Le refus du bonheur (2/3)
Vous pourriez lire ou relire la chronique du mois dernier (mai 2024), parce qu’elle aborde ce même sujet, « Le refus du bonheur », et que je vais éviter de me répéter trop, même si la répétition s’avère en général nécessaire et avantageuse. Ici, il s’agit de considérer comme nous ne le faisons « jamais » notre relation au bonheur, l’attention que nous lui accordons ou que nous ne lui accordons pas.
En fait, nous devons être heureux, parce que nous devons manifester ce que nous sommes. Nous le devons à nous-mêmes autant qu’au monde. Nous sommes là pour propager la paix, la joie, l’amour, donc le bonheur.
« C’est trop… » est une expression populaire qui se veut parfois positive, mais qui rappelle au moins symboliquement (un peu comme un lapsus) notre refus du bonheur : « C’est trop beau ! C’est trop bon ! C’est trop bien !… » De fait, nous refusons le bonheur, nos comportements et positionnements en témoignent, mais paradoxalement, nous ne voulons dans le même temps rien d’autre qu’être heureux. C’est un peu comme si nous refusions le bonheur pour être heureux. Nous sommes étonnants !
En outre, par exemple, il peut nous arriver ponctuellement de repousser une proposition alléchante, parce que nous attendons à la place autre chose ou même une personne. En réalité, nous aspirons au bonheur, mais nous ignorons ce que cela implique réellement pour nous. Nous ne savons pas ce que nous attendons, hormis préférer une situation hypothétique à une possibilité concrète et agréable. Idéalement, rien n’est jamais à VOULOIR, mais lorsque nous faisons la queue dans un magasin, il nous faut bien dire ce que nous voulons à la serveuse quand vient notre tour d’être servis.
Si ce n’était pas pour être heureux, avec la croyance que notre bonheur en dépend, pourquoi ferions-nous tant de choses que nous faisons, pourquoi éviterions-nous d’en faire tant d’autres ? Même si nous faisons et ne faisons pas des choses par peur, en obéissant ainsi à cette peur, nous croyons bien ce faisant en tirer un avantage heureux, donc en être heureux. C’est une illusion, bien entendu, et quoi qu’il en soit, tout ce qui repose sur le vouloir est illusoire. Ainsi, vouloir être heureux est donc illusoire. Nous avons besoin, non pas de vouloir être heureux, mais de cesser de nous opposer au bonheur, par exemple en voulant toujours mieux ou toujours autre chose.
Quand nous voulons par exemple une nouvelle voiture, passer un week-end quelque part, lancer une invitation, nous ne nous disons pas que notre but est d’être heureux, mais que cela pourrait-il être d’autre ? Même si nous invitons quelqu’un par culpabilité, par exemple, nous ne le faisons pas dans le but de nous rendre malheureux. Nous avons l’attente d’un soulagement, de quelque chose que nous prenons pour le bonheur. Quoi que nous fassions ou ne fassions pas, nous avons toujours une intention « positive » illusoire, nous pensons en tirer avantage. Et nous nous maintenons sans conscience dans ce fonctionnement malheureux, en déployant une énergie folle pour des soulagements illusoires et surtout éphémères.
Si vous croyez faire quoi que ce soit sans la moindre intention positive, vérifiez ce qui vous anime alors et ce que vous pourriez en attendre. Quand ce n’est pas un élan véritable qui nous anime, nous agissons par peur, mais si vous deviez ne pas y croire, prenez la décision de cesser de faire une chose ou une autre et vous serez éclairé. En dehors d’une pure inspiration, que nous fassions quoi que ce soit ou que nous nous retenions de faire quoi que ce soit, nous pourrons toujours découvrir une attente enjouée, bien sûr illusoire dans tous les cas. Bien « heureusement », il nous arrive aussi de suivre ce que le cœur nous souffle.
