191 – L’heureuse disposition en sa faveur
D’une façon ou d’une autre, nous pourrions déplorer ou nous déplorons effectivement du mal-être, un certain mal de vivre (peur, solitude, frustration, mécontentement, insatisfaction, attente, impuissance, découragement, incompréhension, etc.). Or, ce n’est pas parce que nous serions éventuellement même très malheureux qu’il serait établi que nous serions réellement disposés à mieux. Certes, beaucoup ignorent la possibilité du « mieux », d’une autre réalité accessible, mais notre conditionnement implique aussi un certain degré d’attachement à la souffrance. Ainsi, sachons-le bien, l’intérêt pour cette nouvelle chronique dépendra des moments où, en effet, nous pourrons être davantage disposés à faire pour nous une réelle différence heureuse…
Que nous en soyons conscients ou non, proportion gardée, nous « aimons » tous réagir et pour pouvoir réagir, rien ne doit être résolu ; nous « aimons » tous vouloir et pour pouvoir vouloir, il ne faut pas que nous obtenions ce que nous disons vouloir. Ainsi, si un problème trouve sa solution, nous en trouvons vite un autre ; si nous obtenons ce que nous voulons, nous voulons tout de suite autre chose. De cette façon, nous restons dans la réaction et dans le vouloir compensateur. C’est de la souffrance assurée. De ces deux structures psychologiques, découleront bien sûr d’autres états psychiques comme le « non-pouvoir » et la démotivation totale (peur, ennui, non-envie, abattement…).
Par conséquent, quoi qu’il en soit, quel que soit notre état d’âme plus ou moins éprouvant, en premier lieu, demandons-nous sincèrement combien nous sommes disposés à vivre autre chose, à vivre autrement, à nous sentir heureux, en paix et dans l’amour. Vous comprenez bien, j’imagine, que la réponse n’est pas celle du premier venu qui s’écrierait : « Bien sûr que je veux être heureux ! ». Je pourrais d’ailleurs lui faire remarquer que, dans la question, il ne s’agit pas de « vouloir ». Quand et combien de temps à chaque fois envisageons-nous tout simplement la possibilité d’être dans un autre état d’esprit, de cultiver des humeurs bien plus plaisantes ? Et que faisons-nous des propositions qui vont dans ce sens ? Les entendons-nous ? Nous font-elles seulement « hausser les épaules » ?
Cette chronique est donc plus spécifiquement dédiée à ceux qui savent un autre art de vivre, qui y sont ouverts, et si vous me lisez régulièrement, sans doute en faites-vous partie. Vous pouvez savoir, et que vous êtes conditionnés, extrêmement et puissamment conditionnés, et que votre vraie nature est l’Amour parfait, l’Intelligence infinie. Car à l’inverse, si vous ne savez pas que ce que vous êtes en essence est pure conscience et si vous ne vous sentez jamais disposé à manifester la Paix et l’Amour, le texte pourra en effet vous sembler mièvre, incompréhensible ou simplement ne pas vous parler. L’approche de notre réalité essentielle dépend, non pas du croire, de la confiance, mais d’un minimum d’ouverture, d’une saine curiosité, de l’intérêt à faire de nouvelles expériences.
Bien plus qu’on le soupçonne, le mental, le penser incongru fait obstacle aux nouvelles expériences, aux expériences qui font appel au « cœur », à l’instant présent. Il peut déclarer l’une ou l’autre de ces choses : « Tout ça n’existe pas, ce sont des chimères. Il est impossible de vivre autre chose que ce que l’on endure. Ce n’est pas pour moi, j’en suis bien trop incapable ; Je ne le mérite pas. Je ne me vois pas y consacrer tout mon temps. Je sais bien ce que sont mes problèmes. Moi, je n’ai droit à rien de bon… » Une croyance de ce genre est nôtre si nous ne faisons que penser l’existence (la mentaliser). Nous avons un conditionnement personnel, renforcé par l’environnement auquel nous accordons (longtemps) un crédit déplacé et indéfectible.
Avec un accueil véritable, bienveillant, la pleine reconnaissance pure et simple de nos ressentis reste une option très utile et libératrice, mais notre vieux conditionnement est aussi investi d’une dynamique très puissante. En fait, nous avons besoin de confier nos problèmes chroniques dans leur forme structurelle à ce qu’il y a en nous de plus élevé, à ce qui nous unit avec le Tout. « Confier » « nos problèmes structurels » au « Tout », trois données essentielles dans une seule phrase ! Cela mérite amplement une explication point par point.
