La réaction ou la malveillance (2/2)
Ce mois-ci encore, nous parlons de malveillance, de « notre malveillance » ! Par intérêt pédagogique ou pour éviter l’autoculpabilisation, j’ai examiné la possibilité d’évoquer deux formes de malveillance. En effet, il n’est bien sûr pas question de faire la part trop belle à notre vieux sentiment de culpabilité ! Or, je n’ai rien trouvé qui fasse l’affaire. En effet, les « deux malveillances » que j’ai pu distinguer sont celle que nous endurons et celle que nous faisons endurer, autrement dit celle d’autrui et la nôtre. C’est bien connu, « nous sommes forcément meilleurs que les autres » ! Que l’humour soit de la partie quand nous poursuivons notre introspection ! Il y a donc, non pas deux sortes de malveillance, mais une malveillance infligée par toute l’humanité et à intensité variable.
Parfois, en conscience, nous nous culpabilisons sans merci, mais il reste toujours quelque chose en nous qui dit, à bien des égards, que les autres sont pires que nous. Et ne nous leurrons pas, ces autres ne sont pas toujours ceux qui défraient la chronique (violeurs, assassins, terroristes…). Au passage, n’oublions pas que l’autoculpabilisation est déjà de la malveillance, envers soi-même ! On se sent ou même se fait traiter comme on se traite soi-même. De surcroît, ça n’est certainement pas quand nous sommes consumés par le sentiment de culpabilité que nous pouvons le mieux nous montrer bienveillants envers autrui. Et c’est précisément le sentiment irrationnel de culpabilité qui produit la projection, la réaction et donc la malveillance.
Et quand nous avons à composer avec de la malveillance extérieure, le hasard ou l’injustice ne sont pas à incriminer. Or, la chose n’est pas davantage fatale, ni irrémédiable. Ceux qui déploreraient notre malveillance auraient à considérer la leur et à reconnaître leurs vieilles douleurs, comme nous, mais nous avons à nous intéresser exclusivement à ce qui se passe en nous, à nos positionnements archaïques, à nos propres postures créatrices, aux mémoires auxquelles nous restons fidèles… Moins nous nions la malveillance, plus nous reconnaissons et apprécions la bienveillance.
Comme vous, je connais de « belles âmes », des gens qui connaissent et assument leur responsabilité, certains qui, comme on dit, ne feraient pas de mal à une mouche, dont la bienveillance ne fait aucun mystère, mais il s’en trouve peu que je n’ai jamais vu ou su dans la réaction une fois ou l’autre. Et d’ailleurs, je suis peut-être bien en train de parler de vous ! Il me semble que nous pouvons tous simplement aimer l’idée de nous libérer de tout ce qui en nous pourrait bien encore être malveillant ! À l’évidence, le degré de notre malveillance est très faible par rapport à tout ce dont nous avons déjà pu être témoin, mais si cette réalité sert seulement à nous déculpabiliser, nous repoussons encore une occasion de libération.
Il peut nous devenir plus facile de renoncer à la réaction, juste d’accepter l’idée d’y renoncer, quand nous avons perçu qu’elle est de la malveillance révélée, plus facile de faire notre préférence de ce renoncement. Vouloir une chose témoigne du regret de ne pas l’avoir ou de ne pas la vivre, et avoir (réellement) une préférence implique forcément de la joie. Quand nous sommes pris par une mauvaise humeur tenace, le seul fait de le reconnaître purement et simplement rappelle déjà un peu de bienveillance.
Je n’aurais pas soupçonné en moi une certaine malveillance si je n’avais pas perçu que la réaction en était, que toute forme de réaction en était, et si j’avais de surcroît nié mon état réactionnel. Réaction et malveillance sont indissociables, sachant que la malveillance peut être sciemment dirigée contre soi-même. Pour se suicider, par exemple, un minimum de conscience est requis. En réalité, c’est essentiellement l’ignorance qui domine. Renoncer à la réaction, c’est renoncer à la malveillance et c’est pourquoi l’on peut résister à se reconnaître dans la réaction ou à la seule idée de relâcher cette dernière. Oui, le cas échéant, on tient aussi à sa malveillance !
