192 – Se laisser prendre (1-2
• « Le réel est insaisissable, nous pouvons seulement nous laisser prendre. C’est en ne choisissant pas que la chose se choisit en nous-mêmes, quand on renonce à saisir, à prendre à comprendre l’objet, celui-ci se révèle dans sa vérité infinie. » (Jean Klein)
Du fait du mal de vivre général, il ne serait jamais inutile de reconsidérer ou de découvrir notre croyance commune en la séparation d’avec notre véritable nature, laquelle croyance fait notre conditionnement personnalisé à travers les cinq grandes blessures. Or, ici, nous allons nous en tenir à une « conséquence comportementale », aussi communément partagée et qui peut être transposée en une option libératrice. Le sujet est suffisamment inspirant pour lui consacrer deux chroniques. Envisagez la proposition comme une façon parmi bien d’autres de contribuer à une libération à la fois émotionnelle et spirituelle.
Notre vrai problème, incroyable, est la non-disposition à dépasser les problèmes, notre choix maintenu de la souffrance, de la réaction (ce qui est la même chose). Quand nous sommes repris par un malaise, un « ça ne va pas », on est aussi ou surtout dans une posture de maintien, de préservation, et il est possible de s’en rendre compte. Quand il se fait éprouver, on maintient son malaise comme on maintient son utile vigilance en d’autres circonstances. Dans les deux cas, c’est de l’attention utilisée qui est très efficace.
La difficulté à reconnaître une réaction ou un ressenti douloureux, par exemple, repose sur le maintien de la réaction ou du ressenti au moment même où il s’agirait de juste le considérer enfin, de lui accorder une attention bienveillante et surtout, nous le verrons, un véritable accueil. Rappelons qu’à chaque fois que nous sommes dans la réaction, nous nous employons à éviter une douleur, un ressenti douloureux. Juste déplorer quoi que ce soit n’est évidemment pas de la reconnaissance pure et simple…
Ici et maintenant, est-ce que je reconnais ma peur (par exemple) ou est-ce que je la maintiens, juste l’éprouve ? Reconnaître est une chose, maintenir, éprouver en est une autre. On ne peut pas reconnaître ce que l’on ne « regarde » pas, donc ne voit pas. Quand nous déplorons la façon dont nous nous sentons traités, nous nous gardons bien de la regarder. La déplorer est une chose, la regarder en est une autre. Si vous déplorez depuis des années la façon dont vous vous sentez traité, dont vous vous êtes toujours senti traité, c’est que vous ne l’avez toujours pas regardée. La déplorer, c’est y réagir ; la regarder, c’est être disposé à mieux…
Nous ne nous laissons pas approcher, regarder, nous ne regardons pas nous-mêmes, parce que nous résistons. Nous résistons principalement à l’Amour et à la Vérité. Habitués à demeurer sur le qui-vive, nous sommes peu conscients de combien nous résistons et encore moins de ce qu’implique la non-résistance, ni de ce qu’elle est en réalité. Résister veut dire « ne pas accepter », bien sûr, mais la résistance explique surtout la pérennité de tout ce que nous déplorons. Préférerions-nous l’ignorer ? Nous méconnaissons autant les effets de la résistance que ceux de la non-résistance, tous ces effets étant cependant d’une importance primordiale.
Non seulement nous ne savons pas ce qu’est la non-résistance, mais nous pouvons même l’envisager (à tort) comme de la résignation, un aveu de faiblesse ou comme une mise en péril. On ne résiste pas seulement aux contrariétés en tous genres, même imaginaires, on résiste aussi au « meilleur » (quand on ne sait pas le vivre). Résister au meilleur, c’est SE LAISSER PRENDRE par le « pire », par la souffrance, par l’adversité sous une forme ou une autre.
