La joie (o la alegría) 182
Diverses circonstances (mêmes pratiques) m’invitent à commencer la nouvelle année, avec cette première chronique, en m’arrêtant pour la première fois sur la joie. Ainsi, nous allons un peu parler de joie, évoquer « la Joie ». De même que l’on pourrait croire que la période s’y prête mal, on pourrait dire aussi, à l’inverse, qu’il est vraiment grand temps d’invoquer la joie, de se la rappeler. Je répète souvent et volontiers notre besoin de dévoiler la paix et l’amour que nous sommes. Eh bien, nous sommes tout autant la joie, même s’il se pourrait bien, en général, que nous étouffions plus encore cette autre réalité qui fonde notre véritable nature ! Comme le reste, cela est à envisager avec bienveillance, « avec amour », et sinon à laisser de côté !
Comme la paix véritable, comme l’amour véritable, la joie véritable jaillit sans la moindre cause extérieure et peut-être est-ce pourquoi il ne nous vient pas d’en dire grand-chose. Les sentiments les plus vrais, les plus profonds ou les plus élevés se vivent, se disent avec peine. « Parler de la joie avec peine », tout un défi ! à la fin de l’été, après m’avoir proposé de transcrire une chanson espagnole qui évoquait la joie, mon amie Isabelle (prof d’espagnol) m’a suggéré de rédiger trois phrases sur ce thème (en espagnol toujours). En elle-même, l’idée fut joyeuse et je l’ai suivie. L’inattendu le plus heureux survient toujours quand nous laissons l’Amour guider nos pas.
Au passage, vous avez ici un exemple de la façon dont l’inspiration peut se produire ou de la façon inattendue dont les choses arrivent. Et quand j’ai voulu écrire mes trois phrases sur la joie, c’est tout un petit texte qui m’est venu, très spontanément, et j’en fais ci-après la traduction, laquelle se termine par une citation d’Albert Einstein. Ainsi, la première fois que j’ai écrit quelque chose à propos de la joie, je l’ai fait en espagnol et voici que, pour la première fois, il m’est donné de traduire l’un de mes textes : ça ne devrait pas être trop difficile !
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LA JOIE (la alegría)
Il est des réalités que nous ne pouvons pas expliquer facilement, ni véritablement. Les paroles et les analogies que nous utilisons pour tenter de les définir ne font rien d’autre que pointer vers des expériences que nous avons vécues. Oui, bien sûr, nous avons aussi déjà connu la joie et voyons si nous pouvons nous le rappeler. Et si vous sourit la seule idée de vivre la joie bien davantage, disposez-vous à regarder, à voir, à comprendre… Il s’agit juste de sentir sciemment ce que vous vivez bien des fois et sans déplorer alors de ne pas le vivre plus souvent.
Vous le savez, bien entendu, la joie est bonne, agréable, excellente. En vérité, elle est l’épanouissement du cœur, l’expression du silence. La joie permet l’impossible et souvent, elle est confondue avec ses effets. Le plaisir n’est pas la joie ; une satisfaction n’est pas la joie ; un grand soulagement n’est pas non plus la joie… Même le sourire n’est pas un témoignage unique de la joie puisque, parfois, des larmes peuvent l’exprimer à leur tour.
La lumière et la chaleur du soleil peuvent évoquer ou symboliser cette joie que tant d’entre nous espèrent sans même le reconnaître. Nous voulons posséder mille choses pour tenter de trouver la joie alors même que nous la « possédons » déjà, intégralement. À vrai dire, nous ne la possédons pas, nous la sommes pleinement. Tôt ou tard, nous perdons ou perdrons ce que nous possédons ; jamais nous ne perdrons ce que nous sommes. La joie est ce que nous sommes en essence. Nous sommes la paix, l’amour et la joie. Si nous savions ce que nous sommes au-delà de notre vieux conditionnement, la joie serait notre seule source d’inspiration pour penser, pour nous exprimer et pour agir.
Avec la joie, la liberté n’est plus éprouvée comme une attente, ni comme un manque, parce que la joie élimine ou laisse derrière soi tous les vieux ressentis douloureux.
Comme l’amour (celui que l’on qualifie de véritable), la joie ne dépend de rien, si ce n’est d’une sorte de dévoilement : Le détachement des pensées ordinairement chéries, la désappropriation des considérations inutiles et si souvent néfastes. Naturellement, la joie permet d’apprécier énormément de choses, tout pouvant d’ailleurs être apprécié… Cependant, rien ne peut créer la joie. La vivre est un cadeau de la grâce à laquelle nous pouvons nous ouvrir. Souvent, la grâce et la joie inondent les petits enfants (leur vraie nature étant ainsi révélée). Un bébé seul dans son berceau, souriant et émerveillé, donnera à qui le surprendra une idée de ce qu’est la joie.
