L’identification à la personne ou les souvenirs identificatoires (2/3)
Vous recevrez d’autant mieux ce texte si vous avez lu, attentivement, celui qui le précède et qui « plante le décor » – la chronique de février 2018 – n° 147). Ici, je ne vais pas répéter ce que j’ai écrit, mais je vais explorer la possibilité d’abandonner peu à peu l’identification à la personne, au « quelqu’un », en en étant de plus en plus conscient, étant établi que cette identification pose manifestement de gros problèmes, toute la souffrance humaine. Quiconque est et reste bien convaincu d’être quelqu’un, ce « quelqu’un » fait de ses expériences, de ses connaissances, de ses opinions, de son corps, de sa nationalité, de toute son histoire, trouvera peu d’intérêt à lire ce qui suit, à moins que la lecture lui donne de quoi envisager différemment les choses !
Avant d’entrer dans le vif du sujet et en fait pour s’y préparer, permettez-moi de vous faire partager mon état d’âme du moment. Il y a un peu de fatigue, un peu de lassitude, un léger mal de dos, des pensées perturbatrices, liées à des travaux qu’un ami vient poursuivre chez moi demain, l’impression qu’il y aurait des choses à faire et un manque d’envie pour les faire.
Bref, rien d’original ! Disons juste que ce n’est pas l’extase, mais c’est une ambiance tout à fait bienvenue pour découvrir de quoi étayer cette chronique. (Cette dernière n’aurait pas existé sans inspiration et transformation réelle de l’ambiance revisitée.) Ce qui me vient dans l’instant, c’est en quelque sorte « m’occuper du Robert coincé », d’une façon que je vous laisse découvrir et que j’utilise de temps à autre (une sorte d’autodialogue). Je dois préciser que le niveau de présence est tout de même assez élevé pour débuter l’exploration. (J’ai ultérieurement enrichi le texte de sorte qu’il puisse parler au plus grand nombre).
La Présence – Malgré ta bonne volonté, tu ne perçois pas suffisamment l’état réactionnel qui accompagne ce que tu as nommé ton « état d’âme du moment ». Il y a le malaise et il y a de la réaction face à ce malaise, comme une sorte de réponse ou de positionnement figé. OK, dans l’instant, c’est fatigue, lassitude, non-envie, et ce pourrait être tout autre chose, quelque chose de pénible, de douloureux. Tu l’as suffisamment nommé. D’autres fois, je pourrais te proposer de le ressentir davantage, mais ce qui apparaît ici, c’est tout un état réactionnel. Peux-tu le percevoir, t’y arrêter un peu ? En vérité, sans considération préalable de son état réactionnel, même subtil, toute autre tentative reste vaine.
Le Robert – Merci ! En effet, je ne l’avais pas vu. Il y a comme un léger ras-le-bol accompagné d’une forme de résignation ou de renoncement, aussi quelque chose d’un peu plaintif. En fait, c’est une forme discrète du bougonnement que je connais bien et qui, du coup, me fait sourire maintenant en le reconnaissant une fois de plus. J’ai souvent observé que l’état réactionnel est encore là où l’on ne l’attendrait pas ou quand on ne le soupçonnerait pas. Je connaissais mon possible bougonnement chronique, mais non pas cette manifestation plus subtile…
P. –Voilà déjà un changement d’énergie, n’est-ce pas ? Tu acceptes de regarder, d’observer, et la perception pure de ce qui est ou sa vraie reconnaissance, comme tu le dis souvent, ne reste pas sans effet. Mais reste un peu en contact avec cet état réactionnel que tu as suffisamment nommé ! Vois un peu mieux encore ce qui se passe là, ce qui se passe en plus ! Ne réfléchis pas, ne cherche pas, juste regarde ! Regarde avec bonté, avec douceur, avec bienveillance !
