Voir ce qui n’est pas accepté, c’est tout !
Un obstacle majeur à la paix d’esprit, à la transformation attendue, aux effets positifs durables de la conscientisation, c’est conserver en soi un « il ne faut pas que j’agisse et/ou réagisse de la sorte ». C’est lourd, moralisateur, culpabilisant… Et, finalement, cela empêche de voir ce qui se passe réellement (ce qui est éprouvé, ce qui est pensé ou commis) ; cela en limite la perception alors que c’est précisément cette perception qui nous fait défaut.
En parcourant ces textes (la chronique ou autres écrits), il est possible qu’une de vos croyances, qu’une de vos peurs ou qu’une autre de vos réactions soit évoquée, vous soit révélée. L’intérêt serait de la voir, de la reconnaître et certainement pas de déduire des propositions lues qu’il ne faudrait pas que vous agissiez comme vous le faites, que vous vous laissiez affecter comme cela peut encore être le cas souvent… Cette déduction ou un conseil de ce genre ne serait d’aucune aide. Et c’est un euphémisme car en réalité, ladite déduction ou le conseil ne ferait qu’empirer le « mal-être ».
Peut-être votre histoire, une si longue histoire, vous fait-elle mentir continuellement (c’est un exemple). « Ah, ça n’est pas bien de mentir, c’est pas beau ! À votre âge, vous ne devriez plus !… » Repris à votre propre compte, ce discours est d’un effet pire encore : « Décidément, je n’ai rien compris à rien, je suis intraitable, je mérite bien ces choses difficiles que j’endure parfois !… » La morale assassine là où la connaissance libère.
Dans le domaine de l’épanouissement personnel, nul n’a besoin qu’on lui dise ce qu’il ne faut pas « faire ». Ce qui nous est utile, c’est qu’on nous aide à voir ce que l’on « fait ». Qu’apporte l’invitation « N’ayez pas peur » sans connaissance de ce qui est craint ?
Quand vous avez vraiment vu, dans vos comportements comme dans votre mode de pensées, ce qui produit des effets contraires à ce à quoi vous aspirez, vous en changez petit à petit, non pas par soumission à quelque notion de bien et de mal, mais par goût naturel pour l’harmonie, la paix et l’amour.
De même que l’élève n’a aucune chance de trouver la solution à son problème arithmétique, par exemple, s’il n’accepte pas d’ouvrir son cartable, d’en sortir son cahier pour y lire l’énoncé, nous ne résoudrons rien sans accepter de considérer ce qui nous perturbe, nous angoisse…
Pour l’écolier d’abord, comprenons qu’accepter de se consacrer à son problème arithmétique ne signifie pas le faire sous la contrainte, ni même celle qu’il s’inflige à lui-même (« J’ai intérêt à le faire sans quoi j’aurai des ennuis !… »). Et l’acceptation de prendre cartable, cahier puis problème est surtout supposée être celle, plus pertinente encore, avec laquelle il se met à sa lecture, à sa tâche.
Ne pas accepter une chose à faire ou quoi que ce soit qui se présente à nous n’a jamais annulé la chose, ni alléger la situation. Bien au contraire, la non-acceptation rime avec complication. OK, « accepter » est une belle invitation, de celles que l’on peut se faire à soi-même ! Et l’on parle aussi de « lâcher prise », mais il se pourrait que l’on ait oublié un point fondamental :
Ces notions d’acceptation et de lâcher prise ne vous seront en fait d’aucune aide aussi longtemps que vous n’aurez pas perçu clairement ce que vous n’acceptez pas ou la circonstance pouvant bénéficier de votre lâcher prise. Et, en réalité, ces choses devenues claires, accepter et lâcher prise se font naturellement, sans invitation. Autrement dit, la difficulté n’est pas vraiment d’accepter ou de lâcher, mais de découvrir ce qui n’est pas accepté ou pas lâché. N’exhortez personne à accepter ou à lâcher, aidez-le à découvrir ce qu’il n’accepte pas, ce qu’il ne lâche pas…
Plus aisément que pour l’acceptation, l’invitation à lâcher prise peut faire sourire (donner envie) car nous pouvons ressentir en conscience le désir de nous débarrasser du problème. C’est le piège ! Ça parle toujours de non-acceptation, mais nous pouvons découvrir ici un autre point d’importance :
Le besoin d’un lâcher-prise évoque en réalité quelque chose à quoi nous tenons, à quoi nous nous tenons, nous cramponnons, quelque chose que nous retenons. Et lâcher prise signifie alors cesser de tenir et retenir. Ça n’a plus rien à voir avec le « s’en débarrasser », avec le refus, le fait de repousser, la non-acceptation. Souvent, l’acceptation du problème devient l’acceptation de le lâcher.
Par ailleurs, parmi les choses qui nous pèsent (problèmes, conflits, contrariétés en tous genres…), qui pérennisent un mal de vivre plus ou moins conscient, il y a un phénomène qui ne retient « jamais » notre attention, que nous gardons à bonne distance de notre conscience, que nous ne voulons absolument pas considérer ; nous ne le pouvons pas ordinairement !
Et, une fois considéré, compris, accueilli, ce point qui a si mauvaise presse pourrait pourtant bien finir par nous épargner une adversité parfois persistante et nous délester de charges (émotionnelles) encombrantes…
Même quand nous avons saisi, intégré que tout ce que nous vivons (spécifiquement ce que l’on nous fait endurer – injustices, crasses, tout mauvais traitement) n’est que la re-présentation de nos vieilles blessures non guéries, nous continuons éventuellement de déplorer réactivement les effets « logiques » de nos peurs et croyances longtemps insoupçonnées. Mais qu’en est-il de nos propres attitudes néfastes, de nos déclarations brutales, de nos mensonges, de nos coups en douce, voire d’exactions pires que nous pouvons commettre ?
