Le plongeon de l’humain
En novembre, décembre 2015 et janvier 2016, j’ai publié trois chroniques consacrées à ce que j’ai appelé « le bond du poisson volant » (textes à lire ou relire si vous pouvez vous en donner le temps). Je peux confier qu’à les relire ce jour même, j’en ai tiré avantage, ce qui est inspiré pouvant demander un temps avant d’être intégré ! Ces textes parlent entre autres des découvertes fructueuses permises par l’observation. Nous poursuivons en quelque sorte ce même « voyage » dans cette nouvelle chronique, mais à partir du « plongeon humain » dans les ténèbres ou dans le mental limité et limitant.
L’être humain ou l’humain est tombé très bas, très, très bas ! C’est juste une façon de dire les choses car ce n’est pas simple à définir. Disons que l’humain a plongé dans l’illusion, dans l’erreur, dans des erreurs multiples, et qu’il s’y est figé, collé, qu’il s’y est installé pour longtemps. L’humain s’est trompé, se trompe, et il en souffre parfois de façon effroyable. Et c’est un cercle vicieux : il rajoute aux erreurs d’autres erreurs. Il se blesse lui-même, se torture lui-même. S’appesantir sur une erreur ne sert jamais à rien, mais faire fausse route sans jamais s’en rendre compte ne permet évidemment pas de retrouver son chemin.
L’humain, c’est vous tous, c’est toi qui me lis, c’est moi qui écris, et il n’y a pas d’exceptions ou elles sont si rares que s’y arrêter ici serait inutile. Il n’y aurait pas davantage intérêt à se comparer les uns aux autres, à savoir qui est moins dans l’illusion, à se considérer plus ou moins dans l’illusion que les autres, que d’autres. Il peut bien y avoir des différences d’intensité entre nous, mais je vous assure qu’il n’y a aucune pertinence à considérer ces différences et qu’elles ne signifient strictement rien en général. Il y a ce que l’on vit, ce que l’on éprouve, c’est tout, notre positionnement familier et autodestructeur !
Si l’on a tendance à se considérer moins éveillé qu’autrui, davantage dans l’illusion ou dans l’incompréhension, seule la voix d’une autodévalorisation est en cause. À l’inverse, si l’on a son attention sur le fait que l’on est tout de même plus « avancé » que certains, voix de l’autorejet inconscient, ce n’est qu’une tentative bien vaine pour démentir cet autorejet. Je peux/pourrais bien être plus ou moins éveillé que vous, que certains d’entre vous, mais le seul fait d’avoir mon attention sur cette possibilité serait dans tous les cas révélateur d’un vieux schéma conditionné non encore absorbé. Percevez-vous cela ? Pourquoi tenir tant à considérer une chose ou une autre, voire à la faire partager, n’est-ce pas suspect ?
Comme suggéré, la seule chose qui importe ici est la prise en compte de notre seul et propre positionnement ordinaire fourvoyé (donc sans la moindre comparaison, sans le moindre jugement…). Cette seule prise en compte est déjà un éveil. Maintenant, que peut-on dire encore du plongeon ou de la « chute humaine » ? Qu’est-ce qu’elle implique ou comment est-elle maintenue ? Elle est permise par le penser compulsif, réactionnel, inadéquat. On pense, pense, pense… pense encore quand ou alors qu’il n’y a pas lieu de le faire.
Considérez de façon globale vos pensées des quelques heures qui viennent de s’écouler ou celles d’hier, par exemple ! En reste-t-il quelque chose d’utile, quelque chose qui a été constructif ? Vous devinez bien, j’imagine, que je n’évoque pas ici des pensées qui ont pu contribuer de façon créative à quelque activité pratique, artistique, professionnelle, etc. Je parle des pensées qui surgissent machinalement, des plus nombreuses, dans lesquelles on se perd, qui ne sont pas associées à une intention délibérée, qui sont faites de jugements, de regrets, d’interprétation, d’anticipation, etc. Non seulement ces pensées ne sont pas utiles, ni constructives, mais elles engendrent du malaise, du mal de vivre.