Simplement, le merveilleux d’une fleur ou de son parfum rappelle aussi la joie. Au passage, disons que le parfum est pour la fleur ce que la joie est pour le cœur. Même si l’on ignore le parfum de la fleur et la joie de l’être, l’un et l’autre existent impassiblement et peuvent se manifester puissamment. Nous pourrions bien tous être aveugles, le soleil ne cesserait pas de briller pour autant. Puissions-nous ouvrir nos yeux, notre cœur, et chanter la joie ici et maintenant !
« La joie de regarder et de comprendre est le plus beau cadeau de la nature » (Albert Einstein).
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Peut-être cela nous demandera-t-il un petit effort, en réalité davantage une disposition à le faire, mais nous devrions pouvoir nous rappeler des instants où nous avons été dans la joie, dans une forme de joie, sans raison a priori. Je ne parle donc pas de l’expérience plaisante associée à une bonne fortune ou à un accomplissement par exemple. Or, comme la joie est aussi inspiratrice, nous risquons d’attribuer la joie à ce qu’elle a permis en réalité. Par exemple, je peux avoir à l’esprit quelques décisions qui furent très heureuses (qui le sont restées), mais je me rappelle surtout la joie qui les a précédées, qui les a inspirées. Ce n’est évidemment pas essentiel, mais il est à noter que la joie fait faire des prouesses et attire le meilleur, de quoi la célébrer (pourrait-on dire).
Peut-être est-il bon de préciser ici, alors que le court texte (traduit) dit ce que n’est pas la joie, qu’il n’est bien sûr pas question de déprécier ce avec quoi nous pourrions la confondre. Non seulement le plaisir ne serait pas à vilipender, par exemple, mais lui aussi donne lieu à l’appréciation, à la gratitude. Et nous avons déjà à composer avec tant de jugements à tant de niveaux, nous n’allons certainement pas en rajouter quand il s’agit de nos diverses circonstances plus souriantes.
Ah, et le sourire justement ! S’il n’est pas la seule manifestation possible de la joie, il contribue parfois à son retour. Bien mieux que moi, vous savez qu’éclairer son visage d’un sourire revient à le substituer à un voile, au voile de la pudeur, au voile des sentiments. Ce ne sont toujours que des « voiles » qui nous séparent de ce que nous sommes. Ce n’est pas parce que c’est de manière inconsciente que nous faisons la moue (pour ne pas dire « la gueule ») qu’il nous serait interdit, tout de suite, d’arborer un sourire que nous laisserons même s’élargir doucement. Ce sourire-là auquel nous pouvons nous inviter, alors seuls d’abord, ne peut pas être animé par un calcul. Il est initié pour vérifier ce qu’ill produit en soi. Simplement, allons-nous résister à ce qu’il produit ?
Le sourire est magique et nul besoin de l’expliquer : testez-le quelques secondes et soyez très attentif à ce qui se passe ! Recommencez !
Même nos réactions ordinaires peuvent être une belle occasion de rire, mais tester le rire sans raison ou le sourire intérieur est magique !
Le vrai rire ou le sourire naturel est d’un effet heureux car il est l’opposé de la réaction ou un effet fréquent de son abandon.
Ne vous est-il jamais arrivé de retrouver instantanément le sourire, par exemple face à un enfant insouciant et dans la joie, aussi mal que vous étiez alors, comme si c’était plus fort que vous ?
Votre propre sourire, naturel, est aussi celui de la #conscience, mais il est trop naturel et spontané pour que votre « moi pensant » puisse le relever.
La #présence est le sourire de la conscience, comme la beauté ou le parfum est « l’expression » de la fleur.
« Souriez à la haine en vous, au lieu de l’étouffer (pour être spirituellement correct), sans quoi vous serez mal » (Bernard Groom).
« Incarner le changement, c’est ne pas réserver notre sourire qu’à ceux qui nous sourient » (Grégory Mutombo).
Avez-vous connu, avez-vous dans votre entourage des gens qui sont régulièrement dans la joie, dans une forme de joie ? Pouvez-vous reconnaître l’impact parfois puissant qu’ils ont sur ceux ou certains de ceux qui se retrouvent en leur présence ? Nous pouvons reconnaître que la joie est aussi communicative. Sans pour autant générer en nous-mêmes plus de malaise, pouvons-nous reconnaitre qu’il est forcément préférable de propager de la joie, sinon de la sérénité, plutôt que de l’hostilité sous quelque forme que ce soit. La réaction propage du conflit et le non-jugement de la paix. Ce que nous recevons, ce qui nous arrive, est coloré par ce que nous émettons (y compris mentalement).