R. – Eh bien, c’est rapide ! J’ai l’impression de « le tenir », de tenir le « quelqu’un », celui qui croit, celui qui se croit – et peu importe quoi. C’est « l’identifié », le malchanceux, la victime, le maudit, le malheureux… Ah, et il en a des choses à dire ! C’est lui le bavard ou le boudeur, le gueulard ou le soumis ; c’est lui qui se prend pour lui, si je puis dire. C’est là où l’on trouve un positionnement bien marqué où cela crie ou pourrait crier « je », « moi, je… ». Je l’entends ce « je », le vois tel un bout de nez pointé ! « Écartez-vous, j’arrive ! Moi, moi, moi »
P. – En effet, c’est généralement dans la réaction qu’on va pouvoir surprendre bien plus facilement « l’identifié », le « quelqu’un » (pour reprendre tes mots). Or, il ne se limite pas aux attitudes réactionnelles que tu as relevées pour les cinq blessures. Elles sont bien entendu une forme extrême de l’identification en action, mais cette dernière est bien sûr là quand quiconque dramatise, quand quiconque se prend au sérieux, quand quiconque est arrogant, quand quiconque s’exprime de façon péremptoire, quand quiconque est simplement énervé. Elle est encore là quand quiconque joue un rôle, quel qu’il soit.
R. – Ça serait bien qu’on explique un peu ce que veut dire « jouer un rôle ».
–Tu joues un rôle quand tu agis ou t’exprimes à partir de la croyance qu’il faut que tu le fasses… pour briller, te donner de l’importance, par culpabilité, avec des attentes… peu importe ! Ce peut être quelque chose qui ne t’incombe en rien ou dans la seule façon de vivre ce qui est ton job ordinaire. Tu peux être un excellent professeur sans jouer au professeur et encore moins dans des endroits inappropriés. Dans un repas de famille, la tablée n’est pas une classe, par exemple. Personne n’attend de toi que tu fasses la police, ni que tu t’ériges en juge. Cette jeune femme qui t’approche n’est pas nécessairement intéressée par le thérapeute ou le « passeur de lumière » que tu es.
– « Bon, n’en profite pas ou n’exagère pas ! » En fait, jouer un rôle est l’auto-identification en action, mais du même coup la possibilité de la débusquer, de la repérer, de la reconnaître. Et il en est de même quand je « joue le rôle » du maudit, celui du bougon, de la victime, du coléreux, de l’indigné, de l’indigne, du résigné, etc. C’est comme si je devenais une autorité (que je m’étais identifié à celle-ci), alors même que je reste positionné comme si j’en subissais une autre, ou c’est comme si je devenais une sorte d’ayant droit, vraiment quelqu’un.
Les réactions et les comportements empruntés sont une manifestation, une extériorisation identificatoire. Je comprends bien que la désidentification passe par la perception directe, par la pleine reconnaissance de ces diverses positions réactionnelles et/ou compensatrices. Cela dit, dans l’instant, je dois avouer que j’ai un peu de mal à maintenir mon attention.
P. – Ah, il n’est pas si facile de voir, pas si facile de recevoir ! N’est-ce pas ce qui se passe ici et maintenant pour toi ? On veut se libérer ou obtenir des gains, mais on peut méconnaître son incapacité ou sa non-disposition à vivre ce qui épanouit. Et tu fais donc ce que tu as l’habitude de faire, finis par retrouver du malaise et surtout par y réagir. « L’identifié » a trouvé là une « bonne place » ou une stratégie très opérationnelle et il ne va pas la lâcher aussi facilement.
En fait, ce n’est que l’impression que ça donne. À juste titre, tu dis que la perception pure d’une douleur la libère. L’identifié a le même besoin d’être libéré… par la pleine perception pure. Va-s-y doucement, prends ton temps, mais sache qu’il n’y a pas d’autre solution. Pourquoi y en aurait-il d’ailleurs une autre, dont tu ne ferais certainement rien, alors que celle-ci est complètement garantie ?
R. – D’abord, j’ai à nouveau envie de dire merci car je tiens désormais le moyen d’observer l’identifié aussi bien que n’importe quoi d’autre qui m’était déjà accessible. La notion d’identification me semble bien plus claire ou parlante. Pour prolonger ce que nous disions plus avant, je me rends compte que l’identification œuvre quand c’est tout « je veux » et tout « je ne veux pas » qui surgissent. Ah oui, quand je désire, quand j’espère, quand je veux absolument, le « quelqu’un » est bien là ! Et là encore, à sa façon caricaturale de « pointer son nez », c’est très facile de le voir ! Que peut-on ajouter encore ?