Quand on se met à réagir de façon plus caractérisée, c’est que la malveillance en soi s’est réveillée. N’assénons-nous pas alors des « coups » ? (Les coups ne sont pas toujours physiques). Par exemple, nous pouvons sentir sciemment l’animosité qui accompagne une lamentation, une accusation, une dénonciation, notre preuve d’un abus…, et la façon dont nous tenons à cette animosité. Or, alors que nous sommes prompts à justifier notre réaction, ce que nous faisons longtemps, justifierions-nous de même, toujours et en pleine conscience, notre malveillance ?
Il est plutôt facile de justifier notre malveillance, mais cela dépend tout de même d’un « niveau élevé d’inconscience » et témoigne de mémoires douloureuses envahissantes. Nous ne sommes pas tenus de tout accepter, mais « ne pas tout accepter » n’implique aucune posture agressive (malveillante). Dès lors qu’on entre en réaction, il peut être utile d’observer que l’on se prépare à blesser d’une manière ou d’une autre, soi-même et/ou autrui, soi-même dans tous les cas.
Si l’on ne se reconnaît pas dans la réaction, pour peu que l’on s’interroge tout de même, il suffit alors de vérifier si l’on est en paix et dans l’amour ! Pour répondre à son état réactionnel attisé et que l’on vient de reconnaître, il n’est pas évident de se rappeler la paix et l’amour sans avoir vu que la réaction était surtout le contraire, de la malveillance. Du fait de notre conditionnement mémoriel, karmique ou transgénérationnel, nous avons factuellement enduré notre blessure dès notre prime enfance. Il en résulte notamment un état réactionnel chronique (un positionnement malveillant).
Il est un temps où il est moins question d’expliquer nos réactions que de les reconnaître davantage et de reconnaître ce qu’elles sont vraiment. L’état réactionnel est d’abord une attaque contre soi-même quand il est passif et une attaque contre autrui quand il est extériorisé, mais dans ce dernier cas, on reste encore celui qui paie le prix fort. On réagit toujours pour nuire et Un cours en miracles nous dit : « Nul n’attaque sans intention de blesser. Cela n’admet pas d’exception. ». Et il ajoute : « Sans pensées d’attaque, je ne pourrais pas voir un monde d’attaque ».
Sans la malveillance en nous, il ne nous viendrait pas de la déplorer à l’extérieur. Ne pas déplorer les circonstances ne veut pas dire les ignorer, ni ne pas nous positionner de façon ajustée à partir de ce qui est en notre pouvoir… Notre potentiel « malveillance » est révélé au monde par notre seule réaction. Quand nous votons, pensons-y ! (Pour qui votons-nous, pour la paix ou pour la réaction ?) Confieriez-vous votre bébé à une nounou qui est toujours dans la réaction, même si elle partage vos opinions politiques ?
On veut nuire, on veut faire du mal, quand on est dans la réaction, dans le temps de la réaction. En est-on conscient, peut-on le reconnaître ? Peut-être ne reconnaîtrez-vous pas aisément votre malveillance car quand vous n’êtes aucunement dans la réaction, vous êtes dans l’amour. Nous gagnons beaucoup à reconnaître le basculement plus ou moins fréquent qui nous fait être, tantôt bienveillants, tantôt malveillants. Voyons si nous pouvons de plus en plus prolonger les temps de bienveillance !
Quand nous sommes dans la réaction et si nous pouvons nous en rendre compte, nous pourrions ou nous devrions nous demander pourquoi nous tenons à faire du mal, ce que nous en attendons. S’il semble que l’on nous fasse du mal, ce qui est rarement l’intention imaginée, il n’y a jamais la moindre sagesse à vouloir en faire en retour. En général, l’attaque (la réaction, la malveillance) n’a pas d’autre but qu’un soulagement immédiat, même si celui-ci ne se produit pas, étant donc au mieux éphémère, illusoire. Même si on la nie encore, de la culpabilité en résulte toujours.
• Hors de moi alors que ma chienne-guide me rejoignit juste après « avoir tué » le lapereau d’un enfant, je lui ai donné un violent coup de pied et, bien entendu, j’ai eu à culpabiliser longtemps.
• M’étant senti agressé par le cri strident soudain d’un oiseau près de ma fenêtre ouverte, j’aurais pu le chasser (lui faire du mal) si j’avais pu et cela, je l’ai vu.