Ajoutons tout de même que le penser intempestif n’est pas fait que de pensées émotionnelles et qu’il y a aussi, comme le dit Bourget, « l’excès du travail cérébral qui, trop poussé, isole l’homme au milieu des réalités » et, ajouterais-je, le prive lui aussi de la présence. Comme tout autre, le travail intellectuel est parfois compulsif et peut représenter une dépendance. On s’occupe à l’excès pour ne pas sentir, pour ne toujours pas sentir, et c’est ce qui explique les « craquements » qui se produisent un jour dans son corps aussi bien que dans ses diverses conditions de vie.
Nos propres pensées dépendent de nos propres blessures, de tout un conditionnement spécifique, mais qu’il s’agisse de tel conditionnement ou de tel autre, le phénomène reste le même, pareillement néfaste et envahissant. Le penser en cause est toujours vain, apeurant et/ou compensateur. Une autre erreur possible, fréquente, consiste à chercher à améliorer ce penser-là : penser positivement, entretenir des pensées positives, optimistes… Il est ainsi mieux de penser positivement que négativement, croira-t-on, mais comme ce n’est en réalité que faire du démenti, ce sera « reculer pour mieux sauter » ! Ce que l’on tente de démentir finit toujours par nous sauter à la figure un jour ou l’autre et de façon souvent plus éprouvante. Penser positivement est en général illusoire car il s’agit toujours d’une tentative pour démentir de la culpabilité contenue.
Biens entendu, ce n’est pas dire ici qu’il faut lutter contre les pensées enthousiastes qui émergent d’elles-mêmes en toute liberté et qui ne sont donc pas l’effet d’un « il faut être positif ». Des pensées enthousiastes sont notamment l’un des effets de la pure observation que permet la présence dont nous allons parler. Plus on est présent, moins on pense, ce qui est un pléonasme, et plus on est en paix, avec l’apparition de pensées inspirées, appropriées, « positives ». Et se reperdre dans les pensées vagabondes assure infailliblement d’être confronté aux mêmes épreuves, un temps peut-être compensées bien illusoirement et un temps déplorées amèrement.
Dans toute notre existence, nous avons eu à composer avec un « mode mental », toujours le même, et nous n’en aurons jamais un autre. Aucun autre n’est d’ailleurs enviable. Nous devons les meilleurs moments ou circonstances de notre existence au mode mental abandonné d’une certaine façon ou à l’abandon de certains de ses aspects. « Pour souffrir comme tu souffres ou pour être insuffisamment satisfait comme tu es insuffisamment satisfait, continue juste de penser autant que tu penses, autant que tu as toujours pensé ! Tu peux aussi t’efforcer de penser autrement, si tu y parviens de façon durable, et cela ne fera aucune différence. »
Alors, qu’est-ce qui permet donc une différence effectivement paisible, épanouissante ? Croire qu’il n’y a pas de solution ou qu’elle ne serait accessible qu’à un petit nombre de privilégiés n’est toujours et encore qu’une intervention du mode mental, du positionnement mental non délogé. En revanche, croire que la solution est évidente ou n’importe quoi d’autre procède du même mode puisque croire est une activité mentale. Or, autre chose nous est « demandé » ou même offert, à travers d’éventuelles expériences que nous ne repérons pas d’ordinaire, à travers des enseignements auxquels nous pouvons nous intéresser, auxquels nous (beaucoup d’entre nous) nous intéressons en effet : la conscience d’être, l’état de présence, la pure observation, le simple accueil de ce qui est…
Dès lors que nous détenons cette information, cette vérité, même si ce n’est d’abord que sous la forme d’une invitation, nous pouvons l’envisager, l’accueillir, l’embrasser, nous la rappeler, nous y abandonner… Et il n’y a rien à en penser, rien à croire ou à ne pas croire, bien que le mental puisse encore intervenir pour jouer du croire, du non-croire, du jugement, etc. Pour découvrir l’effet de la danse ou d’une séance de relaxation, parce qu’un ami nous y invite, faut-il vraiment croire quoi que ce soit pour tenter l’expérience, pour répondre à l’invitation éventuellement désintéressée, quand le cœur nous y pousse déjà ? Non, simplement, nous allons y répondre ou ne pas y répondre ! Il y a bien des choses que nous faisons dans la vie juste en suivant un élan spontané sans nous poser de questions, sans l’interférence du mental.
