Une réalité étonnante
Chacun à sa manière, en fonction de sa blessure, on peut bien vouloir ceci ou cela, dire le vouloir, et demeurer longtemps inconscient du fait qu’on n’est pas prêt pour le vivre, pour le recevoir. On ne vit pas le bon auquel on aspire, non pas à cause des raisons que l’on incrimine peut-être de façon ordinaire (voir plus loin), mais parce qu’on ne s’y dispose tout bonnement pas et nous allons ici découvrir ce qu’il en est pour chacune des cinq blessures. Ce bon concerne aussi bien une relation, une guérison, une acquisition que n’importe quel but à atteindre, petit ou grand.
Très souvent, on peut effectivement déplorer de ne pas vivre quelque circonstance particulière alors qu’en fait, dans ce contexte, « on n’est pas d’accord » pour la vivre. En conscience, on éprouve l’absence d’une situation favorable alors que si cette dernière se présente idéalement, « on n’est plus là », « ça fait flop ! ». Au mieux, la situation est vécue pour une part avec peu d’attention, de reconnaissance ou comme n’arrivant pas au bon moment. Voilà pourquoi la situation « heureuse » ne peut pas vraiment se présenter, ni se représenter régulièrement. Un conditionnement méconnu reste à la base du mal-être persistant. N’est-ce pas incroyable ?
Comprenez-vous ce qui est dit là ? Vous ne pouvez pas réussir véritablement ou durablement, là où vous ne réussissez pas, parce que VOTRE conditionnement s’y oppose, vous ne le permet pas ; il en est la seule vraie cause. La prise en compte de cette réalité, quand elle est simplement perçue, offre un premier effet libérateur, parce que c’est cesser de croire ce qui n’est pas, alors qu’y croire a fait si mal, a causé tant de souffrance inutile.
Sans « avoir mal », sans en éprouver un malaise certain et souvent terrible, sans en souffrir, qui peut croire en l’injustice, en sa malchance, qu’il n’a pas le droit au meilleur (pour « être » mauvais ou illégitime), qu’il n’obtiendra jamais satisfaction ou que rien de mieux n’est possible pour lui ? Or, de façon plus ou moins obscure, chacun conserve en lui l’une ou l’autre de ces idées fausses. Il la doit à sa blessure, ainsi qu’il lui doit sa façon spécifique réactionnelle de VOULOIR. Ce sont les « je veux » qui assurent et perpétuent l’échec, l’insatisfaction, la souffrance.
• L’abandonné désire une « belle vie », en rêve, mais il n’y croit pas. Et c’est précisément parce qu’il croit que le meilleur est impossible qu’il désire, qu’il rêve.
• Le dévalorisé envie, mais le plaisir d’autrui l’incommode – quand il a l’impression qu’il pourrait entamer le sien – tout en se culpabilisant à l’idée de vivre seul le plaisir. Et c’est précisément parce qu’il ne peut pas partager le plaisir, ni se le permettre véritablement qu’il envie (compulsivement).
• Le maltraité exige, mais il n’apprécie pas ce qu’il reçoit. Et c’est précisément parce qu’il ne parvient jamais à apprécier ce qu’il reçoit pourtant qu’il continue d’exiger encore et encore.
• Le rejeté revendique, mais il ne s’occupe pas de ses vrais besoins, ne fait pas de vraies demandes. Et c’est précisément parce qu’il n’en vient jamais à s’occuper de ses vrais besoins qu’il reste pris dans la revendication.
• Le trahi espère (fantasme), mais il n’ose pas. Et c’est précisément parce qu’il n’ose pas (se croyant illégitime) qu’il passe son temps à espérer, à fantasmer.
Par exemple, quand survient une circonstance heureuse attendue (désirée, enviée, exigée, revendiquée ou espérée) :
• L’abandonné ne pourra tout bonnement pas y croire (y résistera donc) ;
• Le dévalorisé sera mal si un tiers en profite aussi ou s’il doit en profiter seul ;
• Le maltraité aura déjà son attention sur la prochaine chose à exiger de sa liste (et elle est illimitée) ;
• Le rejeté « se rendra compte » que ce n’est pas ce qu’il voulait (et pour cause !) ;
• Le trahi se sentira démuni, décontenancé, il n’ose pas.
