Le basculement libérateur (3/8)
Si vous avez lu les deux précédentes chroniques, vous pourriez avoir compris que la fin de notre mal de vivre, quelle que soit la façon dont nous l’endurons, passe forcément par un basculement libérateur. Il implique d’abord la disposition profonde à prendre réellement soin de soi, puis notamment nos vieux positionnements limitatifs, nos croyances invisibles ou revendiquées comme vérité, la considération bienveillante de nos douleurs enfouies, réprimées… Alors, à cet égard, où en sommes-nous ?
Tout d’abord, si vous deviez avoir du mal à percevoir ce qu’est le « basculement libérateur » ou ce qu’il implique, disposez-vous de plus en plus à sentir la différence énorme entre « penser » et « observer ». Voyez ensuite si vous pouvez faire vôtre cette affirmation : « Je m’invite au basculement libérateur, parce que je sais que le statu quo psychique est ma perte ou mon mal de vivre ». Et n’envisagez pas l’exploration du basculement comme une corvée, comme un TRAVAIL sur soi, ni même comme une PRATIQUE, mais seulement comme une expérience des plus plaisantes ou fécondes que vous êtes disposé à vous permettre, à vous offrir de plus en plus souvent. Il ne s’agit jamais de croire quoi que ce soit, mais d’être simplement d’accord pour faire sa propre expérience.
Avec une compréhension juste, nous ne travaillons pas sur nous-mêmes, tout travail pouvant être pénible, impliquer des efforts ou nous faire projeter de la gravité inutile, mais nous avons plaisir à regarder et donc à voir ce qui nous encombre, en sachant que le voir amorce son délestage. Le fait de vivre comme un travail ce qui est censé nous aider et d’ailleurs même aider autrui limite l’intention bienveillante et bienfaisante qui sous-tend toute action généreuse, efficace.
Luis Ansa a dit : « En Occident, quand on parle d’opérer ou de travailler, on entend généralement : tirer un profit. Dans le monde chamanique, “opérer” signifie : jouer, aimer. » Faire savoir ou parfois faire croire que l’on travaille peut aussi être une manière de se prendre au sérieux, voire de tenter – bien sûr toujours en vain – de prouver sa valeur ou son importance. Le mot « travailler » est peu prononcé par ceux dont la production est manifeste ou qui donnent sans compter. Ne considérons donc pas comme un travail à faire, ni même comme un travail sur soi, ce qui est censé nous libérer, et sentons qu’il n’est question que de l’amour à dévoiler. À l’évidence, en prenant soin de ses enfants, une mère ne dirait probablement pas qu’elle est en train de travailler.
Envisageons le basculement libérateur, son rappel, comme une clé toujours à notre disposition dès lors que nous nous voyons résister à la moindre contrariété. Pour rester mal, il faut rester pris mentalement, pris dans le penser, dans le vouloir, être la proie de l’ignorance ou de la non-acceptation et, ajoutons-le, ne surtout pas envisager un « basculement libérateur ». Pour rattacher ce basculement à un jargon plus familier, on peut penser à « la remise en question ». On ne résiste à se remettre en question que parce que l’on ignore qu’il s’agit seulement de se faire du bien (ce à quoi aboutit TOUTE remise en question).
