Le « soi séparé » ou pourquoi nous n’utilisons pas notre pouvoir
En tant que Conscience que nous sommes tous en essence, que nous sommes en réalité, notre pouvoir est illimité. C’est par cette Conscience que tout est créé, que tout arrive, se déroule, par exemple que nous pouvons avoir accès à des aptitudes apparemment incroyables (y compris sur le plan physique). Peut-être l’ignorons-nous, n’y croyons-nous pas ou l’oublions-nous la plupart du temps. Nous allons donc tenter maintenant de voir ou comprendre pourquoi nous n’utilisons pas notre pouvoir ou, pour être plus précis, pourquoi nous ne l’utilisons pas de façon féconde, favorable, harmonieuse. Et l’utiliser, en réalité, c’est plus simplement ne pas l’enrayer, ne pas l’empêcher d’agir, en notre faveur !
En effet, nous utilisons déjà notre pouvoir illimité, même en permanence, mais nous l’utilisons malgré nous à notre détriment, donc de façon disharmonieuse, désavantageuse. Avec la peur qui est créatrice et que nous maintenons en nous, que nous cultivons, nous pouvons nous faire vivre les pires choses, à travers des conditions incroyables. Quel pouvoir ne faut-il pas détenir, effectivement, pour nous attirer toujours les mêmes atrocités ou complications ! N’avez-vous jamais observé que certaines personnes semblent constamment confrontées aux mêmes situations telles que des licenciements, des accidents de voiture, des ruptures, des conflits relationnels, des difficultés financières ou des problèmes de santé… ? Manifestement, « hélas », ces personnes ne sont pas dépourvus de pouvoir, exercé à leur encontre, et bien sûr, nous fonctionnons de même.
La première chose qu’il nous faut envisager ou nous rappeler, c’est qu’il n’y a qu’une conscience, qu’il n’y a donc pas de séparation, qu’il n’y a pas la séparation telle que nous l’éprouvons. Sans la Conscience Une, par exemple, des synchronicités ne pourraient pas apparaître dans la vie de toute personne (qui s’y intéresse suffisamment pour les relever). Il est vrai que bien des gens ne remarquent pas les synchronicités et restent indifférents, même lorsqu’une personne essaie de leur partager celle qu’elle vient de vivre. Plus on est sensible aux synchronicités, plus on en vit ou, en fait, plus on en perçoit. Tout est synchronicité, tout le temps (même quand ça ne semble pas faire notre affaire).
Comment est-il possible que des découvertes se produisent simultanément dans des régions opposées du monde alors que les chercheurs ou explorateurs n’ont aucun lien entre eux ? Comment expliquer l’existence par exemple de la télépathie ou des prémonitions ? Comment tant de personnes, tout en se trompant de chemin, peuvent-elles rencontrer la personne à laquelle elles venaient de penser ou dont elles avaient un besoin urgent ?
Comment ai-je pu me déplacer seul dans les rues et les transports en commun pendant des décennies sans jamais rencontrer de problème majeur ? C’est l’expérience de la plupart des aveugles que je connais, bien que certains puissent évidemment faire une toute autre expérience, chacun ayant un conditionnement propre à dépasser. L’aide se trouve aussi là où l’on ne l’attendrait pas. La réponse à chacune de ces questions est la même : …car il n’existe qu’une seule conscience. Si l’on devait considérer les synchronicités comme des effets du hasard, comment expliquerait-on leur caractère généreux ou pertinent ?
Que nous soyons conscients ou non de notre véritable nature, à savoir la Conscience, nous ne vivons et ne percevons pas l’existence de cette manière. Nous évoluons depuis toujours comme si nous étions des entités séparées, nous nous prenons pour un « moi séparé », donc pour quelqu’un. Une vieille histoire ou un vieux conditionnement habille notre « moi séparé » d’une façon personnalisée, mais quoi qu’il en soit, il s’agit toujours du « soi séparé ». Nous sommes et restons identifiés à celui-ci et le « soi séparé » ne connaît rien d’autre que la séparation. Il fabrique de la séparation ; il résiste à la séparation qu’il a fabriqué ; il redoute et déplore la séparation. Il la voit surtout là où elle n’est pas.
