189 – Les épreuves qui durent
Il y a peu, j’avais mon attention sur ce thème des épreuves qui durent, faisant partager les idées qui me venaient à mon amie, Muriel Bergeot. Elle m’a alors soufflé qu’il pourrait être intéressant d’en faire une chronique. Mon exploration se voulait très généraliste et à la seule idée de rédiger le texte, je fus un peu troublé par ce qui est certainement plus qu’une synchronicité : nous nous trouvons tous dans une « épreuve » qui dure maintenant depuis un an et demi. Terrible pour beaucoup, cette circonstance a ceci de particulier qu’elle est collective et qu’elle avait été annoncée depuis le début. Puisse-t-elle contribuer à notre « éveil », à l’intégration que « nous ne sommes pas de ce monde » !
Nous sommes responsables de ce que nous vivons et, parfois, ce que nous vivons se trouve être un vécu éprouvant qui n’en finit pas. En général, nous ignorons ou nous n’assumons pas cette responsabilité. Nous pouvons aussi la réfuter. En fait, nous pouvons nous attirer de nombreuses complications dans différents domaines, des circonstances problématiques qui surviennent de façon épisodique ou encore des épreuves qui se prolongent, parfois très longtemps. Selon l’époque et le pays, l’épreuve qui dure peut en effet être collective, être la guerre, la famine, la misère ou des conditions tyranniques. Or, même dans un contexte incontrôlable, nous retrouvons notre propre façon d’endurer les choses. Nous ne pouvons rien expérimenter qui n’implique pas nos positionnements conditionnés « personnels ».
Pourquoi ou comment faisons-nous durer des circonstances relativement éprouvantes ? Nous sommes créateurs, sinon fabricateurs ! Nous ne pouvons pas « connaître » notre puissance illimitée – quand nous la connaissons en effet – et ne pas finir par nous demander, tranquillement, pourquoi nous nous faisons vivre ce que nous nous faisons vivre. Et c’est somme toute un sage questionnement ! Nous ne créons rien de façon délibérée, mais d’instant en instant, le pouvoir inhérent à notre nature est utilisé par notre état de conscience sans la moindre interruption, pour le pire ou pour le meilleur. Nos créations diffèrent selon notre état de conscience, témoignant aussi bien de l’amour que de la peur.
Une épreuve prolongée peut être un conflit relationnel, une situation familiale, un malaise physique, une maladie parfois dite incurable, une condition matérielle, financière, une réalité collective… La « vraie cause » pour soi est toujours à identifier ! Celle-ci peut être une forme de déni ou un ressenti douloureux soigneusement évité, non reconnu (suffisamment) : le manque, la tristesse, le désespoir, la privation… Mais l’épreuve met d’abord en relief notre fonctionnement réactionnel, lequel n’a pas attendu cette épreuve, et nous gagnons beaucoup à le reconnaître, à nous en libérer. Il suffit d’une « information » entendue, voire d’une pensée, pour réactiver un état émotionnel, le besoin étant en effet la reconnaissance de ce qui est alors rejoué en soi.
Une épreuve prolongée est moins subie en tant que telle qu’à travers ce que l’on s’en dit, à travers la façon dont on y réagit, à travers l’utilisation qui en est faite au profit de vieux schémas. Nous devons nous disposer de bonne grâce à débusquer la vraie cause de ce qui nous fait mal, ce que nous sommes enclins à croire étant toujours faux. Nous pouvons avoir du mal à considérer utilement notre fonctionnement réactionnel, d’autant plus s’il est fait de résignation, de soumission, de renoncement ou de déni. La difficulté demeure cependant quand ce fonctionnement est fait d’indignation ou de lamentation. Nous tenons par-dessus tout à réagir ainsi. Soit nous ignorons complètement la posture réactionnelle qui est la nôtre, soit nous la revendiquons, convaincus naïvement qu’elle peut contribuer au bien-être.
Sans même parler de souffrance extrême, on peut continuer de s’attirer épreuve sur épreuve, contrariété sur contrariété, juste parce que rien ne nous sert jamais de leçon, parce que nous faisons fi de ce que la vie nous montre. D’ailleurs, nous n’allons pas aisément accepter l’idée que nous fabriquons nous-mêmes nos épreuves, non pas seulement par honte ou culpabilité, mais parce que nous les fabriquons aussi pour pouvoir accuser le monde, la vie, déplorer notre « pauvre sort ». Notre souffrance vient alors prouver quelque chose.