Il y a bien quelque chose à remettre en question, par exemple, quand on vit du manque, de la frustration et que l’on reste donc pris dans le vouloir. On ne peut recevoir ce à quoi l’on aspire tant que l’on demeure dans le mouvement sortant (vouloir) et un basculement doit se produire. En effet, tant que l’on reste dans le vouloir, dans ce flux ou ce mouvement sortant, on ne peut pas reconnaître ce que sont nos aspirations véritables. Ainsi, nous nous en privons nous-mêmes. Au passage, sentons également que nous ne pouvons pas recevoir, recevoir véritablement, quand nous sommes en train de prendre ou de tenter de prendre. Le basculement du mode « saisie » au mode « réceptivité » passe notamment par le basculement du mode « penser » au mode « observer », du mode « vouloir » au mode « accueillir »…
C’est encore pour faire allusion à la fois à la difficulté à recevoir et à la remise en question nécessaire que je relève la situation suivante : face à la personne susceptible de nous aider, alors même que nous la sollicitons, nous ne pouvons pas rester dans le « vouloir parler », dans le « vouloir raconter, détailler, nuancer son histoire », en croyant bien sûr à la spécificité ou l’originalité de nos « éléments si précieux ». Nous devons envisager, explorer l’abandon total à la personne que nous sollicitons, apprendre à nous en remettre totalement. Basculer signifie aussi ou surtout lâcher prise. Et sommes-nous disposés à recevoir ou avons-nous encore une leçon à donner, une histoire particulière à raconter, un compte à régler, une place à prendre, un démenti à faire ou de l’injustice à dénoncer ?
D’ailleurs, le basculement libérateur est aussi le passage du « je sais » au « je ne sais rien ». Plus on reconnaît et même apprécie de ne pas savoir, plus on s’ouvre à la possibilité de savoir. Beaucoup de mes décharges ou libérations émotionnelles ont été précédées d’un joyeux « là, quelque chose m’échappe ! » Cela étant dit, l’évocation occasionnelle de mes expériences heureuses ne doit pas laisser entendre que j’aurais accompli le basculement ultime. Tous les jours, il m’est donné de voir l’un de mes vieux schémas encore en action, l’un de mes vieux travers, si vous préférez. Les voir me réjouit toujours !
Et je me permets de dire que dans ces pages, il est impossible de ne pas trouver une chose ou une autre qui soit pour nous un vrai cadeau, un vrai plus, un moyen de faire pour nous une différence heureuse. Restera à savoir ce qu’il en est de notre disposition, de notre motivation. Alors, sachons que la motivation ou la disposition n’est pas toujours là et, là encore, acceptons-le ! « Je sais bien que tu peux m’aider », me suis-je quelquefois entendu dire, « et c’est précisément parce que je le sais que, parfois, je tarde à te solliciter ». Ne doutez pas de ce qui est précisé là et sachez encore qu’il m’arrive (à moi aussi) de tarder trop à me rappeler ce qui m’a toujours aidé infailliblement (je devrais me relire plus souvent). Connaissons et aimons le chemin éclairé sans penser à sa distance (ni à rien d’autre).
À l’occasion, nous pourrions considérer comme suspecte notre fermeture ou notre insensibilité à ce qui est censé nous aider ou nous être agréable. Il s’agit alors de la difficulté à recevoir. Si nous sommes concernés par cette difficulté-là, nous ne serons pas spontanément enclins à nous faire du bien nous-mêmes. La difficulté générale à recevoir n’est pas de nature à favoriser un plein abandon quand il s’agit de profiter de ce qu’offre la vie, ni même à nous laisser reconnaître que la vie est bonne, malgré notre résistance, nos entêtements. Cette difficulté est bien réelle, ne la niions pas, mais ne nous la reprochons pas non plus.
Certes, si nous nous sentons plus ou moins mal, mais également si nous sommes prêts à vivre de nouvelles expériences, notre besoin profond et constant reste un changement d’état d’esprit – en fait le basculement d’un état d’inconscience à la conscience. Pour voir sans les yeux, si vous pouvez entendre cet exemple qui sort de l’ordinaire, du conventionnel, il me faut basculer de l’état émetteur à l’état récepteur, du vouloir à la disposition réceptive, du penser au regarder… Quand j’ai réellement basculé du penser au regarder, je ne peux pas déplorer de ne pas voir, ce qui serait rester dans le penser. (Au passage, je suis conscient qu’un « gros basculement » serait indispensable à la majorité des gens pour qu’ils puissent s’arrêter utilement sur mon exemple personnel et si inattendu. On n’est pas touché par ce qui sort de notre cadre familier.)
