Le regard qui transforme (un petit exemple personnel)
En considérant un certain mode de communications chroniques avec un interlocuteur Internet (communications qui tournent en rond et qui peuvent même être quelque peu rébarbatives), j’ai proposé que nous regardions ensemble – ou chacun de son côté – ce qui pourrait bien se cacher pour l’un et l’autre derrière ces échanges répétitifs et infructueux. Ce n’est en rien une proposition ou une possibilité exceptionnelle, et c’est ce que nous pouvons faire à chaque fois que quelque chose nous affecte, nous fait réagir d’une manière ou d’une autre, d’une manière très marquée ou plutôt subtile. L’identité de la personne impliquée ne présente aucun intérêt, parce que lorsqu’on se dispose à considérer ses ressentis et réactions, on est d’emblée au-delà de la situation d’abord incriminée et surtout dénoncée (quelle que soit cette situation).
J’ai pris l’essentiel des notes qui suivent avant que mon comparse réponde à la proposition faite, conscient assez vite que je pourrais les publier et c’est pourquoi je les ai enrichies d’explications autrement inutiles. J’ai ajouté une ou deux petites choses pour faire « utilement » écho à ce que mon complice a apporté de son côté… Ce qui suit n’est qu’une illustration brève et forcément limitée de ce qui peut se passer lors d’une consultation ou, face à n’importe quelle contrariété, quand on choisit de basculer de la réaction habituelle à l’observation de ce qui se (re-joue pour soi-même. C’est une possibilité, juste un petit exemple. Voyez s’il peut représenter pour vous un encouragement à faire de même à partir de toute circonstance qui vous « perturbe » peu ou prou.
Ajoutons que l’efficacité de l’exercice requiert une curiosité saine et suffisante, un vif intérêt et l’on pourrait même parler d’amour. Ah, « l’amour », il faudra justement que j’en parle plus longuement, au lieu de juste l’évoquer comme je le fais souvent. Eh bien, cela fera l’objet d’une prochaine chronique, c’est dit ! (septembre 2017). En attendant, sachons que si l’on n’approche pas ses tendances, réactions et autres dysfonctionnements avec bienveillance, on reste avec son sentiment irrationnel de culpabilité, de la réaction encore, et c’est vain, voire « contreproductif ». Ce faisant, on continue sa vie durant de déplorer les mêmes épreuves ou circonstances déplaisantes, avec les mêmes personnes ou beaucoup d’autres.
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À partir d’une « situation sans issue » qui a duré de nombreuses années, je tente ici, une fois de plus, de proposer à un partenaire impliqué de regarder les choses autrement, d’utiliser en quelque sorte « le regard qui transforme ». J’ignore s’il recevra enfin la proposition et à quel degré, mais comme je le lui ai dit (de diverses manières), je n’ai plus rien d’autre à lui suggérer. Proportion gardée, tout autre chose est effectivement tourner en rond, est faire ce que nous faisons tous tout le temps avec toute circonstance qui a un effet sur nous (juger, interpréter, projeter, réagir… souffrir).
Ce que fera l’ami de ma proposition lui appartient, bien entendu, mais j’ai personnellement un vif intérêt à vérifier ce qui peut en l’occurrence se passer, se représenter pour moi face à cette même circonstance que je viens donc de nommer « situation sans issue » (après l’avoir jugée plus ou moins). Nommer la circonstance qui nous intéresse est une première étape, importante. En général, face aux contrariétés ou préoccupations, on ne fait que réagir, on ne nomme rien, ne reconnaît rien. On n’est que jugement, projection, réaction… Le « je tente une fois de plus » pourrait sembler « incriminer un interlocuteur récalcitrant », mais il met ici en fait l’accent sur les efforts fournis dans le vécu et le revécu (personnels) de ce qui est en jeu, ayant pu déjà vérifier que tout effort est vain.
Alors, cette situation, qu’est-ce que c’est pour moi ? Suis-je là dans la réaction ou bien qu’est-ce que je ressens ? Puis-je me permettre de reconnaître que je suis dans la réaction (le cas échéant) ou qu’il y a un ressenti pour le moins déplaisant ? En l’occurrence, il semble qu’il n’y ait rien pour moi au départ ou qu’il n’y ait pas grand-chose puisque je suis juste interpellé et interpellé encore malgré mes réponses et autres explications, d’où la circonstance nommée « situation sans issue ». Il y a bien eu de temps en temps une forme de ras-le-bol, mais à chaque fois que je l’ai vue, identifiée, je m’en suis occupé de façon ordinairement efficace.