Selon son schéma personnel, chacun peut vérifier ici comment il n’est effectivement pas prêt à vivre ce qu’il dit vouloir et, en même temps, que ce schéma « décourage » (n’encourage pas) l’abondance, la réussite, l’amour. Pourquoi donc te faire plaisir si :
• Tu n’y crois pas (abandonné) ;
• Tu tiens à m’exclure ou te culpabilises en « mangeant seul ton gâteau » (dévalorisé) ;
• Tu ne le reconnais, ne l’apprécies jamais (maltraité) ;
• Tu te barres ailleurs (rejeté) ;
• Tu n’oses pas en profiter (trahi).
C’est la Vie même qui pourrait nous poser cette question. D’une certaine manière, ne la posons-nous pas à des proches – même maladroitement ? L’entendons-nous quand eux nous la posent ? Bref, nous résistons bel et bien au meilleur et nous continuons de désirer, d’envier, d’exiger, de revendiquer ou d’espérer. Si seulement nous pouvions voir cela, le reconnaître. Tout changerait alors progressivement ! La question précédemment posée n’est toutefois pas l’essentiel. Elle peut simplement permettre d’observer qu’il est finalement logique de ne pas vivre ce que l’on dit vouloir et que l’explication est complètement étrangère aux raisons auxquelles nous croyons ordinairement de façon plus ou moins consciente :
• C’est la fatalité, c’est la vie (a) ;
• On veut m’interdire le plaisir, je suis indigne (d) ;
• Tout le monde est injuste, je suis victime (m) ;
• Je n’ai pas de chance, c’est de ma faute (r) ;
• On ne veut pas me faire plaisir, je dérange (t).
Ici, comprenons que notre besoin profond n’est pas d’obtenir la chose voulue (de façon obsédante), laquelle n’est souvent qu’un intérêt compensateur qui disparaît quand la croyance est relâchée, mais de reconnaître la fausseté de ce que l’on croit et la vanité de nos positionnements. Ils ne sont pas seulement vains, ils sont contraires à nos aspirations. C’est l’occasion de percevoir la perfidie du mental et de recevoir enfin l’invitation à observer davantage. Dans l’observation, ce qui est perçu et accueilli se révèle plus pleinement et ainsi se dissipe.
Maintenant, autre chose serait pareillement vain (entendez-le) : se dire « il ne faut plus que je désire, que j’envie, que j’espère, que je revendique ou que j’exige ». La pleine conscience des choses est transformatrice ; jamais aucune considération mentale, aucun contrôle ne transforme durablement quoi que ce soit. Et les « il faut » et « il ne faut pas » appartiennent au mental. Or, quelque chose de précieux aide beaucoup, presque dans l’instant même où c’est présent : SE SENTIR AIMÉ(E) ; oui, la conscience que l’on est aimé.
D’abord, percevez en cela comme un basculement de l’attention. Quand je désire, quand j’envie, quand j’exige, bref quand je veux ainsi, je fais une demande, certes plutôt maladroite. Quand je me sens, me sais aimé, je ne demande plus, j’évoque ce que je reçois, je reconnais que je reçois, ce qui est reçu – et, au passage, je l’encourage.
Les abandonnés éprouvent facilement le manque d’aide dans leur vie, sans même plus la chercher, mais ils sont si serviables que beaucoup ont envie de leur être agréables. Ces derniers sont reçus avec des « non merci » polis et timides. Les abandonnés sont aimés, le croiront-ils ?
Les dévalorisés veulent être aimés, comme les autres, mais ils le tenteront auprès de qui la chose peut apparaître comme moins acquise, parce que vous les exaspérez en les aimant pour ce qu’ils sont. Ils n’en ont pas l’expérience, mais ils ont tant de grâce qu’ils sont aimés, en effet.
Les maltraités se privent de l’amour en ne le reconnaissant pas. Pour obtenir tant d’exigences régulièrement satisfaites, ils doivent bien rencontrer des gens qui ne sont pas tous mauvais ou indifférents ! Eux aussi sont aimés.
Les rejetés cherchent à se faire aimer à travers frasques et pitreries et ils ne réalisent pas qu’ils sont encore aimés malgré ces frasques et pitreries. Sans s’en rendre compte, bien entendu, ils font tout pour être rejetés et, parce qu’ils sont d’une nature magnanime, même s’ils semblent s’en défendre, ils sont encore aimés.