Précisons-le d’emblée, quand nous disons « je », d’une manière très générale, nous nous exprimons au nom du « moi séparé ». La personne pour laquelle nous nous prenons est le « moi séparé ». Il n’est donc pas difficile à repérer, sauf que nous le revendiquons le plus souvent comme étant ce que nous sommes. Nous le revendiquons. Ici, il s’agit principalement du « moi séparé pensant ». Quand nous restons plus ou moins mal, y compris sans activité mentale débordante, nous sommes toujours avec le « moi séparé, mais c’est alors le « moi séparé souffrant ou subisseur ».
Même sans une compréhension totale, si nous savons déjà que nous sommes la Conscience, la Présence, la Paix et l’Amour, et non pas notre corps, notre personnalité, ni nos pensées, émotions et réactions, rien de ce qui change, de ce qui va et vient, nous pouvons observer tout cela, tout cela étant le « moi séparé » sous une forme ou sous une autre, avec des ressentis, réactions et positionnements très variables. Nous pouvons surprendre sans cesse le « moi séparé » En général, nous en restons la proie, mais nous pouvons surtout le « regarder », le reconnaître comme tel, lui faire perdre alors de son pouvoir maléfique.
Il peut être difficile de nous imaginer comme une seule et même Conscience, mais il est en revanche plus simple de reconnaître le « moi séparé » que nous incarnons chacun. Au lieu de philosopher sur la Conscience, ce qui reste alors encore une activité du « moi séparé », « regardons » ce « moi » de près, considérons-le comme nous ne l’avons peut-être jamais fait auparavant. Et d’ailleurs, qu’est-ce qui va regarder, observer, quand cela se fera sans commentaires ? Ce qui pense est le « moi séparé », ce qui perçoit ou connaît est la Conscience, s’agissant ici de la perception libre de toute interprétation.
Nous ne surmontons pas le « moi séparé » simplement en l’observant une fois, ni même à de multiples reprises. Cependant, si nous ne le considérons jamais, nous restons entièrement piégés dans le conditionnement qu’il incarne. En revanche, dès que nous commençons à le reconnaître dans diverses situations, nous amorçons progressivement une nouvelle façon de vivre, où nous agissons de moins en moins sous l’influence du passé ou par peur de l’avenir.
Nous pouvons « regarder » le « moi séparé », parce qu’il est en nous et qu’il n’est pas ce que nous sommes. Au lieu de ne faire que le subir, ce qui fait notre misère, nous pouvons nous arrêter un moment – y revenir souvent – et diriger sur lui toute notre attention. D’abord, nous pensons, disons-nous peut-être, mais en fait, ça pense en nous et c’est le « moi séparé » qui pense. Nommons-le donc le « moi séparé pensant ou penseur ». C’est lui qui est concerné lorsque, plus communément, le mental est évoqué. Bien sûr, mieux on regarde, plus on manifeste donc la Conscience, moins ça pense. À ce moment-là, il n’est pas exclu qu’il y ait une première impression de libération. Ramana Maharshi a dit : « Cherchez ce qu’est le mental et il disparaîtra. Séparé de la pensée, le mental n’a pas d’existence. ».
Il est difficile d’interrompre durablement le « penser inutile » en nous, la manifestation principale du « moi séparé », mais n’est-il pas facile d’en être conscient ? Retenons qu’il s’agit de démasquer le « moi séparé » en nous, de le dévoiler, de le mettre au grand jour. Une autre belle occasion de le faire est quand il y a malaise, contrariété, en fait souffrance. La Conscience que nous sommes ne souffre pas et la souffrance est la fabrication exclusive et inévitable de l’ego, donc du « moi séparé ». Nisargadatta Maharaj a dit : « Vous souffrez, parce que vous vous êtes séparé de la réalité et que, maintenant, vous cherchez à échapper à cette séparation. ».
Au lieu de continuer de chercher à échapper à la séparation, nous devrions ou pourrions comme regarder dans les yeux le « moi séparé » en soi, ce qui a voulu se séparer, et nous laisser alors toucher par les effets libérateurs potentiels. Oui, nous le pourrions, nous le pouvons, et c’est déjà cela « utiliser notre pouvoir ». Nous le pouvons, en notre faveur, et nous ne le faisons pas. À la place, nous tentons vainement de fabriquer du lien, à travers toutes sortes de stratégies, d’acquisitions et bien sûr de relations. Nous ne sommes jamais utilement interpellés par le fait que tout cela ne mène jamais nulle part. Lorsque certaines de nos attentes sont satisfaites, elles sont remplacées par d’autres. Et il s’agit là du « moi séparé dans un état constant d’attente ». Voyons-le, n’en pensons rien, sourions-lui !