Je vois bien des choses (confirmées sans cesse) quant à ce qui anime pareil interlocuteur, mais c’est sans intérêt. Dès lors que l’on est pris, seuls comptent les ressentis et réactions, la situation et la(les) personne(s) sont secondaires. Et si l’on n’est pas pris, on ne s’arrête même pas sur celles-ci. Cette possibilité de « fonctionner » ne nous est pas familière, notamment parce que nous ignorons qu’elle est libératrice et, subsidiairement, nous fait découvrir des « perles », nous ouvre au « merveilleux »…
Donc, je ne suis pas dupe ; dans cette situation, il y a bien quelque chose de plus qui me concerne, qui m’implique, qui parle d’un vieux schéma personnel. La seule persistance de la situation pourrait en être un témoignage. C’est dire ici que je ressens ou au moins reconnais l’évidence d’un revécu personnel, lequel n’a donc rien à voir avec la situation du moment et encore moins avec l’ami impliqué (même si la mauvaise foi ou l’aberration, par exemple, est au rendez-vous le cas échéant)… Dès lors que l’on est affecté, ce que l’on éprouve n’a JAMAIS rien à voir avec la situation utilisée pour le revisiter, avec quiconque l’on incrimine pourtant en général.
Si l’on peut d’abord avoir du mal à se voir dans la réaction, on n’aura ensuite du mal à admettre que cette réaction ne concerne en rien la circonstance du moment. Cette circonstance n’a pas besoin d’être dramatique pour que soit remis en scène son seul vécu personnel. Il est vrai que cela peut paraître étrange d’être dans la réaction sans pouvoir l’admettre, mais c’est effectivement le cas quand elle est pleinement intégrée au conditionnement identificatoire.
En y mettant désormais toute mon attention, c’est un sentiment d’impuissance que je perçois soudainement, le sentiment d’être démuni. Comme toujours, je reconnais la chose qu’en des temps bien anciens, j’aurais imputée à la situation du moment et qui n’est infailliblement qu’un vieux ressenti « familier », « revisité » en maintes circonstances. Arrivé à ce stade, je pourrais très bien m’en tenir à rester un peu avec le ressenti, le reconnaître encore plus, encore mieux, le permettre ici et maintenant, lui accorder ce dont il n’a jamais eu le droit, à savoir une pleine et véritable attention. Le seul fait de se dire « je l’éprouve à cause de… » est le priver continuellement de cette attention, l’attention étant réservée à la soi-disant cause qui change éventuellement de circonstance en circonstance.
Comme dans cet exemple, un ressenti ou une réaction est reconnue et la chose est honorée, presque célébrée. Le droit d’exister lui est offert, reconnu. Ici, ce n’est plus la dernière histoire en date qui a toute l’attention, mais le ressenti seul, toujours le même, celui qui a été refoulé, évité, qui n’a jamais été reconnu sans être associé à une histoire. Souvent, la seule reconnaissance du vieux ressenti est suffisante, puissante, efficace…
Je dis, je vois que je me sens impuissant, démuni. Voyez ici qu’un ressenti est reconnu, qu’aucune accusation n’est portée, ni le moindre jugement. Je ne me juge pas davantage. Il n’y a pas non plus de propos pour minimiser la chose, pour la justifier, l’expliquer, l’excuser. Je n’implique strictement rien d’extérieur à moi. C’est en quelque sorte assumer sa responsabilité, mais c’est bien mieux encore ; c’est s’occuper véritablement de soi, de façon « élégante ».
En l’occurrence, c’est donc « impuissant, démuni », et ce pourrait tout aussi bien être « colère, frustration, peur, honte, jalousie, haine (selon blessure en cause)… ». La pertinence de la reconnaissance de son ressenti ne dépend pas de sa nature ni de son intensité. Je ne relève pas le pourcentage du sentiment d’impuissance. Il pourrait être à 100%, n’être qu’à 10% de ce qu’il a pu être à d’autres moments, peu importe. Ça m’intéresse de me libérer de toute émotion, quel que soit son degré.