Parfois, le dépassement d’une épreuve demandera de cesser de la vivre comme aubaine, excuse, justification, exigence, revendication, comme témoignage de force, de courage, comme moyen d’obtenir de l’aide, de la pitié, de l’attention, de l’admiration… Quand cette cliente a senti, s’est rendue compte qu’elle pouvait recouvrer l’usage de ses bras, elle s’est écriée : « Mais je ne veux pas retourner à l’usine ! » Elle aurait pu ajouter : « Je ne veux pas guérir, le prix à payer est trop élevé ! »
La résistance ou la non-acceptation est un ingrédient essentiel pour favoriser la pérennité de n’importe quelle épreuve. Et la non-acceptation est même parfois une posture fièrement protégée. Une épreuve prolongée est un messager qui insiste, reste à la porte, tant que son message n’est pas reçu. Quand ça résiste ici, ça insiste là ! Qu’est-ce qui est alors le plus durable, résistant et persistant, est-ce la circonstance elle-même ou ce que l’on en pense ? Observons de surcroît que le nœud du penser est bien antérieur à l’épreuve et que ce qui fait le plus mal est, non pas l’épreuve elle-même, mais ce que l’on en pense, ce qui peut rester vrai pour un mal physique.
Il s’agit, non pas de se culpabiliser du fait de se faire vivre parfois le pire, mais de découvrir « l’enseignement » véhiculé par ce « pire ». On y verra souvent une profonde honte ou un sentiment irrationnel de culpabilité. Ce que nous déplorons est toujours du revécu, pouvant même être une reproduction assez fidèle, et nous pourrions être disposés davantage à voir ce qui a manifestement besoin d’être vu (reconnu, accueilli et donc libéré). Par exemple, plus une épreuve ressemble à une punition, laquelle est toujours une autopunition, plus il est judicieux de vérifier précisément la honte ou le sentiment irrationnel de culpabilité qu’elle implique, qu’elle rappelle.
Pour prendre un autre exemple, le prolongement d’une épreuve n’est-il pas notamment enclin à faire remonter une peur ? La peur qui remonte en l’occurrence, c’est donc une peur déjà existante, laquelle est alors la peur responsable de l’épreuve, toute peur refoulée étant créatrice. L’attention pourrait d’abord être dirigée sur cette peur, d’autant plus qu’elle n’a jamais été reconnue jusque-là. Ce que nous pensons, lisons ou entendons peut nous rappeler ces vieilles douleurs, elles réclament notre attention. Et face à toute épreuve, prolongée ou non, il ne sera jamais inutile de se demander si l’on craint quelque chose : « Quel est le pire qui pourrait m’arriver là ? »
Nous pourrions le voir mieux chez les autres qu’en nous-mêmes, mais nous restons d’instant en instant figés dans notre vieux conditionnement, fonctionnant comme des automates. Même des automates peuvent être programmés pour éviter certains obstacles, il en est que nous n’évitons jamais ! Qu’empêche au fond une épreuve qui se prolonge ou de quoi prive-t-elle ? Sinon, se pourrait-il qu’elle oblige à quelque chose ? Répondre à ce genre de questions fait quitter le programme, invite sans le dire à plus de présence.
• L’épreuve prolongée de l’abandonné pourra l’amener à reconnaître sa résignation ou son sentiment profond de solitude, et le « forcer » à demander de l’aide. Il lui en faut beaucoup pour mettre son attention sur ce qu’il vit, simplement pour sentir qu’il s’en trouve mal le cas échéant. Pour mettre fin à son épreuve prolongée, il devra cesser de se négliger, de s’oublier lui-même.
• L’épreuve prolongée du dévalorisé pourra l’amener à abandonner sa soumission. Il finira par comprendre qu’accepter de l’aide n’est pas dévalorisant (ni ne représente une autre soumission). Demander et donner avec cœur n’est pas de la soumission. Pour mettre fin à son épreuve prolongée, il devra renoncer à son autodévalorisation et renoncer parfois à se maintenir dans des relations néfastes.
• Comme ses épreuves successives, l’épreuve prolongée du maltraité pourra lui montrer que la plainte est une cause dévastatrice et non pas un remède. Particulièrement attaché à sa souffrance, il ne se met pas en situation de vivre mieux, ne faisant là que concurrence à tout autre : « Personne ne souffre plus que moi ». Pour mettre fin à son épreuve prolongée, il devra dire ce qui lui a fait et lui fait encore le plus mal (au lieu de s’en tenir à ses vaines lamentations).
