193 – Se laisser prendre (2-2
• « Quand nous observons quelque chose, au lieu de laisser notre regard s’en saisir, il est préférable de laisser l’objet venir à nous. C’est l’objet qui nous regarde. » (Jean Klein)
Dans une certaine mesure, cette seconde chronique consécutive sur la possibilité de « se laisser prendre cordialement », thème quelque peu insolite, pourra sembler faire double emploi avec la première. Cependant, elle enrichira cette dernière (à relire éventuellement), évoquera davantage la difficulté profonde rencontrée et montrera peut-être mieux les effets heureux à se laisser prendre, à se laisser regarder, à se laisser approcher là où, ordinairement, on prend…
Je suis bien conscient qu’il est généralement beaucoup plus facile de suivre des propositions données en direct (comme lors d’une consultation), des précisions et ajustements pouvant alors être apportés. La lecture requiert plus d’attention, puisque nous sommes livrés à nous-mêmes, mais elle peut au moins donner des directions nouvelles. À l’évidence, une information précède toujours le « qu’en faire » et, en elle-même, elle peut être un enrichissement. Du reste, ne cherchez pas à comprendre tout de suite chacune des propositions, si elles vous semblent compliquées, mais restez avec l’impression générale que peut susciter le texte.
Tout de suite, arrêtez-vous un instant sur la première douleur qui vous vient. Regardez-la, puis laissez-vous regarder par elle, un bref moment, et reconnaissez ce qui se passe ! Si vous vous y prêtez, mettez-y du cœur. Quand nous regardons une douleur que nous laissons alors nous regarder, nous renonçons en fait à ce que nous en pensons, à notre vieille posture, à la résistance, et c’est ce qui permet la délivrance et la célébration. L’accueil véritable, unificateur, de qui ou quoi que ce soit parle de ce qui est offert à « l’accueilli », à la chose ou à la personne accueillie, et non pas de ce qui lui serait pris.
Quant au don de l’accueilli, de ce qui est accueilli, si l’on peut dire, c’est « l’accueilli » même, d’autant qu’en plus, il se mue en libération ou en célébration. Lorsque c’est une douleur qui est accueillie, donc à laquelle on s’offre, à laquelle on se livre, par laquelle on se laisse prendre, n’est-il pas évident qu’il est plus sain de ne pas la prendre, de ne rien lui prendre ? Nous sommes enrichis de ce que nous ne prenons pas, alors que nous nous y laissons prendre, que nous l’accueillons, parce que l’accueil est don et que donner, c’est recevoir. Quand on vit un accueil total, livré, abandonné à « l’accueilli », par lequel on se laisse donc prendre, toute résistance a disparu, le « moi pensant » a cédé la place, le cœur domine…
Se laisser prendre par la tristesse qui jaillit, bien sûr avec tendresse ou dans la douceur, c’est en fait la laisser venir, la laisser se montrer, la laisser passer des ténèbres à la lumière, de la souffrance à la célébration. Il n’est rien qui passe des ténèbres à la lumière qui ne soit pas guéri ou transformé, parce que la lumière est amour et que l’amour est guérison. Quand vous ne donnez pas votre attention à quiconque, mais que vous lui permettez de la prendre, lorsque c’est juste pour vous, votre don est en fait pur, complet (non égoïque). « Vous ne donnez rien », mais tout est reçu ! Quand vous accueillez une personne en souffrance, par exemple, sans rien lui demander, sans rien attendre, sans le moindre jugement, peut-être reçoit-elle pour la première fois de sa vie.
Toute rencontre concrète, utile, heureuse, requiert ce qui se présente et ce qui se laisse prendre, la fusion donnant alors lieu à une célébration. Le chat ou le chien qui vient se pelotonner contre nous fait l’expérience de nous-mêmes, mais nous ne voyons que notre expérience, plaisante ou non, selon notre disposition de l’instant. Ordinairement, on prend le câlin momentané de son petit enfant ou même de son animal, alors que l’on pourrait aussi bien s’offrir à lui, « se laisser prendre » par lui, disposition qui décuple l’expérience heureuse (la célébration). L’enfant ou l’animal qui se blottit contre nous ne fait pas la même expérience de nous et réciproquement, selon qu’on le prend ou se laisse prendre. Cette différence est concernée quand on parle d’état d’âme, d’état d’esprit.