Au passage, arrêtons-nous un instant pour observer ces deux « phénomènes existentiels » que sont la propagation, si heureuse, et la projection, si pernicieuse ! En effet, nous venons d’évoquer les « propagateurs de joie », dont nous pourrions bien être parfois (sans le savoir), mais ordinairement, l’être humain pratique une autre forme d’extension de lui-même. Il s’agit donc de la projection où la joie et la lumière sont remplacées par du jugement, de l’hostilité, parfois de la haine. La connaissance de ces deux modes différents d’extériorisation peut contribuer au relâchement progressif de la projection. C’est notamment nous épargner les INÉVITABLES retours en boomerang. Nous les encaissons sans conscience que nous en avons été les envoyeurs.
Si la joie n’est pas là, manifestement, nous n’allons surtout pas la singer, « faire comme si », mais il est bon de l’évoquer, de la savoir, de se la rappeler. La joie d’un seul fait sourire le cœur de beaucoup. Ainsi, son impact est immense, souvent insoupçonné, touchant aussi le corps. C’est presque avec une sorte de naïveté que le philosophe Alain a écrit : « comme la joie est le signe évident d’une bonne attitude viscérale, on peut parier que toutes les pensées qui vont à la joie disposent aussi à la santé ». « Le parier », d’autant plus aisément qu’en fait, c’est une évidence !
Maintenant, comme il n’est jamais question pour moi de m’en tenir à l’évocation prolongée d’états, d’expériences ou de réalités qui ne sont pas les nôtres, qui ne le sont pas encore, je suggère de reconnaître tout simplement qu’en général, nous ne sommes pas dans la joie. Comme la paix et l’amour, par exemple, la joie est « en nous », puisqu’il s’agit surtout de ce qui évoque notre véritable nature, mais RECONNAISSONS que quelque chose nous maintient dans un état que nous pourrions déplorer même si, aussi incroyable que cela puisse paraître, il nous arrive de le revendiquer. Oui, nous tenons aussi à ce qui fait mal, à ce qui nous fait mal, à ce qui fait du mal (y compris autour de nous).
Bien sûr, ce « quelque chose » qui fait obstacle, qui constitue un voilement, voire un emprisonnement, c’est notre conditionnement humain, « banal », que nous avons tant de mal à prendre en considération. Nous ne pouvons pas le considérer, parce que nous y sommes « complètement » identifiés, le prenons pour ce que nous sommes. Nous sommes en vérité la paix, la joie, l’amour, je le répète, mais nous restons positionnés comme si nous étions un abandonné, un dévalorisé, un maltraité, un rejeté ou un trahi.
Alors, au lieu de rester dans le déni, dans l’ignorance ou d’approcher la conscience de notre conditionnement avec honte ou culpabilité (lesquelles sont à libérer de toutes façons), essayons de soupçonner la joie possible à voir, à reconnaître, à comprendre, comme nous l’a suggéré la citation d’Albert Einstein. Singer la joie, non, l’évoquer, l’invoquer, se la rappeler, oui ! Si, ici et maintenant, la seule idée de vivre la joie toujours davantage vous sourit, vous provoquez un « miracle intérieur ». Nous détenons aussi une puissance insoupçonnée, laquelle dit encore ce que nous sommes, et nous ignorons totalement que nous utilisons cette puissance, ce pouvoir, pour maintenir dans notre existence tout ce que nous déplorons. D’ailleurs, la déploration fait partie de nos outils créateurs, très puissants, très efficaces…
Avec succès, je rends impossible dans mon existence la manifestation de ce qui fait pour moi l’objet d’une résignation.
Avec succès, en me soumettant, je me donne de quoi vivre et revivre l’impression que le meilleur m’est interdit.
Avec succès, je m’attire sans cesse de nouveaux problèmes dont je peux me plaindre pour tenter alors en vain d’obtenir une attention durable.
Avec succès, je retrouve toujours une forme de chaos dans mon existence, en m’indignant ou en me révoltant suffisamment dans ce sens.
Avec succès, à partir d’un quant-à-soi forcené, je favorise les revécus variés et nombreux de privation.
Reconnaître enfin mon positionnement réel, celui qui me lèse, me met en joie, parce que je perçois alors l’autre chemin qui s’offre à moi.