Par ailleurs, au lieu de rester interloqué par la folie du monde, comme si elle pouvait nous empêcher d’être heureux, intéressons-nous plutôt à notre propre folie. Juste un bref moment, par exemple, ayons à l’esprit ces gens par qui nous voulons être compris, reconnus, valorisés, réhabilités, dont nous voulons attirer les regards. N’y aurait-il pas là quelque chose de fou ? En effet, de qui faisons-nous dépendre la possibilité de suivre nos propres élans, de nous laisser complètement aller, de ne pas nous retenir, de manifester notre propre authenticité ? Aurions-nous vraiment beaucoup à envier à tous ces gens-là ? Le but est, non pas de juger quiconque, mais de cesser de nous duper, de nous illusionner.
Le bonheur n’est pas là où nous le cherchons et c’est en permanence que nous le cherchons, effectivement, toujours au mauvais endroit. Sachons-le ou rappelons-le-nous ! Le bonheur n’a pas besoin d’être recherché ; il se dévoile lorsque nous levons les voiles qui le masquent. Et posons-nous cette question : « Comment est-ce que je me débrouille pour ne pas être heureux ? Comment est-ce que je refuse de l’être ? » Peut-être refusez-vous l’aide qui vous est fréquemment offerte ou ne sollicitez-vous pas ceux qui seraient ravis de vous aider.
Ne soyons pas étonnés par la contradiction rappelée une fois de plus dans ce dernier paragraphe : nous sommes bourrés de contradictions, imprégnés de conflits internes ! Par exemple, nous déclarons bien des choses tout en nous comportant à l’inverse. Pourriez-vous vous laisser croire que cela ne vous arrive jamais ? Et si tel est le cas, appréciez votre bonne fortune, celle-ci n’est pas la mienne, sinon pas tout le temps !
Nous refusons le bonheur en ce sens que, du fait de notre conditionnement, notre intérêt exclusif nous permet seulement, soit de réagir contre une chose ou une autre, contre une personne ou une autre, soit de chercher à vivre ou à obtenir ceci ou cela pour démentir du manque, une croyance auto-accusatrice, pour rehausser l’image de soi, pour éviter du mal-être. Quand nous parvenons par ce biais à un résultat apparemment positif, nous pouvons le vivre par exemple avec une forme d’arrogance, d’arrivisme ou simplement d’ingratitude, comme s’il était acquis pour toujours, en oubliant que ce n’est jamais le cas ou en se montrant très vite blasé. Comment ne pas voir que le bonheur n’est pas et ne peut pas être concerné ici ?
Il reste que nous pouvons et que nous devons être heureux, véritablement heureux, que nous ignorons cela. Non, ce n’est pas ici une nouvelle contradiction : même si c’est de façon illusoire et compensatrice, nous recherchons le bonheur avec la croyance qu’il n’existe pas vraiment, que nous ne le méritons pas, qu’il nous est dû, que nous le connaissons bien ou que nous n’y avons pas droit. Nous devons être heureux, non pas parce que le bonheur nous serait dû, mais parce qu’il est ce que nous sommes déjà. Nous voulons davantage du bonheur que nous croyons connaître, sans la conscience (je le rappelle) que nous le confondons avec de vains soulagements.
Rien à l’extérieur de nous n’a le pouvoir de nous rendre vraiment heureux, ni ne le nécessite en réalité. Le vrai bonheur vibre sans le moindre attachement. De quoi être détaché ? Il ne s’agit pas d’être détaché du vrai bonheur, on n’y est pas attaché ! Être attaché au bonheur est impossible : que voudrait dire « être attaché à ce que nous sommes » ? Non, nous sommes attachés à ce qui ne rend pas heureux, à ce qui n’a pas le pouvoir de nous rendre heureux. Nous devons donc nous détacher de nos illusions. En soi, l’attachement est une douleur, de la souffrance assurée.
Rappelons de surcroît au passage qu’ »être attaché » veut forcément dire, au sens propre, « ne pas être libre ». En toute conscience, qui pourrait souhaiter être attaché, donc ne pas être libre ? Mais précisons enfin que « ne pas être attaché » ne signifie pas « être indifférent ». Si rien d’extérieur ne peut nous rendre véritablement heureux, il y a partout, tout le temps, beaucoup de quoi apprécier. L’attachement garantit d’autant moins l’appréciation qu’il est basé sur la peur. Le non-attachement parle, non pas d’indifférence, mais de réelle appréciation. Non seulement nous fonctionnons de façon conditionnée et périlleuse, mais quand il s’agit de le considérer et pour ne rien changer, nous défendons des positions tout à fait aberrantes. Oui, nous faisons cela !