Confier ses problèmes veut dire ici les déposer, les remettre, au point de pouvoir sentir un premier effet libérateur. Si quelqu’un vous dit qu’il va s’occuper de la panne qui vous contrarie, alors qu’il ne s’est pas encore mis au travail, vous vous sentez déjà mieux, possiblement, n’est-ce pas ? Eh bien, on peut faire la même expérience en confiant son « problème émotionnel » par exemple à « Dieu ». Laissons pour l’instant les problèmes et Dieu, les deux autres points que nous considérons plus bas. Maintenons encore un peu notre attention sur le seul fait de confier sa peine, de se confier.
Confier son problème » implique l’aptitude ou la disposition à s’en remettre et quelle expérience en avons-nous ? Quand nous étions enfants, avons-nous pu réellement vivre cette expérience ? Il se peut, quand nous avons tenté de nous en remettre à quelqu’un, que nous n’ayons pas été bien reçu (ce qui est parfois peu dire). Il se peut aussi que nous ayons eu à traverser diverses épreuves sans le moindre soutien… Ainsi, si c’est le cas, la seule idée de nous en remettre (au besoin) à qui que ce soit pourrait nous faire frémir. Le cas échéant, reconnaissons cette difficulté, pour nous en libérer et ne restons pas positionnés, à cause d’une « mauvaise expérience », comme s’il était exclu, impossible, puéril ou dangereux de nous en remettre, cordialement.
Ensuite (deuxième point), il est nécessaire que nous percevions bien le problème que nous confions à plus grand que notre petit « moi pensant ». On peut bien sûr nous aider à gérer un effet problématique, mais si nous dédaignons la cause, il nous faudra compter sur un intervenant (réparateur, Sauveur, guérisseur) très dévoué, très patient, très disponible, les mêmes causes produisant inlassablement les mêmes effets.
Si vous avez un problème de mot de passe (informatique), par exemple, un ami plus doué que vous pourra peut-être vous aider, mais ne lui reprochez pas de se montrer moins disponible si vous le sollicitez encore et encore pour le même genre de problèmes, juste parce que vous ne décidez toujours pas de noter quelque part vos mots de passes ou autres coordonnées d’importance. Respectez votre ami ! Ici, votre vrai problème est, non pas le mot de passe oublié, mais votre négligence perpétuée.
Nos « vrais problèmes » sont nos vieux schémas chroniques et non pas les situations auxquelles ils nous confrontent aujourd’hui, après et peut-être avant tant d’autres. Ne demandons pas de l’aide pour résoudre le problème du moment, mais considérons enfin ce qui est en cause, la structure psychique habituelle qui le permet. La vraie douleur cachée derrière la réaction est un bon exemple ou un excellent point de départ. Or, tout comme le vouloir plus ou moins obsédant, l’état réactionnel est en lui-même un problème structurel, une structure psychique préjudiciable.
Si l’abandonné ne reconnaît pas et ne remet pas en question sa résignation proverbiale, il ne servira pas à grand-chose de l’aider à réaliser son désir.
Si le dévalorisé continue de se soumettre, pour protester juste de temps en temps, il restera pris par sa nouvelle envie du moment qui le laissera aussi frustré que les autres.
Il ne sert à rien de répondre aux exigences du maltraité, parce qu’il trouve toujours à se plaindre d’un manque et que seul lui importe d’avoir de l’attention.
Si la dernière revendication du rejeté obtient gain de cause, il trouvera très vite une autre occasion de se révolter, ce qu’il fait depuis toujours.
Le trahi est incapable de réaliser son espoir ou son fantasme, parce que la honte le domine et qu’il ne peut que ruminer ou espérer…
Notre problème de l’instant auquel nous accordons malencontreusement toute notre attention s’inscrit dans une posture ou une structure psychique, mise en place très tôt dans notre existence. Aujourd’hui, c’est ce problème-ci ; hier, c’était ce problème-là ; demain, ce sera un autre. Un problème en remplace donc un autre, même si certains problèmes peuvent durer longtemps, et ce qui ne change pas, c’est ce qui attire et entretient les problèmes. Il est absurde de s’appesantir sur chaque nouveau problème sans jamais considérer ce qui le cause, ce qui le permet.