Ici, c’est le mental qui pourrait dire, nous faire dire : « Qu’est-ce qu’il faut faire alors ? Je n’y arriverai pas ! Ce n’est pas pour moi. Tout ça, c’est du blablabla, des idées d’un doux rêveur ou d’un illuminé !… » La différence à vivre ne passera pas par un « il faut », ni un « il ne faut plus », ni par de la pratique exclusive, mais par la seule conscience d’un autre possible, par le rappel et la prise en compte de ses propres expériences ou de certaines évocations qu’il nous est donné de connaître (comme à travers ce texte). Le penser ne nous servira pas. L’observation, la pleine conscience fait/fera doucement la différence, tôt ou tard.
Je n’avais pas tout à fait 18 ans quand on m’a annoncé le décès de mon père et c’est beaucoup plus tard que j’ai pu remarquer l’expérience inattendue de ce moment si particulier, vécu à l’ordinaire comme terrible ou très perturbant. J’ai plongé dans une paix immense. Je n’étais bien sûr pas soudainement en paix, parce que mon père était mort, mais parce que cette annonce avait fait subitement taire le mental.
Quatre ans plus tôt, quand on nous annonça un matin à l’internat le décès par méningite d’un petit garçon que je n’avais connu que comme vis-à-vis de table pendant quelques jours ou quelques semaines, mon expérience fut tout autre et opposée : « Avait-on été assez gentil avec ce petit Mohammed ? N’aurais-je pas dû parfois intervenir en sa faveur ? N’avait-il pas été négligé par la plupart d’entre nous ?… » Il y avait là de la culpabilité (de la culpabilité rappelée) ; il y avait surtout le mental en action.
J’avais quinze ans, à l’internat encore, quand est arrivé un nouvel élève qui devint très vite l’ami ou le bon camarade de tous, sinon de la plupart. J’ai mis du temps à comprendre ce qui faisait, en sa seule présence, qu’il soit en interaction avec moi-même ou quiconque d’autre, que je me sentisse si divinement bien. Ce garçon de seize ans était d’une telle présence – il est vrai à la fois amical et plein d’humour – qu’il embarquait dans la présence une personne qui l’approchait. À ses côtés, le mental s’arrêtait subitement et il n’y avait plus que joie. N’étant pas lui-même aveugle, juste malvoyant, il me faisait parfois le plaisir de m’accompagner (de me guider) lors des sorties hebdomadaires et de partager avec lui des instants d’insouciance pour moi inhabituels. (J’ai ouï dire, bien des années plus tard, que ce garçon avait recouvré une vue normale et qu’il était devenu routier.)
Le soir de mon arrivée à l’hôpital à dix ans et demi et où j’allais rester un mois loin de ma famille, je ne pouvais contenir mes larmes (alors que j’étais un enfant qui n’avait plus accès aux pleurs), parce que ma souffrance morale était d’une intensité exacerbée pour de multiples raisons sans intérêt ici. J’étais devenu aveugle et devais être opéré. Mon conditionnement avait notamment fait de moi un enfant si sauvage, autiste, qu’il ne pouvait soutenir aucun contact, ni même avec n’importe quel autre enfant et d’autant moins avec un inconnu. Ce fut pourtant dans ces instants de souffrance incommensurable que j’allais vivre sans le savoir ma première expérience de la présence et, par cette présence, une première guérison émotionnelle véritable.
Relativement présente elle-même, une infirmière très douce ne parvenant pas à calmer mes douleurs, ni mes larmes silencieuses, eut l’idée pour moi effrayante de faire chercher un enfant dans un autre service. Tout le monde ignora sans doute à quel point le petit gars de douze ans qui apparut alors s’était avéré être « l’homme de la situation ». Si sa voix, son ton de voix et même ses gestes tendres (toucher) eurent sur moi un tel effet libérateur, je ne compris que beaucoup plus tard que seule sa qualité de présence avait été impliquée.