Peut-être aurons-nous beaucoup de mal à reconnaître que nous ne voulons pas être heureux, que nous ne voulons rien qui remette en question la base de nos positions et positionnements, de ce que nous croyons et de ce que cela nous fait faire. En définitive, nous ne voulons « absolument » pas nous considérer autrement que comme étant un corps, une personnalité, une histoire extraordinaire. Nous ne sommes pas prêts d’abandonner ce terrible piège, lequel seul fait notre « malheur », notre mal de vivre.
Ce à quoi nous aspirons au tréfonds de notre cœur, indépendamment de nos intérêts compensateurs et dérisoires, c’est pourtant ce que la Vie est disposée à nous donner, à nous permettre, à nous faciliter. Nous ne disons pas « oui » à la Vie, nous ne disons pas « oui » à notre cœur, à nous-mêmes. Nous nous refusons la paix, la joie, l’amour, la lumière, l’abondance… le bonheur. Nous ne pouvons pas envisager que c’est bien ainsi que nous fonctionnons. Nous « préférons » considérer que le monde est hostile, que la vie est injuste, que les autres sont cause de notre souffrance… Nous ne nous assumons pas, nous dédaignons notre responsabilité, notre « pouvoir de réponse ».
S’ouvrir au bonheur, c’est notamment accepter de considérer comment et combien on s’y oppose, parce que le bonheur implique forcément la vérité, l’authenticité. Non, on ne peut pas être heureux en restant dans le déni, dans le mensonge, dans la projection, dans toute forme de résistance. C’est cela même qui prive du bonheur, qui oblige à avoir des intérêts compensateurs. Il s’agit de considérer les choses à partir du cœur, non plus de la tête, mais pour saisir ces derniers mots, il vous faut relever un de ces moments où vous avez fonctionné à partir du cœur, ce qui arrive à tout le monde.
D’aucuns pourraient résister à ce qui est écrit ici, s’y opposer totalement, dans l’ignorance qu’ils sont juste conditionnés comme tout un chacun et qu’il leur arrive à eux aussi de se manifester de manière « divine ». Au lieu d’envisager comme utopique ou inaccessible la possibilité de se positionner de façon juste, sage, féconde, ils pourraient tirer avantage à se rappeler des moments où ils ont été une expression de l’amour. Même une personne psychiquement « déglinguée » et surtout malveillante à l’ordinaire manifeste elle aussi, en certaines circonstances, un amour d’une pureté exemplaire. Diverses expériences me l’ont confirmé.
Puisque vous vous intéressez à cette prose, jusqu’ici, vous ne pouvez pas être « psychiquement déglingué » et vous devriez pouvoir plus aisément repérer des moments ou des situations où, sans calcul ni attente, vous avez été véritablement dans l’amour. Je sais bien que votre sentiment irrationnel de culpabilité ne vous facilitera pas la tâche, mais je vous invite à persévérer, à faire en l’occurrence un petit effort ! C’est en votre faveur que vous le ferez, juste en votre faveur. D’ailleurs, quand vous vous les rappellerez, vous réaliserez au passage l’aspect heureux qui a accompagné ces circonstances. Était-ce quelqu’un dans la rue que vous avez sorti du pétrin, un proche malade à qui vous avez rendu visite ou un animal blessé que vous avez sauvé ?
