Décider en conscience
« À quoi tient la difficulté à se sentir durablement en paix, comblé ou content ? » De temps en temps, je me rappelle et j’observe cette question. Je vais consigner ici les éléments de réponse qui pourront surgir dans l’instant… Voyez ce qui vous parle, si quelque chose vous parle et recevez l’aide éventuelle susceptible d’en résulter ! L’invitation à recevoir nous fait entrer dans le vif du sujet. Nous sommes nombreux à résister à recevoir. En résistant à recevoir, il est malaisé de se sentir comblé. Or, nous pouvons être concernés par cette résistance et l’ignorer. Par ailleurs, le recevoir couvre des niveaux différents. Si l’on n’est pas disposé à recevoir, on ne l’est pas davantage à voir, à comprendre, à apprendre. Sans la disposition à recevoir, comment attirer de l’aide, comment accepter d’être aidé ?
Selon notre blessure, à un certain degré, nous pouvons avoir adopté la certitude que le meilleur (bien-être, amour, abondance, santé…) est pour nous impossible. Pour toute personne concernée (vous-même ou quiconque d’autre), convenez qu’un tel état d’esprit prépare mal à recevoir. Si une autre histoire (blessure) implique que vous ayez totalement oublié vos besoins, tout ce qui est essentiel pour vous, n’ayant d’attention que pour des intérêts compensateurs, vous restez de même fermé au « recevoir ».
Dans un premier temps, il n’importe pas de savoir si l’un de ces deux cas vous concerne. Je vous invite simplement à reconnaître que les deux phénomènes existent et qu’ils sont effectivement contraires aux expériences heureuses. Des positionnements comme « je suis trop nul » ou « je n’ai jamais de chance » constituent de semblables obstacles. Une autre barrière est dressée devant soi à travers l’exigence manifestée que les choses soient différentes de ce qu’elles sont ou que l’aide attendue du monde nous vienne selon notre manière (nécessairement restrictive).
Peurs, croyances, positionnements… voici des exemples défavorables à la transformation, à la guérison, à l’abondance :
– Le meilleur est impossible ;
– Personne ne peut m’aider, il faut se débrouiller seul ;
– Laissons tomber, ça ne sert à rien ! Si ça marchait, ça se saurait !
– Mieux vaut ne rien dire, se laisser faire, attendre que ça se passe ;
– Il ne faut jamais insister (y compris ou surtout quand il ne s’agirait de rien d’autre que de se respecter soi-même ;
– Manquer de reconnaissance de façon marquée (l’ingratitude) ;
– Exiger ou revendiquer des choses, les vivre comme un dû (alors que ça implique autrui, son temps, son espace, son argent…) ;
– Prétendre connaître ses problèmes et, du coup, savoir ce qu’il faut pour les résoudre ;
– Ne jamais parler de ses vrais besoins (alors même qu’on les connaît) ;
– Ne jamais parler de ses vrais problèmes, de ce qui fait vraiment mal (alors qu’on parle inlassablement de tant d’autres choses) ;
– Ne penser qu’à soi, être insensible aux besoins ou priorités de ses proches ;
– Ne penser qu’aux autres (à leurs urgences, à leur confort…) ;
– Nier, oublier ses besoins, ses difficultés ;
– Attendre qu’on nous donne notre place au lieu de la prendre ;
– Être la plupart du temps dans sa tête (à penser, juger, accuser, s’autocritiquer…) plutôt qu’être dans l’observation, dans l’accueil de ce qui est, dans le lâcher-prise ;
– Ne pas dire « non » quand il conviendrait de le faire ;
– Ne surtout pas faire cas de ses expériences heureuses ou, à l’inverse, en faire toute une histoire ;
– Se contenter de miettes ;
– Se négliger, se rabaisser, s’enorgueillir, s’accabler, se malmener, s’ignorer, se faire passer après tout le monde, s’empêcher, se limiter, se raconter des histoires ;
– Ne jamais se rappeler ce à quoi l’on aspire et ne jamais le ressentir (par voie de conséquence) ;
– Demeurer dans la réaction la plupart du temps (exclusivement réagir à ce qui pose problème)…
Je sais qu’il n’est pas toujours évident de reconnaître ce qui s’applique à soi, mais je crois volontiers que chacun d’entre nous est concerné, non pas par tous ces points, mais par plusieurs d’entre eux. Soyez simplement d’accord pour en trouver qui vous parlent et vous les trouverez ! Sachez qu’aucun des points n’est pire (ou moins avouable) que tous les autres. Le « pire » (la gravité en termes de conséquences négatives) n’est pas dans la nature du positionnement adopté, mais dans son intensité. Par exemple, je préférerais de beaucoup être égoïste de temps en temps plutôt qu’être animé par un altruisme qui m’empêcherait continuellement de m’accorder la moindre attention.
