Croire savoir, un piège !
Il est courant de rencontrer des personnes qui déclarent ou pourraient prétendre que tout va bien pour elles, qu’elles n’auraient donc rien à transformer dans leur existence, dans leur façon d’être, de se positionner, d’agir… Pourtant, il suffit de les connaître et les écouter un peu pour observer, régulièrement, qu’elles s’insurgent contre ceci ou cela, qu’elles réagissent contre telle personne ou telle situation, qu’elles délivrent à leur insu, ce faisant, des messages qui « disent » la douleur qu’elles fuient encore.
À un degré ou à un autre, nous sommes ces personnes-là, évidemment, et c’est pourquoi il peut être intéressant de s’y arrêter, d’y regarder de plus près. C’est la pleine conscience de ce qui demeure caché qui transforme, y laisser ou y jeter un voile pudique, disons-le, produit une décadence.
Nous pouvons découvrir que ce dont nous ne nous occupons pas finit par « s’occuper » de nous. Ne vous souciez pas de votre compte en banque dans le rouge et vous comprendrez bientôt ce que je veux dire. Il en va de même pour nos blessures passées, nos manques refoulés, nos vieilles culpabilités… Non, ce n’est pas une menace : je n’annonce pas des jours sombres ; je parle des jours sombres que vous connaissez déjà et qui en sont les effets.
Avez-vous déjà considéré que s’adonner compulsivement à toute activité (travail, sport, informatique…, mais aussi bavardages, apéritifs, sexe…) pouvait s’expliquer autrement que par le seul plaisir que vous dites y trouver ? Et s’il s’agissait d’une compensation ? Ne serait-ce pas alors intéressant de savoir ce que vous cherchez à compenser encore et encore ? Compenser est plus coûteux que de reconnaître un manque. Au bout du compte, c’est surtout délétère !
Les choix compensateurs sont seulement un exemple de non-dits qui se disent ; les ennuis ou contrariétés en tous genres en sont un autre. L’impasse est le déni de tout lien entre ce qui se joue au présent et une blessure passée.
Ne pas savoir qu’on ne sait pas est notre « drame ». Dans cette ignorance, croire que nous savons est pire encore car la compréhension (et donc la solution) est alors rendue impossible.
En vous rendant quelque part, imaginez que vous faites fausse route sans le savoir ou en étant sûr d’être sur le bon chemin. N’est-ce pas quand vous allez vous rendre compte que vous êtes perdu, que vous vous êtes trompé, que vous allez pouvoir enfin agir de façon favorable pour vous ? Vous allez consulter une carte ou demander de l’aide. Résister à reconnaître ses erreurs est l’assurance de les répéter inlassablement, et de cultiver la souffrance. Savoir qu’on ne sait pas, signe d’intelligence, est la porte grande ouverte sur la connaissance !
Afin de poursuivre utilement notre réflexion, prenez conscience qu’il s’agit seulement de « retrouver son chemin », d’y trouver la paix et l’amour, de les reconnaître, de les ressentir.
Prenez conscience que la proposition dépasse tout sens de « tort ou raison », de culpabilité ou d’injustice, de jugement et de condamnation…
Nous défendons des opinions, nous tenons parfois des propos cassants, voire recherchons franchement l’opposition, sans nous laisser interpeller par le constat possible que d’autres moments nous voient différents, parfois dans le simple accueil de l’autre et de ce qui est. Avec un peu d’attention, nous pourrions percevoir, bien des fois, que la matière manque pour imputer aux autres la responsabilité de nos changements d’humeur.
Dès lors, nous pourrions comprendre que c’est bien quelque chose en nous, chez nous, qui nous pousse à réagir comme nous le faisons ou bien à ne pas « réagir » comme nous gagnerions à le faire.
Nous croyons, craignons que ceci adviendra si nous nous exprimons selon notre besoin, et cela (croyance / peur), nous pouvons l’ignorer.