Tout à fait bouleversante, l’expérience fut encore si inhabituelle, si inattendue, si inconnue… que je me sentis même comme mal de me sentir soudainement bien, comme coupable de me laisser un peu happer par le lâcher-prise et par une sorte de confiance. L’appel absorbant avait cependant fait fi de ma souffrance et de mon malaise coupable. Et tout le séjour hospitalier fut relativement et étonnamment tranquille… Repensant à l’expérience, jeune homme, j’assimilais l’intention généreuse du garçon à une forme d’amour maternel. La présence est incontestablement aimante et peut-être même comme « maternelle ».
Si, à travers autrui, la seule présence a sur soi un tel pouvoir absorbant, transformateur, elle ne l’a pas moins lorsqu’elle peut « dominer » face à l’adversité, les épreuves, et sans l’intervention apparente d’un tiers. Si, à travers soi-même, la présence fait retrouver la confiance et le sourire à quiconque en souffrance, elle n’est pas moins efficace quand elle peut envelopper ses propres réactions émotionnelles, son vécu difficile et/ou douloureux. N’avez-vous jamais été un participant de l’une ou l’autre de ces expériences ou n’en n’avez-vous jamais été témoin ? Je doute fort que rien de tel ne vous soit jamais arrivé, tout en étant bien placé pour savoir que nous pouvons mettre longtemps avant de reconnaître certaines de nos expériences bénies et transformatrices.
Vous pouvez bien être « très mental », vous prendre la tête la plupart du temps, et vous pouvez même être complètement déboussolé ou simplement démuni quand du drame surgit dans votre entourage, il n’en demeure pas moins, une fois ou l’autre, que vous avez pu demeurer pleinement présent et efficace alors qu’un tiers se retrouvait soudainement dans la misère. À l’écoute d’une douleur confiée, ou bien l’on est soi-même pris émotionnellement, ou bien l’on plonge dans la présence au bénéfice des deux. On est embarqué dans la souffrance des autres quand elle « rappelle » quelque chose de douloureux en soi et à quoi l’on continue de résister.
Or, autrement, dans la présence, des choses se passent alors si naturellement, si évidemment, si gratuitement que vous ne les relevez même pas (ou si peu !). Quand c’est la présence qui œuvre, quand il y a action dans la présence, il n’y a personne pour s’en attribuer les mérites (lesquels pouvant même passer inaperçus). Ce que l’on se rappelle, en général, c’est un moment de grâce vécu dans une circonstance où l’on ne l’aurait pas attendu. Il se peut toujours, après coup, que l’égo « réclame son dû » : « C’est grâce à moi si… C’est moi qui l’ai fait ! ».
En outre, ne vous est-il jamais arrivé, alors qu’un proche vous confiait sa peine profonde, de ressentir une sorte de vive appréciation, voire de la gratitude ? Question insolite, n’est-ce pas ? Éventuellement dans l’appréciation et la gratitude à ce moment-là, ce n’est bien sûr pas la peine de votre ami que vous avez appréciée, mais c’est encore la présence dans laquelle sa confidence vous a plongé instantanément, vous extirpant du même coup de l’une ou l’autre de vos pérégrinations mentales. Être dans la présence, c’est toujours bon, divinement bon, toujours ! Ici, c’est dire que confier sa douleur risque d’être pour son interlocuteur un cadeau de présence dont on bénéficie en retour.
Il y a un lien intime entre la présence et une forme d’expression, cette expression révélant la présence nécessairement partagée.
La présence permet comme une expression juste et cette expression plonge dans la même présence celui qui s’exprime et celui qui écoute.
Si l’on exprime ou écoute un problème à partir de la présence, ce ne sera qu’un prétexte pour la retrouver ou la trouver enfin.
La présence est l’expérience ou le langage du cœur, à moins que le cœur soit le « corps » ou le véhicule de la présence.