Le pouvoir ou la possibilité de nous maintenir dans un état plus ou moins malheureux existe incontestablement. Le pouvoir ou la possibilité de nous laisser vivre de plus en plus d’épanouissement et même de nous sentir pleinement épanouis existe tout autant. Ce dernier pouvoir est celui que nous utilisons le moins, que beaucoup semblent ne jamais avoir utilisé. Nous fonctionnons toujours à l’envers : le cœur aspire à une chose et le « moi séparé » en veut une autre, parfois même le contraire. Le cœur est d’accord, mais la tête s’y oppose, et inversement. La tête, c’est le « moi séparé pensant ».
Ce n’est évidemment pas pour rien que nous manquons d’intérêt pour considérer durablement ce qui nous lèse : il s’agit de nous traiter à l’inverse de la façon dont nous avons appris à nous traiter, dont nous avons été traités… Nous sommes peu conscients de combien nous fonctionnons comme des automates, à partir d’un vieux programme identificatoire, et c’est d’abord ainsi que nous pensons, que nous nous laissons penser comme nous le faisons. Nous pensons de façon machinale, nous continuerons de le faire, mais nous tirons avantage à le savoir, à en être conscients, parce qu’alors, de nouvelles portes s’offrent à nous. Elles ne sont pas pour le « moi séparé ». Lui a besoin de sa prison, de la séparation.
Devenir conscient requiert un intérêt, de la curiosité saine, le plaisir à voir. Cela s’oppose au « moi séparé », au fonctionnement humain ordinaire. La gestion réellement efficace d’un malaise, d’une douleur se fait sans le penser et c’est l’observation pure. Elle est toujours transformatrice, libératrice, le penser, jamais ! On peut croire que l’on observe une douleur quand, en réalité, on en pense encore quelque chose, et observer son penser, c’est davantage remarquer rétrospectivement ce qu’il fait en général (le reconnaître), jusqu’à dans l’instant qui précède l’observation.
Tout comme on peut observer rétrospectivement la façon dont on vient de se doucher, de se brosser les dents, de prendre son petit déjeuner, on peut se rappeler par exemple combien l’on était ce faisant perdu dans ses pensées. Pouvez-vous vous arrêter juste un instant pour observer un peu ce qui s’est passé pour vous mentalement pendant les dernières minutes, la façon dont « ça pensait en vous » ? Reconnaissez des pensées et le phénomène « penser ». C’est le « moi séparé pensant » que vous observerez alors. Il m’a gagné, alors que je faisais la vaisselle tout à l’heure, et je n’aurais aucune raison d’en être content. Ce furent des pensées réactionnelles, révélatrices d’un vieux schéma encore opérationnel.
On veut se débarrasser de tout ce qui nous dérange, alors qu’il nous faudrait l’accueillir, ce qui illustre magnifiquement notre fonctionnement inversé général. Percevez-vous cela ? La chose est essentielle car en fonctionnant ainsi, nous n’avons aucun pouvoir, sinon pas celui de nous épanouir. L’inversion primordiale, sur laquelle se calquent toutes les autres, consiste à s’identifier faussement, à se prendre pour ce que l’on n’est pas. L’être humain se vit fondamentalement et même exclusivement en tant qu’humain, alors qu’il est « être » ; il se vit en tant que « moi séparé » alors qu’il est la Conscience. Face à un malaise, un conflit, une épreuve, en restant dans l’amour ou en le retrouvant, on fait l’expérience inverse à ce que dit la citation fameuse de Jung : « Persiste ce à quoi l’on résiste ». La résistance est du non-amour.
Le penser inutile est lui-même une inversion fatale, parce qu’il prend la place de l’observation, laquelle est un besoin fondamental, épanouissant et libérateur. On peut dire aussi que ce « penser » est un effet de notre inversion générale, de notre appréhension inversée de la réalité. Comment pourrions-nous rester dans cette erreur sans penser, chaque inversion devenant du grain à moudre pour le mental ? Si l’un des énoncés ci-après peut vous parler, soupçonnez que les autres ne vous sont pas tous complètement étrangers et comprenez alors comment vous endiguez votre pouvoir bénéfique.