• La pérennité des épreuves successives du rejeté pourra lui montrer combien le lèsent l’indignation à laquelle il tient tant et son besoin d’avoir raison. Il peut s’attirer des épreuves spécifiques, susceptibles de l’aider à se remettre en question, mais sa non-disposition tient bon. Pour mettre fin à son épreuve prolongée, il devra reconnaître qu’il est déjà aimé pour ce qu’il est et cesser de tromper ceux qui l’aiment.
• L’épreuve prolongée du trahi est d’abord causée par son déni général et pourra le « forcer » à reconnaître sa tristesse et son désespoir. De façon incroyablement prononcée, il reste dans le déni de la façon dont il s’est toujours senti traité (privé), d’où la pérennité de ce qu’il endure. Pour mettre fin à son épreuve prolongée, il devra reconnaître sa profonde honte, ainsi que son lien profond avec l’Essentiel.
Notre vrai problème n’est jamais une épreuve extérieure, quelle qu’elle soit, mais la façon dont nous la vivons, ce que nous en pensons. Nous devons nous disposer à nous libérer, non pas des épreuves, mais de la façon dont nous y répondons, dont nous y réagissons. En proie à une épreuve prolongée, nous avons durablement servi sur un plateau ce dont nous avons à nous libérer. Mettons-y toute notre attention, ainsi que notre bienveillance ! Tout se trouve là (croyances, peurs, culpabilité…) et attend seulement que nous fassions le « ménage ». Ouvrons les yeux et notre cœur, ouvrons les yeux du cœur !
Dès lors qu’une épreuve se prolonge, il est assez évident que quelque chose n’est pas regardé, donc pas vu, pas reconnu, pas accueilli, pas libéré. Par conséquent, il y a un non-exprimé général, lequel est associé avec l’impression sous-jacente d’être seul au monde. En vain ou à notre détriment, nous ne faisons que réagir, qu’ajouter de la souffrance… En cas d’épreuve prolongée, questionnons-nous ainsi : « Que se passe-t-il en moi ? Comment est-ce que je reste positionné ? Qu’est-ce que je ressens profondément ? Qu’est-ce que je me dis ? Qu’est-ce que je ne veux surtout pas voir ?… » Il n’est pas non plus exclu que nous ayons à reconnaître et à remettre en question certains de nos propres comportements, ceux qui ne sont manifestement pas inspirés par l’amour.
Enfant, s’il vous a fallu traverser des épreuves prolongées sans le moindre soutien, sans que personne ne vous tienne jamais la main, l’impression d’un isolement total sous-tendra nombre de vos vécus éprouvants. Et justement, si vous pouvez une fois ou l’autre être profondément touché par qui insiste un peu pour vous faire dire ce qui se passe, alors que vous minimisez les choses, peut-être est-ce parce qu’alors, vous réalisez que vous n’êtes pas seul (expérience inverse à votre vécu de toujours). En lui-même, le non-partage d’une expérience pénible est une douleur, d’autant plus s’il est habituel, d’où l’effet possiblement surprenant et bienfaisant d’un regard tendre ou d’une main chaleureuse inattendue.
Une épreuve qui se prolonge a évidemment un début et il sera judicieux de conscientiser ce qui a été éprouvé dès ce début, ce qui n’a pas été reconnu davantage par la suite. Si n’est pas reconnu (cordialement) ce que fait éprouver une épreuve, il n’y a pas à s’étonner qu’elle dure, ni que surgissent d’autres épreuves pareillement chargées. Dès que je suis devenu aveugle, ce que je n’ai absolument pas reconnu, pas pu reconnaître, c’est le ressenti « privation », celui-là même qui était mon éprouvé quotidien (privé du regard maternel, de scolarisation, bientôt de tout puisque l’internat était annoncé…). Reconnaissez ce dont vous prive l’épreuve que vous déplorez et vérifiez comment la chose peut déjà constituer votre éprouvé fréquent ou familier.
Parfois, une épreuve qui dure a commencé par une sorte d’état de choc, voire de « perte de conscience », ce qui pourra rendre plus difficile la reconnaissance du douloureux profond. Au début de votre épreuve pérenne, vous avez réagi de telle manière que vous êtes resté à bonne distance de la douleur qui fut la vôtre. Elle l’est restée. Elle reste là, « ici et maintenant » ! Quand j’ai appris que j’allais être « placé en pension », j’ai été abasourdi et j’ai plongé plus profondément dans le mutisme auquel j’étais réduit depuis toujours, où j’avais déjà appris à me retrancher.