« Mais quelle mouche l’a donc piqué pour amener pareil sujet ! » On peut trouver mieux pour séduire le lecteur, n’est-ce pas ? Or, je ne sais que trop que ne pas voir ce qui est demeure notre seul problème. Du fait d’un malaise terrible, de la honte, de la culpabilité, je peux continuer d’ignorer ce que je fais subir à autrui, moi aussi, mais là se niche une sorte de folie : cette ignorance me laisse perpétuer mes actes ou positionnements attentatoires et cela sera pour plus de malaise, de honte et de culpabilité qui, tôt ou tard, me sauteront à la figure.
Pour qui veut se connaître, exercer son sens de la responsabilité et faire dans son existence une différence heureuse, il y a ici un premier exercice à tester ; il est très simple, mais puissant et très exigeant. Toute proportion gardée, il représente aussi un certain « danger » et c’est pourquoi, s’il vous intéresse au point d’en faire l’expérience, je vous invite à tenir le plus grand compte de l’ensemble des indications données.
Il s’agit de sélectionner quelques proches (parents, amis, bons collègues…) et de demander à chacun (individuellement) quelque chose comme : « Accepterais-tu de me confier ce qui peut « clocher » chez moi ? Quand, comment est-ce que je peux me comporter de façon dérangeante, abusive, injuste ou autre ? Selon toi, qu’est-ce qu’il pourrait être bon pour moi de voir, de savoir, de comprendre ?… »
Ça n’est qu’un modèle !… Mais attention, faire cela n’aura d’intérêt dans le sens de ce qui est proposé ici (juste devenir plus conscient) que si vous vous engagez avec vous-même, après les réponses, à ne pas vous expliquer, vous justifier, vous défendre, ni vous considérer offensé, accusé, attaqué (ayant bien à l’esprit que vous avez questionné et, tout bonnement, que vous recevez votre réponse). Vous aurez mieux à faire à encourager la personne à dire car ce que vous lui demanderez là sera inhabituel pour elle autant que pour vous. Vous aurez besoin de la rassurer et, pour finir, vous la remercierez de sa confiance et pour ce qu’elle vous aura dit. Rappelez-vous : demander, encourager, se taire et remercier…
Et ne prenez pas tout ce qui pourrait vous être dit comme argent comptant. Vérifiez-le pour vous-même. Quand vous pouvez établir quelque positionnement préjudiciable, pour autrui comme pour vous-même, sentez votre tendance à vous culpabiliser, sans vous y accrocher bien sûr ; demandez-vous quel est votre objectif en agissant de la sorte (ce que votre interlocuteur vous a donc aidé à voir) et vérifiez si vous atteignez vraiment cet objectif. Puis passez à autre chose !
Si vous êtes du genre à vous accuser de tous les maux (des personnes font cela), je pourrais vous inviter à renoncer à faire cet exercice. Or, ce pourrait être vous priver d’une expérience également utile pour vous : la possibilité de découvrir combien vous vous accuser à tort si souvent.
Comprenez bien que l’objectif de ces écrits revient essentiellement à donner de l’information et des points de vue, qu’une pratique plus conséquente requiert notamment la prise en compte de la spécificité des situations individuelles. Toutefois, ayez confiance aux effets inévitables de vos découvertes ou perceptions nouvelles.
Longtemps, on a ou aurait pu s’étonner de vivre tant de choses difficiles, sans réaliser qu’elles étaient les simples effets de nos croyances, peurs, comportements, de nos blessures non guéries, de toute une histoire. Et puis, éventuellement, l’on a fini par voir, par savoir, par comprendre… Mais voici que l’on s’étonne alors d’en être encore là, malgré nos compréhensions et prises de conscience : nous nous voyons encore réagir de la même façon (sans peut-être reconnaître que l’intensité ou la fréquence a diminué). Un certain mode de pensée demeure inchangé.
Assez vite, on peut apprendre à nager, rouler à bicyclette, conduire une voiture, utiliser un ordinateur, même parler une langue étrangère, se pourrait-il que nous nous attendions à apprendre de même un nouveau mode de pensée ? Or, il est surtout question ici de quelque chose à désapprendre et c’est bien plus difficile. Et ce qui est à désapprendre, à défaire a constitué une bonne partie de « nous-mêmes », de notre personnalité, de ce à quoi nous nous sommes attachés, identifiés compulsivement.
Et combien de temps cela a-t-il duré ? Combien de décennies, de vies ? A-t-on idée de tout ce que cela implique ? Notre famille est concernée, notre généalogie, et nous « voudrions » être un autre en un claquement de doigt ! De plus, on finit par découvrir qu’il ne s’agit même pas de devenir un autre, mais juste de n’être personne, parce que c’est ce que nous sommes, déjà, ce qui perçoit, la conscience. Et la conscience n’est pas une personne !
Comprenez-vous, respectez-vous, prenez soin de vous. Pensez aux choses heureuses (petites ou grandes) que vous vivez et avez vécues (belles rencontres, diverses réussites, heureuses acquisitions, services rendus…) et considérez que vous avez créé cela. Tout cela est certainement ce que vous avez voulu ; vous l’avez voulu, vous l’avez eu, vous l’avez créé… La conscience l’a permis.
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