Non seulement le vrai regard n’est pas accapareur, mais il est fondamentalement un don. C’est de l’attention qui est offerte. Regarder est donner, voir est recevoir. Ce qui est reçu dépend de la chaleur, de la durée et de l’intensité de l’attention donnée. En général, comment vivons-nous le donner et le recevoir ? Quelle expérience en avons-nous ? Et par exemple, dans l’instant, si ce seul petit questionnement vous intéresse, si vous vous y arrêtez pour voir et reconnaître ce qu’il en est pour vous, indépendamment de ce que vous allez voir, vous pouvez vivre une sorte de basculement, un basculement de l’attention. Nombreuses sont les occasions de nous inviter nous-mêmes à un basculement libérateur.
En m’entraînant à la vision sans les yeux, pour voir, pour recevoir, je ne vois rien si je regarde de façon préhensive (accapareuse), donc avec des attentes, et j’ai alors à me rappeler « l’offrande généreuse de mon attention ». Si l’on regarde, écoute, agit, donne donc de l’attention, tout en maintenant de l’attention aussi à son corps, l’activité mentale inutile devient plus difficile. Or, regarder, regarder véritablement, ne serait-ce que momentanément, c’est (pour certains) dépasser la profonde honte ou le sentiment irrationnel de culpabilité. On ne se sent pas forcément le droit de regarder (un vieux vécu de votre serviteur).
L’expérience montre qu’il est beaucoup plus utile d’aimer regarder que de voir, parce que voir en est un effet. Pourquoi préférer l’effet à la cause ? Continuez d’aimer les effets comme vous les aimez, mais appréciez plus encore leur cause. La vraie gratitude est toujours dirigée au bon endroit. Regarder, c’est être présent et agir ici et maintenant. Regarder, écouter, sentir, c’est magnifique, c’est manifester ce que l’on est. Nous pouvons imaginer des choses compliquées pour favoriser le basculement du fonctionnement conditionné ordinaire à ce que nous sommes en essence, alors qu’il suffit d’être SCIEMMENT conscient d’être conscient et d’observer notamment nos postures mentales.
Même si nous vivons de nombreux moments d’ouverture, lors de nos diverses pratiques personnelles, lors de consultations ou séminaires, si nous continuons à l’ordinaire de nous laisser piéger par le mental, un basculement essentiel n’a pas encore eu lieu. Il y a (1) l’embarquement total dans les pensées et les émotions (superficielles), (2) la conscience pure (paix, amour…) et (3) l’aptitude à basculer de l’un à l’autre. Pouvez-vous confirmer cette aptitude, tout de suite ?
Ces chroniques sur le basculement libérateur, ainsi notamment que les deux précédentes indiquent ou rappellent des façons de se hisser hors des ambiances émotionnelles plus ou moins prenantes, éprouvantes. Pourtant, nous avons beau connaître ces différentes façons et sans doute d’en connaître encore d’autres, cela ne nous empêche pas de rester pris parfois très longtemps, de tarder à prendre réellement soin de nous. L’une des raisons à ce sursis est l’ignorance, la résistance ou un manque de conscience. Et puis, bien sûr, nous avons aussi à composer avec des habitudes, lesquelles peuvent nous laisser croire que nous préférerions la facilité, que nous nous laisserions aller à la facilité. « Facilité », à quel prix ?
La prise en considération d’un basculement libérateur requiert la disposition à sortir de sa « zone de confort ». C’est là une formulation psychologique à laquelle je préfère dans ce contexte « les positionnements psychiques » mis en place qui, sans conscience, privent du possible, du nouveau, de l’attention, de l’ouverture… Tout basculement implique de fait l’abandon d’un positionnement. En général, nous ne sommes pas conscients de combien nous sommes attachés à nos positionnements psychiques, ni même d’abord de leur seule existence.
