La présence, ce que nous sommes (2/4)
Dans ce genre de dialogues inspirés, je reçois régulièrement des messages que je pourrais qualifier de « personnels », qui se limitent en fait à un conditionnement spécifique. Je me permets de les publier quand il m’apparaît qu’ils puissent être d’une portée plus étendue. J’ai le sentiment que ce qui m’éclaire peut aussi en éclairer d’autres. C’est dire qu’il vous appartient de tester au besoin ce qui est dit pour vous-mêmes en substituant votre propre contexte au mien. L’interpellation collective n’est évidemment jamais oubliée ici dans les rôles de l’apprenti et de la présence, l’aspect personnel étant tout à fait secondaire.)
L’essentiel n’est en rien ce que nous vivons, éprouvons, pensons, mais c’est la possibilité offerte à tous de s’éveiller et d’être en paix.
- L’apprenti – Pour aborder utilement ce que l’on peut déplorer d’ordinaire (un revécu pénible), je retiens l’importance à tenir compte de la triple tendance à le prendre, à en nier certains aspects et à y résister simultanément.
J’aime aussi me rappeler l’invitation à laisser être les choses, laisser être ce qui est quoi qu’il en soit, et à se laisser faire, comprenant bien que se laisser faire n’est pas subir ; c’est ne pas résister, ni retenir ses élans, les élans de son cœur. L’acceptation véritable est naturelle quand le mental ne se mêle pas de ce qui se passe, quand il ne le prend pas, ne tient pas à surtout nier une chose ou une autre et à réagir comme il le fait si machinalement (incluant la résistance). - La présence – SE LAISSER FAIRE-. Oui, il est primordial de connaître ce phénomène, cette triple tendance, et de savoir en outre qu’elle est très forte et piégeuse. Dès qu’il y a le moindre malaise, c’est que quelque chose a été pris et peu importe finalement qu’il y ait ensuite du déni et de la réaction. La sortie du piège commence par la perception que le piège est là. C’est un piège mental, irréel, mais c’est un piège ! Le petit enfant qui se sent fautif ne l’est pas, mais sa douleur est bien réelle. Rappelons ici que la souffrance est faite du ressenti douloureux profond originel et d’une histoire conflictuelle ou problématique tournée en boucle. Tomber dans le piège, c’est s’emparer d’une chose et l’habiller mentalement.
L’invitation à se laisser faire est du même ordre que l’invitation à se laisser être et à se laisser recevoir. Ordinairement, au lieu d’être, tu veux devenir ; au lieu de te laisser faire ou d’agir sans attente, tu veux réagir ; au lieu de te laisser recevoir, tu veux prendre ; au lieu de laisser être les choses, tu veux les contrôler. Au lieu de voir que tu es encore piégé, peut-être en cet instant même, tu continues mentalement de te débattre et de te faire du mal… Se laisser faire, c’est renoncer à la résistance, à la réaction. Se laisser faire, au fond, c’est n’être plus que la présence.
Laisser être les choses, c’est les laisser passer, ne pas les retenir mentalement. C’est les laisser « traverser » la présence, les laisser te traverser puisque tu es la présence. N’oublie pas que dans ces choses que tu laisses être, il y a aussi tout acte juste et donc serein que tu peux éventuellement poser. Laisser faire n’est pas subir et subir est du reste ce que tu éprouves déjà en ne… laissant pas faire. Tu subis ce qui persiste du fait de la résistance.
Et ce peut tout aussi bien être de la colère en toi jamais exprimée que tu vas gagner à laisser être. En l’occurrence, laisser être la colère sera ne plus la nier. C’est souvent de la colère réprimée qui te fait réagir de façon impulsive et inappropriée. La colère réprimée est bien sûr toute différente que celle exprimée au moindre prétexte et qui reste vaine ou empire la situation.
- A. – Ici, je me sens comme un peu perdu par rapport à la souffrance résiduelle qui peut encore faire surface, parce qu’il m’est apparu que les innombrables prises de conscience libératrices semblaient parfois finir par me laisser revenir à un même stade. Je ne sais plus à qui ni à quoi m’en remettre. C’est peut-être le conflit entre des « positionnements opposés, comme la question de la psychothérapie par rapport à la spiritualité (exemple très personnel qui a pu m’interpeller dans le passé).