Oui, je pourrais m’en tenir là et en obtenir déjà beaucoup, libérer beaucoup de ce ressenti « impuissance » (et c’est d’ailleurs précisément ce qui se passe). Or, quand on se tourne ainsi vers l’intérieur, c’est « fatal », on voit plus que prévu (si l’on peut dire). Je vois que ce n’est pas en n’importe quelle circonstance que j’ai eu à composer (généralement inconsciemment) avec le sentiment d’impuissance. Je viens de voir défiler une dizaine d’exemples de circonstances qui ont duré des années (de 3 à 5-6 ans, quelques-unes moins longtemps). Le ressenti et/ou la réaction dont on s’occupe peuvent avoir été régulièrement éprouvés dans des circonstances similaires, mais celles-ci sont en fait secondaires, seul ce qui est éprouvé étant important et réclamant une vraie attention.
Tiens, la situation avec ce même ami a dû commencer il y a une petite douzaine d’années, revenir en boucle de façon épisodique, mais du point de vue « revécu émotionnel », cette circonstance n’est rien par rapport aux autres. Avec les efforts toujours vains, elle rappelle juste le ressenti « démuni » et l’impuissance (donc identifiés aujourd’hui comme jamais). Mes trois premières années de cécité s’imposent à moi car ayant été opéré et faisant encore la différence entre jour et nuit, j’attendais de recouvrer la vue (impuissant et démuni). Comme je n’exprimais rien de ce que je vivais, je ne pouvais qu’attendre, éprouvant l’impuissance.
Après avoir quitté l’internat qui n’avait que trop duré (plus de cinq ans), dans l’impuissance et une sorte de dénuement, j’ai dû attendre quatre ans avant de pouvoir obtenir la prise en charge d’une formation spécialisée (impuissant et démuni).
Dans tous les cas, il s’agit de situations que je n’ai pas su, pas pu, pas voulu terminer. En général, je n’ai pas su dire « non », dire « stop ». Voici que je suis touché en me rappelant un « stop » d’une autre amie, exprimé dans la même circonstance du moment. Je suis touché en me rappelant des gens qui disent « stop ». Je suis touché en me rappelant que j’ai invité des gens à dire « stop » (déjà il y a plus de trente ans) : « On enseigne le mieux ce que l’on a besoin d’apprendre » ! Ici, je suis touché, parce qu’est remué le vieux ressenti en cause qui croupissait à l’arrière-plan… Je suis touché, utilement, positivement, parce que mon attention n’est pas sur la situation de départ (celle du moment), mais elle est exclusivement sur ce qui se passe en moi.
Je n’avais pas soupçonné que ce ressenti « impuissance » était impliqué quand, d’une certaine manière, je disais à mon interlocuteur « ça suffit maintenant », précisant en même temps que je n’avais plus rien à proposer. C’était déjà « révéler » que je me sentais démuni, que je revivais l’impression d’être démuni. Or, insuffisamment conscient, je me laissais encore embarquer à la « première » occasion (revécu « se faire avoir » du trahi).
Ne m’étant pas permis de dire « stop » dans ma vie, conditionnement oblige, je me suis attiré des circonstances durables relativement éprouvantes, certaines terrifiantes. Je me suis attiré ces situations ou j’ai tout bêtement interprété des circonstances quasi banales pour revivre confusément la même chose. Et je vois maintenant les occasions où j’ai fini par dire « stop » quand « le bouchon était poussé trop loin ».
Cependant, cela se faisait spontanément et je n’intégrais pas la chose, sans compter que j’ai pu aussi dire ce « stop » de façon réactionnelle, ce qui ne correspond évidemment pas à un dépassement véritable. En revanche, puisqu’un exemple magnifique de « stop » me revient ici (et quel « stop » !), je ne résiste pas au plaisir de le relater. Nous verrons bien s’il apporte un éclairage supplémentaire. Quoi qu’il en soit, cet exemple m’apparaît comme magnifique eu égard au conditionnement revisité et éclairé maintenant. Me le rappeler ici me touche comme jamais il ne l’avait fait !