Imaginez-vous dans un échange tendre avec quiconque où, tout à coup, l’autre a envers vous un geste affectueux. Allez-vous le prendre ou vous laisser prendre par ce geste ? Vous pourriez vous y abandonner, vous laisser ainsi toucher, vous laisser faire. C’est cela « se laisser prendre ». Or, profitant de l’occasion, vous pourriez vous emparer de la circonstance pour en revenir à vous précipitamment, à votre attente éventuelle, à votre intérêt personnel, et contrôler ou vouloir contrôler le moment. Là, vous ne vous laisser pas prendre, vous prenez ! La disposition « se laisser prendre » n’empêche évidemment pas les initiatives, mais celles-ci ne sont pas précipitées, elles sont ajustées, forcément respectueuses.
Prendre ou juste embrasser le bon qui se présente, c’est rester dans le contrôle, donc dans la peur, et cela le limite forcément, ne l’encourage pas… La personne qui ne se laisse pas prendre par une approche relativement désintéressée témoigne principalement de sa peur, de sa honte ou de sa culpabilité. À l’inverse, se laisser prendre par ce qui vient à soi naturellement, quoi que ce soit, c’est se laisser prendre par quelqu’un ou quelque chose qui s’abandonne et non pas qui agresse. Disposez-vous à faire la différence, à la sentir, et à vous la rappeler aussi souvent que possible.
Il n’y a (évidemment) pas lieu de se laisser prendre par ce qui n’est pas notre besoin, notre convenance, par exemple par une exigence d’autrui. Dans ce cas, nous nous laisserons prendre par nos propres impressions, par notre désaccord ou par notre besoin d’expression. Ce n’est pas par la forme que l’on se laisse prendre, ni donc par quelqu’un, mais nous nous laissons prendre par notre ressenti, quel qu’il soit. C’est ainsi que, soit nous le libérons, soit nous l’apprécions, véritablement.
Quand le mental ne domine pas, on se laisse prendre par ce qui s’abandonne à soi, qui se présente à soi, et c’est ainsi la rencontre de deux vrais abandons. On est mal en se laissant prendre par ce que l’on cherche (à savoir par le vouloir) ; on reste mal en ne se laissant pas prendre par ce qui se présente à soi. Par exemple, on peut vouloir de l’aide, chercher à l’obtenir et déplorer de ne pas la vivre. On est donc mal. Ensuite, comment est-on face à l’aide qui survient ? Est-on capable de s’y abandonner, de la recevoir, de « se laisser prendre » ? Ce n’est pas le cas si l’on en profite égoïstement, si l’on prend, n’étant donc pas dans le « recevoir », et pire encore si l’on décline l’aide, ce qui peut aussi arriver.
Maintenant, se retrouver face à qui « ne se laisse pas prendre », à qui n’est tout bonnement pas dans l’accueil, permet au besoin de conscientiser son propre état d’attente. Il est toujours plus fécond de considérer ce que l’on vit (revit) soi-même que de mettre trop d’attention sur l’autre et son comportement. Cela étant dit, certains peuvent aussi avoir à reconnaître la qualité réelle de leurs relations ou la façon dont ils sont réellement traités. Tout déni cause de la souffrance.
Au mieux, on prend ce qui s’abandonne, ne s’y laissant donc pas prendre, et l’on se laissera prendre par ce qui agresse, par ce qui semble hostile. On fonctionne en pleine contradiction avec l’épanouissement. Si c’est pour y réagir, se laisser prendre par le « dur », c’est être dans sa tête, resté pris par son conditionnement. Si c’est pour le célébrer, se laisser prendre par le « doux », c’est être dans le cœur, être présent à ce qui est. Quand on se laisse prendre, par le doux comme par le dur, reste à savoir ce qui est pris, le cœur ou la tête…
L’aptitude à se laisser prendre, de façon non mentale, est aussi l’expérience de la non-séparation. La non-séparation est la fusion ou l’unité. En se laissant prendre par l’amour, par ce qui le rappelle, on vit l’unité ; en se laissant prendre par le douloureux, sans rien en penser, on retrouve l’unité. Ce qui se présente à nous, quoi que ce soit, vient donc à nous, nous regarde, nous embrasse, nous touche, s’abandonne à nous, et nous y laisser prendre permet une fusion libératrice ou tout simplement enchantée.