Par exemple, si vous croyez que, pour vous, le meilleur est impossible, interdit, que vous n’y avez pas droit ou, au contraire, que les autres devraient se plier en quatre pour que vous le viviez, vous êtes forcément confronté aux problèmes que vous déplorez. Là, il s’agit d’une croyance ou d’un positionnement à reconnaître et à abandonner. Si vous faites fi de vos besoins, de vos limites, de vos préférences ou des demandes que vous pourriez faire, vous avez inévitablement des problèmes. Vous les déplorez, mais vous ne remettez pas en question votre positionnement créateur, responsable. Nous sommes responsables de ce que nous vivons !
Venons-en maintenant à « cet Autre » à qui il s’avère bon de s’en remettre (le troisième point). Avez-vous déjà noté des synchronicités qui vous ont émerveillé ? Avez-vous déjà reçu un appel ou la visite d’un ami cher au moment où vous en aviez le plus besoin, ce qu’il ne pouvait pas soupçonner en conscience ? Personnellement, je ne compte plus les circonstances heureuses de cette nature (bien trop nombreuses pour les attribuer au hasard). Elles nous montrent que nous ne sommes jamais seuls, que l’Amour ou l’Intelligence infinie est toujours à l’œuvre. Et puisque Cela est, en quoi serait-il bizarre de s’en remettre délibérément à Cela, à sa bonté, à son omnipotence ? Et le seul fait de s’y prêter, honnêtement et cordialement, peut produire un effet heureux immédiat.
Peu importe comment vous allez appeler « cet Autre », parce que ce qui compte est votre intention, aimante, et le fait que vous ne doutiez pas que vous vous en remettez à la Sagesse la plus élevée. D’ailleurs, elle est aussi ce que vous êtes en essence. « Cet Autre », c’est la Source de votre nature profonde, véritable. Je parle parfois de l’autre quand j’évoque l’ego, notre conditionnement identificatoire. Il intervient sans cesse et nous empoisonne l’existence. Or, il n’est pas ce que nous sommes en essence et ce que nous sommes en essence est donc « cet autre Autre », le Divin, l’Amour. Nous sommes « enfants de Dieu », rien de moins !
Personnellement, j’aime m’en remettre à Dieu ou, inspiré par Un cours en miracles, au Saint-Esprit, mais sachez-vous libre d’utiliser le symbole qui représente pour vous le plus Sublime, le plus élevé : Allah, le Bouddha, la Vierge, Jésus, l’Amour parfait, l’Intelligence infinie… En fait, ce à quoi vous vous adressez, vous vous en remettez, fait un avec vous ! Au passage, nous pouvons noter que s’il y a résistance au Divin, celle-ci témoigne en elle-même d’aspects psychologiques qui ont également besoin d’être considérés… Et il est à savoir aussi que cette résistance-là est en général très difficile à reconnaître.
D’ailleurs, la résistance générale constitue en elle-même l’un de nos « problèmes structurels » fondamentaux. Il faut savoir qu’elle limite notre reconnaissance de ce qui est, l’accueil que nous lui accordons, ainsi bien sûr que notre disposition à demander de l’aide, à nous en remettre. Ne déplorons pas que nos demandes restent sans réponse, que nos bonnes intentions soient vaines ; tentons plutôt de vérifier la qualité réelle de ces demandes et intentions. Nous avons franchi un cap important quand nous avons pu nous voir avec de la résistance, mais il ne s’agit alors que de la résistance dans ses aspects les plus grossiers ou superficiels. Pour l’essentiel, elle reste dans l’ombre, parce qu’elle se manifeste en tant que croyances, que convictions, que vieux positionnements.
Un exemple possible de la résistance complètement occultée est sans nul doute celle d’un grand nombre de gens qui ne voudraient même pas soupçonner la crise mondiale actuelle « sanitaire », en réalité diabolique. Il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut rien entendre, pas pire aveugle que celui qui ne veut rien voir. Qu’elle soit dédain ou pure méconnaissance, l’ignorance est toujours périlleuse. Résister en conscience à nous informer serait mésuser de notre responsabilité… Nous ne sommes plus des enfants ! Toute forme d’autorité « rappelle » les parents qu’aucun petit enfant ne peut remettre en question. Comment ne pas résister à voir que « papa » et « maman » pourraient être déviants, cruels, malades ? Des parents, on n’en aura pas d’autres !
Il y a bien là de la résistance, potentiellement, laquelle est bien compréhensible, mais elle ne sera pas reconnue avant longtemps. On peut même dire que la résistance profonde est ici devenue une sorte d’endormissement… Or, en attendant de pouvoir être libres de toute résistance, nous ne sommes pas pour autant démunis ; nous pouvons utiliser d’autres « trucs ou outils » dont l’apport pourra nous surprendre une fois ou l’autre, si nous les employons aux moments opportuns et si, parce que « ça ne marche pas tout de suite », nous ne nous verrouillons pas avec des conclusions désastreuses.