Entre six ans et demi et neuf ans et demi, mes premières années de scolarisation, je vis un enfer auprès d’une institutrice qui me déclare le premier jour qu’elle ne s’occupera pas de moi, parce que je suis malvoyant et que je n’ai rien à faire dans son école où je resterai donc IMPUISSANT et DÉMUNI pendant… une « éternité » ! Sachant sa réputation, j’étais déjà mort de peur avant ce premier jour scolaire et j’y ai vécu l’horreur sans le moindre soutien, sans que quiconque ne soit jamais alerté. On la disait folle et malade, mais à l’époque, ça semblait manifestement ordinaire ! Je vous fais grâce des anecdotes terrifiantes qui n’apporteraient rien dans le contexte. Simplement, pendant les trois années suivantes, l’institutrice restera fidèle à son engagement, finissant par m’installer tout au fond de la classe (encore l’occasion de revivre impuissamment une situation interminable, ce qui est peu dire).
Ma peur, ma honte, ma timidité, mon sentiment de culpabilité font de moi un enfant quasi autiste quand j’ai neuf ans et demi et dois retourner auprès de mon « bourreau » pour une quatrième année scolaire. Je re-redouble forcément puisqu’à cet âge, je ne sais ni lire, ni écrire, ni calculer. Je ne sais même pas écrire mon prénom. Sur le chemin de l’école, le cœur lourd et la peur au ventre, en ce petit matin de septembre 1962, je vois l’école, la petite école devant moi, l’enfer, et là, juste sur ma droite, le chemin qui mène à la « grande école » du village où se dirigent les camarades qui étaient avec moi l’année scolaire précédente. Je ne pense plus, je ne réfléchis pas. Pris dans un mouvement que je ne contrôle pas, je tourne à droite et je les suis. L’autre instituteur est réputé sévère, mais ça ne m’émeut aucunement (je ne sais pourquoi).
« Faut qu’t’aille à la p’tite école ! », croit devoir me dire un élève qui m’a repéré. Je ne l’écoute pas, les autres ne renchérissent pas. Une autre réflexion du même acabit fuse dans le petit hall d’entrée et, déterminé ou inconscient, j’entre dans la classe. Également directeur, l’instituteur fait l’appel, me voit et dit : « Tu ne dois pas être là, mais attends, on verra ça tout à l’heure ! » Une heure environ plus tard, en fait après un temps interminable, quand il en eut fini avec son travail administratif, il interpella un élève et lui demanda : « Va prévenir Mme D. et dis-lui que Robert reste avec moi ! »
Pour la première fois de ma vie, avec succès, il me fut donné là de dire spontanément « stop » à une circonstance épouvantable qui aura duré trois ans. Trois mois plus tard, installé au premier rang, je savais lire, écrire et calculer, presque aussi bien que la plupart des autres. (Lors d’une relecture de la chronique avant publication, me revient le souvenir d’une impression puissante de la circonstance, celle comme d’avoir baigné, là tout devant, dans la « connaissance », dans le plein accès à l’apprentissage, mais tout autant dans l’amour silencieux, indifférent aux retours.) Comme j’ai été heureux de pouvoir encore offrir mon premier livre à M. André Christmann, cet instituteur qui s’est occupé de moi comme personne et sans jamais en faire cas. Que j’aime vous le présenter !
En fait, j’aime avoir à l’esprit ces gens (j’en ai connu d’autres) qui vivent ou font vivre des choses, libératrices, sans rien dire, sans le dire, sans se mettre en avant, sans attente. Il avait 83 ans, je crois, quand j’ai pu le remercier directement, véritablement (peu de temps avant sa mort) alors qu’il était devenu très malentendant. Oui, quand on s’occupe de ses vieux ressentis douloureux, il arrive aussi que l’on ait accès à ce genre de souvenirs, en fait à l’amour. Lâcher la tête, c’est bientôt retrouver le cœur.
Ça suffit amplement, pour une « séance », mais avec la relecture de mes notes, des choses se précisent une fois de plus magnifiquement : j’ai intitulé « situation sans issue » la circonstance ponctuelle et le titre est excellent quand je considère maintenant les exemples qui me sont revenus. En général, je ne pouvais que les subir. Pour toutes les situations, le point de départ est que je suis mis face à un fait accompli où se révèle une forme de « malhonnêteté » et du mensonge. Ce n’est pas un jugement, ni quelque chose que je déplore, d’autant moins que je ne le vois pas, que je résiste surtout à le voir, restant longtemps positionné comme s’il existait une « issue intelligente »…. Dans le contexte « karmique », il n’y en a pas ! J’aurai mis du temps à voir ! Et la malhonnêteté finalement reconnue est manifestement l’effet d’une forme de folie, d’un gros déséquilibre psychique (schéma contextuel).