- P. – S’EN REMETTRE AU CŒUR PLUTÔT QU’À LA TÊTE-. Ne te raconte pas d’histoire, tu sais très bien que ta démarche psychothérapeutique a toujours été de nature spirituelle, depuis le début, et que ton chemin s’est bien sûr « spiritualisé » de plus en plus. Tu sais tout autant que le « Je ne sais plus à qui ni à quoi m’en remettre » n’est qu’un revécu. Tu l’as éprouvé enfant et tu le sais bien ! La façon dont on vit toute chose, quoi que ce soit, implique toujours son conditionnement, un aspect de celui-ci.
En l’occurrence, il se peut que tu attendes encore un sauveur extérieur (un changement extérieur, une bonne nouvelle, un événement extraordinaire). Cela eût été excellent pour l’enfant que tu as été, mais ce n’est plus aujourd’hui d’actualité, ce n’est plus ton besoin, ne peut plus l’être. Mille choses heureuses te sont venues de l’extérieur et n’ont jamais contribué à la libération durable.
En revanche, tu as toujours besoin aujourd’hui de « t’abandonner », de t’en remettre et tu ne le fais toujours pas puisqu’enfant, tu as appris à ne pas le faire. À vrai dire, tu as commencé à le faire, pour l’instant juste de façon modeste, hésitante, mais tu as trouvé le chemin. Vois-le un peu plus. Tu as bien compris qu’il s’agit de t’en remettre à Toi-même, à la présence ou à Dieu, si tu préfères ! La clé est en toi, dans ton cœur, et s’appelle « changement d’état de conscience ».
Laisse tomber les opinions conflictuelles (le mental), d’autant plus la question « thérapie versus spiritualité ». Pour élargir le propos et impliquer tout lecteur, relâche le souci de savoir ce qui est spirituel et ce qui ne l’est pas. En fait, autant que tu le peux, suis le cœur plutôt que la tête. Et tant que tu suis encore ou à nouveau la tête, aie assez de cœur pour ne pas en rajouter ! Accepte même que cela te soit très difficile ou impossible parfois. Pour illusoire que soit le conditionnement humain, il n’en est pas moins résistant et envahissant. C’est juste à savoir !
Il y a les revécus émotionnels, la façon dont tu les traverses. Il y a l’invitation spirituelle, ce qui nous rappelle notre véritable nature et nous en rapproche. Le rajout de considérations mentales est inutilement perturbateur. Enfin, qu’il s’agisse de psychothérapie ou de spiritualité, comme de toute autre activité, on peut toujours y trouver une motivation compensatrice. Et un investissement spirituel compensateur sera aussi inefficace que tout autre.
Juste ici et maintenant, s’il y a malaise (souffrance), c’est probablement que tu es avec un rappel, un souvenir. Admets au moins une seconde que tu ne sais rien de ce qu’il en est de la situation dans l’instant. Si c’est l’avenir qui te préoccupe (peur), admets de même que tu ne sais pas de quoi demain sera fait et qu’il n’est certainement pas intelligent de l’envisager noir. Admets enfin que toute circonstance du moment ne bénéficiera en rien de ce que tu peux en penser et éprouver. Rappelle-toi aussi de te sentir tout à fait à l’aise avec le fait de ne pas savoir quand tu ne sais pas. (D’autres compréhensions seront proposées sur le douloureux ravivé du moment.)
Là où l’investissement mental ou la thérapie ne t’est pas d’un grand secours, c’est quand tu maintiens longtemps ou même exclusivement ton attention sur la situation d’hier, du moment ou de demain, parce qu’elle n’est qu’un prétexte utilisé pour la souffrance et la réaction. C’est en plus une chimère à laquelle tu finis par donner corps. Ce que tu déplores ou le mal de vivre n’existe qu’à partir de ce que tu penses à propos des circonstances (nous y reviendrons). Un état de présence plus élevé te permet, te permettra d’accueillir et de libérer le douloureux, la culpabilité tapis en ton cœur. Ta disposition rappelée à maintenir un état de présence finira par produire le basculement salvateur.
LA PRÉSENCE VERSUS LE SOI SÉPARÉ-. Quand le penser intempestif et l’ambiance émotionnelle voile la présence, ils occupent par conséquent le premier-plan et la présence l’arrière-plan. Arrive le moment où l’inverse se produit. Tu es alors très présent, d’abord beaucoup plus présent, et des pensées négatives ou même des émotions planent éventuellement et simplement « aux alentours ». Le premier cas est comme une journée très grise avec au mieux un rayon de soleil qui filtre de temps en temps. Le second cas est la journée ensoleillée où un nuage traverse quelquefois le ciel.