Percevoir la séparation là où elle ne peut pas être est une inversion qui cause une souffrance inévitable.
Se prendre pour ce que l’on n’est pas est une inversion, parce que c’est confondre le contenant avec le contenu ou un diamant avec sa poussière.
Peut-être croyons-nous habiter notre corps, que s’y trouve la conscience, ce qui est conscient, alors que c’est le corps qui est dans la conscience.
Tous les positionnements psychiques sont des inversions, parce qu’ils font vivre le contraire de ce à quoi l’on aspire.
La projection est une inversion, parce qu’elle fait voir dehors ce qui est à l’intérieur. (Considérons les choses dans le bon sens !)
Du fait de la croyance atavique en la séparation, de l’erreur originelle, nous faisons en vain dépendre des autres notre épanouissement.
Parce que nous inversons tout, au lieu de reconnaître l’Essentiel en nous-mêmes, notre véritable nature, nous le recherchons en l’autre, chez les autres.
Alors que notre besoin essentiel est de nous sentir et savoir unis, nous recherchons, trouvons et dénonçons partout des coupables.
Du fait de notre conditionnement originel fourvoyé, toute notre attention est dirigée, non seulement sur certains que nous idéalisons, mais surtout sur ceux avec qui nous allons pouvoir revivre solitude, frustration, manque, insatisfaction ou privation.
On donne quand on devrait recevoir, prend quand on devrait donner, lutte quand on devrait accueillir, pense quand on devrait observer…
Donner ou prendre ce que l’on aurait besoin de recevoir est une inversion qui témoigne d’un déséquilibre relationnel (évidemment éprouvé dans sa prime enfance).
Prendre une chose plutôt que de la recevoir est une inversion, le prendre étant un déni du donner. La gratitude requiert le recevoir ; le prendre la tue dans l’œuf.
En prenant quoi que ce soit, au lieu de le recevoir, vous ne faites pas taire en vous le manque, ni ne faites l’expérience de la gratitude qui elle est créatrice.
Donner à condition de recevoir est une inversion malencontreuse, parce que celui qui reçoit est d’abord celui qui donne, bien sûr aussi à lui-même (Aide-toi et le Ciel t’aidera).
Avoir une intention à condition d’avoir les moyens est une inversion fâcheuse, parce que les moyens sont toujours donnés à qui a une intention réelle.
Avoir une attente est une inversion pernicieuse, parce que c’est avoir peur de ne pas vivre ou recevoir l’objet de l’attente et que la peur est créatrice de façon malencontreuse. (De plus, on en veut à la personne envers qui l’on maintient une attente !)
Vouloir quoi que ce soit pour être heureux est une inversion, parce que c’est seulement en étant heureux que la prospérité s’offre à nous.
Toute forme de réaction est une inversion auto-infligée, parce qu’en réalité, on a profondément besoin d’être en paix, dans la joie et l’amour.
Avoir une préférence et s’attendre à vivre le contraire, ne serait-ce pas évoluer dans une inversion ? Ne dit-on jamais le contraire de ce que nous pensons ?
On n’est pas conscient soi-même de la façon dont on se traite mal, mais on voit souvent chez d’autres le mal qu’ils se font. Est-ce une inversion ou seulement un comble ?
S’en prendre au coupable au lieu de s’occuper de la victime, de l’incendiaire au lieu de l’incendie, c’est une inversion dommageable.
Nous disons ce qu’il serait mieux de taire et ne disons pas ce qu’il serait utile de dire : nous fonctionnons toujours à l’envers !
Rester positionné comme si les gens nous reprochaient ce que nous nous reprochons nous-mêmes, c’est une inversion délirante.
« L’extérieur est le monde à l’envers, il te fait croire que tu es un être pensant. Le monde intérieur te dit que tu es un être sensible. » (Riad Zein)
Les inversions nous caractérisent en ce sens que nous inversons tout, pouvant par exemple dire « oui » quand nous sentons « non » et vice versa ou encore nous attendre à recevoir ce que nous ne demanderons surtout pas. Prendre le monde de la forme pour la réalité, trompeusement, et dédaigner le monde intérieur, notre véritable nature, est l’inversion qui fait notre drame. Tant que nous tiendrons à la séparation, par culpabilité, nous ne pourrons pas fonctionner autrement.