Nous menons notre existence de façon mémorielle, mécanique, incorrigible, et tout ce qui ne cadre pas avec notre propre « univers » familier et étriqué ne retient aucunement notre attention. La réalité n’est pas celle suggérée par les médias ; les possibilités de guérison ne dépendent pas que de la médecine officielle ; le potentiel humain dépasse de beaucoup les connaissances conventionnelles ; la vérité n’est pas révélée par une personne réactive, ni même en sa faveur ; une personne particulièrement calme en apparence ne détient pas forcément la vérité ; rien de ce que nous déplorons ou convoitons jamais n’est réel, ne s’agissant toujours que de projection ; les synchronicités nombreuses témoignent du Divin ou de l’Intelligence infinie (beaucoup ne les perçoivent pas ou les entendent dans une indifférence incroyable)…
Savons-nous déjà que nous ne pouvons rien endurer qui n’appartienne pas à notre seul conditionnement ? En effet, nous ne pouvons pas subir qui ou quoi que ce soit sans que cela renvoie à quelque chose en nous que nous n’avons pas encore reconnu, accueilli et donc libéré. Ce n’est pas grave, il ne sera jamais trop tard de nous y disposer. Car même si nous avons cette connaissance, cette compréhension générale, où est-elle quand surgit une nouvelle contrariété ou quand nous déplorons une nouvelle fois un vécu éprouvant pérenne ? On pourrait dire dans ce cas que nous n’avons pas encore intégré la réalité de notre seule responsabilité. Pire encore, nous n’avons toujours pas vu que nous restons attachés à la souffrance même.
Par conséquent, le mental s’empare avidement de notre épreuve pérenne éventuelle, et nous restons pris avec nos croyances et « bonnes raisons », notre « j’ai raison », notre désolation, notre indignation, notre indignité (sûr de mériter la punition), notre sentiment d’injustice, de l’impuissance ou l’impression d’être démunis, du « subir » quoi qu’il en soit. Pouvons-nous voir cela, le voir vraiment, le voir au point où nous allons pouvoir dire : « Non seulement je le vois, mais je vois également que je le vois ». Ainsi, si vous pouvez désormais vous voir dans la réaction quand vous l’êtes, sachant de surcroît qu’elle est toujours « malveillante », voyez tout autant que vous voyez cela.
Un moyen « simple » de vivre un basculement heureux et libérateur est la conscience possible de la gratitude et de l’appréciation à vivre sciemment, ne serait-ce qu’un bref moment.
Nous pouvons vivre des basculements (plus ou moins fréquents) qui entretiennent une misère psychique, des conditions de vie qui s’avèrent éprouvantes. Par exemple, grâce à un soulagement temporaire, on peut basculer du sentiment irrationnel de honte et/ou de culpabilité à une forme de « prétention éhontée ». Au lieu de basculer parfois d’une ambiance de peur à une forme d’arrogance, on pourrait délibérément « tester l’Amour » : « Comment serait-ce si j’étais dans l’amour ? » Si nous avons pu le noter, c’est un moment privilégié de rendre un enseignement très pratique, là où il sera toujours efficace.
Il est bon et même essentiel de reconnaître que, parfois, nous ne pouvons rien envisager d’autre que ce que nous sommes en train d’éprouver et sachons que cela aussi est un revécu. Le bébé ou le petit enfant que nous avons été a pu être confronté à des circonstances qu’il ne pouvait que subir. Ce revécu ne prédispose pas immédiatement au lâcher-prise, ni au rappel de l’amour, de la lumière… Quand nous ne pouvons pas lâcher la tête, ne pas réagir, acceptons-le tout simplement, ce qui causera un premier basculement. Imaginez un instant que vous renonciez vraiment à vous charger, à vous en vouloir pour un rien, si tel est votre cas, ne serait-ce pas un basculement merveilleux, un basculement des plus appréciables ?