• Je ne me suis jamais senti aussi bienveillant qu’après avoir reconnu la malveillance en moi et je sais bien que je n’en ai pas fini avec la réaction, donc avec la malveillance !
Si nous ne percevons pas que nous voulons faire du mal quand nous réagissons, nous devrions pouvoir au moins reconnaître que nous voudrions culpabiliser le destinataire de notre réaction et que culpabiliser n’est certainement pas faire du bien. Étant déjà de la malveillance, la culpabilisation précède la sentence, la condamnation. Quand vous réagissez contre quelqu’un, soyez sûr que vous voulez en faire un coupable. Que ressentez-vous quand quiconque réagit contre vous et que cela vous affecte ? Au moment où vous cessez de réagir contre quiconque, comment vous sentez-vous ? Souvent, très souvent, vous vous sentez coupable !
Il se peut que les mots « réagir, réaction, état réactionnel » ne vous parlent pas suffisamment. Alors, laissez-les de côté un moment. Arrêtez-vous simplement sur ce que vous êtes régulièrement porté à dire à vos proches, aux gens de votre entourage. Et vous considérerez aussi ce que vous vous dites à vous-même. Ces paroles et ces pensées ne sont-elles pas empreintes de « malveillance » ? Vous laisseriez-vous croire que vos expressions (mentales) débordent d’amour ? On peut même se laisser croire que l’on accuse, que l’on dénonce, que l’on culpabilise… par… amour !
Nous pouvons nier nos réactions, les minimiser ou même les revendiquer. Sans doute ignorons-nous alors que nous en sommes la victime principale ! Rester aveugles à nos postures réactionnelles et donc malveillantes, c’est continuer en premier lieu de nous léser nous-mêmes, d’alimenter en proportion un mal de vivre. Or, ce qui est véritablement conscient de la réaction, ce qui la reconnaît sans justification, ne veut pas faire de mal et ne peut qu’aimer. Vous êtes cela, la conscience ! Derrière vos accès malveillants, vous êtes et restez paix, joie et amour.
Toute forme de réaction est perverse en ce sens qu’elle est notamment une attaque contre soi-même, qu’elle perpétue un vieux mal-être… S’il vous semble que l’une de vos réactions ponctuelles contre autrui n’est pas dictée par la malveillance, soit, il reste que son premier effet est une auto-nuisance. Le penser ordinaire est en lui-même une réaction et il n’est pas difficile d’observer le mal que l’on se fait à penser ce que l’on pense. À l’évidence, avoir honte, se sentir coupable et rester dans la peur sont des réactions autodestructrices et l’on sait que toutes les autres réactions en sont empreintes. Celui qui se nuit à lui-même nuit aussi à son environnement, notamment parce que tous, nous ne faisons qu’un.
Ne vous est-il jamais arrivé, face à une personne en pleine réaction, de lui dire ou d’avoir envie de lui dire « Mais tu es méchant ! » ? Ce serait lui dire : « Tu es coupable ! » Ne vous est-il jamais arrivé, après avoir réagi plus ou moins vertement ou violemment, de vous sentir mal à l’aise, honteux ou coupable ? Sans vous l’avouer vraiment, vous savez la malveillance dont vous avez fait preuve. Pouvez-vous reconnaître que cela vous est déjà arrivé ?
Pour craindre la malveillance, il faut nous vivre comme vulnérables, ce que nous n’admettrions pas forcément d’emblée, mais il ne peut pourtant pas en être autrement. Puisque la peur cause la réaction, notre réaction témoigne de notre croyance en notre vulnérabilité. Ce que nous sommes en essence est invulnérable. L’ego est par nature vulnérable puisqu’il ne peut rien faire d’autre que se mettre en péril. Nous avons peur d’être traités comme nous nous traitons, donc de subir la malveillance que nous nous infligeons déjà.