Toute proportion gardée, nous savons déjà qu’il y a mieux pour nous, que ce mieux est le bonheur ou le plein épanouissement ; nous savons vivre de la décharge émotionnelle à travers la reconnaissance et l’accueil cordial de nos ressentis douloureux débusqués ; nous avons peut-être même commencé à nous en remettre au Divin pour qu’il nous aide à défaire notre profonde honte ou notre sentiment irrationnel de culpabilité. Et cependant, du mal-être persiste, parce que toute résistance n’a pas encore pu être identifiée et donc relâchée. Ne peut persister que ce à quoi nous résistons encore, même si nous ignorons cette résistance.
Que pouvez-vous alors faire (premier exemple) quand vous vous voyez pris de nouveau par la réaction, ne serait-ce que par le penser inutile, incongru, intempestif ? Le penser intempestif est la forme la plus discrète de toute autre réaction, quelle qu’elle soit. La réaction humaine ordinaire dépend du penser. Vous vous êtes vu dans la réaction ou pris par du penser inutile, c’est magnifique ! Ça veut dire que vous pouvez observer, être dans l’observation. Alors, à ce seul moment, à ce moment-là, restez-le. Continuez d’observer ce qui est, surtout en vous, et n’en pensez strictement rien. Observez encore ou à nouveau si le penser a repris le dessus. Ne vous souciez pas de l’après, cette réponse apportée, l’observation, est pour cet instant-là, « tout de suite ». Et c’est plus tard que vous en apprécierez les effets, d’autres effets.
Maintenant, quand votre penser implique plus le vouloir (forcément compensateur) que la réaction, quand vous êtes donc plus dans l’attraction que dans la répulsion, vous pouvez toujours user de l’observation, bien sûr, mais ce qui peut aussi là être d’un apport parfois très touchant, c’est vous rappeler l’appréciation, vous rappeler ce que vous pouvez apprécier, vous rappeler la gratitude. Autant que vous le pouvez, disposez-vous à demeurer un moment dans la gratitude (un moment à la fois). Si vous « testez » cela, vous noterez qu’il ne se passe pas rien. Vous n’avez pas besoin d’explications supplémentaires, vous avez besoin d’expérience, ce qui ne dépend que de vous. Substituer sciemment à toute forme de vouloir le rappel sincère de l’appréciation est d’un effet très puissant.
L’une de nos dispositions heureuses, due au chemin déjà parcouru, consiste à apprécier de débusquer tous nos vieux schémas dysfonctionnels. Autrement dit, chaque nouvelle prise de conscience est une occasion de plus d’être avec la gratitude. Ce qui nous importe, c’est de nous faire du bien, de façon juste, réelle, profonde. Maintenant, ne passons pas sous silence une tendance à vivre de façon délirante ce qui pourrait être des occasions de gratitude : nuire à la personne qui ne nous a témoigné que de sa générosité ou de sa pleine disponibilité. Pensez-vous que cela ne se voit pas, que cela n’existe pas ? Vous manqueriez d’observation !
Et si elle fait partie de notre conditionnement, nous allons avoir plus de mal à reconnaître cette autre vieille structure psychique que je vais intituler « cracher dans la soupe ». La reconnaissance est aussi la gratitude. « Cracher dans la soupe », c’est de l’ingratitude, laquelle attire et donc explique une foule de contrariétés, de problèmes. Il est vain de voir résolus ces problèmes-là car l’ingratitude maintenue en attirera d’autres inéluctablement. Si cette posture devait être vôtre, ne la dramatisez pas : en nous, rien d’inacceptable, que des choses « inacceptées », rappelons-le-nous !
Si nous ne nous rappelons pas le bon reçu, vécu, si nous n’en témoignons jamais, nous « crachons déjà dans la soupe ». Et c’est d’autant plus vrai, bien évidemment, si, peut-être par culpabilité projetée, nous pouvons tenter de causer préjudice à ce envers qui ou envers quoi nous nous sentons en réalité redevable. Nous pouvons l’ignorer, mais cette attitude nous coûte très cher ! Elle révèle surtout la croyance au manque. Une clé possible : « Je me réjouis de reconnaître humblement cette attitude dysfonctionnelle, en moi, et j’en rends grâce. Ainsi, je me rappelle la gratitude. » Et invitons-nous aussi à apprécier en conscience ce qui évoque déjà l’abondance dans notre existence, dans quelque domaine que ce soit.
