Conscience et positionnements
Alors que vous vous lancez dans la lecture de cette nouvelle chronique, me permettez-vous de vous demander comment vous aller ? Oui, comment allez-vous, en ce début d’été ? Et je vais tout de suite me permettre autre chose, c’est-à-dire suggérer ce que peut être votre réponse, ou votre réaction ! Voici trois réponses fréquentes à cette même question : « Je vais bien », « Je vais mal », « Bof ! ». Et comme la question posée est ici écrite, elle laisse également la possibilité d’une quatrième réaction, celle de ne pas répondre, tant il est facile de ne même pas l’entendre, de ne pas s’y arrêter.
Or, je vous l’accorde volontiers, une question plus appropriée serait formulée comme suit : « Comment vous sentez-vous ? » Si les mêmes réponses peuvent encore surgir, la question offre tout de même un autre espace ; elle représente une invitation plus grande à une expression véritablement authentique et profonde. Dans la vie et depuis notre prime enfance, il nous est proposé, non pas de dire ce que nous ressentons, mais de raconter des choses, de détailler des faits. On peut ainsi raconter une histoire, un événement sans jamais évoquer son effet produit sur soi. On ne le dit pas à autrui, on ne se le dit pas davantage. Par pudeur, on tait ses vrais sentiments (en se permettant parfois des réactions émotionnelles superficielles très violentes).
Ce qui n’est pas dit reste à dire. Ce qui n’est pas exprimé reste imprimé. Nous sommes mal, nous sommes frustrés ou contrariés de ce que nous n’avons pas encore pu extérioriser. Nous pensons trop pour pouvoir sentir suffisamment, sentir en conscience bien entendu. A ce stade de votre lecture, êtes-vous conscient de quelque ressenti, soit qui demeure, soit qui a pu être avivé par les mots qui défilent, ou vous dites-vous des choses (jugez-vous ce que vous lisez) ? En réponse à cette même question que je me pose souvent, voici mes propres mots : « Là, je suis dans le jugement ; là, je suis dans l’observation. Là, je résiste à ce qui est, à ce qui se passe ; là, je le reconnais et je l’accueille simplement. ».
Si vous me lisez régulièrement, vous savez l’importance que j’accorde à ce choix qui est le nôtre entre le flot incessant des pensées à l’œuvre et la seule observation de ce qui est, l’état de présence à ce qui est. Ou bien on pense, on est plein de pensées et de jugements, ou bien on regarde, on est observateur, on sent. Ici, permettez-moi de ne pas mettre l’accent sur ma préférence marquée entre les deux possibilités (même si elle est très certainement évidente), mais sur le fait que nous passons de l’une à l’autre sans conscience, que nous méconnaissons la différence impliquée ou que nous la sous-estimons.
Quand ou si nous sommes confrontés à l’embarras du choix dans n’importe quel domaine de la vie, nous pourrions trouver une aide appréciable dans l’implication de ce qui précède. Ne connaissez-vous pas, n’avez-vous jamais vécu cette situation justement embarrassante où diverses possibilités se présentent à vous ? Plusieurs lieux de vacances pour une même date, plusieurs postes de travail qui vous intéressent, deux voitures ou deux maisons qui pourraient vous convenir (alors que vous avez tout juste de quoi payer pour une seule)… Il y a aussi « le faire ou ne pas le faire », « y aller ou ne pas y aller », « dire non ou dire oui »…
Dans de nombreux cas, « l’embarras du choix » pourrait être formulé ainsi : « Je préférerais ceci, mais… ». En général, ce qui suit le « mais » renvoie à une peur, la révèle parfois directement, et engage en tous cas le mental. On trouve là les croyances, les idées préconçues, tout un discours personnel conditionné. Quant à la préférence évoquée, elle surgit d’un ressenti. Trop souvent, pour le suivre, il nous faut de bonnes raisons, pouvoir le justifier. Ne suffit-il pas d’aimer, sans avoir à expliquer quoi que ce soit ?
Relevons une manière commune de faire un choix à tout le moins désavantageux, celui de diriger notre attention, non pas sur ce à quoi nous aspirons, sur ce qui nous tient le plus à cœur, mais sur ce que nous ne voulons pas, ne voulons plus, sur ce dont nous voulons à tout prix nous débarrasser. Si la conscience est transformatrice, elle est donc créatrice, génératrice de certains effets. Accordez votre conscience au beau, au bon, et vous vivrez du beau, du bon. Laissez votre attention consciente au laid, au négatif, aux problèmes, et c’est ce que vous maintiendrez en l’état ou produirez davantage.
Rappelez-vous et comprenez bien que j’évoque ici le fonctionnement humain ordinaire. Si vous y découvrez l’une ou l’autre de vos propres tendances, n’y résistez pas, ne vous en offusquez pas, mais réjouissez-vous au contraire de vous connaître mieux. Laissez la conscience, la pleine conscience faire son œuvre. N’est-il pas plus aisé de retrouver son chemin quand on a vu qu’on faisait fausse route ? La honte et la culpabilité ne sont pas non plus une aide. Dites-vous cela si ces sentiments vous assaillent.
