que nous avons indéniablement intégré de façon « définitive » et tout à fait malencontreuse. Par exemple, nous avons pu intégrer depuis notre tout jeune âge que nous sommes indignes, non méritants, que nous n’avons pas le droit au meilleur, qu’il ne faut s’attendre à rien de bon…
QUELQUE CHOSE M’ÉCHAPPE-. Je confie que c’est là le rappel qui semble m’aider le plus, avec la possibilité que ce qui m’échappe puisse aussi être l’un des autres points énumérés ici. Quand j’accepte (véritablement) que quelque chose m’échappe, pour avoir d’abord reconnu cela, je ne tarde jamais très longtemps à être éclairé. Il serait absurde d’exiger de soi-même de voir toujours et sur-le-champ ce qui se rejoue en soi-même. La reconnaissance et le plein accueil restent transformateurs, libérateurs, y compris quand c’est un « je ne vois pas », un « je ne sais pas » qui est à reconnaître, à accueillir.
L’ESSENTIEL OUBLIÉ-. Nous ne pourrions pas continuer de maintenir une activité mentale constante et inutile, de négliger notre véritable nature, sans en éprouver de la contrariété. « Depuis combien de temps n’ai-je pas été dans l’appréciation, en paix, dans l’Amour, dans la lumière ? Quand, pour la dernière fois, me suis-je arrêté, ai-je été à l’écoute, avec la conscience de toutes mes sensations et autres ressentis ? Quand ai-je été un temps simplement avec une disposition généreuse, désintéressée, en pouvant alors donner sans me léser simultanément ? »
LA PROFONDE HONTE-. En général et pendant longtemps, on a mis en place des stratégies pour éviter le plus possible de la sentir, de la rencontrer : on reste plus ou moins dans l’isolement ; on ne s’exprime pas, ni ses demandes, ni ses douleurs, ni même ses enthousiasmes ; on ne se laisse jamais aller ; on est dans la retenue permanente et l’on s’assure d’éprouver durablement la privation…
LA CULPABILITÉ QUI SE RAPPELLE À MOI-. Il y a le sentiment irrationnel de culpabilité qui se trouve à la base de quoi que ce soit que nous pouvons déplorer, mais parfois, il se fait moins discret. Profitons-en alors pour le reconnaître mieux que jamais et pour le confier à l’Amour que nous sommes ou à qui représente le plus pour nous cet Amour. Un cours en miracles enseigne ce point essentiel de façon divine.
L’ARRÊT BIENFAISANT-. L’une des difficultés majeures pour vivre un basculement libérateur est « l’arrêt » qu’il implique forcément. Lorsque l’on s’est perdu en voiture, par exemple, et que l’on s’en rend compte, on s’arrête pour retrouver son chemin, demander aux passants, consulter une carte… Et cet arrêt permet de « basculer » ensuite sur la bonne route. Un même arrêt est requis, pour pouvoir « emprunter une autre direction », alors que l’on se rend compte que l’on reste ou se retrouve avec du mal-être, une forme de souffrance, un état réactionnel. Ici, s’arrêter, c’est essentiellement lâcher la réaction. Penser comme on pense, se dire ce que l’on se dit, c’est déjà réagir.
Eh bien, arrêtons-nous justement un peu plus sur cet « arrêt qu’il nous arrive de vivre spontanément, sans nécessairement relever le basculement qu’il aura permis bien des fois ! Rappelons-nous ou devenons conscients de ce qui occasionne cet arrêt, ce qui se passe alors, ce que nous nous disons, judicieusement, de sorte à pouvoir le reproduire en conscience. C’est à ce niveau-là que l’on trouvera la pertinence du libre arbitre. Et s’il ne nous semble pas avoir déjà usé de cet arrêt, offrons-nous désormais l’occasion de le vivre.
- Oh, mais attends, je vais aller vérifier ça, on verra bien si c’est possible ou pas ! Ne serait-ce pas absurde de continuer de faire comme si rien n’était jamais possible ? Stop !
- Mais au fait, j’en ai pas marre de faire comme si j’étais toujours tenu de faire ce qu’on me demande ? Ça suffit de jouer à la gentille petite fille, au petit garçon raisonnable, stop !
- Ah, je suis à nouveau avec ma croyance en l’injustice ! Est-ce que je me prendrais encore pour un enfant qu’on pourrait traiter justement ou injustement ? Stop !
- Mais qu’est-ce que je suis en train de me raconter là ? Je suis en train d’imaginer un conflit et j’y réagis comme s’il avait eu lieu ! Stop !
- Mais voilà qu’une fois de plus, j’anticipe une circonstance déplorable et je me sens tout à coup impuissant, démuni, sans solution ! Personne n’a la solution à un problème fictif, stop !
- Bon, que je revienne un peu à moi ! J’étais embarqué dans des pensées alarmantes, angoissantes, stop !
- En fait, je m’en veux, je suis en train de m’en vouloir, de me charger une fois de plus, de culpabiliser effroyablement, ça suffit maintenant !
- Oh, mais me revoici avec ma vieille honte, avec ma profonde honte, je ne vais tout de même pas la promouvoir en pleine conscience, stop !
- Mais décidément, ça n’est pas possible, je vis comme avec l’évidence établie depuis des lustres de ma honte et/ou de ma culpabilité, stop, stop, stop !!!
- Mais qu’est-ce que je suis en train de me raconter ou de raconter à qui veut bien m’entendre ? Mais je suis à côté de la plaque, là, stop !
- Oh, mais je suis là dans un drôle d’état, confus, éteint ou anesthésié, par exemple, et je ne prends même pas le temps de le considérer ! Subir, vivre en zombie ou tel un vieux disque rayé ou un programme informatique, stop !
- Ah, mais je peux appeler tel ami qui trouve toujours le moyen de me faire voir différemment les choses !
Si vous cherchez votre propre formule, celle qui vous fait ou pourrait à l’occasion vous faire sortir d’une ambiance émotionnelle prenante, n’ayez pas à l’esprit les trucs que nous pouvons aussi utiliser pour fuir ou éviter un malaise : rendre service au mépris de ses propres vrais besoins ; succomber à sa fièvre acheteuse ; appeler ceux qui nous laissent nous plaindre, ceux qui nous font juste penser à autre chose ; prévoir une bouffe de plus avec des potes ; se faire un joint, prendre un whisky ou s’enfiler une tablette de chocolat ; sport, travail, lecture, écrans, etc. Il n’y a aucun mal à se soulager, chacun à sa manière, mais ce qui nous arrête vraiment parle d’un réveil et les effets sont plus durables. Ce qui sert la fuite ou la compensation ne fait qu’empirer le malaise.
Nous savons bien sûr que tout est possible, jusqu’au pire, mais il me semble difficile de nier sciemment l’intérêt à basculer d’un état malheureux ou simplement d’attente à la dimension intérieure où nous retrouvons tôt ou tard la paix, la joie, l’amour, la lumière, la prospérité dans tous les domaines. Simplement et pour commencer, dites-vous, rappelez-vous que vous le pouvez, que vous le méritez, que vous en avez le droit, que vous avez même le « devoir » de vous y disposer. Il en va de votre santé psychique et physique, ainsi que de l’harmonie de toutes vos relations. Puissiez-vous recevoir ces mots ! (À suivre)
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