Maintenant, si l’idée vous sourit de faire un pas de plus vers le basculement pour vous plus ajusté, préparez-vous à découvrir lequel ou lesquels des cinq cas de figure énumérés ci-après pourraient vous parler le plus. Si vous pouvez le ou les reconnaître de façon tranquille, vous entamez déjà un basculement favorable. Toute personne qui se sait ou se voit réagir comme elle réagit, sans rien en penser, juste avec bienveillance, a alors basculé (au moins momentanément) de la réaction à l’observation. C’est un miracle ! Les effets la surprendront, tôt ou tard. Il n’est pas une seule limite humaine relevée dans ces pages qui ne doit pas être considérée avec la plus grande bienveillance. Et sachez que tout ne vous concerne pas, bien heureusement, mais lisez en demeurant ouvert, curieux, intéressé :
Pour envisager un basculement libérateur, l’abandonné type devra prioritairement reconnaître à quel point il est résigné. Sans cette reconnaissance, l’idée du basculement ne lui parlera pas. L’un de ses basculements essentiels revient pour lui à se mettre à demander spécifiquement de l’aide, non plus seulement quand il estime qu’il ne peut plus rien d’autre.
« Tant que tu resteras résigné, avec la croyance que « les choses sont comme ça, parce que la vie est comme ça », tu vivras les choses « comme ça ». »
Pour s’autoriser un basculement libérateur, le dévalorisé type devra prioritairement reconnaître sa tendance au jugement et à la comparaison. Penser de façon obsessionnelle et « basculer en conscience » sont tout à fait incompatibles. L’un de ses basculements essentiels revient à mettre son attention sur les autres, à ce moment-là sans la moindre attente.
« Tant que tu te soumettras à certaines personnes ou mêmes circonstances, les choses ne se passeront jamais selon ta convenance que tu peux même méconnaître. »
Pour bénéficier d’un basculement libérateur, le maltraité type devra prioritairement reconnaître enfin ou comme jamais sa tendance marquée à se plaindre et exprimer sa gratitude sans une nouvelle demande à la clef. L’un de ses basculements essentiels revient à retourner son attention de 180 °, pour se remettre tranquillement en question, pour assumer sa seule responsabilité et laisser les autres assumer la leur.
« Tant que tu laisseras libre cours à ta tendance à te plaindre, heureux de pouvoir dénoncer l’injustice, tu seras submergé d’occasions de le faire. »
Pour reconnaître la pertinence du basculement libérateur, le rejeté type devra prioritairement remettre en question ses certitudes, arrêter de croire que son seul besoin est que tout le monde pense comme lui et surtout lui obéisse. L’un des basculements essentiels du rejeté revient à se mettre spécifiquement à l’écoute d’autrui en se sentant bien à ne pas jouer (imposer) un rôle extérieur.
« Tant que tu revendiqueras ton indignation, avec fougue, tu resteras confronté à des circonstances qui sembleront te donner raison, te permettront de te laisser le croire. »
Pour profiter du basculement libérateur, le trahi type devra prioritairement renoncer à sa vieille croyance de ne pas avoir le droit de s’occuper de lui, plus généralement se défaire du déni et de la honte dont l’effet est notamment sa privation ou sa limitation. L’un de ses basculements essentiels revient à se laisser aller à profiter pleinement de ce que la vie lui offre, incluant la possibilité de s’exprimer de mille manières.
« Tant que tu seras bien content d’avoir de nouvelles preuves des abus que tu endures, tu t’attireras d’autres abus avec des preuves de plus en plus incontestables. »
Ce que nous déplorons, d’une certaine manière, nous le voulons, nous le « demandons » à la vie, juste pour pouvoir y réagir comme nous avons toujours réagi, comme nous tenons encore à réagir. C’est si vrai que nous pouvons même défendre, revendiquer ou justifier notre réaction. Et comme nous utilisons le pouvoir illimité de la vie, ici de façon malencontreuse, nous nous attirons sans peine de quoi réagir encore et encore. Ainsi, il est stupide de s’en prendre à la vie qui ne fait jamais rien d’autre que nous servir. Cette idée-là tarde à être entendue à cause de l’orgueil, de la culpabilité ou de l’impression de se retrouver démuni.Et la vie répond aussi à nos demandes pour nous montrer nos fourvoiements et pour que nous puissions faire d’autres choix.