Une expérience personnelle : Dans un temps de recueillement, j’avais remis au Saint-Esprit deux de mes vieux schémas psychiques que j’avais discernés comme jamais. C’était accompli et quelques secondes plus tard, j’ai noté en moi une sorte d’allègement. Il ne m’en a pas fallu plus pour plonger délibérément dans la gratitude. Et le penser a ressurgi après un petit moment. J’ai souri en le voyant et j’ai poursuivi l’observation.
Ce n’est pas toujours facile de prolonger l’observation, mais c’est éminemment plus facile de basculer de l’observation à la gratitude, de la gratitude à l’observation, puis possiblement de la gratitude ou de l’observation à l’amour. C’est cette expérience méditative et très pratique qui m’a inspiré cette chronique… Je la rédige avec le même enthousiasme qui m’a envahi quelques minutes après le « dépôt de mes problèmes ». En somme, les effets du basculement de la résistance au lâcher-prise semblent miraculeux.
Ajoutons ici que la résistance psychique a des effets physiques que certains peuvent même sentir dans leur corps très facilement (des tensions, des crispations, de la retenue…). À ce moment-là, si la résistance est reconnue, il ne se passe pas rien si nous nous invitons au lâcher-prise, à la détente. De plus, il n’y a pas de résistance sans peur et reconnaître l’une, c’est possiblement reconnaître l’autre. On peut soumettre la peur à ce qui a déjà été rappelé ici (reconnaissance pure, accueil libérateur, la confier…). Et comme cela ne suffira peut-être pas tout de suite, on peut encore se rappeler l’amour. Là où il y a peur, il n’y a pas d’amour. Quand l’amour est dévoilé, la peur se dissipe.
Le rappel de l’amour s’avère bien sûr fécond en de multiples circonstances éprouvantes et en réalité tout le temps. Quand on s’en veut, se culpabilise, quand de la gêne, de la honte pointe son nez, quand on se juge, s’accuse, se critique…, formulons un moment des mots comme ceux-ci : « Je suis l’amour. L’amour est ce que je suis. L’amour est là, ne peut pas ne pas l’être ». Et si c’est une forme d’agitation ou d’agacement qui prend place, tentons les mêmes affirmations en remplaçant le mot « amour » par le mot « paix ». La valeur de cette pratique dépend, non pas du degré auquel vous pouvez tout de suite vous sentir en paix ou dans l’amour, mais de votre intention, de votre disposition à vous placer dans cette direction. Pouvez-vous apprécier d’aller dans cette direction, tout au moins l’idée de vous y engager ?
« Oui, mais moi, quand je suis mal », me diriez-vous peut-être, « je ne saurais pas toujours dire ce qui se passe. Je suis alors dans le doute, en pleine confusion ou je ne comprends plus rien ». Outre les aides déjà évoquées, je vous suggère là encore une autre clé plus contextuelle. Ne cherchez pas à la comprendre, mais utilisez-la une fois ou l’autre. Faites-en l’expérience. Là, en quelque sorte, vous êtes dans le brouillard ou même dans l’obscurité. Alors, invoquez la lumière ! Vous êtes aussi la lumière. « Vous êtes la lumière du monde », a dit Jésus. Aucune ombre ne résiste à la lumière. Imaginez un instant où vous diriez ou éprouveriez « je ne vois rien, je ne comprends rien » et où vous substitueriez à ces mots, juste un autre moment : « Je suis la lumière. La lumière jaillit. Que la lumière soit… ! »
Une fois de plus, si vous vous prêtez à cette pratique, à l’expérience, votre expérience pourrait immédiatement être différente. Et si la seule idée de vérifier cela par nous-mêmes ne nous vient pas, prompts à opposer n’importe quel argument, envisageons qu’à ce moment-là, peut-être juste à ce moment-là, nous préférons la déploration. Toute occasion de reconnaître cette préférence est bonne, parce qu’elle est en nous quoi qu’il en soit, comme nous l’avons déjà mentionné.