Ordinairement, on ne perçoit pas la manière tout à fait négative dont on se traite soi-même. J’ai régulièrement rappelé qu’on se traite soi-même comme on s’est senti traité enfant. Ce ne sont pas là que des mots. Ils évoquent une réalité qui explique nos conditions de vie indésirables. J’ai pu noter à l’occasion que certaines personnes résistent à entendre le « on se traite comme on s’est senti traité », juste parce que l’énoncé implique l’entourage familial, parental, parce qu’elles ne voudraient surtout pas « accuser papa maman ». Plus que d’autres, ces mêmes personnes découvrent un jour en elles du ressentiment à l’égard de leurs parents qu’elles avaient jusque-là réprimé et cherché à démentir.
Or, pour autrui comme pour moi-même, quand je considère ce « on se traite comme… », je n’accuse personne, ni n’ai même à l’esprit les parents. Enfant, je me suis senti traité d’une certaine manière et c’est ainsi que je me traite en tant qu’adulte. C’est cela qui m’intéresse, qui m’importe, qui fait une différence quand je le vois. Personnellement, je me suis senti trahi et abandonné par ma mère. Cela m’a demandé du temps pour le reconnaître, pour le percevoir, pour le sentir. Je n’en ai pas fini de voir quand, comment, combien je me trahis et m’abandonne moi-même dans la vie. Je m’occupe de cela et non pas de ma mère à qui je voue une vive affection.
À l’inverse, d’autres personnes cultivent « en conscience » beaucoup de ressentiment à l’égard de leurs parents, pensent sans cesse à leur enfance malheureuse et n’en sortent donc pas. À intensité égale, le déni, le blâme ou parfois la justification d’un mauvais traitement enduré aboutit aux mêmes résultats malheureux. Cela ne représente qu’un exemple d’attitudes inconscientes pouvant empêcher l’éveil et l’épanouissement. Celui-ci ou un autre, nous avons tous un fonctionnement ordinaire qui nous garde à distance du mieux-être. Le savoir est un premier pas… essentiel. Dès lors, ce qui gagne à être vu, reconnu… peut se révéler.
J’entends aussi, de temps à autre : « Après tout le travail sur moi que j’ai fait, je ne comprends pas pourquoi les choses ne se passent toujours pas comme j’aimerais ». Si l’on peut faire sienne une telle déclaration, il reste à savoir si elle est l’expression d’une rogne (si elle est une réaction) ou un simple constat. Personnellement, ma vie s’est indéniablement transformée au fil des décennies, mais je pourrais confirmer que des pans de mon existence demeurent insatisfaisants (malgré tout le chemin parcouru). En fait, comme je l’ai écrit dans l’avant-propos de mon premier livre, « Ce que je vois aujourd’hui est énorme par rapport à ce que je voyais hier et n’est rien par rapport à ce que je verrai demain ». Cela reste vrai ! Des choses restent pesantes ou des résultats ne sont pas atteints, parce qu’une peur, une douleur, un positionnement réactionnel demeurent dans l’ombre, intouchés et malencontreusement « efficaces ».
Il pourrait être intéressant d’identifier les décisions que l’on prend, souvent par défaut, et celles qu’on ne prend pas. Certes, cela vaut pour ses choix relationnels, professionnels, pour sa communication, ses loisirs, pour sa condition physique…, mais c’est tout aussi important (et peut-être encore plus) pour les positionnements qu’on adopte en permanence. Si vous pestez contre le monde ou une seule personne, par exemple, pouvez-vous admettre que vous l’avez décidé, que vous avez décidé de réagir ainsi (de façon inconsciente bien sûr), que vous confirmez votre décision à chaque fois que vous pestez. À travers ce seul petit exemple, je vous suggère de tester le pouvoir de décision (histoire de vérifier ses effets assez rapides et heureux).
En vous inspirant au besoin de la liste ci-dessus, ayez à l’esprit l’un de vos modes réactionnels. Ou bien pensez simplement à quelque chose qui vous fait réagir. Quand vous l’avez, choisissez l’une des options suivantes ou testez-les toutes en boucle :
– Décidez de réagir comme vous le faites, décidez-le vraiment, décidez de le faire en conscience, et mettez-y le paquet !
– Décidez de renoncer à cette réaction, donc de lâcher-prise, de lâcher la bride, donc d’ouvrir !
– Décidez de ce que vous voulez, de la manière dont vous voulez vous sentir, et sentez-le ; décidez de le ressentir ici et maintenant ;
– Décidez d’être irrité par ces propositions, et, de grâce, si vous êtes effectivement irrité, alors décidez-le !
– Si vous n’arrivez à rien, si vous ne comprenez rien, décidez cela !
– En fait, décidez le choix que vous adoptez, quel qu’il soit !
Même décider de ne pas décider pourrait être une décision excellente car, comme vous le vérifierez si vous suivez la suggestion, toute décision prise en conscience produit un effet heureux. Quand elle ne répond pas aux attentes, une décision prise consciemment permet d’y revenir et d’en prendre une nouvelle. Je ne commente pas davantage pour vous laisser faire vos expériences et nous retrouver avec vos témoignages ou les questions suscitées. Décidez de vivre, de vous exprimer ou de n’en rien faire, mais décidez-vous !
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