La résistance au bonheur
Cette nouvelle chronique est largement inspirée par les observations faites à la faveur de deux consultations données aujourd’hui même, observations nourries par d’autres réalisations dues à ma propre expérience des derniers jours. Nous allons parler de la difficulté insoupçonnée à vivre un épanouissement vrai et durable. L’absence d’épanouissement dans sa vie peut avoir diverses causes (effets multiples des blessures de l’enfance non guéries). Ordinairement, nous donnons à notre mal de vivre des explications erronées. Si nous endurons des circonstances indésirables, si nous ne parvenons pas à vivre ce à quoi nous aspirons, les raisons profondes ou véritables ne sont jamais ce qu’il semble ou ce que nous croyons.
Je rappelle régulièrement que nos émotions ne sont pas intrinsèquement imputables aux circonstances et aux personnes que nous pouvons incriminer. Les personnes, les circonstances, l’extérieur servent seulement de catalyseurs aux vieilles douleurs enfouies en nous, qui « aimeraient bien avoir droit de cité » et dont nous avons vraiment besoin de nous libérer. Nous cherchons et trouvons des boucs émissaires, nous nous attirons les circonstances idéales à dessein de pouvoir revisiter ce qui a besoin d’être achevé. C’est pour nous guérir ou nous libérer que nous vivons parfois le pire. Or, pour que la transformation ait lieu, il nous faut reconnaître et relâcher nos réactions. Redisons-le ici, rien n’est possible tant qu’il y a réaction (et nous y reviendrons) !
Diverses chroniques antérieures traitent déjà de cela et aujourd’hui, je veux m’arrêter sur un point qui peut surprendre de prime abord, sur ce que nous pourrions appeler « la résistance au bonheur ». Simplement, voyez si cela vous parle, si quelque chose vous parle, si vous découvrez quelque chose de vos propres fonctionnements. Sachez ou rappelez-vous qu’il suffit souvent de voir des choses (les voir vraiment, sans jugement) pour faire dans sa vie une différence heureuse. Osez regarder, osez voir ! Quand on s’y prête, la paix et l’harmonie sont bientôt au rendez-vous. La pleine conscience est toujours transformatrice.
D’un côté, il y a les choses qui vous dérangent et dont vous ne parvenez pas à vous débarrasser. De l’autre, il y a ce que vous aimeriez vivre, acquérir, réaliser, ce sans succès. Voyez-vous un problème qui n’appartienne pas à l’une ou l’autre de ces deux catégories ? Alors, au moins jusqu’ici, notez que vous êtes concerné. Nous le sommes tous ! La différence entre nous réside dans notre manière d’exprimer les choses (elle dépend de notre propre blessure principale). Et cette différence est vraiment sans importance.
Face à leurs problèmes et/ou leurs frustrations, d’aucuns attendront simplement et longtemps que les choses s’arrangent (c’est une réaction passive, mais c’est tout de même une réaction) ; d’autres éprouveront comme impossible la moindre issue ; d’autres « choisiront » d’être en lutte perpétuelle contre des adversaires qu’ils ne manqueront pas de trouver ; d’autres renâcleront devant des obstacles (qu’ils érigent eux-mêmes devant eux au fur et à mesure que ces obstacles s’effondrent) – ceux-ci se sentent empêchés ou limités ; d’autres enfin verront partout de l’injustice et s’en plaindront évidemment…
Autrement dit, il y a le problème, d’une part, et il y a ce que nous en pensons, ce que nous (nous) racontons, La manière dont nous y réagissons, d’autre part. Qu’en est-il pour vous ? Ici, pouvez-vous vous permettre de voir votre fonctionnement personnel sans le justifier d’aucune sorte, sans vous juger, sans vous culpabiliser, juste parce que c’est bon de voir, juste parce que c’est salvateur ! Il est difficile de s’éveiller, de se transformer, de s’épanouir sans faire de prise de conscience et sans sentir ce qu’on a toujours résisté à reconnaître et à sentir. Faites-vous le cadeau d’être vrai avec vous-même, juste pour vous-même.
Et maintenant, allons plus loin ! Avez-vous déjà été en situation de faire ce que vous vous « étiez promis » de faire dès lors que vous en auriez tous les moyens sans rien faire du tout tandis que toutes les conditions se présentent enfin de façon favorable ? Vous est-il déjà arrivé d’être sur le point de vivre, voire en train de vivre ce que vous vouliez, ce que vous aviez attendu depuis longtemps sans pour autant réussir à vous sentir bien, à vous sentir comme vous espériez vous sentir (tranquille, joyeux, dans le plaisir…) ? En d’autres termes, nous retenons « parfois » une affirmation du genre « je serais satisfait si … » qui se trouve infailliblement démentie par la réalité ultérieure vécue.
Peut-être avez-vous à l’occasion harcelé un partenaire pour qu’il fasse ceci ou cela, et, ce faisant, vous fasse plaisir. N’est-ce pas arrivé qu’il s’y prête volontiers sans que votre satisfaction ne soit au rendez-vous, sans que vous ressentiez le moindre contentement ou la moindre gratitude ?