Maintenant, pour expliciter notre tendance à résister au bonheur, je suis bien obligé d’évoquer des positionnements qui s’avèrent peu glorieux, mais cela n’est pas fait pour que nous nous tapions sur la tête. Ce n’est qu’en observant avec bienveillance nos travers que nous pouvons nous en libérer, commencer à nous en libérer, ce qui n’est rien d’autre qu’un acte d’amour qui prédispose au bonheur. On évoque parfois « l’amour qui guérit », mais on peut dire aussi que l’amour rend toujours heureux ou qu’amour et bonheur vont de pair. On lit dans Un cours en miracles : « Que je me souvienne que l’amour est le bonheur, et que rien d’autre n’apporte la joie. Ainsi je choisis de ne pas entretenir de substituts à l’amour. »
Nous avons besoin de connaître ou de reconnaître l’amour qui rend toujours heureux et qui est surtout ce que nous sommes en essence, mais nous pouvons avoir là une grande difficulté : nous confondons cet amour avec la sorte d’appétit ou d’appétence fiévreuse qui nous pousse à agir de façon très limitée et compensatrice. L’Amour ne concerne en rien le vouloir. S’il est conditionnel, il n’est pas de l’amour. Si l’amour n’est pas inclusif, s’il est exclusif, il n’est pas de l’amour. Il y a donc un malentendu, un décalage, une réalisation ou une manifestation heureuse impossible. Voilà qui m’amène à évoquer un autre décalage, totalement incompatible avec le bonheur, avec le bien-être.
Peut-être comme en lisant ce texte, par exemple, vous pouvez vivre des instants où vous êtes complètement dans l’observation, en état de réceptivité ou vous êtes simplement et complètement en paix, dans l’amour. Pouvez-vous relever l’un ou l’autre de ces instants-là, un instant de grand calme intérieur ? Et puis, tout à coup, surgissent comme un cheveu sur la soupe des pensées plus ou moins délirantes ou, tout au moins, qui ne se justifient en rien dans l’instant. Et vous finissez, peut-être, par le remarquer, par en être conscient. Vous vous dites peut-être quelque chose comme : « Ah, je suis de nouveau dans la réaction » ou « je suis repris par des pensées. À nouveau, j’accorde tout crédit aux pensées qui passent. »…
Ici, il y a donc deux « choses », deux phénomènes : il y a ce qui observe, ce qui est ouvert, en paix, conscient, qui peut connaître une pleine appréciation, et il y a ce qui se met à débiter des pensées, souvent à réagir. Eh bien, on peut associer ce second phénomène au personnage de notre vieille histoire, de notre conditionnement, un personnage infantile, lequel est toujours en plein décalage par rapport à l’instant présent. Il vient le voiler, l’embrouiller, créer du trouble. Il est ce qui réagit, veut compenser, celui qui déplore toute chose, même sans en avoir l’air. Il est avant tout celui qui pense. C’est le décalage, ou plutôt le gouffre, créé par le film d’horreur projeté sur la pureté de l’instant.
Quand je me vois maugréer encore plus ou moins, avoir des pensées hostiles ou négatives, dans une humeur pesante ou avec une forme de ressentiment, bien des choses finissent par m’aider, mais il y a surtout ou d’abord ce rappel : « Est-ce que je vais encore longtemps rester positionné comme l’enfant et l’adolescent que j’ai été ? » C’est alors bien sûr que je peux utiliser d’autres clés : me détendre dans la situation en cause, reconnaître mon état réactionnel et accueillir la vieille douleur ravivée, me rappeler ma préférence, mon aspiration véritable pour en faire une intention, me rappeler que je ne suis pas ce pour quoi je me prends…
L’état réactionnel est un frein important et insoupçonné à l’atteinte du bonheur. D’abord, il y a la malveillance qu’il implique et qui est à l’évidence un gros repoussoir du bonheur. Le bonheur est notamment chaleur et accueil, la réaction est notamment froideur, exclusion, hostilité. Et c’est encore ce même état réactionnel qui nous fait souvent déplorer une chose ou une autre. Moins on peut reconnaître son état réactionnel ordinaire, ses expressions réactionnelles, moins on reconnaîtra sa tendance à déplorer les choses, d’autant que la déploration peut prendre des formes plus ou moins subtiles ou même « gracieuses ».
Quand nous déplorons quoi que ce soit, nous révélons notre manque de conscience, un sens limité de notre responsabilité, de la peur, des croyances, de la culpabilité projetée, de la fermeture, une forme d’arrogance, du « je sais mieux que les autres » ou du « je suis moins que rien ». Or, considérons cela tranquillement car ce n’est pas nous qui fonctionnons ainsi, comme nous le mentionnions plus haut, c’est le personnage pensant, passéiste, victimiste. En effet, ce que nous sommes en conscience, en essence, n’est en rien impliqué là-dedans !