• L’épreuve pérenne de l’abandonné repose essentiellement sur sa résignation et son besoin réprimé de donner du poing sur la table.
• L’épreuve pérenne du dévalorisé repose sur sa soumission à une personne, sur le fait de s’en prendre à une autre. Il s’interdit de voir l’instigateur de l’épreuve.
• L’épreuve pérenne du maltraité repose sur son besoin irrépressible de se plaindre, l’épreuve étant devenue sa cause privilégiée. Il ne parle que de ça.
• L’épreuve pérenne du rejeté repose sur son ignorance de celle-ci, sur le fait qu’il continue de (se) raconter les mêmes histoires invraisemblables.
• L’épreuve pérenne du trahi repose sur son déni du douloureux profond qui est le sien depuis toujours et sur sa non-expression coutumière.
L’épreuve pérenne a un début qui coïncide ordinairement avec une fin, une perte, un changement soudain et radical. Quand le douloureux associé à certaines fins, pertes ou changements radicaux ne peut être assumé, exprimé, libéré, l’épreuve impliquée tend à s’éterniser, d’autant plus si elle fait longtemps l’objet de peu d’attention. Lors de la fin, de la perte ou du changement radical traumatisant, l’abandonné n’a pas pu exprimer son chagrin, le dévalorisé son manque, le maltraité sa misère, le rejeté sa peine et le trahi sa tristesse.
Face à une épreuve déjà clairement identifiée, il reste à mettre au jour la solution, mais en général, on utilise le temps à la dénoncer, à additionner les éléments qui en attestent, à y réagir chacun à sa manière. Il est important de distinguer le temps réellement accordé à la solution à tout problème de celui passé à le déplorer, ce dernier pouvant même être exclusif. « Tu veux encore me détailler ton épreuve, à quel moment vas-tu diriger ton attention sur ce qui peut parler de solution ? » La question est essentielle, édifiante ! En général, quand on est en pleine réaction, ce qui peut durer des heures, il n’y a même pas quelques secondes où l’on se dirait : « Et alors, la solution, qu’est-ce que ça peut être ? » La vérité est que l’on ne veut pas de solution. Sommes-nous prêts à considérer cela ?
• Selon notre blessure, veillons à ne pas confondre accepter et se résigner, s’en remettre et se soumettre, s’exprimer et se lamenter, demander et exiger, proposer et ordonner, suggérer et revendiquer, regarder et épier (suspecter), se respecter et éviter (fuir).
Il est des problèmes que l’on ne peut pas résoudre si l’on résiste à certains positionnements fermes, nécessaires, d’autant plus si l’on croit que se positionner équivaut à « faire la guerre ». Ainsi, notamment avec ce petit exemple, comprendre la pérennité de son épreuve revient parfois à se rendre compte qu’on l’entretient, qu’on l’alimente, qu’on en rajoute… Une autre façon « efficace », imparable, d’entretenir une épreuve consiste à continuer de penser ce que l’on en pense. Les pensées chargées émotionnellement sont nécessaires aux créations indésirables.
En cas d’épreuve notamment prolongée, en veillant d’abord à ne rien nier, permettons-nous d’envisager aussi qu’elle ne revêt aucune importance en définitive, juste parce que le monde n’en a pas. Le monde n’a effectivement pas l’importance ni la réalité que nous lui prêtons. Cela dit, j’insiste encore un peu, ne relativisons jamais trop vite une épreuve, quelle qu’elle soit, pour ne pas passer à côté d’une vieille douleur à libérer et libérable en l’occurrence. Face à l’adversité, soyons d’abord certains que quelque chose nous échappe. Pouvons-nous l’accepter ? Sans l’envisager, on pourrait maintenir un voile bien lourd et épais !
Quand une même circonstance continue de nous faire peur, si la reconnaissance pure et simple de la peur s’avère insuffisant, tentons de spécifier la peur : la peur générale de ce qui va arriver, la peur de perdre quelqu’un ou quelque chose, de perdre ses moyens, la peur de l’échec, la peur de se retrouver sans espoir, la peur d’être vilipendé, la peur d’être détruit, tué, de mourir… Or, en elle-même, l’épreuve prolongée peut notamment témoigner d’une importance accordée à ce qui n’en a aucune. Et, en effet, rien n’est absolument important dans le monde de la forme. Non seulement la résistance est contreproductive, mais nous résistons de surcroît en lien à des circonstances qui sont en réalité insignifiantes.