La personne que l’on accueille nous regarde forcément, puisqu’elle vient à nous. Comment nous laissons-nous regarder, nous laissons-nous « prendre » ? On ne s’est toujours pas laissé prendre, cordialement, par le même conflit ou problème qui ne cesse pas de se présenter et de se représenter. En revanche, on n’arrête pas de le prendre et de le reprendre ! « Toute attaque est une demande d’amour », nous dit Un cours en miracles. En général, on prend l’attaque, pour y riposter, mais on pourrait se laisser prendre par la demande d’amour. On fait ce que l’on peut ! Se laisser prendre par les demandes d’amour les plus maladroites est un accueil intérieur, possible, et n’est en rien une soumission, ni une approbation.
On ne pourra pas, cordialement, se laisser prendre deux fois par le même problème, la première fois l’aura résolu, mais on pourra passer toute sa vie à le prendre et le reprendre. Quand on se laisse réellement prendre par ce qui se présente à soi, qui vient s’échouer à soi, en fait en son cœur, on n’en pense strictement rien. Se laisser prendre mentalement cause toujours un embarquement dur, chaotique alors que se laisser prendre cordialement offre toujours une fusion douce et au besoin libératrice.
Se laisser prendre (embarquer) mentalement se fait de façon inconsciente, alors que se laisser prendre chaleureusement répond à un état de grande présence. Se laisser prendre mentalement témoigne de l’abandon de son pouvoir (soumission), alors que se laisser prendre cordialement implique une puissance partagée (accueil). Innocemment, on dit parfois que telle chose nous a repris, mais il serait bien plus juste de dire qu’on l’a reprise. On se sent pris par quoi l’on ne se laisse pas prendre.
Pour recevoir véritablement, il faut cesser de prendre, de vouloir prendre, et se laisser prendre, ce qui montre que donner, c’est recevoir. Se laisser prendre est un don total puisqu’il est la réponse à ce qui se présente à soi, sachant que ce don a priori ne préjuge de rien. Et ce n’est pas par hasard que nous ne nous laissons pas prendre, tout un conditionnement étant impliqué (nos blessures) :
• L’abandonné ne reçoit pas, bien qu’il donne tout, parce qu’il ne se laisse pas prendre, ne s’abandonne pas.
• Le dévalorisé reçoit « peu », parce qu’il donne peu, qu’il explique erronément ce qu’il reçoit, qu’il ne s’y arrête pas ou encore, quand il n’est pas soumis, qu’il ne se laisse surtout pas prendre.
• Le maltraité ne reçoit plus, parce qu’il ne l’apprécie pas, en veut plus, parce qu’il ne sait que prendre sans jamais se laisser prendre, cordialement.
• Le rejeté ne reçoit pas, parce qu’il n’en fait rien, le casse, s’en débarrasse, parce qu’il veut être pris, accueilli, non se laisser prendre, non accueillir.
• Le trahi ne reçoit pas, parce qu’il est trop honteux pour se laisser regarder, approcher, trop pudique pour se laisser « envelopper », bien trop blindé pour se laisser prendre.
Il y a indéniablement des situations très éprouvantes, notamment ce qui se passe dans le monde, mais si nous les regardons avec amour, l’éprouvant se dissipe. Le vrai problème est toujours « l’éprouvé », non pas la circonstance, quelle qu’elle soit, personnelle ou collective. Alors, laissons-nous approcher par cet « éprouvé », laissons-le « nous regarder, nous prendre » ! Comme vous le pouvez, considérez attentivement les énoncés suivants et vérifiez celui ou ceux qui pourraient vous parler le plus :
• Ce par quoi vous ne pouvez a priori pas vous laisser regarder, devant faire face à une hostilité éventuelle, invitez-vous à le regarder vous-même de façon intense et avec amour.