Je ne déplore pas mon manque de joie, ni la « moue bougonnante » que j’offre au monde, appréciant pleinement de savoir qu’il en va autrement de plus en plus, ainsi que les sourires de la vie, ses invitations à la joie.
Quand je me sens mal et que je me rappelle que seule une erreur de perception est en cause, la joie ou au moins la paix réapparaît à l’image d’une éclaircie quand le temps est pluvieux.
Et si vous avez un peu de mal à retrouver des souvenirs de vraie joie, regardez donc du côté de l’enthousiasme qui a bien pu vous saisir une fois ou l’autre. Quand il s’est prolongé suffisamment, vous n’étiez probablement pas avec l’expérience plus commune du soulagement. L’enthousiasme véritable n’est pas dû à ce que l’on fait, mais il nous fait faire ce que l’on fait. D’ailleurs, l’une des acceptions données par le dictionnaire pour l’enthousiasme est « une émotion intense qui pousse à l’action dans la joie ». N’avez-vous jamais vécu cela ?
Il est intéressant de noter ici que l’étymologie grec du mot « enthousiasme est « transport divin ». De plus, l’étymologie renvoie encore à l’inspiration divine, ce qui confirme la puissance de la joie déjà évoquée. C’est aussi quand nous sommes réellement enthousiastes que nous sommes le plus près de notre véritable nature et que notre épanouissement se dévoile, s’exprime, se propage. Se rappeler la joie, c’est se rappeler qui nous sommes en vérité.
Y a-t-il dans ces quelques pages un mot, une évocation qui vous sourit, que vous pourriez faire vôtre, pouvant peut-être se faire le contenu pour vous du souhait « bonne année » ? Avec tous mes meilleurs vœux !
(Et pour vos/nos amis espagnols, la version originale)
La alegría
Hay realidades que no podemos explicar facil o verdaderamente. Las palabras y las analogías que se usan para tratar de definirlas puntean sencillamente a las experiencias que ya hemos conocido. Si, por supuesto, ya hemos experimentado la alegría también y vamos a ver si podemos recordarlo. Y si les gusta la idea de vivir más la alegría, dispónganse a mirar, a ver, a comprender… Es decir a sentir a sabiendas lo que viven una y otra vez.
Por supuesto, lo saben, la alegría es buena, buenísima, placenterísima… En realidad, es el florecimiento del corazón, la expresión del silencio. La alegría permite lo imposible y a menudo se confunde con sus efectos. El placer no es la alegría ; una satisfacción no es la alegría ; incluso un gran alivio tampoco es la alegría. La sonrisa no es la alegría, porque a veces, las lágrimas la expresan también.
La luz y el calor del sol pueden evocar o simbolizar la alegría que tanto esperamos sin reconocerlo. Queremos poseer mil cosas para intentar encontrar la alegría, mientras que ya la « poseemos » enteramente. Para decir la verdad, no la poseemos, sino que la somos. Tarde o temprano, siempre perdemos todo lo que poseemos, nunca lo que somos. La alegría es lo que somos en esencia. Somos la paz, el amor y la alegría. Si supieramos lo que somos más allá de nuestro condicionamiento antiguo, la alegría seria nuestra única fuente de inspiración para pensar, para expresarnos y para actuar.
Con la alegría, la libertad ya no es una espera, ni una carencia, porque la alegría borra o deja atrás todas las impresiones o sensaciones dolorosas.
Como el amor, la alegría no depende de nada, sino de la evacuación de los pensamientos tan queridos o de la puesta de lado de ésos. Naturalmente, la alegría permite disfrutar de muchas cosas, hasta posiblemente todas. No obstante, nada puede crear la alegría. Es un regalo de la gracia a la que podemos abrirnos. Gracia y alegría visitan muy a menudo a los niños pequeños… Un bebé solo en su cuna y sonriente, maravillado, da a quién le sorprende una idea de lo que es la alegría.
Lo maravilloso de una flor o de su perfume sencillamente recuerda la alegría. Por cierto, el perfume es a la flor lo que la alegría es al corazón. Por mucho que ignoremos el perfume de la flor y la alegrí del ser, siempre los dos existiran impasiblemente y se manifestaran poderosamente. Incluso si fueramos todos ciegos, el sol no brillaria menos… ¡ojalá vieramos eso una y otra vez, pudieramos cantar la alegría aquí y ahora !
« La alegría en mirar y comprender es el regalo más hermoso de la naturaleza » (Albert Einstein)
Que lindo !
Feliz ano nuevo querido Robert 🙂
Virginie
Muchas gracias, querida Virginie, y feliz año nuevo para ti también!