Être sciemment conscient de ce qui se passe (pensées, émotions, événements…) aide en quelque sorte à amener la présence au premier-plan. Avec la présence au premier-plan ou plus la présence est dévoilée, le conditionnement et ses effets sont peu à peu relâchés, la séparation imaginaire est dissoute, et l’harmonie prend place. Ne serait-ce que pendant de brefs moments à renouveler souvent, vois ce qui se passe (pour toi) quand tu maintiens ton attention sur le ressenti corporel brut, voire désagréable, ou subtil, très subtil. L’attention ainsi accordée au « corps subtil » est forcément retirée au penser ordinaire.
- A. – Il me semble connaître le chemin, les invitations utiles, mais l’essentiel ne m’échapperait-il pas ? Si toute une existence de souffrance est inutile, une journée de souffrance de plus devrait être pareillement inutile. Que me faut-il donc faire, sentir, accepter, relâcher pour ne plus être que la présence dévoilée ?
- P. – IL NE FAUT RIEN-. « Que faut-il faire ? » Es-tu en train de dire qu’il faut, qu’il faudrait que les choses changent et que tu changes toi-même ? Tout le monde a en lui un certain degré de l’énergie castratrice du « il faut ». Ressens la différence d’énergie intérieure que peuvent rappeler ces deux phrases : il faut que les choses changent ; les choses peuvent très bien changer. La première formule évoque le contrôle et la peur, le maintien du problème, et la seconde le lâcher-prise, l’aptitude à s’en remettre et même une forme de confiance. On peut même dire que le « il faut » ou « il faudrait » dissimule souvent un « ça ne se peut pas ». Et pour le confirmer, rien ne doit changer alors ! On en a le pouvoir et l’on en use.
Dans ce qui est dit là (dans toutes ces pages), comme toujours, quelque chose peut te parler, t’interpeller, t’être montré et à ce moment-là, tu vois. Si tu vois, tu es présent et c’est spirituel. Si ça ne te parle pas, le vois là encore, l’accepte véritablement sans rien en penser, c’est toujours spirituel. S’il est bon d’être à l’aise avec le fait de ne pas savoir, il est également bon de savoir, de voir (quoi que ce soit) sans rien en penser. C’est spirituel ! N’as-tu jamais rien vu ainsi (une tendance, un vieux schéma) sans rien en penser et en étant dans l’appréciation, celle de voir ?
- A. – LE CONDITIONNEMENT AUX COMMANDES-. Par exemple, j’ai fini par voir un jour que j’avais cru que j’allais, en quelque sorte, « changer le monde », que j’allais le guérir ou l’aider à se guérir, que j’allais l’éclairer, lui rendre la vue, le rendre heureux, et peut-être est-ce que j’y crois encore à un certain degré. Je voulais surtout démentir ma honte et ma culpabilité, celles dont j’ai été le catalyseur. La croyance ou l’impression qu’il me FALLAIT le faire était comprise dans le packaging (outre ma disposition naturelle à l’entraide). Quoi qu’il en soit, voir ce vieux schéma fut libérateur !
- P. – Oui, tu aurais surtout voulu sauver ta mère et peut-être aurait-elle pu alors t’accorder l’attention que tu n’as eue de personne et que tu continues de ne pas t’accorder. Tu t’accordes aujourd’hui de l’attention quand tu abandonnes toute histoire, toute circonstance ordinairement utilisée pour justifier ton positionnement, ta réaction ou ton ressenti du moment. Avec l’abandon de l’histoire, de la circonstance, reste le positionnement, la réaction ou le seul ressenti et tu peux enfin l’accueillir pour ce qu’il est et t’en libérer peu à peu.
L’histoire, la circonstance implique forcément le mental et par la présence, ce qui est réellement dans l’instant (positionnement, réaction, ressenti) est reconnu, permis, accueilli et de la sorte absorbé, libéré. Peut-être sais-tu cela, mais tu n’as pas idée de combien tu continues, en quelque sorte, de privilégier les apparences (les histoires), ce qui n’a ultimement aucune importance. Et ce privilège accordé est tout ton problème existentiel. Reçois donc un peu plus ce qui est dit là pour l’intégrer un peu plus car cela fera la différence à laquelle tu aspires.