• Nous nous laisserons difficilement regarder si une vieille honte reste collée, même si nous n’en sommes pas sciemment conscients, aussi purs ou innocents que nous soyons.
• Nous ne nous laisserons pas regarder si nous sommes ou simplement nous sentons accusés, proies malheureuses d’un vieux sentiment irrationnel de culpabilité.
• Pouvant être extrêmes, la honte, la pudeur et la timidité témoignent magnifiquement de la difficulté à se laisser regarder, à se laisser approcher, à « se laisser prendre ». En fait, elles en expriment le refus.
• Diriger délibérément l’amour sur la culpabilité que vous projetez en vous-même ne peut qu’être d’un effet extrêmement libérateur. Voyez-vous cela ?
• Si c’est la voisine qui semble vous haïr que vous tentez d’accueillir, la haine que vous lisez sur son visage, en votre esprit, n’est rien d’autre que votre culpabilité projetée. Alors, inondez d’amour ce visage, vous en bénéficierez bien plus que la voisine !
• Avec votre intention d’accueillir en vous-même un ami ou un parent adverse, voire haineux, rien ne peut – sinon vous-même – vous empêcher de le voir vous regarder avec un large sourire empli d’amour !
• Nous inviter à voir la folie et même la cruauté extérieures nous regarder avec amour représente comme un clin d’œil de la vérité ultime.
Il est important de voir que tout ce qui apparaît à notre conscience, quoi que ce soit, peut être, soit négligé, déprécié, ignoré, renié, pris avidement, soit (idéalement) laissé libre de nous prendre. Enfants, de façon habituelle, comment avons-nous été « reçus », en étant, ou bien négligé, déprécié, ignoré, renié, pris avidement, ou bien laissé libre de prendre ? Si nous avons été mis à l’écart, enfermé, « pris » avec négligence, répulsion, violence, énervement, évitement ou même convoitise, jusqu’à libération, nous n’allons (a priori) pas, une fois adultes, être enclins à nous laisser prendre par quoi que ce soit.
• L’abandonné ne se laisse pas prendre, pas sentir, parce qu’il tient surtout à s’effacer.
• Le dévalorisé ne se laisse pas prendre, pas toucher, parce qu’il tient surtout à s’échapper.
• Le maltraité ne se laisse pas prendre, pas dire, parce qu’il tient surtout à parler (à se plaindre).
• Le rejeté ne se laisse pas prendre, pas entendre, parce qu’il tient à raconter autre chose…
• Le trahi ne se laisse pas prendre, pas regarder, parce qu’il tient à se cacher.
• L’abandonné est timide, le dévalorisé honteux, le maltraité exhibitionniste, le rejeté exubérant et le trahi pudique. Les timides, les honteux et les pudiques ne se laissent pas regarder alors que les exhibitionnistes et les exubérants ne regardent pas.
Au lieu de se laisser prendre par ce qui se présente, on le refuse ou on le prend pour s’en servir, pour réagir. Si vous ne vous laissez pas prendre par un compliment, par exemple, vous pouvez même le prendre pour une critique. Si vous ne vous laissez pas prendre par la honte qui semble bien proche, pour la reconnaître mieux que jamais, si vous ne la laissez pas vous regarder, vous la maintenez en vous. Quand vous laissez votre honte ou votre chagrin vous regarder, vous toucher, vous prendre, vous notez très vite comme une dédramatisation ou la dissipation de la souffrance.
Se laisser prendre, de façon cordiale et délibérée, c’est (au besoin) lâcher prise et un lâcher-prise est forcément d’un effet heureux. L’idée de « se laisser prendre » peut sembler insolite, voire saugrenue, mais vérifions de près ce qu’implique ne pas se laisser prendre cordialement. C’est penser en vain, c’est résister, c’est réagir : c’est souffrir ! Il est bien possible que vous ayez encore du mal à vous laisser prendre par un moment de grâce ou simplement par une heureuse nouvelle, mais en toute conscience, pourriez-vous soutenir une « bonne raison » qui justifierait votre positionnement ?
Par exemple, quand votre enfant attire votre attention, peu importe la raison, Serait-ce vraiment sage de ne pas vous laisser prendre, de ne pas vous laisser regarder ? Quel en serait le bénéfice ? Se laisser prendre par quoi que ce soit, de façon véritablement ouverte, disponible, ne préjuge en rien de ce que vous allez dire et faire. Vous pourriez vous laisser prendre de même par toute disposition requise.