Pouvons-nous considérer nos erreurs et autres dysfonctionnements à partir de la paix et de l’amour que nous sommes, en nous traitant comme nous pouvons probablement traiter un ami ou un petit enfant ? Sans doute pouvez-vous montrer à un petit enfant la façon dont il se salit sans le juger, sans l’insulter, sans le culpabiliser, ni lui faire éprouver une honte qu’il vous inspirerait (qui ne serait que la vôtre). Nous pouvons être amenés à éclairer quiconque sur l’un ou l’autre de ses « travers » : le faisons-nous en paix et dans l’amour ou dans la réaction et donc la malveillance ?
Nous ne pouvons pas maintenir en nous une intention séparatrice sans conserver aussi de la malveillance : se séparer n’est certainement pas bienveillant ! On ne peut pas vivre ni envisager le vrai pardon tandis que l’on tient sans le dire à sa malveillance. Quand nous avons du mal à envisager un pardon, vérifions-le, nous restons animés par une forme de malveillance. On ne peut pas cultiver de la malveillance sans cultiver simultanément sa contrepartie, le sentiment de culpabilité.
Refuser sciemment – peut-être juste intérieurement – de pardonner quiconque, c’est surtout tenir à sa malveillance. L’esprit de vengeance en est le témoignage. Certes à tort, vous pouvez revendiquer votre besoin de vengeance, mais vous ne pourriez évidemment pas prétendre qu’il repose sur de la bienveillance. Le besoin de vengeance est préjudiciable, notamment parce qu’il est de la résistance et que persiste ce à quoi l’on résiste. Autrement dit, quiconque veut se venger se nuit à lui-même. Même si les idées vengeresses sont par instant jubilatoires, il n’existe pas de vengeur durablement heureux.
Parfois « à juste titre », on se reproche inconsciemment ce qu’à tort, on reproche à autrui. Le vrai reproche est rarement reconnu. Elle lui reprochait ses vols pour ne pas lui reprocher qu’elle ne se sentait pas aimée par lui et… elle se reniait elle-même. Il l’accusait du pire, parce qu’il se sentait terriblement coupable, attitude ordinaire et terriblement autodestructrice. Ces deux exemples sont censés montrer combien nous sommes faux ou dans l’erreur dès lors que nous sommes dans la réaction. Le sentiment irrationnel de culpabilité ne serait pas si terrible s’il n’était pas voilé par ce que nous en faisons et ce que nous en faisons est… abominable !
Ne disons à personne qu’il est malveillant, du fait de sa réaction, et soyons seulement intéressés à nous libérer de notre propre réaction, donc de notre propre malveillance. Dire hâtivement à quiconque qu’il est malveillant serait de la réaction, donc de la malveillance, et cela rappellerait notre projection ordinaire. « Ici, je ne dénonce pas ta malveillance, via ta réaction, je te confie la mienne. Libre à toi d’en faire ce que bon te semble ! »
Face à quelque circonstance que ce soit, nos actions ne signifient rien. Sommes-nous animés ou non par la réaction ? Toute forme de réaction est malveillante. Il est important de savoir si nos réponses sont réactionnelles car, en fait, c’est savoir qu’il y a alors de la malveillance propagée. La malveillance n’est pas toujours extrême, mais toute intention malveillante contient au minimum une forme d’auto-sabotage.
Avons-nous suffisamment observé que la réaction est une réponse malveillante ? Retenons surtout que la reconnaissance pure et simple de ce qui est peut être considérée comme une réponse bienveillante. En fait, la bienveillance est notre véritable nature. Notre malveillance est superficielle, mais le superficiel domine souvent ! « Quand « je suis » contrarié par quoi que ce soit, qu’est-ce qui en moi finit par réagir ? » Ce n’est certainement pas ce que nous sommes en essence ! « Reconnaître mon état réactionnel, mon ambiance réactionnelle intérieure, » c’est reconnaître de même que la paix et l’amour s’y trouvent donc voilés.
Si vous restez allergique à l’évocation de l’amour, laissez-le, mais sous-pesez donc un peu votre malveillance ! Le mot « amour » ne gêne aucunement une personne réellement bienveillante. Ce mot ne peut gêner que celui qui s’en prive malgré lui. En définitive, la paix et l’amour que nous savons voilés ne peuvent être voilés que par la malveillance. Alors, reconnaissons qu’une forme de malveillance voile « constamment » la paix et l’amour que nous sommes. « Quand je me dispose à me reconnaître en tant que paix et amour, je libère le malveillant en moi et je perçois alors à l’extérieur la paix et l’amour ».