On ne peut pas prendre une chose sans se laisser prendre par celle-ci, mais c’est alors se laisser prendre de façon mentale, mensongère, très réactionnelle. Il y a deux façons très différentes de « se laisser prendre » et il est très utile de les connaître, de les distinguer, de bien les repérer : se laisser prendre réactionnellement et se laisser prendre cordialement – se laisser prendre par le mensonge ou par la vérité. « Se laisser prendre », harmonieusement, c’est se laisser regarder, se laisser écouter, se laisser toucher, se laisser sentir, se laisser dire, se laisser unir, se laisser fusionner… Se laisser faire, se laisser surprendre ; parfois, c’est même vivre l’unité.
On peut compréhensiblement se heurter à la résistance à l’idée de « se laisser faire » quand on a « subi » son environnement, depuis sa prime enfance, de façon froide, distante, hostile, agressive. Se laisser faire de façon accueillante, délibérée, offre une expérience opposée à celle que cause se laisser faire par soumission, impuissance, résignation, culpabilité ou même ignorance.
Si, enfant, on a soi-même éprouvé le laisser-faire, le fait que le pire était permis à son encontre, la seule idée de se laisser faire représentera « forcément » un rappel très douloureux. À tous les niveaux, les aberrations du monde peuvent rappeler le laisser-faire que nous avons pu éprouver en tant qu’enfants. On peut mentir et même nuire aux consommateurs, aux électeurs, aux administrés. Même la loi ne s’y oppose pas. Les actualités inédites en sont un témoignage ahurissant.
Et du reste, si nous sommes réactivés émotionnellement par le laisser-faire ambiant, vérifions celui que nous avons pu endurer, enfants, sans ne nous y être jamais arrêtés depuis. Rien ne nous fait réagir sans que cela rappelle quelque chose de notre histoire. Se laisser prendre, mentalement, c’est s’assurer de rester pris, longtemps, et se laisser prendre, cordialement, c’est s’ouvrir, juste ici et maintenant.
L’invitation à se laisser prendre par le douloureux qui se présente à soi peut donc sembler insolite, voire inacceptable. L’expression « se laisser prendre » est positive quand elle signifie à la fois « se laisser faire » et « se laisser surprendre ». Elle ne s’applique pas à la lettre à une attaque frontale. En l’occurrence, on sera davantage avisé de se laisser prendre par l’attitude naturelle qui s’imposera alors, au lieu de s’abstenir, de retenir son expression.
Là aussi, le bébé ou le petit enfant qui n’a subi aucun traumatisme nous montre merveilleusement bien la posture offerte par qui se laisse prendre. Dans son milieu équilibré, harmonieux, l’enfant qui se laisse prendre s’abandonne simplement à l’expérience heureuse qui débute déjà. En revanche, l’enfant qui a subi un choc en s’étant laissé prendre conservera forcément de la peur, de la méfiance, de la résistance, en suspectant ou redoutant tout ce qui tentera de l’approcher…
On n’est jamais obligé de se laisser prendre, de se laisser regarder, bien entendu, mais quand cela veut simplement dire « ne pas résister », ne serait-ce pas une « belle option » ? Persiste tout ce à quoi l’on résiste… Soucieux de ne pas se laisser prendre, de ne pas se tromper ni être trompé, on se laisse pourtant prendre mentalement, donc se fait avoir sans conscience, et l’on ne se laisse surtout pas prendre quand il ne s’agirait que d’être pleinement gratifié. Ainsi, on pourra avoir du mal à envisager la possibilité de se laisser prendre cordialement, alors que dans le même temps, on continuera de se laisser prendre par la réaction sans se formaliser le moindrement.
Nous ignorons à peu près tout de la façon dont nous restons positionnés par rapport au monde et par rapport à nos diverses relations en générale. En restant inconscients, nous croyons subir les choses… De façon grossière ou très subtile, nous sommes tout le temps dans le contrôle, ignorant un autre fonctionnement, divinement bénéfique celui-là : « se laisser prendre par l’Amour ». Enfant et adolescent, par peur bien entendu et par antériorité éprouvante, c’est par ceux qui tentaient de m’aborder avec cœur que je ne me laissais pas prendre. Je faisais obstacle à l’amour !