Il est toujours fécond de se laisser prendre, quand ça veut dire se laisser regarder et non pas se soumettre. Et ce « se laisser-prendre » est un état de grande présence. On se laisse prendre de façon négative, non pas par quiconque ni par une circonstance, mais uniquement par ce que l’on en pense. On ne se laissera prendre négativement par un ressenti douloureux qu’à cause de l’histoire que l’on y attache.
Et l’on ne fait pas que se laisser prendre par des circonstances éprouvantes, problématiques, par ce que l’on en pense, mais de surcroît, on s’y attache, on s’y cramponne de façon incroyable… On ne sait pas ou ne veut pas se laisser prendre de façon cordiale alors qu’on veut se laisser prendre de façon autodestructrice. On pourrait résister au « se-laisser-prendre » joyeux de l’instant, tout en continuant de se laisser prendre mentalement, en permanence !
Nous pouvons nous laisser prendre par quoi que ce soit, ou bien pour y réagir, pour en souffrir, ou bien pour nous laisser toucher, regarder et vivre une célébration… Quand nous avons reconnu une douleur (peine, peur, honte, culpabilité, ressentiment…), nous pouvons la regarder, même nous imaginer la regarder dans les yeux, mais en procédant ainsi, nous pouvons imaginer ensuite et accepter qu’elle nous regarde de même. Ce que nous regardons dans les yeux, nous regarde également et d’autant plus quand cela est venu de soi-même, tout seul, quand cela s’est présenté à nous.
Ce qui se présente à nous nous a donc vu, nous regarde encore, mais qu’en faisons-nous ? Cela reviendra encore et encore jusqu’à ce que nous nous laissions regarder, jusqu’à ce que nous nous laissions prendre, avec amour. La peur ou la colère que nous avons reconnue, par exemple, laissons-la nous regarder et sa dissipation ne tardera pas. Ne dédaignez plus votre malaise chronique ou récurrent et voyez-le se présenter à vous, vous regarder, s’abandonner à vous. L’accueillir, c’est cela !
En réalité, la douleur en nous est irréelle, sans besoin, mais nous avons besoin de l’accueillir, de nous laisser prendre, de nous laisser regarder. C’est notre besoin, à nous ! Il n’y a qu’un moyen d’en finir avec ce à quoi nous avons toujours résisté, c’est de ne plus résister, de nous laisser approcher, de nous laisser regarder, de nous laisser aimer. L’idée de nous laisser regarder par la peur, par exemple, peut sembler absurde. En tous cas, c’est moins absurde que d’alimenter notre peur, de la laisser saper toute notre existence.
Observons que le plein accueil s’applique à une « chose » à la fois. Dans l’instant, ma disponibilité est pour la rédaction de ce texte et j’accueillerai à ma manière toute autre sollicitation. Ordinairement, on évoque le non-accueil quand il y a résistance, mais on n’est pas tenu d’accueillir tout le temps, tout et n’importe quoi, l’accueil pouvant alors redevenir de la soumission ou de la résignation. Même l’attachement n’est pas de l’accueil, parce qu’il consiste à prendre et non pas à se laisser prendre. L’abandon à quoi que ce soit, donc l’accueillir, nous y laisser prendre, n’implique pas que nous allons être dominés. Tout de suite, nous nous laissons prendre par la chose, ensuite tout autant par l’intuition éventuelle qui jaillit. Nous restons « maîtres ».
La disposition à nous laisser prendre, d’instant en instant, par ce qui se présente à nous n’exclut rien, ni un élan, une intuition, une nouvelle idée… Pratiquez l’écoute quand il n’y a rien à entendre, que vous êtes alors plus sûrement sans attente. Le nouveau pourra alors se révéler, mais… ne l’attendez pas ! Et une fois encore, recevons ici ce que nous dit Jean Klein : « N’écoutez pas un son, laissez-le vous écoutez ; ne regardez pas une fleur, laissez-la vous regarder. Vivez avec le parfum de ce qui est dit et n’essayez pas d’en saisir le sens. » Se laisser prendre peut être l’expérience de chaque instant, parce que c’est l’accueil véritable de la vie, de ce qui se présente « ici et maintenant ».