P. – L’identifié est là dès lors qu’un « je (quelque chose) » s’impose, oui pour vouloir ou ne pas vouloir sous une forme ou sous une autre, quand il y a la moindre impulsion qu’on peut qualifier de mentale, d’émotionnelle, de réactionnelle ou de compensatrice. Cette impulsion ne doit pas et en fait ne peut pas être confondu avec l’élan du cœur, avec ce que tu appelles parfois « l’aspiration profonde ». L’impulsion a toujours un caractère d’irrésistibilité quand l’élan du cœur s’accompagne simplement d’une grande joie paisible. Il est impossible de les confondre ! Le vouloir mental veut fuir une douleur et le vouloir du cœur veut célébrer le contentement.
R. – Eh bien, j’ai vu l’état réactionnel qui accompagnait ma difficulté à maintenir l’attention. En fait, je me cachais, me retirais, avec un désir plutôt prenant. Je ne sais pas pourquoi le désir a surgi ici (le désir pouvant être aussi envie, espoir, fantasme, exigence, revendication).
P. – Ne cherche pas à savoir. Profite-s-en juste pour voir que tu le fais, que tu veux savoir, et accueille à la fois le désir en question et celui de te cacher. Rappelle-toi qu’il s’agit toujours de voir, de reconnaître honnêtement ce qui est, sachant que c’est là tout ce qui est à « faire » et, ordinairement, précisément tout ce que l’on ne fait surtout pas ! On préfère nier ou simplement ignorer les choses et sinon les expliquer, voire les justifier.
R. – Et c’est là que revient le mal de dos. Désir, fuite, mal de dos… Ah, et l’attente aussi, celle ici d’y voir clair.
P. – Au passage, vois que dans l’instant même où il t’est donné de voir, tu demeures dans l’attente de voir. Les gens ne voient pas qu’ils continuent de vouloir cela même qu’ils sont en train de recevoir. C’est d’ailleurs ainsi qu’ils ne peuvent pas le recevoir vraiment. On ne peut pas à la fois vouloir une chose et la recevoir, de même, comme tu le dis ailleurs, qu’on ne peut pas vouloir s’endormir le soir et s’endormir. C’est l’un ou l’autre.
Entends-le bien : tu ne peux rien vouloir résoudre et le résoudre. L’absorption, la résorption, la résolution, la solution, la guérison est un effet du plein accueil et non pas du vouloir. Le plein accueil engage l’être et le vouloir le mental. Donc, reconnais, accueille tes « je veux », tes « j’aimerais », tes « il faut » et ils se dissoudront (juste si tu y consens). C’est encore ainsi que tu relâches l’identifié.
R. – Je suis à la fois émerveillé par ce que je reçois, donc dans la gratitude, et un peu confus ou comme tiraillé mentalement.
P. –Juste ça, c’est bien vu ! Maintenant, vois-le vraiment, vois-le davantage, vois le mental à l’œuvre, et peu importe ce qu’il fait. Vois-le encore ! Ça pense, ça désire, ça veut, ça veut pas, ça cherche, ça attend, ça cogite. Bref, ça mentalise ! Vois cela. Vois si tu peux effectivement le voir ! Il ne suffit pas de dire « je suis confus » ou, ici, « je suis tiraillé mentalement », une transformation est proche quand ça devient : « Ouah, qu’est-ce que ça pense là ! »
R. – Oui, je le vois bien. Comme je vois que je peux me laisser embarquer et ne plus le voir alors ! La puissance malvenue du mental n’est pas dans son activité particulière, mais dans son attraction. Je t’entends (ou m’entends) m’inviter à juste percevoir cette attraction. Et j’adore !
P. – De toute façon, il s’agit toujours d’être présent, sciemment présent (bien sûr autant qu’on le peut), et être présent implique l’accueil de ce qui est, quoi que ce soit, ici le mental actif et attractif. Quand tu es (sciemment) présent, l’identifié s’est tu. Il n’y a rien à faire de plus et s’il y a du « vouloir faire », c’est l’identifié qui est de retour. Nous avons donné de quoi « identifier l’identifié », de quoi le percevoir, et comme percevoir est être présent, être présent à ce qui est, quoi que ce soit, suffit à désamorcer l’identifié.