Un basculement libérateur est plus accessible que ce que l’on peut croire, mais la disposition à le vivre n’est pas nôtre (jusqu’à ce qu’elle le devienne). Par exemple, nous pouvons savoir déjà beaucoup de choses et avoir surtout connu des épreuves édifiantes, révélatrices, il nous reste à vérifier à quel degré nous tenons compte de ce que nous avons vécu et compris. Il nous faut au minimum comprendre que le meilleur est possible, que nous le méritons, que nous y avons droit, qu’il est à recevoir, non pas à prendre…
Dans l’instant où il y a notamment plein accueil de ce qui est éprouvé, une pleine reconnaissance, le « moi égoïque », le « je pensant » n’encombre plus l’espace. Le mental pensant a cédé la place, autrement dit nous nous en sommes désidentifiés. Un basculement heureux s’est produit. Ainsi, pourrions-nous dire, nous avons changé « d’adresse ». D’aucuns parlent du cerveau ou de l’hémisphère gauche, là où nous habitons la plupart du temps, et du cerveau ou de l’hémisphère droit, là où nous avons accès à toutes les perceptions (intuition, inspiration, télépathie, vision à distance, vision sans les yeux, écoute sans les oreilles…). Qu’importent les dénominations, faire en conscience l’expérience du lieu qui n’est plus celui du mental pensant est fabuleux et surtout édifiant. On y retourne volontiers (quand on y a accès).
L’entraînement à la « vision sans les yeux » me permet de faire sciemment l’expérience des deux hémisphères et c’est une expérience à la fois pratique et très émouvante. Vivre en conscience ce basculement divin m’évoque le desserrement et l’expansion. Il est tout à fait possible, non pas forcément évident, de basculer du resserrement psychique à la dilatation du cœur. Le resserrement psychique est maintenu mentalement et la dilatation du cœur résulte d’une sorte d’abandon, d’un lâcher-prise. Le basculement libérateur est toujours bon à vivre, immédiatement, parce qu’il est le passage du resserrement, de la contraction, de l’enfermement à la dilatation, à l’ouverture, à la légèreté.
Oui, le basculement de l’état réactionnel ou de souffrance à ce qui permet le plein épanouissement est une « grande chose », une « chose exceptionnelle » : un cadeau que l’on se fait à soi-même ! Et nous avons besoin de ce cadeau-là, de vivre une inversion radicale d’état de conscience : le basculement de l’impression de subir l’existence au ressenti conscient de la puissance inhérente à notre vraie nature. C’est bien sûr notre conditionnement jamais considéré, avec un attachement insoupçonné à la déploration, qui nous empêche de basculer de l’impression pénible de subir au ressenti conscient « j’aime, je peux, je suis comblé ».
On peut bien se trouver dans la confusion mentale, avec une humeur maussade tenace, il n’en demeure pas moins vrai que demeure intact en nous un « je peux, j’aime, j’ai de quoi vivre l’appréciation… » Alors, sans nous soucier du « comment », sachons la possibilité de tout un chacun de substituer à l’impression de subir, le RESSENTI CONSCIENT « je peux » (quitte à reconnaître que nous résistons à ce dernier). De façon consciente et sincère, préférons la joie à l’aigreur ! Le basculement de notre état réactionnel au regard du cœur demande une fraction de seconde, imaginez-vous le vivre, tout de suite ! Et soyez sûr que vous le méritez, amplement ! Sachez, non seulement que vous pouvez le vivre, mais que vous devez le vivre !
Si la lecture de ces trois premières chroniques consacrées au basculement libérateur a représenté un plus pour vous, si elles ont dissipé quelques ombres, si vous les avez perçues comme contenant une invitation, si vous en avez donc reçu quelque chose, vous pourriez tirer avantage à relire les deux chroniques précédentes, consacrées elles au déploiement libérateur. Peut-être ne les relirez-vous pas de la même façon et en recevrez-vous davantage ! (À suivre)
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