Quand je me laisse sciemment prendre ou regarder par un malaise qui se présente, j’ai souvent une première impression immédiate de grande luminosité. Dès que j’accueille pleinement et intérieurement un malaise (me laissant donc prendre), il arrive que je le voie d’abord m’envahir, puis me traverser, disparaître. L’accueil intérieur délibéré d’un malaise ne permet pas au mental de jouer son rôle habituel, lequel est fait de vouloir, de retenue ou de résistance. Le plein accueil intérieur (se laisser prendre) permet une expérience, vécue en conscience, alors que la résistance ou le mental refuse l’expérience, survolant celle qu’il implique forcément. Le penser est fait pour ne pas sentir.
Se laisser regarder par qui ou quoi que ce soit, au besoin, c’est la disposition manifestée à vivre une réconciliation. À l’évidence, une vraie réconciliation a lieu intérieurement, ce qui se passe à l’extérieur étant toujours relativement secondaire. S’il y a en nous une résistance revendiquée à la réconciliation, notre sentiment irrationnel de culpabilité est colossal et notre corps ou nos conditions de vie en témoignent bruyamment.
La non-résistance ou le plein accueil véritable permet d’être et la résistance de penser. La non-résistance permet l’union, la célébration, et la résistance la lutte, la séparation. Pour pratiquer l’écoute ou le regard croisés, n’attendez pas d’en avoir besoin. Quand vous en aurez besoin, vous saurez « faire » ! La pratique du « se laisser prendre » peut devenir la posture de chaque instant : se laisser prendre par la vie telle qu’elle se présente, à soi ! C’est renoncer à la lutte, à la résistance, à la souffrance.
• Et rappelez-vous que « se laisser prendre », c’est accueillir, c’est aimer, que la Vie ne nous demande rien d’autre que d’aimer !
Je rends grâce et hommage à Jean Klein dont les seules trois citations rapportées m’ont inspiré cette dernière chronique et la précédente.
Je la vois, merci je peux mettre des maux… je me suis sentie dévaloriser, je me dévalorise. Je me suis sentie humilier, pourquoi le pipi caca vomit en gros être malade s est s humilier pour mon ego. Souvent qd j étais malade ma mère m a fait sentir que je dérangeais… elle râlait parce qu il fallait prendre un jour , parce qu il fallait en pleine nuit m emmener aux urgence( malaise besoin de suture au visage). Il y a un épisode dont je me souviens nous étions invités et elle a insiste pour que je viennes avec elle… mon Dieu que c était difficile de se ” contenir” face à ces inconnues.. je me sentais en colère que mes besoins passaient après les siens… je me sentais honteuse, contrôlante une peur bleue de perdre le contrôle de mon corps! Bingooo on y vient!!! C est ce que je ressens en public!! Peur de m humilier, de perdre le contrôle, peur du regard du jugement de l autre. Alors je contrôle tous mes fais et gestes… et là peur plus le contrôle font que je perds pieds , panique puisque mon corps a l impression de ne rien gérer… instabilité, vision floue, tachycardie, sensation de malaise.
He ben je ne pensais pas mettre des mots sur ces maux aussi précisément.
J ai peur de m humilier. La peur de perdre le contrôle!
J ai envie de prendre cette petite fille dans mes bras!!!! De lui dire qu elle a de la valeur, qu elle a le droit d exister, qu elle peut se sentir comme les autres, qu elle a le droit d être elle même, qu elle est aimé pour ce qu elle est et qu elle est loin d être inférieure aux autres!!!
Merci a vous par cette belle synchronicité de partage sur Facebook, de ” me laisser prendre” , voir la peur et l humiliation en face.
Non seulement tu te dévalorises, tu t’es dévalorisée (pour l’avoir été), mais tu crois par ailleurs (autre blessure) ne pas avoir le droit d’exister, être un problème, tu y crois plus ou moins inconsciemment et surtout… à tort, à tort, à tort ! Et pour plus d’aide, je t’ai déjà dit !