Dans les cas de figure qui suivent, vérifiez si quelque chose vous parle, celui qui pourrait vous correspondre le plus. Lisez les énoncés avec attention. Ils n’impliquent pas un jugement, une critique, mais ils offrent plutôt une voie de sortie. C’est la voie vers plus de paix, plus d’amour et un plus grand épanouissement. Ne vous en privez pas ! Les exemples donnés peuvent aussi vous permettre de préciser votre tendance personnelle.
Vous ne choisissez jamais rien (proportion gardée évidemment). Vous vous laissez plutôt embarquer dans le choix des autres. Mais vous êtes malheureux au bout du compte ! Ainsi, les autres choisissent pour eux-mêmes, et pour vous ! Sachez que vous avez effectivement le choix, que le choix vous appartient, et d’abord, questionnez-vous ainsi : en quels domaines de ma vie, pourrais-je améliorer les choses ? Qu’est-ce qui me correspondrait mieux ? Puisque j’accorde sans cesse à autrui la possibilité de choisir, puis-je me l’offrir tout autant ?
Vous savez bien ce que vous voulez, vous l’enviez même très fort, mais souvent, vous n’osez pas vous en occuper. En fait, vous attendez une autorisation extérieure. Vous finissez tout de même par faire des choix, mais vous les faites en faveur d’un tiers, d’un proche, y compris à votre détriment. Allé, devenez plus ferme, plus déterminé, en votre faveur ! Simplement, prenez le temps de vérifier ce qui compte vraiment pour vous. Méfiez-vous de la dernière envie qui a surgi, elle pourrait dans une heure ou demain être remplacée par une autre.
Vous savez aussi ce que vous voulez, mais vous continuez de croire que l’on va vous tailler des croupières. Alors, vous gardez espoir et vous attendez que les choses se présentent à vous de façon favorable. Attention, vous risquez fort d’attendre longtemps, d’attendre en vain. Bref, il vous faut prendre des décisions et passer à l’action. Renoncez d’abord à votre peur de déranger le monde et rappelez-vous, « comme le disait votre grand-mère », qu’on ne fait pas d’omelette sans casser des oeufs. Votre place existe, occupez-la !
Apparemment, choisir ne vous pose pas de problème. Vous êtes souvent direct, spontané, mais vous occupez-vous vraiment de vous-même, de votre confort, de vos préférences ? Savez-vous ce que sont vos vrais besoins ? Il vous arrive de choisir ce qui ne vous convient pas, des personnes qui ne vous choisissent pas vraiment. Alors, accordez davantage d’attention aux gens qui vous aiment, à ce qui tient compte de vous durablement. Enfin, écoutez votre coeur et obéissez-lui. Peut-être que ce dont vous avez le plus besoin, c’est ce que vous donnez sans compter à l’élu de votre coeur.
Vous ne choisissez pas, parce que vous voulez tout, de tout le monde. Mais c’est si compréhensible, vous avez manqué tant, enfant, manqué de tout ! Aujourd’hui, au lieu de continuer de croire en l’injustice, croyez en l’abondance. Choisissez une chose à la fois. Cette personne qui vous « délaisse » aujourd’hui, en réalité ou simplement en apparence, sait-elle que vous vous êtes senti aimé par elle ? Qu’avez-vous fait ou exprimé dans ce sens ? Prenez le temps d’apprécier ce qui s’offre à vous, ce que vous recevez. Votre gratitude vous attirera l’abondance qui vous fait peut-être défaut.
Ne pas choisir, ne pas décider, ne pas agir, ne pas suivre ses élans ou choisir pour autrui…, tout cela cause en grande partie notre insatisfaction, notre frustration, notre « malheur ». L’embarras du choix existe aussi longtemps qu’on écoute sa tête plutôt que son coeur, ses peurs et ses croyances plutôt que ses aspirations profondes. Il est utile de vérifier les choix qu’on ne fait pas, qu’on gagnerait à faire, et ceux qu’on opère à notre détriment ou à l’encontre parfois de certaines de nos relations. Ces choix, nombre de décisions représentent des causes délaissées alors qu’on souffre pourtant de leurs effets dans notre réalité quotidienne.
Quand vous allez vous trouver en situation de faire un choix, quand vous éprouverez l’hésitation, rappelez-vous votre positionnement personnel relié à la faculté de choisir, de prendre des décisions, et encouragez-vous à envisager différemment les choses. Sachez que vous ne pourrez vous attirer du nouveau dans votre vie qu’à condition de renoncer aux vieilles peurs, aux vieilles croyances, aux vieilles réactions. Traitez-vous comme vous traitez ou comme vous aimeriez traiter votre meilleur ami. En suivant la direction que vous indique votre propre coeur, vous vous trouverez sur la voie du contentement.
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