Se laisser prendre par qui ou quoi que ce soit, de façon naturelle ou délibérée, n’est rien d’autre que l’accueillir véritablement, donc cordialement. Ainsi, la difficulté à « nous laisser prendre » nous informe de la façon dont nous vivons le plein accueil. D’une manière générale, savons-nous accueillir ? Comment accueillons-nous ? Outre un passé éprouvant, la difficulté à « nous laisser prendre » par la bienveillance manifeste témoigne seulement du peu d’égards que nous avons pour nous-mêmes. Considérons-le bien !
Moins on peut « être avec soi-même », juste être, plus on envisagera la rencontre avec l’autre sur le plan sexuel ou sensuel, sinon avec des attentes matérielles. Le corps et les biens matériels prennent une importance extrême quand on ne sait ou ne peut pas juste être, quand on ne reconnaît pas sa véritable nature, quand on se prend pour ce que l’on n’est pas. C’est constamment que l’on se prend pour ce que l’on n’est pas et que l’on prend de même le monde pour ce qu’il n’est pas. En définitive, c’est par la Vérité que l’on ne se laisse pas prendre !
Le rapport sexuel peut être vécu comme une sorte d’aboutissement « exceptionnel », mais il peut pourtant révéler aussi l’incapacité de se rencontrer cœur à cœur, de prolonger des regards intimes (les yeux dans les yeux). Nous pouvons nous serrer la main « cordialement », nous pouvons faire l’amour, mais qu’en est-il du rapprochement maintenu de nos visages ? Peut-être n’oserions-nous pas approcher le visage de l’autre, peut-être serions-nous mal à l’aise avec l’approche de l’autre, l’un ou l’autre pouvant nous être plus facile. Qu’en est-il pour vous ?
L’aveugle que je suis vous demande si vous regardez autrui avec aisance, si vous pouvez maintenir votre regard. Et qu’en est-il de vous laisser regarder ? Même si j’ai des impressions sur la « relation visuelle » entre les humains, je suis probablement mal placé pour me prononcer sur le sujet. Encore que ! Puisque mon existence témoigne manifestement d’un regard tout à fait problématique, il n’est pas exclu que j’aie des choses à dire sur la rencontre délicate des regards et des visages. Je ne doute pas que regarder l’autre implique qu’il nous voie, donc que nous nous laissions regarder, mais de ce fait, en raison de notre peur (conditionnement), je doute que nous le regardions vraiment ! Des gens parlent beaucoup, mais les vraies rencontres semblent exceptionnelles.
Le toucher relationnel de l’aveugle ne remplace pas forcément le regard, son toucher pouvant d’ailleurs exclure le visage. Pour certains, le toucher sera vécu comme plus délicat que le regard car le regard permet d’établir une distance supportable. Si le toucher élimine toute distance spatiale, sa qualité peut encore témoigner d’une difficulté relationnelle, contenir tangiblement de la projection, mais également des informations. Dans la rue, à l’instant où un inconnu me prend le bras pour m’aider à contourner un obstacle, j’ai immédiatement diverses informations concernant son état d’esprit, je sais son humeur, son intention, parfois sa blessure.
Proportion gardée, on résiste aux visages trop proches, au regard dans les yeux, tout comme on reste à bonne distance du cœur. Qu’en est-il de l’être, du divin ? N’en parlons pas ! Le regard est évité, le toucher est évité, le cœur est évité, l’être est évité… Restent les formes (même érotiques), restent les apparences, reste l’ego. Le regard, l’écoute et le toucher (sens physiques) ne sont pas les seuls moyens d’éprouver l’approche difficile de l’autre, mais peu semblent identifier le malaise occasionné par la seule rencontre de certaines auras.
« On nous regarde = cela nous regarde » : ce qui nous regarde nous voit et nous concerne. Si l’on n’aime pas être regardé, on peut aussi résister à se sentir concerné. Bien que le douloureux en nous nous concerne au premier chef, nous résistons à ce qu’il « nous regarde », à ce qu’il se présente à nous. Pourquoi sommes-nous mal à l’aise (le cas échéant) à être regardé ? Parce que « cela » nous regarde, parce que nous sommes concernés ! Et cela, nous ne voulons pas le voir.