Regardons-le un peu plus, ce personnage nostalgique, languissant, accusateur, autoaccusateur, pathétique ! Il habite le passé. Même quand il se préoccupe de l’avenir, il le fait en réaction à du vécu passé. Il est fait de passé. N’attendons pas qu’il change, ce qui est impossible, mais voyons qu’il n’existe même pas à chaque fois que nous l’observons. Nous ne pouvons en observer que le souvenir. L’instant présent est voilé quand nous le laissons en scène, au premier-plan, quand nous nous prenons pour lui, sommes identifiés à lui, ce que nous faisons, il est vrai, la plupart du temps. Jamais, nous ne pourrons être heureux, l’être réellement, en nous prenant pour ce que nous ne sommes pas, en restant décalés.
Pour réaliser une « œuvre d’art », manifester quoi que ce soit de pleinement harmonieux, une qualité de présence est requise. Rien du passé ne peut l’accomplir. Avec les connaissances, à partir du passé, des choses peuvent être fabriquées – elles sont plus ou moins branlantes ou contreproductives –alors que l’inspiration offre ce qui s’apparente à la perfection. Il en est ainsi qu’il s’agisse d’une création matérielle, artistique, d’une relation ou d’un état d’esprit. En observant une personne dans l’action, on peut voir facilement si elle est dans le vouloir faire, dans la résistance à faire ou si ses gestes et ses actes sont joyeux et tranquilles.
Ou bien nous voulons absolument une chose, parce que l’implication du passé domine, ou bien nous aimons l’idée d’une chose ; cette idée nous sourit, nous la chérissons, nous sommes disposés à la vivre… Les résultats ou les expériences permises ne sont évidemment pas les mêmes. Pour fabriquer une chose, nous nous en mêlons mentalement. Pour qu’elle soit créée, nous laissons faire, nous lâchons prise, nous n’y faisons plus obstacle. Les résultats sont toujours secondaires, mais l’état d’esprit est toujours essentiel. En fait, dans le premier cas, c’est le « personnage historique » qui est en scène et dans le second, c’est ce que nous sommes en essence.
Ce qui nous aide à nous désidentifier du personnage historique, à ne plus le laisser en scène, dans l’idée de laisser être le bonheur, c’est de consentir à reconnaître ses allégations aberrantes (croyances) et ses positionnements néfastes. Il faut savoir qu’être vue ainsi, il n’aime pas ça : « on » n’aime pas ça ! Eh oui, le regarder, c’est lui couper l’herbe sous le pied, le prendre de vitesse et même l’éclipser. Nous retrouvons notre véritable nature et notre potentiel quand :
• Nous nous détachons du temps et de l’espace (l’abandonné en nous) ;
• Nous trouvons et adoptons d’autres options (le dévalorisé en nous) ;
• Nous faisons enfin des liens édifiants (le maltraité en nous) ;
• Nous nous arrêtons enfin sur des données réelles (le rejeté en nous) ;
• Nous éclairons enfin la réalité de nos relations (le trahi en nous).
Chacune à sont tour, chaque partie blessée en nous disparaît ou disparaîtra grâce à la dissipation de l’impression de séparation. Dans la séparation imaginaire, le bonheur réel est exclu. C’est dans l’espace et le temps que nous restons perdus (abandon) ; ce sont des choix malheureux qui nous laissent malheureux (dévalorisation) ; c’est l’absence de liens de toute nature qui nous laisse dans la lamentation ou la déploration (maltraitance) ; c’est l’illusion mensongère qui nous fait nous indigner, nous révolter (rejet) ; c’est le manque de lumière qui nous trompe (trahison). Indéniablement, nous avons tous une blessure principale, mais toutes les blessures sont en nous et quoi qu’il en soit, nous sommes tous profondément marqués par la « blessure de séparation.
Pour être réellement heureux, nous devons être nous-mêmes et (notamment) être présents, avoir opté pour l’observation, nous sentir unis, avoir la connaissance et être dans la lumière. Tranquillement, avec bienveillance, reconnaissons nos dysfonctionnements, voyons ce qui s’oppose forcément au bien-être. Si nous aspirons au bonheur, si nous nous y disposons, si nous nous y invitons, nous aurons alors suffisamment d’authenticité pour reconnaître ce qui contrarie notre choix, notre préférence.