Il est psychiquement normal ou prévisible de s’attacher à ce qui nous confronte à nos inversions psychiques, mais il est surtout possible et libérateur de nous en rendre compte. C’est se rendre compte de la prédominance du « moi séparé ». Ce qui inverse tout, bien sûr, c’est le « moi séparé ». En continuant de laisser libre cours au « moi séparé », nous ne pouvons pas user du pouvoir libérateur, le « moi séparé » ne pouvant que subir la séparation, la déplorer, la renforcer.
D’autant plus si nous avons déjà pratiqué la reconnaissance pure et simple de nos diverses réactions et le plein accueil de nos vieilles douleurs, diverses expériences du « moi séparé », nous pouvons désormais gagner du temps et le démasquer désormais instantanément lors de chacune de ses manifestations ou interventions. Nous avons ce pouvoir-là et nous aurions grand intérêt à ne pas nous en priver. Même en sachant que seul le « moi séparé » est en cause quand il y a malaise persistant, pour favoriser un relâchement, il nous faut le regarder jusqu’à percevoir ce qui le constitue ponctuellement.
Comme « preuve » ou témoignage de notre manque de pouvoir, relevons qu’en général, nous ne pouvons pas obtenir ce que nous voulons, parvenir à ce que nous voulons, résoudre nos divers problèmes dans tous les domaines, nous sentir pleinement satisfaits. Le vouloir est le problème et ce qui veut est le « moi séparé », donc le « moi séparé voulant ». Lorsque votre propre « moi séparé », devient le « moi séparé coupable », le « moi séparé honteux », le « moi séparé apeuré », le « moi séparé victime », le « moi séparé insatisfait » ou encore le « moi séparé subisseur », vous utilisez malgré vous votre pouvoir contre vous-même et vous ne devriez pas pouvoir douter qu’il s’agit d’un pouvoir extrêmement efficace.
Maintenant, pourriez-vous me demander, comment avoir accès à un pouvoir à la fois utile et bienfaisant. Si vous me suivez, dans la possibilité d’observer le « moi séparé » , vous êtes déjà en train d’utiliser ce pouvoir-là. Quand nous observons réellement, sans le penser inutile, nous manifestons davantage ce que nous sommes. L’observation réelle requiert une qualité de présence plus élevée. Disons qu’il s’agit d’un changement d’état d’esprit. Avec ce changement, notre pouvoir utile et bienfaisant est utilisé sans « vouloir », sans intention (mentale). En voici une illustration personnelle toute récente :
Il y a quelques jours, juste avant d’aller me coucher et encore assis à mon bureau, j’ai réalisé que je restais avec une humeur plus ou moins pesante, conscient qu’elle m’avait accompagné depuis le début d’après-midi. Je décidai donc de m’y arrêter, de la considérer, de la « regarder ». Je pus d’abord soupçonner de la peur et de la culpabilité, sans certitude, ni le moindre effet sur moi. Qu’importe, je continuais de « regarder » mon ambiance intérieure, tout en transcrivant mon expérience.
Soudainement, j’ai été interrompu et interpellé par une nouvelle perception (visuelle) de mes mains et même du clavier sous mes doigts. (Je reste très intéressé depuis près de deux ans à la vision sans les yeux que j’ai notamment évoquée dans la chronique de mai 2023.) Disposé ensuite à ramener mon attention sur mon humeur pesante, j’ai dû me rendre à l’évidence, elle avait disparu, mais d’autres perceptions visuelles me souriaient. Tel est le pouvoir de l’observation, de la Conscience que nous sommes.
Cette expérience nous montre que lorsque nous prenons le temps de vraiment observer ce qui se passe en nous, en laissant de côté notre état d’esprit habituel, autrement dit le « moi séparé », et en nous connectant de cette façon à la Conscience que nous sommes tous, l’inattendu heureux peut se manifester, car nous détenons ce pouvoir. Il n’a en revanche rien à voir avec le contrôle, avec le « vouloir contrôler », ce qui est l’apanage du seul « moi séparé ». La Conscience laisse simplement se produire les choses de façon naturelle et spontanée. Et quant à ce « moi séparé, pensant et souffrant », cet intrus qui nous incommode tous, faisons autrement connaissance avec lui. Cessons de nous prendre pour lui ou de le laisser s’exprimer en maître. Nous le considérerons encore davantage le mois prochain.
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