La résistance aux épreuves prolongées peut indiquer aussi un attachement à la permanence, à la permanence du « bon », des acquis, des relations, mais la permanence n’est pas de ce monde. Plus difficile à reconnaître, le seul attachement au monde est l’une des causes principales de notre mal de vivre. En général, on ne conscientise pas la profondeur de cet attachement ou on ne peut même pas concevoir qu’il puisse être mis en question. Comme la paix, la joie, l’amour, notre vraie nature est permanente, mais ce qu’elle permet dans le monde de la forme ne l’est pas, ce qui n’émeut aucunement ce que nous sommes en essence.
Bien sûr, toute épreuve, quelle qu’elle soit, insolite ou récurrente, brève ou prolongée, raconte notre conditionnement, contient ce dont nous avons à nous libérer. Or, elle est aussi ou surtout le témoignage que nous n’avons pas à attendre de ce monde ce que nous en attendons. Nous mettons ou mettrons bien longtemps à faire cette prise de conscience, mais personne ne pourra y échapper, tôt ou tard. Et notre résistance ou notre aveuglement peut exiger des épreuves qui, d’une certaine façon, ne nous laissent plus le choix ou plus le risque de nous enfoncer dans le rêve, dans le sommeil, dans le cauchemar.
Puisque la profonde honte ou le sentiment de culpabilité sous-tend le moindre de nos malaises, ce que nous éprouvons durablement en témoigne de façon perçante. Là où rôde la honte ou la culpabilité, il n’y a pas de pardon, il n’y a pas d’amour, et la vie nous met et nous maintient en situation de les permettre, de les dévoiler… Notre épreuve prolongée (éventuelle) peut nous montrer que nous sommes encore trop attachés au monde. Peut-être voulons-nous alors le changer ou en recevoir quelque chose. Ce que nous avons attendu du monde, toujours en vain, est ce qui reste prêt à nous inonder, de l’intérieur !
Aussi pour répondre à quoi que ce soit qui vous éprouve, ouvrez-vous sciemment à l’aide divine intérieure, à la Sagesse qui ne vous quitte jamais. En vous rappelant que vous n’êtes jamais seul en vérité, consentez que cela soit regardé simultanément par « quelque chose » de plus grand que vous, de plus sage que vous. Vous avez continué d’être mal, parce que vous n’avez jamais demandé (véritablement), parce que vous avez cru à la fatalité, au non-mérite, à l’injustice, à l’infortune ou à la malédiction… Oui, le plus souvent possible, de plus en plus, rappelez-vous qu’est posé sur vous un regard doux, bon, aidant, aimant, bienveillant… Sentez l’ouverture que permet ce seul rappel !
L’aide intérieure dont nous avons besoin porte entre autres sur la façon différente de voir les choses, d’envisager l’existence, sur nos impressions, croyances, certitudes… Nous n’éprouvons pas nos épreuves, d’autant moins celles qui se prolongent, comme nous l’avons vu, sans l’impression sous-jacente d’être seuls, dans un isolement total. Nos alliances factices et autres rabibochages illusoires ne consument pas l’impression. Ainsi, dans l’instant où nous pouvons nous rappeler le doux regard posé sur nous, sans le dire, nous défaisons doucement l’impression atavique de séparation. Sans pardon, sans demande, sans changement d’état de conscience, nous conserverons notre malaise chronique et récurrent et nous le verrons même empirer.
Toute circonstance éprouvante pointe vers un défaut de conscience qu’il nous appartient de rectifier et non pas seulement pour dépasser l’épreuve du moment. Alors, vérifions quel regard nous pourrions adopter et surtout maintenir au-delà de l’épreuve. Pouvons-nous découvrir l’essentiel ? Quel état d’esprit sommes-nous disposés à faire nôtre, au-delà de toute forme d’adversité ? Adoptons-le tout de suite et nous pourrions bien nous épargner de multiples épreuves ! En fait, c’est un tout autre état d’esprit que nous avons à adopter, d’une manière générale, à partir de la pleine conscience que nous ne sommes absolument pas de ce monde. Nous sommes la paix et l’amour que nous ne trouvons pas dans le monde.