La pleine conscience du malveillant en soi peut être d’un effet d’abord perturbant, relativement éprouvant, mais c’est assez vite extrêmement libérateur, seules l’authenticité et la bienveillance étant nécessaires. Répondre à la malveillance par la bienveillance est, non pas paradoxal, mais l’attitude la plus ajustée, la plus efficace. J’avais depuis longtemps reconnu mes postures réactionnelles quand j’ai perçu qu’elles disaient surtout la malveillance en moi, et ce fut l’occasion d’un bond vers une libération accrue.
En pleine conscience et sérénité, nous pouvons renoncer à toute forme de réaction, non pas seulement parce qu’elle est toujours vaine, mais parce qu’elle est aussi et surtout de la malveillance et que nous n’avons probablement jamais apprécié cette dernière. Ceux qui sont notoirement malveillants envers autrui le sont bien sûr autant envers eux-mêmes et cela est manifeste alors qu’on les voit par exemple s’énerver tout seuls, contre une circonstance non relationnelle (leur voiture qui ne démarre pas). Par exemple, certains peuvent dénoncer un « odieux personnage » en donnant un grand coup de poing sur un mur.
« Je renonce à la malveillance » m’est apparu, non pas en écho à une morale, mais à la fois en tant que décision cordiale et comme un mantra caressé. Le renoncement à la réaction s’impose de lui-même, à mesure que l’on se rend compte que la réaction contient à la fois de la malveillance et un sentiment de culpabilité. Ainsi, en interaction potentiellement provocante, il est bon et même plaisant de se rappeler le mantra « je renonce à la malveillance », si l’on en a perçu la sagesse.
« Renoncer à la malveillance » signifie en premier lieu « accepter véritablement de la reconnaître en soi-même », sachant que toute vraie reconnaissance est extrêmement bienveillante. Ne singeons pas la bienveillance, reconnaissons bienveillamment notre malveillance et tout sera alors accompli. Il est de la nature de l’ego de tenir à ses justifications et de se moquer du sentiment irrationnel de culpabilité, sachons-le !
Même si elle reste totalement irrationnelle, notre vieille culpabilité risque de nous empêcher de reconnaître ou d’envisager notre propre malveillance. Alors, regardons du côté de la colère. Soit nous la connaissons bien, l’éprouvant souvent, soit nous la refoulons, mais peut-être l’avons-nous déjà soupçonnée. La façon dont nous traitons à l’occasion certains objets peut être très édifiante. Or, la colère contient de l’agressivité, voire de la violence sous une forme ou sous une autre.
Vous conviendrez qu’avec la colère, y compris la nôtre, nous sommes loin de la bienveillance ! La colère est de la douleur perpétuée. Et Alain nous dit : « Quand un petit enfant pleure et crie, il se produit un phénomène purement physique que lui-même ne soupçonne pas (…) Ses cris lui font mal à lui-même et l’irritent encore plus. Les menaces, les éclats de voix, grossissent encore l’avalanche. C’est la colère même qui entretient la colère. » La réaction entretient la réaction, la malveillance entretient la malveillance.
Nous sommes souvent invités à la bienveillance, mais nous pourrions directement être invités à renoncer à la malveillance, c’est-à-dire à considérer notre colère, celle que nous manifestons aussi bien que celle que nous refoulons, histoire de nous en libérer ! Entendons bien ce que suggère l’invitation à retrouver la paix et l’amour ! Qu’implique être sans paix et sans amour ? Voyez pour vous ! Ce n’est pas pour rien que nous vivons ou pouvons vivre de la colère, nous montrer malveillants, et nous avons bien sûr du douloureux à libérer (cela restant l’essentiel).
En effet, je ne me lasserai jamais de le dire, si nous réagissons comme nous réagissons, ça n’est pas pour rien. Si nous pouvons donc nous montrer malveillants, ça n’est pas pour rien. Toute forme de réaction (de qui que ce soit) dit une douleur qui n’est pas reconnu, trahit un gros « j’ai mal ». Tant que cela ne sera pas reconnu et donc libéré, autant le dire, il ne nous sera pas possible de relâcher durablement la réaction, de nous montrer réellement bienveillants. Ainsi, la conscience de notre réaction, de notre malveillance devient un chemin précieux pour nous rendre jusqu’à ce qui la cause et la maintient.