- A. – LE POSITIONNEMENT INÉBRANLÉ–. Eh bien, autre perception/compréhension, je me rends compte de combien il est important, non seulement de connaître la réalité, mais de s’y arrêter ou d’y revenir, parce que je risque fort de continuer de rechercher autre chose à comprendre si je fais fi de ce que j’ai déjà compris et de rester en effet positionné comme toujours, à mon seul détriment. La façon dont je suis et reste positionné est évidemment déterminante.
- P. – Voilà un point capital, en effet ! Des gens continuent de rechercher partout de l’aide ou simplement l’attendent en refusant celle qui s’offre à eux au quotidien. Tu adoptes parfois des positionnements d’une incohérence extraordinaire en rapport avec ce que tu as déjà compris. Une question à se rappeler et qui peut être fort utile : « Comment suis-je positionné dans l’instant ? Quel est mon positionnement de l’instant ? » C’est un positionnement par rapport à une circonstance qui n’est qu’un prétexte, qui est utilisée pour laisser en action son vieux conditionnement. Voici des exemples de positionnements qui pourraient aider chacun à repérer les siens (en étant reconnus, ils se désamorcent petit à petit) :
– Je suis victime (positionnement) et je suis face à une injustice (la circonstance) ;
- J’ai fait tout ce qu’il faut et je vais le mettre en avant (en lien à une circonstance) ;
- Je sais exactement ce qu’il faut faire et je vais intervenir (aider, m’en occuper) ;
- Je suis un problème pour le monde et je dois résoudre les problèmes du monde ;
- Je suis un malchanceux et je vais briser ce qui est établi (circonstances appropriées) ;
- Je suis coupable et je dois trouver de quoi prouver le contraire (dans telle circonstance) ;
- Je suis une bonne personne et je vais dénoncer les abus (dans telle circonstance) ;
- Je suis insignifiant et je n’ai pas d’autre choix que de tout accepter (circonstance spécifique) ;
- Je n’intéresse personne et je ne demanderai jamais d’aide ;
- Je suis maudit et je dois me faire discret (face aux circonstances appropriées) ;
- Je suis attaqué de toutes parts et défendu par personne (dans des circonstances données) ;
- Je suis le meilleur et je vais le montrer ;
- Je ne peux pas m’exprimer et je ne dirai rien ;
- Il faut que je fasse ceci, cela, et je vais me forcer ;
- Je suis celui qui sait, mais je ne dois rien dire ;
- Je sais bien mieux que tout le monde et je vais le faire savoir ;
- J’inspire la honte et je dois me cacher ou être banni ;
- Je suis dans mon bon droit et je vais le faire valoir ;
- Je ne suis pas désiré et je m’abstiens ;
- Je suis incapable et je vais ne me mêler de rien…
- La première partie de chaque énoncé, le positionnement, est ce qui est ordinairement appelé une croyance ou qui renvoie à une soi-disant croyance. C’est une croyance directement autoaccusatrice ou qui veut en démentir une. La seconde partie de l’énoncé dit ou pointe vers la circonstance utilisée pour jouer le scénario et qui rappelle aussi ce qui a été enduré dans l’enfance.
Le positionnement adopté est donc dicté par le conditionnement, tantôt en le confirmant d’une certaine manière, tantôt en tentant de le démentir. Les deux éléments des énoncés cristallisent ensemble le sentiment de soi séparé. On peut être concerné par plusieurs positionnements, semblant même contradictoires, parce qu’alors, des blessures différentes sont touchées.
- A. – LA SÉPARATION ILLUSOIRE-. En fait, nous donnons là une description de ce que peut impliquer le fait de ne pas être présent. Et ne pas être présent, c’est resté séparé. Pour fonctionner ainsi, de façon conditionnée, il faut être dans sa tête, coupé de la réalité et surtout de la paix, de l’amour, de l’intelligence universelle.
- P. – En effet, pour empêcher ou limité l’état de présence, l’identification au conditionnement ne peut agir qu’au moyen du mental qui prend le dessus. Le mental prend le dessus, il est envahissant. Peut-être ne vois-tu pas qu’il en est ainsi et encore moins ce qui en est à l’origine. Se sentir, se croire coupable, être accusé, il n’y a rien de plus efficace pour mettre en branle la « machine mentale ». Elle s’emballe alors et explore tous les azimuts (réactions, démentis, compensations…).