En toute logique, nous aurons du mal à être touchés physiquement par quelqu’un qui ne nous « touche » pas affectivement, qui ne nous fait rien, qui nous laisse indifférent ou à regarder qui ne nous regarde pas, à nous intéresser à quelqu’un que nous n’intéressons aucunement. Soyons vrais ! D’ailleurs, y a-t-il autre chose que la « vérité » que nous pourrions résister à regarder, donc à voir ? Certes, la « vérité » du monde est souvent cruelle ! Ne nous concernerait-elle pas ? Alors que la vérité nous prenne, qu’elle nous regarde !
La vérité à laquelle nous résistons est celle qui nous implique, qui implique notamment certaines de nos croyances, fausses ! Donc, elle nous regarde ! Souvent, ne résistons-nous pas à « voir » la paix, la beauté, l’amour ? Sur quoi se pose notre regard (notre attention) la plupart du temps ? La plupart du temps, nous regardons l’obscurité, ce que nous appelons des « problèmes », à commencer par les nôtres, mais non pas sans y plaquer du jugement, ce qui ne fait qu’empirer notre état malheureux. C’est par le mensonge que nous nous laissons prendre, soucieux pourtant, comme déjà dit, de ne pas nous laisser prendre, et par la vérité que nous ne nous laissons pas prendre.
Par définition, c’est par surprise que l’on peut se laisser prendre, l’instant présent étant toujours surprenant, aussi par définition, mais d’ordinaire, on ne se laisse prendre qu’en fonction de nos compulsions réactionnelles. On peut se laisser prendre mentalement, ce que l’on fait à longueur de journée, et l’on peut se laisser prendre tendrement ou « amoureusement », ce que l’on fait très rarement (et pas forcément davantage quand on est amoureux). L’opposé de la résistance à toute chose consiste, non pas à la prendre, ni à l’embrasser, mais à se laisser prendre, embrasser ou envelopper par celle-ci (sans rien en penser). Si l’on se laisse prendre même par le coup qui a déjà été flanqué quoi qu’il en soit, la douleur n’est pas retenue et la réponse éventuelle est spontanée et appropriée.
Un coup reçu est très probablement précédé d’un non-accueil, d’une résistance, y compris face à quelque chose venant de soi (un élan, une idée, un geste…). La non-résistance revient à se laisser approcher, à se laisser regarder, à suivre le courant, à se laisser porter, à se laisser prendre. C’est le véritable accueil ! On pourrait a priori rechigner à l’idée de « se laisser prendre », mais ce n’est pourtant rien d’autre qu’une définition possible du véritable accueil, chaleureux. Le degré auquel on se laisse prendre par ce qui se présente à soi, donc le degré auquel on l’accueille, détermine la qualité de la « rencontre ». On se laisse aisément prendre par ce qui permet de réagir, par la réaction elle-même, mais on se laisse plus difficilement prendre par ce qui se dispose à nous embrasser ou nous inonder tendrement.
Accueillir, c’est se laisser prendre (du temps, de l’espace, de l’attention…). On ne pourrait pas prétendre accueillir qui ou quoi que ce soit sans rien se laisser prendre. On peut d’emblée rejeter l’idée de se laisser prendre, tout en faisant du forcing pour que l’autre se laisse prendre, ce qui revient à ignorer la liberté de ce dernier. Se laisser prendre cordialement est un acte de liberté alors que vouloir prendre est un abus de pouvoir ou d’autorité. Dans le plein accueil, ce que l’on se laisse prendre n’est pas pris en réalité, il est en fait partagé. « Se laisser prendre » fait la qualité du partage.
Dans un vrai partage, chacun « se laisse prendre », cordialement, par qui ou quoi que ce soit qui se présente à lui, et il en résulte une fusion. Un non-partage éprouvé rappelle un non-accueil ou une non-invitation, une rencontre qui n’a pas lieu, qui ne se fait pas. Les vrais partages sont absolument essentiels, non pas seulement parce qu’ils sont bons à vivre, mais parce qu’ils permettent un enrichissement. Et ils rappellent l’unité, la non-séparation. Kenneth Wapnick nous dit : « Même au niveau de la rencontre la plus occasionnelle, il est possible que deux personnes perdent de vue leurs intérêts séparés, ne serait-ce qu’un moment ». La difficulté à vivre le vrai « partage à deux » dit d’abord la difficulté à être bien avec soi-même, à relâcher le penser incessant, intempestif.