R. – Je vois que le calme est venu, que le mal de dos n’est plus, que j’aurais pu ne même pas le reconnaître, non pas qu’il le faille, mais comme pour rester en position de recevoir, toujours et encore en position d’attente. Je le perçois et j’ai bien retenu que c’est ainsi que je limite les choses. Je vois qu’il n’est pas si facile de lâcher l’attente et qu’elle est toujours là avec la pensée du genre « « il faut que je lâche l’attente pour que je ne me limite plus ! ». C’est dire que l’attente est toujours là et que le vouloir demeure de même.
P. – C’est très juste, mais qui a dit qu’il fallait lâcher l’attente ou quoi que ce soit d’autre. Il n’y a rien à lâcher, il n’y a rien à faire. Il y a juste à observer. Lâcher est un effet de l’observation et non pas du vouloir. La vraie spiritualité est d’une incroyable simplicité. Elle ne concerne pas le faire et elle ne demande rien. Simplement, elle est vécue dans le seul plein accueil de ce qui est. Et l’on peut même faire plus simple : la vraie spiritualité est l’accueil.
Là où il n’y a pas accueil de ce qui est, il y a résistance à ce qui est et donc persistance de ce qui est. Précisons qu’accueillir signifie recevoir. N’est-ce pas magnifique ? Puisque tu aimes les mots qui frappent, disons que ce qui est accueilli décroche, ce qui ne l’est pas s’accroche. L’identifié repousse au lieu de recevoir, d’accueillir, mais tel est son fonctionnement pour subsister.
L’identifié retient et/ou repousse, et ce que tu es en essence accueille. L’accueil est ta fonction en tant qu’être. En tant qu’identifié, tu ne peux que retenir et repousser, et en tant qu’être, tu ne peux qu’accueillir. Quand tu crois accueillir en tant qu’identifié, c’est juste que tu repousses autre chose. En tant qu’être, tu accueilles tout inconditionnellement, t’y ajustant avec intelligence.
R. – Je reviens après une nuit de sommeil et une matinée plutôt active, efficace. J’éprouve comme une ombre qui prend le haut de ma tête et se prolonge dans toute la partie droite de mon corps. C’est une gêne qui semble persistante, être là depuis toujours et que je perçois épisodiquement. Je l’évoque, parce qu’elle semble cristalliser un encombrement mental/émotionnel résiduel, être l’empreinte d’un vieux truc. J’ai l’impression que je ne peux pas ici utiliser la perception, parce que dès que je dirige mon attention sur l’ombre, elle disparaît. Or, elle revient sitôt que « j’ai le dos tourné ».
P. – Ton attention, la présence, c’est de la lumière et qu’y aurait-il d’étonnant à ce qu’une ombre disparaisse quand on y braque la lumière ? D’ailleurs, observe au passage que cette expérience te montre l’efficacité redoutable de la perception pure. Or, au passage toujours, vois également comment on peut justement ne pas se rendre compte de l’effet infaillible de la pleine conscience, de la reconnaissance, du regard bienveillant…
« Ce qui est perçu est absorbé », comme tu l’as justement formulé. Maintenant, dire que l’ombre réapparait dès que tu as le dos tourné est certainement un peu « abusif » car si tu as le dos tourné, comment peux-tu voir l’ombre ? Je sais, c’est une façon de parler et en voici d’ailleurs une autre : si tu tournes le dos à la lumière, c’est plutôt normal que tu te retrouves dans l’ombre, dans l’obscurité. Tu ne pourras jamais choisir l’ombre et être en pleine lumière.
En même temps, l’ombre est la demeure de « l’identifié ». N’oublie pas que ce qui t’intéresse est de démasquer l’identifié. Plus il y a encombrement, moins la lumière peut passer. L’encombrement mental empêche de percevoir la lumière et ce qui est donc perçu, éprouvé, c’est l’ombre. Le mental peut être aussi épais que la nuit peut l’être, on n’y voit plus rien !
Dans une certaine mesure, n’as-tu pas préféré la nuit au jour, « l’ombre à la lumière », la promesse aux faits, à la réalité ?
– Oui, et tantôt je me vois réagir aux effets résiduels de cet ancien choix, tantôt je perçois que le choix même n’est pas tout à fait lâché.