Ne serait-ce que pour explorer le monde, sortir du nid, prendre son envol, devenir adulte, suivre ses élans, son chemin, l’être humain se sépare, croit se séparer, se sent séparé, et il s’en veut, se le reproche. Selon ce qu’il subit, il va là encore se sentir séparé et, au fond, se le reprocher de même. Il n’est longtemps pas facile de percevoir que ce qui se rejoue là est la séparation imaginaire de l’humain d’avec le divin et dont il garde un sentiment terrible de culpabilité. Ce sentiment est la racine de la souffrance infligée à autrui et auto-infligée.
Inconsciemment et à tort, l’être humain se vit comme coupable et renforce de mille manières son sentiment de séparation. Il projette sur le monde sa culpabilité, pour se soulager, et il renforce ainsi la séparation qu’il a déjà établie en lui-même. Un cours en miracles dit : « Chacun cherche à soulager sa culpabilité en l’augmentant chez l’autre car chacun croit que cela diminue la culpabilité en lui ». En réalité, projeter sa culpabilité ne fait que l’accroître et bétonne l’illusion de la séparation.
Le sentiment de soi séparé, l’impression même d’un moi (forcément séparateur) découle originellement du sentiment de culpabilité.
Le sentiment profond de « soi séparé » est fondamentalement un sentiment de « soi haïssable ».
La séparation véritablement endurée est la posture intérieure et inconsciente de séparation à partir de laquelle on appréhende le monde.
Notre conditionnement a érigé des limites, nous a enfermés et a donc construit notre posture de séparation, endurée comme fait établi.
La posture intérieure de séparation constitue un sentiment de soi spécifique qui est donc le sentiment de soi séparé et haïssable.
La posture de séparation cause en premier lieu la rupture d’avec soi-même, ses ressentis, ses besoins, ses priorités, la paix et l’amour.
Ne pas être présent est une perte de contact avec la réalité et tout non-contact est une représentation de la séparation.
Ne pas être présent, c’est confirmer et maintenir l’état d’individu séparé auquel on est identifié et que l’on ignore ordinairement.
- A. – L’IDENTIFICATION AU CONDITIONNEMENT-. Je me demande à quel degré on peut recevoir ce qui est dit là, s’il est même judicieux de l’offrir et si cela ne peut pas être reçu contrairement à l’intention généreuse pourtant évidente. Peut-être s’agit-il de savoir si l’on peut toucher le monde de façon bénéfique, être pour le monde une « bénédiction ».
- P. – Aurais-tu oublié ton vieux conditionnement, « Je suis un problème, une malédiction, je dérange, il ne faut surtout pas que je dérange… » ? Et si, à l’inverse, l’Univers te demandait de bousculer les principes, les idées fixes, l’ordre établi ? Tu n’ignores pas que tu peux bien sûr être pris dans les méandres de ton conditionnement, mais quoi qu’il en soit, sache que tu dérangeras toujours quiconque croisant ton chemin continue d’avoir besoin d’être dérangé, autrement dit réveillé, et tu ne peux pas ni ne doit l’en priver.
Quand tu t’égares, tu te retrouves toujours, comme en ont témoigné si souvent tes déplacements dans le monde, enrichi d’une connaissance fine des fameux méandres psychiques, des contradictions humaines. Il est question ici, au-delà de ta personne évidemment, d’offrir la possibilité de percevoir nos postures fourvoyées. Il est rare que nous n’en ayons pas besoin et Un cours en miracles déclare : « Notre tâche est simplement de continuer, le plus vite possible, le nécessaire processus qui consiste à regarder en face toutes les interférences et à les voir exactement telles qu’elles sont ».
Par ailleurs, tu ne peux ultimement pas donner au monde ce que tu te refuses. Que signifierait alors être « bénéfique pour toi-même » ? S’il s’agit d’une bonne intention, vois comment elle pourrait te faire défaut. Aspire à être et à vivre ce que tu souhaites au monde. Offre au monde ce dont tu es porteur tant que le cœur t’y invite en suivant ton élan, sans te poser de questions, sans souci de qui reçoit ou ne reçoit pas. Comme en toute autre circonstance, accueille le trouble éventuel sans le rattacher à une cause et tu le verras se dissiper bientôt.