On se laisse prendre cordialement, non pas par qui veut nous prendre, mais par qui donne de l’attention d’une manière ou d’une autre, qui donne quoi qu’il en soit. Se laisser prendre équivaut à ouvrir la main pour recevoir une chose offerte, tendue. Autre chose est la refuser. Et se laisser prendre par une douleur qui remonte, qui vient donc à soi, c’est se laisser dire ce qu’elle a à dire, elle a beaucoup à dire ! Elle est porteuse de vérité. Le douloureux qui peut remonter nous « dit » vraiment quelque chose. Il dit par exemple : « Je suis malheureux. Ne vois-tu pas combien j’ai mal ?… »
Alors, combien nous laissons-nous dire ? L’écoutons-nous ? La remontée du douloureux en nous est « généreuse », parce qu’elle est l’occasion d’une invitation libératrice, si on la suit. Soit on repousse, d’abord intérieurement, et c’est déjà la guerre, soit on se laisse absorber, forcément intérieurement, et c’est la paix.
Le douloureux qui se présente, par lequel nous pouvons alors nous laisser prendre, semble d’abord nous envahir, mais en fait, il nous traverse. Même si la chose nous arrive rarement, nous connaissons tous l’expérience de se laisser prendre de façon heureuse, positive. C’est le plein accueil (susmentionné) ! N’est-ce pas volontiers, parfois, que nous nous laissons prendre, par exemple par un élan du cœur, par une nouvelle idée inspirée, par une visite inattendue, par une mélodie enchanteresse ou par un paysage merveilleux ?
« Se laisser prendre » fait appel à notre potentiel aussi bien masculin que féminin, car cela implique le donner et le recevoir. Qui se laisse prendre amoureusement donne et reçoit, qui se laisse prendre réactionnellement donne et reçoit aussi, mais ce n’est alors que de la négativité. Quand c’est de façon réactionnelle, on se laisse prendre par ses projections ; quand c’est avec tendresse, on se laisse prendre par ce que la vie présente.
Tant que l’on ne se laisse pas prendre par quoi que ce soit qui se présente, on demeure malheureux, insatisfait. On gagnerait beaucoup à se laisser prendre, avec bienveillance, par ce qui se présente à soi, alors que très généralement, on lui oppose une résistance. « Se laisser prendre » et « être pris » ne sont pas toujours synonymes, le premier pouvant suggérer un accord et le second une contrainte ou une soumission. Ce qui est accueilli bénit, ce qui est repoussé maudit. C’est quand on ne se laisse pas prendre que l’on projette. La projection est un flux sortant et se laisser prendre un flux à la fois sortant et entrant.
Nous « ne voulons pas » nous laisser prendre sciemment par le douloureux déjà en nous, mais nous nous laissons prendre par des histoires horribles ou invraisemblables que nous nous racontons. Et le douloureux en nous, nous le prenons, en tout cas le maintenons. Nous prenons ce par quoi nous ne nous laissons pas prendre. Nous ne faisons qu’interpréter l’existence et plus spécifiquement nos diverses relations. Dès lors, les communications sont faussées, sinon inutiles
Quand une personne nous confie sa peine, par exemple, nous pouvons nous laisser prendre par celle-ci, non pas pour en souffrir, mais comme pour offrir un espace de déploiement consolateur. Quand nous nous laissons prendre par le chagrin d’un petit enfant, nous laissons aussi l’enfant venir dans nos bras (offerts) et là, le chagrin se déverse et se dissipe en quelques dizaines de secondes. Et si nous pouvons nous laisser prendre bénéfiquement par la douleur d’autrui, le bénéfice sera au moins aussi grand quand nous nous laisserons prendre par notre propre douleur.