« Soyez heureux, forts et en bonne santé », nous dit Wim Hof, en ajoutant : « Utilisez votre discernement pour reconnaître ce qui vous rend malheureux, faibles et malades ». (Wim Hof enseigne une respiration intensive, dont chaque cycle se termine par de l’apnée, ainsi que l’exposition au froid. Il nous invite à cette expérience et je goûte aux deux quotidiennement depuis cinq mois.) C’est notamment ce rappel : « Soyez conscients, devenez conscients ; soyez sciemment conscients ». Ne laissez plus tant de place au vieux personnage, ni ne luttez contre lui, mais voyez-le, reconnaissez-le. Arrêtez de vous raconter des histoires, de laisser parler ce vieux personnage acariâtre !…
La résistance ou le temps de résistance est compréhensible, juste parce qu’alors, c’est le vieux personnage qui gouverne, qui reste en scène. Nous devons faire appel à « l’observateur » en nous, à la sagesse, à ce qui aime voir, reconnaître la réalité des choses, jusqu’à vivre un plein accueil et une libération. En fait, ce qui permet l’expérience d’une libération est un détachement du passé, une désidentification. On ne fait pas du vieux personnage une meilleure personne, on s’en détache tout simplement. En pleine conscience, on pourrait difficilement préférer le passé au nouveau toujours heureux qu’offre l’instant présent.
Se disposer à vivre le bonheur doit avoir pour effet, non pas d’opter pour des effets heureux imaginaires, ni d’utiliser des trucs, mais celui de reconnaître en soi-même tout ce qui s’y oppose. Dans ce même sens, lisons ce que dit Un cours en miracles à propos de l’amour : « Ta tâche n’est pas de chercher l’amour mais simplement de chercher et de trouver au-dedans de toi toutes les barrières que tu as bâties contre lui. Il
n’est pas nécessaire de chercher ce qui est vrai, mais il est nécessaire de chercher ce qui est faux ».
Lorsque nous nous disposons à vivre heureux ou dans l’amour, il est absolument essentiel de ne pas déplorer nos limites, de ne jamais lutter contre. Oui, nous succombons et succomberons encore à nos « vieux démons », céderons encore la place au résigné, au soumis, au plaintif, au colérique ou au bougon en nous. Au lieu de nous le reprocher, au moins après coup, amusons-nous-en !
Dès lors que nous aspirons à vivre l’amour et le bonheur, nous ne devons plus écouter nos vieux « ça ne sert à rien », « je ne le mérite pas », « je souffre à cause des autres », « je n’ai jamais de chance » et/ou « je n’y ai pas droit ». Et même si l’une ou l’autre de ces vieilles croyances s’impose un moment, ne dramatisons pas ! Prenons le temps de nous libérer de nos vieux schémas conditionnés et apprécions de pouvoir les reconnaître. Oui, aimons les reconnaître, soyons-en heureux, quand bien même ce ne serait que pour un bref instant ! En l’occurrence, un préalable est requis : la capacité et la disposition à identifier sa croyance, à la reconnaître comme telle. On peut être engagé sur un chemin spirituel et résister encore longtemps à reconnaître la réalité, sa responsabilité, ce qui reste à libérer.
Pouvons-nous faire nôtres les mots suivants ? « Oui, je me dispose à être heureux(euse) et pour ce faire à reconnaître ce qui y fait encore obstacle en moi, juste en moi, forcément en moi. Je me dispose à « voir » ce que je n’ai pas encore vu, à cesser de m’appuyer sur ce que je sais, me dis savoir, en fait sur ce que je crois. Je souris à l’idée de me défaire de mes vieux positionnements, de tout mon vieux conditionnement. Je n’ai strictement rien à attendre, j’ai seulement beaucoup à libérer ; je n’ai rien à prendre, que des choses à laisser aller ; je n’ai rien à vouloir, je n’ai qu’à aimer. Voir les choses ainsi me réjouit, parce que j’en sais ou soupçonne les effets heureux. » (À suivre)
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