Les trahis ont plus d’un tour dans leur sac pour que l’amour ne leur soit pas témoigné (bien sûr comme les autres) : ils ne font pas leurs demandes, ils s’isolent. On peut s’isoler même dans un groupe et c’est encore l’amour qui fera qu’on respecte leur réserve (maladive). Soit ils ont tant de gratitude pour le bon qui leur arrive, s’en sentent honorés dans une forme d’exagération, qu’ils ne peuvent pas l’apprécier, soit ils le vivent soudainement comme une banalité.
Tous, nous aurons de quoi sentir que nous sommes aimés, quand nous y consentirons. C’est à ce moment-là qu’apparaîtra de façon plus manifeste dans notre existence ce qui est bon pour nous, ce qui est juste pour nous : la rencontre avec l’âme-sœur, la prospérité, la guérison, etc. En fait, ce que l’on veut, de quelque manière que ce soit, n’est jamais que pour se sentir aimé. Autrement dit, on est conscient de la chose que l’on veut, pour se sentir aimé, mais non pas du besoin de se sentir aimé, encore moins du fait qu’on est aimé, que la vie nous aime.
On satisfait ce besoin, non pas en obtenant la chose, ni la suivante, ni aucune autre, mais simplement en se sentant aimé. Se sentir aimé, c’est se savoir aimé. C’est encore se positionner comme étant aimé, faire ce que l’on fait comme étant aimé. La vie est amour. Tout se passe dans la vie, donc dans l’amour. Être « positionné ainsi n’est pas sans effet, mais qui sait ce que seront alors les effets. C’est parfois voir se produire une rencontre ou une circonstance inattendue des plus gratifiantes.
Il reste que le « je veux », éprouvé réactionnellement (en fonction de sa blessure) témoigne aussi d’une demande jamais faite.
• L’abandonné ne risque pas de demander (de quelque façon que ce soit) puisque tout est impossible (sa croyance).
• Le dévalorisé ne demande pas puisque, selon lui, ce qui lui tient à cœur lui est interdit.
• Le maltraité ne peut pas demander (de façon tranquille et confiante) puisqu’il lui faut se plaindre continuellement.
• Le rejeté ne peut pas demander (avec humilité) puisqu’il ne s’occupe pas de son vrai besoin.
• Le trahi ne peut pas demander (d’autant moins ce qui lui tient le plus à cœur) puisqu’il se croit illégitime (a honte).
Une demande non faite reste à faire. Comme tout ce qui n’est pas exprimé, elle est un encombrement. Rester dans son vieux schéma et l’ignorer retient cette demande. Rappelons qu’exiger n’est de loin pas demander. La revendication rappelle une demande qui n’a pas été entendue et qui ne l’est toujours pas par le revendicateur lui-même. Supplier, faire pitié n’est toujours pas demander. Une vraie demande rencontre souvent une réponse favorable et quand celle-ci est négative, l’insatisfaction éventuelle est éphémère.
Je veux comme je veux (de façon compensatoire), parce que je crois que ça ne veut pas là-bas, que ça veut même le contraire (ça = la vie, les autres).
Je n’ai pas ce que je dis vouloir, parce que je ne reconnais pas que je l’ai déjà.
J’ai ce que je dis ne pas vouloir, parce que je ne reconnais pas que j’ai mieux.
Précisons que voir tout cela, même si une différence d’ambiance intérieure peut être remarquée, ne déprogramme pas immédiatement nos vieux conditionnements qui sont puissants et automatiques. Ce sont des structures auxquelles on s’est attaché. Il restera à cesser de s’abandonner soi-même, de se dévaloriser soi-même, de se maltraiter soi-même, de se rejeter soi-même ou de se trahir soi-même. « Ne te traite pas comme tu ne veux pas te sentir traiter ou aide-toi et le ciel t’aidera, parce que le ciel, la vie aime déjà tout ce qui est ». Sans le mental, c’est-à-dire sans les conditionnements, il n’y a que la vie, que l’amour, ce que tu es.
merci à toutes mes douleurs qui m’ont tenue éveillée au bord de l’implosion en ne me laissant d’autre choix que celui de remonter et de me connecter à la source.A la paix de l’âme en esseyant de faire reverdir l’amour demoi même