De même que nous faisons l’expérience de qui nous accueille, on peut dire que ce par quoi l’on se laisse toucher, se laisse prendre, se laisse regarder, se laisse envelopper, fait l’expérience de nous-mêmes. Faire l’expérience de qui ou de quoi que ce soit, c’est partager un même espace ou vivre une extension, une dissipation. Au besoin, ce qui fait l’expérience de nous-mêmes se dissipe. Quand nous nous laissons dire, ce qui nous parle fait l’expérience de nous-mêmes, de notre retour. Autrement, c’est faire barrage, pour une autre expérience, celle de la séparation ! Ce qui remonte, la peur ou la honte par exemple, fait en quelque sorte l’expérience de nous-mêmes, si nous n’y résistons pas, si nous nous laissons prendre, et il y a alors dissipation, satisfaction, accomplissement.
Faire l’expérience de qui ou quoi que ce soit est en être touché ou affecté. Le papier qui brûle fait manifestement l’expérience du feu, il en est affecté. Faire l’expérience d’une chose, c’est en tâter, y goûter, donc la connaître. La douleur qui remonte veut faire l’expérience de nous, nous toucher, nous connaître, parce qu’ainsi, elle se modifie, en fait, elle fond, sinon se consume dans le feu de l’amour. Il ne fait aucun doute que le chat qui vient se blottir sur nos genoux vient faire l’expérience de nous, nous toucher, recevoir quelque chose. En fait, la vie demande notre accueil, c’est-à-dire l’amour. Pour « guérir » ou pour nous épanouir, il nous suffit d’aimer, d’être dans l’amour. (À suivre).
Se laisser prendre ou être pris… je suis prise depuis des années par une ou des blessures du passé qui perturbé mon Être.
Je suis déstabiliser face à l autre comme cette petite fille face à sa maîtresse qui l’a ridiculise devant une classe, devant ses amis, devant ses cousins cousines….
Ainsi depuis l age de 6 ans je rejette celle que je suis… avec le sentiment d être inférieure aux autres, de n être pas assez, d être honteuse….
Mon corps m alertant que quelque chose n allait pas pendant toute ces années…
J ai essayé de paraître bien , de contrôler, d être une bonne fifilles, une bonne amante, une bonne maman, une bonne soignante au service des autres jusqu au jour où mon corps a dit stooooop!
Une belle soirée à vomir, diarrhee malaises à réactivée ce qui était enfoui. Et depuis cette nuit de nov 2010 je ne suis plus la même, je m isole de plus en plus je ne travaille plus, je refuse les invitations, je n invite plus, je bannis les relations amoureuses… tant que je ne m aimerais pas je ne pourrais aimer voilà derrière quoi je me cache!!!
C est beau de voir ses blessures longtemps je me suis crue folle, car cette peur, ce contrôle occassionne plein de symptômes, de douleurs physiques alors que c est mon corps qui me dit ” choisis toi lâches la peur et le regard des autres! ” c est beau de connaître nos blessures!
Mardi pro je commence une formation avec 12 personnes j ai dis oui … oui à moi, à mon Âme mais à quel prix! Mon ego va hurle la peur pour me protéger c est certain je le remercie mais il prend trop de place…
Merci d avoir pris le temps de me lire…
Je vais lire la partie 2 de votre publication
Merci a vous .
En d’autres termes, tu te dévalorises, tu n’as pas encore vu à quel point tu te dévalorises ! Et quand tu te dévalorises, en direct, ça n’est pas le voir, c’est le faire !
Ce que tu écris n’est pas le témoignage de la connaissance de tes blessures, c’est au mieux leur déploration. Il y a un temps pour tout, peut-on dire, un temps pour déplorer ce qui est, ce que l’on vit, et un temps pour le reconnaître, pour reconnaître ses réactions et ses ressentis, et quand on fait bien la différence, la seconde option est toujours libératrice.
L’ego ne nous protège pas, il est la peur ! Sans lui, point de peur.
Or, si tu vois un peu de tout cela, tout est bien. Permets-toi de fonctionner comme tu fonctionnes, donc sans le nier, ni le revendiquer. Ce que tu es à jamais est paix, joie et amour.