Nous nous culpabilisons ou nous culpabiliserions de nous occuper de nous-mêmes, et cela, nous pouvons l’ignorer.
En nous justifiant ou prompts à embarquer autrui dans nos positionnements réactionnels, nous nous en prenons à des tiers (parfois plus « faibles »), et cela, nous pouvons l’ignorer.
Ainsi, constituant des obstacles à l’épanouissement, il y a tout ce que nous ignorons, il y a que nous fonctionnons tels des automates, des machines programmés. Nous sommes devenus des robots, nous avons oublié qui nous sommes et nous nous privons ce faisant de nos aptitudes naturelles.
Le système est tellement répandu, si bien rodé, qu’il est délicat à quiconque de se réveiller, de s’élever, de dire stop :
« J’en ai assez des commentaires stériles, des palabres inutiles, du « politiquement correct » ou des réactions convenues. J’en ai assez d’être provoqué sans cesse ou embarqué dans des choix que je ne partage pas. J’en ai assez de voir les gens tricher, se mentir les uns aux autres, abuser les uns des autres. J’en ai assez de la place accordée à ceux qui s’arrogent le droit d’autoriser comme d’interdire en dehors de leur propre espace. J’en ai assez de voir ces gens, auto-privés de leur propre puissance, tenter d’exercer un pouvoir sur des plus faibles, notamment des enfants. »
Comme tout autre chose, ce « ras-le-bol », qui risque de nous atteindre quand nous regardons les réalités, peut être interprété comme une invitation à observer encore ses propres bavardages mentaux, ses retenues persistantes, son propre déni. Le monde nous affecte en fonction de ce qui reste caché en nous. Donc, la façon même dont nous sommes affectés nous en parle.
Il n’y a pas de problème sans solution. C’est la « bonne nouvelle » ! Et le seul vrai problème, tenace, est le déni ou l’ignorance de ce qui est. Toute réalité a une fin ; reconnue, celle-ci est éphémère…
Une chose d’importance à considérer est que nous sommes conditionnés, programmés bien au-delà de ce que nous pouvons imaginer de prime abord. Dès le début de notre existence, nous n’avons pas seulement pris une langue, des modes d’expression, manifesté des goûts et préférences, mais nous avons pris aussi des habitudes, des croyances. Nous avons adopté des points de vue, tantôt par imitation de nos modèles, de notre entourage, tantôt par opposition (réaction) à ceux-ci.
Et nous revendiquons tout cela comme étant nous-mêmes alors que ça n’est qu’un habillage, un programme. Qui a pris tout cela ? Qui s’y est identifié ? Qui peut encore observer ces phénomènes ? Celui qui peine parfois lamentablement, qui « se plante », qui souffre, c’est le programme. Celui qui le voit est ce que nous sommes, fondamentalement.
Le programme, le conditionnement, l’emballage peut avoir l’air magnifique, mais pouvons-nous en conscience le revendiquer encore comme étant ce que nous sommes et continuer d’ignorer notre véritable nature dont la splendeur ou la magnificence est inégalable et indicible ?
De par notre nature même, tout nous est accessible. Une erreur commune : nous croyons que ce qui nous arrive est, tantôt grâce aux autres (quand nous le jugeons bon), tantôt à cause d’eux, de leur faute (quand nous le jugeons mauvais).
La conscience de notre véritable nature, parce qu’elle est la conscience aussi de la véritable nature de quiconque, éveille notre intérêt pour favoriser le contentement de tous. Notre contentement ne peut être réel ou durable face au mécontentement de nos proches.
Priver autrui révèle toujours une auto-privation. Et c’est pourquoi, loin de représenter une forme d’égoïsme, l’attention accordée à son propre univers devient la prise en compte respectueuse et empathique de l’univers des autres. C’est le même !
Plus nous comprendrons cela et plus nous partagerons d’affinité avec notre entourage et la communication vivante en est la pierre angulaire. Alors exprimez-vous, par exemple ici même et maintenant !
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