Peut-être vous êtes-vous laissé croire que, dès que vous en auriez le temps ou l’argent, vous entreprendriez ceci ou cela. Le temps ou l’argent a pu se présenter et les engagements… oubliés !
Est-ce plutôt quelque chose que vous avez peiné à mettre en place, sûr que vous alliez en profiter pleinement, pour constater que quelque chose continue de ne pas tourner rond ?
Comment se sent une personne qui se prépare depuis des lustres, alors qu’elle est enfin prête ? (Elle l’était d’ailleurs depuis longtemps). Elle ne se sent toujours pas disponible, elle ne profite de rien.
Comprenez que ce ne sont là que quelques exemples, juste des moyens qui pourraient vous permettre d’identifier vos propres schémas. Personnellement, j’ai beaucoup cru aux empêchements extérieurs (incluant la cécité). Tout récemment encore, je me suis surpris à ne pas faire ce que moult obstacles m’empêchaient ordinairement de réaliser, alors que plus rien ne s’opposait en l’occurrence à ma liberté. Une personne me confiait aujourd’hui que, par manque de temps, elle n’avait pas pu faire mille choses et, bien qu’elle avait désormais tout son temps, qu’elle ne se mettait toujours pas à la tâche.
Remarquez bien ici, comme annoncé dès le début de la chronique, que la cause ordinairement prétendue de nos insatisfactions n’est certainement pas vérifiée dans les exemples qui précèdent (et comme dans beaucoup d’autres de notre vie personnelle). C’est l’occasion de reconnaître qu’une « éventuelle » accusation était infondée. « A cause de …, je ne peux pas » : que vaut cette accusation ou cette croyance si je ne le peux toujours pas quand la « cause » a disparu ?
Mais alors que se passe-t-il ? Jusqu’à ce jour, j’ai relevé trois effets de nos blessures non guéries de l’enfance qui peuvent être en cause.
1. Nous résistons à la circonstance « problème », nous y réagissons : nous sommes et demeurons dans la réaction. Nous sommes attachés à cette réaction, nous y tenons. Au fond, quoi que nous prétendions, nous ne voulons pas de solution, nous ne voulons pas que les choses s’arrangent ; nous voulons réagir (nous plaindre, nous révolter, prouver que nous avons raison, que rien n’est possible, ruminer dans notre coin, voire simplement continuer de rêver, de désirer, d’envier, d’espérer, de fantasmer, de revendiquer…). Si mon « besoin » immédiat, si mon unique besoin est d’engueuler un partenaire, il me mettra mal à l’aise s’il se conforme à mes attentes annoncées. Mais je trouverai bien un autre prétexte pour continuer alors de le houspiller !…
2. Je n’ai « jamais » vécu ce que je dis vouloir (être, faire, avoir – vivre) et je ne sais donc pas l’incarner si la possibilité se présente. Certes, j’en connais le goût – sans quoi je ne pourrais l’envisager -, mais je ne l’ai pas vécu durablement. C’est donc ainsi que je peux aussi résister au succès, à l’abondance, à la guérison, à la paix, à l’amour. Si l’harmonie relationnelle fut absente lors de sa prime enfance, il serait étonnant de pouvoir à l’âge adulte l’accueillir dans sa vie du jour au lendemain. Tout reste toujours possible, bien entendu, mais il peut y avoir des peurs et des croyances à abandonner, de nouveaux positionnements et de nouvelles ambiances à adopter…
3. Quand on dit ou croit vouloir se débarrasser d’un problème, quel est le ressenti douloureux qu’on veut en réalité éviter ? Quand on dit ou croit vouloir réaliser une chose (devenir, réussir, acquérir…), quel est (le cas échéant) ce même ressenti douloureux que l’on veut encore éviter ? En fait, si je veux une chose pour fuir l’insatisfaction (le sentiment de manque), par exemple, je pourrai bien obtenir la chose (parvenir à mes fins), mais le ressenti douloureux fui sera toujours là et c’est ce dernier qui m’empêchera de jouir de la réussite, de l’aide reçue, qui m’empêchera d’être content, plein de gratitude, qui m’empêchera de faire l’expérience heureuse attendue, de m’épanouir enfin.
Comprenez, dans ce dernier cas, que notre besoin véritable – pour la transformation -, c’est de ressentir en pleine conscience le douloureux en nous qui nous fait vouloir nous débarrasser d’une chose ou encore nous fait aspirer à une autre. Avoir des projets, c’est merveilleux et certainement indispensable, mais si leur réalisation ne comble rien, voire si elle engendre un malaise plus grand, un peu d’introspection s’avère bienvenue. J’ai la croyance que nous sommes tous faits pour être heureux (aimants, aimés, comblés, épanouis). Permettons-nous de découvrir ce qui nous tient à distance de la paix, de l’harmonie, de l’abondance.
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