Plus nous sommes concernés par l’attente, plus des épreuves risquent de se prolonger. Attendre une chose dit la peur de son non-aboutissement, et la peur est créatrice. L’épreuve qui dure contient forcément l’ingrédient « attente » : la fin de l’épreuve est attendue ! Non seulement nous attendons la fin de toute épreuve, mais sans conscience, nous continuons d’attendre également ce qui ne peut pas nous être donné, ce que le monde de la forme ne contient pas. Qu’attendons-nous de la fin d’une épreuve ? La paix, la joie, l’amour, la liberté, la sécurité ? Au mieux, le monde ne pourra nous offrir qu’une illusion passagère de ces propriétés divines.
L’état d’attente résulte d’un attachement compensateur, un attachement qui nous piège forcément : nous ne pouvons pas rester attachés et nous sentir libres. Notre épreuve prolongée (éventuelle) peut nous montrer que nous sommes encore trop attachés au monde. Peut-être voulons-nous alors le changer ou en obtenir quelque chose. Nous restons dans l’attente ! Ainsi, d’une certaine façon, nos épreuves pérennes sont insolubles, parce que la cause n’est pas reconnue et que l’on cherche seulement à modifier un effet. L’attente peut être à la fois une posture et un ressenti. Elle est inhérente au fonctionnement humain. Tant que ce fonctionnement reste en vigueur, l’attente intrinsèque ne peut pas disparaître. Il nous faut retrouver l’unité.
Quand vous avez pu reconnaître votre malaise chronique ou récurrent (sinon une épreuve pérenne), reconnaissez aussi que vous l’avez toujours vécu comme si vous n’aviez jamais pu compter sur personne pour vous venir en aide, reconnaissez le désespoir qui en est résulté. Le sentiment profond (à peine reconnu) de solitude ou d’isolement découle originellement de l’impression de séparation. Il « manque » quelqu’un que l’on attend encore. Nous n’en sommes pas conscients, mais quoi que nous vivions en ce monde, nous conservons tous l’attente du « retour à la maison », l’attente de nous réconcilier avec nous-mêmes, avec la Source. Là seulement se trouve la fin de toutes les épreuves humaines.
En un paragraphe, est-ce possible ou utile de formuler l’une des réalités les plus fondamentales ? Tant que nous resterons positionnés comme si nous étions une entité séparée, nous éprouverons de la souffrance, sous une forme ou sous une autre. Ce qui écrit ou ce qui lit ces mots est la même conscience, la Conscience Une que nous sommes. Nous sommes conscients de ce monde, mais nous ne sommes pas de ce monde. La conscience que nous sommes ne connaît aucune souffrance…
Plus nous aurons intégré que nous ne sommes pas de ce monde, moins nous en aurons peur et moins nous attendrons, illusoirement, qu’il nous rende heureux. Nous cesserons de nous préoccuper de ce que nous avons à y faire, parce qu’alors, nous n’écoutons plus que notre cœur, que la Sagesse qui nous guide. N’étant pas de ce monde, ce que nous avons à y faire dépend, non pas de ce que nous y projetons, pourrions encore y projeter, mais de ce que nous souffle le Divin, la Sagesse infinie. Elle se passe de nos considérations limitées. Nous ne pouvons pas nous savoir au-delà de ce monde, reliés à la paix, à l’amour, à l’Intelligence infinie, et continuer de vivre pareillement quelque épreuve que ce soit.
« Nous sommes bien dans ce monde, mais nous ne sommes pas de ce monde ! » Cela fera l’objet de la prochaine ou d’une prochaine chronique !
Merci Robert !j’avais lu ta chronique dès qu’elle est parue, je l’avais bien comprise “intellectuellement” parlant. Depuis quelques temps et de façon plus aigüe, je désespérais car malgré mes recherches dans toutes les directions ho’oponopono, le cours en miracles… j’observais à quel point il m’était impossible de rester présente. J’ai demandé de l’aide et il me semble, venant de relire cette chronique, que la solution est là dans le changement de perception de cet état de fait et aussi dans la prise de conscience qu’à chaque instant je suis soutenue.
Merci pour tes mots de guérison
Oui, chère Nadine, à chaque instant, “nous sommes soutenus”, et nous le vérifions à mesure que nous nous le rappelons, nous ouvrons sciemment à l’aide, merci pour ton partage, pour avoir pris le temps d’en faire part !