P. – Lâché, pas lâché, ne te soucie pas de cela ou vois simplement que tu le fais, que tu t’en soucies ! Si tu as effectivement tendance à choisir l’ombre, le négatif, le mental, les ténèbres, vois-le tout simplement. Mais comme tu le sais, le voir tout simplement, c’est le voir tout simplement, ce qui exclut tout jugement et toute autre intention. Toute résistance est un écueil. Rien ne résiste au plein accueil.
R. – Je voulais demander comment conclure ce texte et il me semble maintenant que ces derniers mots, relus ultérieurement, englobent tout. Il me reste à en saisir la portée.
P. – Oui ! Tu peux bien attendre autre chose, vouloir autre chose, continuer de chercher. Cela aussi s’appelle « la résistance » et c’est l’écueil ! Il pourrait y avoir résistance à l’intégration ou à la transformation tardive, non immédiate, causée d’ailleurs par l’acceptation relative de ce qui est. C’est juste que tu en fais l’objet de ton attente ancestrale. Comme tu as attendu ceci, cela (l’amour, l’abondance, la réussite…), tu attends maintenant la libération. Par ce biais, tu n’obtiendras jamais rien.
Alors, maintenant, perçois simplement combien la tête s’emballe vite, se mêle de tout, ne cesse de « moudre du grain ». Tu le vois et tu dis : « Ah !… ». Tu vois que tu attends et tu dis : « Ah !… ». Tu vois que tu réagis, que tu résistes, et tu dis : « Ah ! ». Un malaise survient et tu dis : « ah ! ». Ce « ah » est l’exclamation silencieuse du cœur en ouvrant ses bras pour étreindre toute chose qui se présente, en sachant qu’elle ne peut qu’être son enfant. L’enfant accueilli ne tardera pas à prendre son envol. Le laisseras-tu partir ? (À suivre).
Bonjour Robert,
je trouve cette chronique merveilleuse. Un sentiment de joie m’est apparu plusieurs fois pendant la lecture et m’a confirmé ce que j’ai pu ressentir tout seul dans l’observation.
Tiens à ce propos, ici et maintenant: qui a un sentiment de joie, la personne contente de voir qu’elle pense et voit juste, je me brosse l’égo ou c’est le contentement de l’instant au fur et à mesure de la lecture ?.
Au travers de cette observation salvatrice, pourrais tu développer la partie qui pourrait faire valoir : le juste ressenti, celui qui t’indique que là ce que tu ressens de cette façon, c’est le bon moyen d’être en accord avec la réalité, tu n’est pas sous le souvenir non résolu d’un scénario ou dans le vouloir atteindre.
Si je reviens sur le sujet du bon choix qui n’est autre qu’une évidence, c’est qu’en complément de la délivrance depuis l’observation.
Avoir un projet donne sens à la vie et nous ramène dans le mouvement de la vie.
Ce qui induit une projection, un futur, une attente de résultat.
Être dans les désirs et les envies sont des projections qui induisent l’attente de recevoir, atteindre. Mais observe la totalité des stéréotypes, diktats et conventions de la société et même du monde, nous reposons sur une société qui nous rend insatisfait de tout, pour que nous restions des consommateurs. Nos enseignements de toutes sortes nous conduisent à rentrer dans la norme, accepté par le collectif. Mes semblables qui vont me reconnaitre et me donner l’importance tant recherché et attendu, pour validé le personnage.
Être dans le silence et percevoir ce qu’il raconte n’a aucun intérêt dans les mécanismes sociétales. Pourtant choisir est une nécessité pour ne pas se faire rattraper par les règles qui nous sont imposées.
Si je suis la conscience, cette acceptation profonde de tout ce qui est !,
ce vaste espace intime où tout apparait, vit et disparaît, qui ne juge pas, ne valorise pas. Tout est comme il est, tel qu’il est.
N’est ce pas là le plus grand problème de l’humanité ?. En nous vit un espace de paix, de silence où l’amour inconditionnel existe, mais seul la personne qui s’agite est reconnue avec tous ses aprioris, analyses et interprétations, opinions pour rester dans l’idée du contrôle de la vie.
Mieux du: J’ai raison, moi je sais.
Alors quoi penser, percevoir ou ressentir de ce qui pourrait être un choix juste, alors que nous pataugeons dans la dualité ?.