De plus, sois sûr que rien de ce qui est mentionné ici n’est censé te mettre mal et sache que si tu as accès à un malaise, il est précisément ce dont il te reste à te libérer depuis… toujours ! Sans exception, tous les êtres humains vivent des histoires invraisemblables, tantôt infernale, tantôt apparemment plus enviables, mais quand ils retrouvent leur mal-être, ils se retrouvent tous au même endroit en croyant s’y trouver seuls. Ils sont immergés dans la souffrance humaine, dans la souffrance collective et chacun la prend pour la sienne. Toi qui es aveugle, n’as-tu pas eu de quoi approcher un peu cette conscience ?
- A. – UN DÉBUT D’ÉVEIL-. Eh bien, si je m’étais attendu à une telle exploration ! J’ai connu des moments de souffrance « terrible », entouré de personnes plus ou moins animées ou même joyeuses, et j’étais effectivement positionné intérieurement comme si j’étais forcément l’unique porteur de la souffrance, effroyablement « seul », d’autant plus dans ma cage enténébrée ! J’éprouvais même la chose comme s’il était tout à fait normal qu’il en fût ainsi. Dans l’instant, je pense à des sourds et aveugles (double handicap sensoriel) qui pourraient être des milliers dans un stade et s’y croire seuls. Je sais surtout que nous sommes tous sourds et aveugles. Je ne cherche pas à la conceptualiser pour l’instant (ni ne m’en soucie), mais je perçois bien l’illusion, l’illusion de la séparation.
P. – La souffrance est précisément la croyance en la séparation, séparation illusoire, comme tu le soulignes. Or, au niveau où on l’éprouve, il n’y a pas de séparation. Souffrir, c’est s’enfermer imaginairement au même niveau. On perçoit des murs d’hostilité, projette des murs de protections, se sent banni, se met en retrait, s’attend à rester seul, projette aussi à l’extérieur un monde désirable (confirmant tout autant la séparation). Reste à sortir de cet enfermement, de ce monde d’illusions. Comme tu le sais, la cécité physique n’est au pire qu’une représentation symbolique de la séparation. Chacun se crée ou s’invente sa propre prison.
S’agissant de douleur ou d’amour, la séparation ou la non-séparation n’a fondamentalement rien à voir avec les corps.
On peut très bien être en conflit avec son conjoint allongé dans son lit à côté de soi et dans l’amour en évoquant quiconque à mille lieues.
On peut évoquer en soi un être cher, avec tendresse, et c’est encore vrai quand il a quitté son corps, parce qu’il n’y a pas de séparation.
Les corps sont séparés, indépendamment de la distance, mais les cœurs ne le sont pas et c’est plus à sentir qu’à conceptualiser.
On peut ressentir la présence d’un défunt dans la pièce et, a contrario, l’absence d’une personne bien vivante assise à ses côtés.
La mort d’un proche, séparation physique réelle, peut paradoxalement nous plonger dans la présence, dans la conscience de la non-séparation.
Les corps ont leur attrait, mais la relation profondément intime est au-delà du physique, là où la séparation est impossible.
Comme nous l’avons indiqué, la souffrance est faite de peur et surtout de honte ou de culpabilité. Le sentiment de culpabilité provoque lui-même la honte. Toute refoulée qu’elle soit, cette culpabilité reste dans l’univers et implique l’attente de la punition, des complications, de l’adversité et de la mise à l’index (séparation effroyable). Comme si ça ne suffisait pas, tu projettes aussi sur le monde ta culpabilité et ce que tu projettes te revient en boomerang. Tu ne le sais pas, mais tu crées ta vie de misère. Tu n’es en rien coupable, mais tu y crois fort !
Que risques-tu à accepter l’idée (sinon la compréhension) que tout ce que tu subis, c’est toi-même qui te le fais à toi-même ? Si c’est vrai, tu devrais pouvoir te le pardonner plutôt que d’en faire un nouveau motif de honte ou de culpabilité. Imagine un peu la différence que cela fera pour toi si tu perçois ce dysfonctionnement humain et y renonces ou aspires au moins à y renoncer. Tu as lu dans le livre de Michael Dawson, La guérison radicale : « Le pardon reconnaît que ce qui nous a été fait (selon nous), c’est nous, en réalité, qui nous nous le sommes fait ». Voir cela et s’en remettre à l’Amour, c’est sortir du piège dans lequel tu t’es enfermé toi-même. (À suivre).
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