Quand vous êtes de mauvaise humeur ou simplement plus ou moins malheureux, observez-le, de la colère n’est jamais très loin. En fait, il y a même toujours une forme de malveillance éprouvée ou redoutée. Quand on est en interaction potentiellement provocante, il peut être bénéfique de se répéter de temps en temps « je renonce à la malveillance, je renonce à l’hostilité » et/ou simplement « je renonce à la colère » (j’utilise les trois). J’oublie bien des fois mon mantra « je renonce à ce qui n’est pas de l’amour », mais dès que je me le rappelle, je suis ouvert, touché, avec de la guérison simultanée.
Pour renoncer à la malveillance, à l’hostilité, à la colère, il suffit de renoncer au jugement. J’évoque en fait une préférence que nous pouvons faire nôtre. Au lieu de vouloir être abruptement dans l’amour ou l’acceptation (encore du vouloir), on peut directement renoncer à ce qui n’est pas l’amour. Le pouvoir contient la puissance dont le vouloir est dépourvu. Nous renonçons de fait à la malveillance quand nous nous savons dans la résistance, bien disposés à la relâcher autant que possible. C’est alors seulement que notre puissance s’exprime au nom de l’amour.
Il n’est rien d’édifiant que l’on ait à dire à qui ne demande rien, tandis qu’il est toujours salutaire de renoncer à toute ambiance hostile ou simplement froide. « Je rends grâce d’avoir accès au pouvoir du cœur qui permet de se rappeler la paix et l’amour ». En cas de malaise, si l’affirmation « je renonce à la malveillance » reste sans effet libérateur, testons un moment, juste pour conscientiser, l’affirmation « je revendique ma malveillance ». Laquelle des affirmations suivantes semble vous correspondre le mieux (selon les moments) ? « Je renonce à la malveillance ; je ne sens pas ma malveillance ; je nie ma malveillance ; je fais fi de ma malveillance ; je revendique ma malveillance ; ma malveillance est de l’amour ; je ne suis jamais malveillant… »
S’il est certaines décisions que nous résistons à prendre, il se peut bien que nous manifestions notre malveillance envers nous-mêmes, ce que nous faisons en moult circonstances quoi qu’il en soit. Toute forme d’autoprivation est de la malveillance. Nous pouvons ne jamais vouloir considérer notre propre malveillance et c’est aussi pourquoi nous restons mal, éprouvant les effets de la façon dont nous assumons notre responsabilité ! Les êtres humains sont malveillants par seconde nature et nous en sommes !
Laissons-nous encore inspirer par Un cours en miracles qui nous interpelle ainsi : « N’est-ce pas aimable que d’accepter la malveillance d’autrui, et de n’y répondre que par le silence et un doux sourire ? » N’est-ce pas aimable que de reconnaître sa propre malveillance, et de lui substituer le silence et un doux sourire ? La bienveillance ne nous coûte rien, la malveillance nous coûte très cher. En fait, la bienveillance nous enrichit !
Au lieu de résister à l’idée que tu peux toi aussi te montrer malveillant à de nombreux moments, bien sûr par culpabilité ou même par honte, reconnais donc et précisément cette honte ou cette culpabilité. Aussi irrationnelles qu’elles soient, à partir de leur existence en toi, très anciennes et profondément enracinées, elles expliquent tes réactions et tes intérêts compensateurs. Elles sont ton mal de vivre, ce qui te sépare de tout ton potentiel (paix, joie, amour, puissance).
Ayons suffisamment de bienveillance pour reconnaître que celle-ci nous fait défaut si souvent ! C’est avec bienveillance qu’il nous faut découvrir et considérer notre malveillance. Je chéris l’idée de me libérer totalement de ma malveillance, indépendamment du fait de savoir que celle de beaucoup est bien pire et même que celle de beaucoup d’autres est bien plus dérisoire. Si tu peux reconnaître ta malveillance sans rien en penser, sans la revendiquer ni te juger, alors tu es bienveillant ! Ainsi, tu es surtout sur le chemin de la libération.
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