Portant la vie en collectif ne nécessite t elle pas des règles pour maintenir une forme de respect les uns pour les autres ?. Que ce passerait il si les lois n’existaient plus pendant quelques jours ?. L’homme et sa convoitise ne serait il pas largement tenter de prendre encore un peu plus à son voisin, vu son insatisfaction permanente ?.
D’une manière globale, comment faire le pont entre Aimer inconditionnellement, être la présence aimante que nous sommes, dans un monde qui ne reconnait que la saisie du bon et le rejet de ce qu’il interprète comme mauvais ?.
A un niveau plus individuel, sur quoi, vers quoi dois je porter mon attention pour reconnaitre et accueillir ce qui me permettra d’avoir, les pensées, les propos, les actions justes, proportionnelles et adéquates dans le plus grand respect de l’être ?. Mes choix ne sont plus des choix, mais des évidences.
La vie est belle, libre d’être ce qu’elle veut à chaque instant.
A bientôt
« Tiens à ce propos, ici et maintenant: qui a un sentiment de joie, la personne contente de voir qu’elle pense et voit juste, je me brosse l’égo ou c’est le contentement de l’instant au fur et à mesure de la lecture ? »
Il peut y avoir de la présence pure, laquelle permet la vision et le contentement, revoilée par intermittence par le mental, l’ego qui refait donc surface, par exemple à travers ce qui est pensé. Ensuite, cela aussi est vu et tout va donc bien !
Pour le reste, il semble que tu poses diverses questions un peu différentes, donnant tes propres réponses, et ta préoccupation éventuelle ne m’apparaît pas de façon directe, spontanée.
Peut-être demandes-tu « quand sommes-nous justes, quand sommes-nous faux ? (conscience ou ego) ». On est forcément juste quand on est présent à ce qui est, conscient de ce qui est, dans la reconnaissance pure et simple de ce qui est, y compris dans la poursuite d’un élan perçu, reconnu… On est toujours faux dès lors que l’on se met à penser incongrument, à penser quand ça n’est pas requis, c’est-à-dire la plupart du temps. Autrement dit, quand je fais la vaisselle, par exemple, je te confirme que les pensées dans lesquelles je me laisse embarquer sont toujours délirantes à un degré ou à un autre. Or, voyant cela, le niveau de présence s’élève instantanément.
Beaucoup ont du mal quand j’évoque notre folie, notre délire, notre « déconnade », mais laissons-les, les plus convaincus, avec leur sainteté et leur perfection, et offrons-nous de reconnaître ce qu’il en est pour nous.
Je reconnais ma folie et dans ces moments de reconnaissance, elle n’est plus. Ce n’est pas le seul avantage ! Plus je reconnais ma folie, moins elle peut se manifester encore.
En fait, je ne me demande pas quand je suis juste ou faux, je reste quoi qu’il en soit disposé à m’ouvrir, à être en paix et dans l’amour, à être présent, à être sciemment conscient, et ce faisant, je vois les revécus émotionnels, les réactions familières, les interprétations, les projections, les « déconnades »… Bref, je me libère !
Mon goût pour le « silence », pour la présence, ne dépend pas de l’intérêt que lui porte la majorité. Seul mon ego peut s’intéresser à ce que fait ou ne fait pas, à ce à quoi s’intéresse ou ne s’intéresse pas la société, les autres, le monde. Si je suis touché, affecté, j’ai quelque chose dont me libérer et je me réjouis de m’en rendre compte, d’y avoir accès et, précisément, de pouvoir vivre de la libération.
« Que se passerait-il sans les lois ? » Et pourquoi cette question ? Si l’on peut reconnaître sa propre folie, on n’ignore certainement pas celle du monde qui, tel qu’il est, a manifestement besoin de la loi. Cela dit, la loi n’explique ou n’empêche rien : si je dois devenir aveugle, du fait de mon conditionnement, que ce soit par un coup de poing ou autrement, je le deviendrai. N’as-tu jamais observé que certaines personnes sont toujours en procès, que d’autres ont toujours des contraventions, que certains parlent de leur énième cambriolage, de leur énième accident de voiture, de leur énième licenciement ou simplement changement de travail ? La cause de ce que l’on vit est en soi et non pas dépendante des règles extérieures…