Enfin, en cas de certains malaises, notons encore la possibilité de nous sentir en décalage, d’éprouver de gros décalages relationnels (cela fera l’objet d’une prochaine chronique). C’est notamment l’occasion de nous sentir plus particulièrement seuls, perdus, coupés, à part, isolés ou sans le moindre vrai lien… Au bout du compte, il peut difficilement en être autrement puisque nous composons tous avec l’impression atavique de séparation. Ainsi, quand nous flirtons avec une ambiance de cette nature, rappelons-nous simplement que, si nos histoires semblent très différentes, nous partageons le même Être, la même Conscience, autrement dit le même Amour. Ayez ce rappel à l’esprit sans vous poser de questions ! Là où nous éprouvons la séparation, elle n’existe pas.
C’est encore un décalage qui peut être éprouvé durement (autre malaise possible) quand on se retrouve dans un environnement où tout le monde fait comme si une réalité effroyable (incontestable) n’existait pas. Pensez à un enfant qui est quotidiennement tabassé (souvent blessé) par l’un de ses parents, au su de tout le monde, monde restant préoccupé au pire par des contrariétés dérisoires et pensant surtout aux moindres satisfactions immédiates. Peut-être avez-vous été cet enfant-là si, par exemple, vous vous sentez bien seul avec la connaissance que vous avez de la situation mondiale déjà évoquée.
Certes, en l’occurrence, la plupart des gens sont dans l’ignorance, mais parmi eux, beaucoup ne veulent absolument pas s’informer et d’autres, convaincus, en sont encore à parler de complotisme. Ne dénoncent actuellement des complotistes que des comploteurs en puissance ou en action. Ces mots pourraient sembler accusateurs tandis que les taire s’appellerait « déni ». Alors, quand le malaise spécifique est là, vous pouvez basculer votre attention sur ceux de plus en plus nombreux qui partagent votre conscience. Basculer du décalage au partage, c’est « retrouver l’unité », c’est défaire la séparation.
Je n’avais pas l’intention de m’arrêter spécifiquement dans cette chronique sur la culpabilité jusqu’aujourd’hui où j’ai reçu en consultation le message suivant : « Tout a changé depuis notre séance hier. J’ai fait la différence entre « déplorer ma culpabilité » et « juste la reconnaître. J’ai vu que chaque chose dont je m’accusais n’était pas importante car le même sentiment de culpabilité était en cause à chaque fois. Je me suis rappelée ce que tu me redisais hier, que ce sentiment de culpabilité provenait de la prime enfance et qu’il était FORCÉMENT irrationnel. » Pour Virginie (merci à elle), le basculement s’est produit alors qu’elle a vu comme jamais sa croyance en sa culpabilité ou, plus précisément, son positionnement identificatoire bien ancré « je suis coupable ».
Ne recevez pas chacune des clés proposées comme une fin en elles-mêmes, avec par exemple la croyance, si vous n’êtes pas tout de suite enclin à les tester, à en tester l’une ou l’autre, que vous seriez condamné à subir l’existence ou que, décidément, le « bonheur » ne sera jamais pour vous ! Cependant, dans l’idéal, il serait mieux que vous ne défendiez pas quelque argument opposé, par exemple : « Ce ne sont là que des mièvreries, des bondieuseries, des absurdités ! » Chacune des clés peut notamment donner accès à ce qui a besoin d’être considéré et libéré alors que le mental est un cadenas verrouillé dont la clé peut s’appeler observation, gratitude, amour, lumière, acceptation véritable…
Que vous soyez d’emblée disposés ou non à emprunter le chemin du cœur, vérifiez maintenant ce que vous fait tout de suite l’idée que vous puissiez avoir accès à un basculement de la souffrance à l’amour. Cette idée ne devrait pas vous offenser ! Est-ce le « je ne peux pas » qui s’impose ? Il n’aurait pas lieu d’être ici, mais il ne vous serait pas étranger ; il ne serait qu’un rappel, qu’un revécu. Et dans ce cas, sans plus de commentaires et pour favoriser un basculement de plus, rappelez-vous la puissance et la liberté. Elles constituent aussi votre nature profonde. Vérifiez l’effet sur vous de l’affirmation suivante : « Même si je n’en suis pas encore tout à fait conscient, je suis libre et j’ai tout pouvoir ». Ne laissez pas derrière vous ce texte sans partir avec une heureuse disposition en votre faveur ! Offrez-vous cela !
Nous avons besoin, non pas d’améliorer quoi que ce soit dans notre existence, dans quelque domaine que ce soit, mais de reconnaître nos réactions, nos intérêts compensateurs et nos ressentis douloureux profonds.
Nous avons besoin, non pas d’améliorer notre image, de renforcer nos postures identificatoires, mais de nous rappeler notre véritable nature, notre unité avec le Tout…
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