L’arrivée dans la présence ou la présence illuminée semble se produire par paliers et ce peut être généreux que de le percevoir ainsi.
On ne devient pas présent, la présence jaillit quand l’ego est abandonné sans même que quiconque s’abandonne.
La présence, douce, enveloppante et libératrice, est ce qu’il reste quand l’emprise persistante du mental a pu être reconnue et relâchée.
Si nous percevons quand, comment, combien nos moments les plus « heureux », les plus paisibles, les plus libres sont étroitement liés à diverses circonstances où le mental est en quelque sorte réduit au silence, nous allons doucement lui être de moins en moins attachés. Nous allons naturellement préférer le silence au mental, la présence aux jaillissements des pensées, aux bombardements des opinions… Quand elle n’est plus réactionnelle, faite de peurs, d’attentes ou de contrôle, l’expression (alors juste) est une sorte de vecteur excellent de la présence, même si c’est déjà la présence qui permet cette expression. Rappelez-vous des expériences d’expression qui ont pu vous transformer, ne serait-ce que momentanément, et ne vous en privez plus !…
(Pour l’essentiel, je dois ce texte à un « plongeon douloureux » vécu mi-février 2016, d’une profondeur jamais atteinte jusque-là, et surtout à la présence qui, via plusieurs proches, m’a fait remonter en quelques jours et non sans une nouvelle transformation manifeste. Ma gratitude est indicible. Vos propres témoignages d’expérience de la présence seraient appréciés et pourraient alimenter une prochaine chronique…)
Merci Robert pour cette chronique qui semble s’écrire et se vivre au coeur de la vie même, la magie opère comme à chaque fois que vous saisissez la plume, tel un photographe qui saisit sur l’instant l’émotion, vous réussissez à nous faire partager vos expériences de vie les plus intimes où effectivement les faisceaux de lumière filtrent à travers l’ombre tel un soleil dans un feuillage.
Beaucoup de beauté se dégage de votre chronique, j’en suis touchée.
MERCI ROBERT , j’ai l’impression de suivre vos investigations comme si c’était les miennes que vous écriviez,. Moi aussi j’ai eu un vécu très douloureux à Noël et j’en ressort plein de gratitude. une question : ( du mental bien évidemment !! sourire): faut il nécessairement souffrir pour s’approcher de plus en plus de cet état de Présence qui pour ma part prend de plus en plus de place dans ma vie .qu’en pensez vous ? ( sourires)
« Faut-il souffrir pour s’approcher de l’état de présence ? » Certainement pas, chère Monique ! Et cette question peut en suggérer une autre : faut-il s’attirer de quoi souffrir pour… ? » Et l’on peut souffrir sans même s’attirer de drame, de catastrophe ! N’est-ce pas ce que l’on fait ordinairement ? On souffre essentiellement à partir de ce que l’on pense, de ce que l’on se dit, de ce que l’on imagine. Et il ne faut rien de tout ça pour parvenir à manifester la présence.
Or, si l’on continue de résister à ce qui est, de se laisser embarquer dans son conditionnement, si l’on reste aveugle…, il ne restera plus en effet, pour s’éveiller enfin, que… la souffrance !
Maintenant, en s’éveillant, on peut être traversé par de vieilles douleurs, juste pour s’en libérer, et même par des douleurs collectives, mais on n’est toujours pas obligé de les transformer en souffrance. La souffrance est de la douleur mentalisée (tout ce que l’on pense et se dit).
Voilà les quelques éléments qui me viennent dans l’instant !
La dernière crise que j’ai traversée, la pire jamais connue, a été précédé de moments nombreux de grâce où je me libérais manifestement de très vieux schémas et il me semble que je me suis laissé submerger pendant quelques jours (surtout deux jours et demi) (en utilisant divers éléments de mon actualité). Dans le passé, quand je traversais pareilles choses, cela durait des semaines ou des mois. C’est peut-être trop tôt pour saisir des détails explicatifs de l’expérience (ce qui n’est pas indispensable), mais quelque chose semble très différent (trop tôt aussi pour l’évoquer).