Quant à l’épisode « scolarisation » que j’ai voulu mentionner, il présente tous les ingrédients qui confectionneront la plupart des autres circonstances similaires : mis devant « le fait accompli », isolement, insanité, inconscience, prétexte « ignoble », sans le moindre soutien ; démuni, impuissant, désespoir, renoncement, résistance à voir ; un éveil éventuel et le passage à autre chose…
Ce furent aussi des situations où je me sentais à l’écart (fond de la classe, cécité, internat…) et, pour titrer notre circonstance commune, l’ami invité à faire pour lui ce que je fais ici pour moi a employé le mot « divergence ». La première acception du mot est « écartement » (un écartement est une séparation). Enfin, ces circonstances qui n’en finissent pas me rappellent l’attente que j’ai tant éprouvée dans ma vie, ne l’ayant jusque-là localisée qu’au niveau de circonstances nombreuses mais brèves à chaque fois.
Ce n’est pas toujours aussi flagrant, mais c’est intéressant de pouvoir noter comment la prise en compte de nos vieux schémas peut nous ramener à la problématique humaine fondamentale qui est le « sentiment illusoire de séparation ». Tous les exemples qui me sont venus (spontanément), y compris quelques-uns qui ont précédé ma scolarisation, furent fortement marqués par l’ingrédient « séparation », mais toutes nos séparations éprouvées renvoient à la séparation primordiale d’avec l’amour et donc d’avec le divin. Nous y reviendrons dans une autre chronique.
Finalement, m’arrêter sur la situation m’a permis de repérer les ressentis lassitude, impuissance, dénuement, attente (prolongée), séparation. Et si je devais identifier une attitude réactionnelle associée à ce vécu, ce serait manifestement le renoncement. Oui, là où je n’ai pas dit « stop » dans ma vie, j’ai effectivement renoncé… J’ai renoncé en résistant, pour la plupart des situations que j’ai ici retrouvées, à voir une malhonnêteté ou une attitude délirante manifestement concernée. Je pourrais enfin évoquer mes sentiments de honte et de culpabilité, mais pour que ça ne semble pas arriver comme un cheveu sur la soupe, il me faudrait ajouter bien d’autres pages…
Quand on accorde enfin son attention à ses ressentis profonds là où l’on s’en tient seulement à réagir comme d’habitude, quand on est face à toute circonstance plus ou moins perturbante, on finit par vivre une libération, tôt ou tard. Accessoirement, il nous est même donné parfois de comprendre des éléments particuliers de son histoire, de son conditionnement, mais cela n’est en rien une nécessité. Quand on se dispose à voir la réalité, avec l’humilité préalable du fait de la méconnaître, tout devient plus simple, plus accessible, plus éclairant, et l’on se libère. Plus ce qui renvoie au sentiment profond de culpabilité irrationnelle est résorbé, plus l’amour est dévoilé.
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Comme le montre cet exemple anodin personnel, notre blessure principale, notre conditionnement originel n’a pas besoin d’une circonstance dramatique pour se rappeler à nous. C’est d’ailleurs parce que nous ignorons ordinairement les petits signaux que nous finissons, en quelque sorte, par « nous attirer » des épreuves terribles. Or, pour certains d’entre nous, il en faudra même beaucoup avant de pouvoir retrouver la présence, la conscience, le cœur.
Avec le présent exemple, l’idée n’est pas de s’intéresser à la forme de l’exercice décrit car elle serait toute autre en me prêtant d’ici quelques jours à une nouvelle expérience de ce type. Ce qui est important, face à toute circonstance qui nous fait réagir peu ou prou, c’est la possibilité de retirer son attention de la circonstance pour l’accorder entièrement à ce qui se passe en soi, pour soi, en termes de réactions, de positionnements et de ressentis (voire de revécu puisqu’il ne s’agit que de cela en réalité).
Il est possible de cesser de réagir, de penser, de juger, d’accorder tant de crédit à ses pensées, à ses jugements, et de choisir d’observer, de reconnaître ce qui se passe en soi, d’en être sciemment conscient, de l’accepter, et il y a alors de la découverte, de la compréhension, de la libération, et le retour à l’amour ou à la non-séparation. Ne nous en privons pas, ne nous en privons plus !
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