Comment aider le monde ?
Pour débuter cette nouvelle chronique (que diverses circonstances m’amènent à diffuser plus tardivement qu’à l’accoutumée), je reporte ci-après le message adressé par Monique auquel j’apporte quelques éléments de réponse et je la remercie d’abord pour sa contribution bienvenue.
« J’ai lu avec attention votre dernière chronique qui, comme toujours, me rappelle à l’ordre ; car j’oublie tout le temps ce que vous ne cessez de nous marteler, QU’IL FAUT ACCUEILLIR et non pas résister ! Je vous adresse un grand MERCI pour cela ! »
Je vous remercie également de ce témoignage de confiance et j’ai à cœur d’insister un peu sur le fait que je n’affirme pas ce « qu’il faut » et ce « qu’il ne faut pas ». Nous sommes déjà « bourrés » de « il faut » et autres « je devrais » que nous n’allons certainement pas en rajouter. Ne soyons pas si exigeants… envers nous-mêmes. Il suffit bien de voir, de reconnaître quand nous résistons, quand nous réagissons, quand nous n’accueillons pas. C’est la pleine conscience et la pleine acceptation de nos divers positionnements qui finissent par être transformatrices et non pas la tentative de nous contrôler. Si l’autocontrôle donne parfois des résultats, ceux-ci sont rarement durables.
« En cette période de crise, il est difficile d’être optimiste et la foule de gens désespérés (par trop de stress, la perte de leur emploi, les difficultés à survivre, le dégoût et la révolte engendrés par les escrocs financiers, etc.) ne fait qu’augmenter chaque jour ;
Ce qui serait néfaste pour tous ! en effet, je me souviens avoir lu, il y a longtemps, qu’un trop grand nombre de pensées négatives émises par l’humanité serait la source des guerres.
Comment pouvons-nous véritablement, sans résister ni subir, inverser l’ordre des choses ?
Peut-on dans ces conditions positiver comme diraient certains ?
Quels moyens avons-nous individuellement pour améliorer, voire neutraliser les effets du climat engendré par la morosité ambiante ?
Je souhaiterais avoir votre avis sur le pouvoir de nos pensées, toutes puissantes d’après certains, qui font que si les plus sombres l’emportent, elles seraient source de catastrophes. »
Dans divers domaines et de multiples manières, certaines personnes déploient beaucoup d’énergie pour tenter d’améliorer la condition humaine et celle de notre planète. Nous pouvons leur en rendre grâce. Il semble évident que la qualité de présence d’une personne affecte positivement son entourage. Peut-être avez-vous déjà remarqué que l’ambiance qui se dégage d’un groupe est plus paisible du seul fait de la présence d’une personne particulière. D’ailleurs, il arrive qu’on se rende plus volontiers à une rencontre amicale ou familiale, par exemple, juste parce qu’on sait que telle personne va y assister. Cette personne peut l’ignorer, mais sa présence engendre un climat agréable, joyeux ou convivial.
Pour produire un effet de cette nature, la personne n’obéit probablement pas à quelque « il faut que je… », « il ne faut pas que je… ». Simplement, elle est plus présente, moins prise par des peurs et des culpabilités. « Comment aider le monde ? » pourrait être une question qui reformule la préoccupation de Monique. Vous aidez déjà le monde quand vous vous aidez vous-même. Or, nous fonctionnons souvent à l’envers de cette observation : nous voudrions créer un monde plus harmonieux et heureux… Pour être nous-mêmes plus heureux.
Regardons cela à une échelle plus personnelle, plus accessible : nous pourrions dire ou croire que si notre famille (conjoint, enfants) était plus sereine, nous serions nous-mêmes plus sereins. En fait, le manque de sérénité extérieure que nous éprouvons reflète seulement notre propre manque de sérénité. En des moments où vous vous sentiez particulièrement bien, peut-être après vous être libéré d’une préoccupation, n’avez-vous jamais eu l’impression que votre entourage allait mieux lui aussi ? Nous ne sommes pas plus heureux quand le monde est heureux, mais quand nous sommes heureux, nous ressentons le monde plus heureux…
Comprenez qu’il n’est pas question de nier les travers du monde, reflétés dans la crise, les abus et aberrations en tous genres, mais la façon dont chacun se sent personnellement affecté devient une occasion pour libérer ce qui demeure dans l’ombre en termes de peurs, de croyances négatives et de positionnements « inappropriés ». Utilisons le monde et sa folie pour ressentir en conscience les vieilles douleurs retenues en nous depuis si longtemps !
Plus nous sommes présents à ce qui est, à ce qui nous affecte peu ou prou, présent à cette façon même d’être affectés, et plus nous viennent les idées et les élans justes qui nous font intervenir en fonction de nos propres besoins et possibilités. Ce n’est pas notre mental ni la morale qui peuvent nous dicter un choix ou une décision efficace. Notre « cœur » est un meilleur guide.
Par ailleurs, Annie me demande s’il est préférable de méditer, d’avoir une activité exclusivement spirituelle, plutôt que de travailler sur soi, sur son conditionnement mental (par le biais d’une thérapie, par exemple). D’aucuns pourraient tout aussi bien se demander s’il est mieux d’aller chaque dimanche à la messe plutôt que de voir un thérapeute une fois par semaine. Il n’y a pas de réponse toute faite à ce genre de question. Nous avons tous des besoins différents et ce qui peut s’avérer utile pour l’un d’entre nous pourra être complètement inutile pour un autre.
En fait, si vous aspirez véritablement et profondément à vous venir en aide, comme à vous libérer de vos vieux conditionnements, les moyens finiront par se faire connaître (si vous n’en avez jusque-là pas la moindre idée). Ce sera la découverte d’un livre inspirant, une rencontre qui « réveille » ou tout autre chose. Et de la même façon, si vous aspirez à aider le monde, quelque chose finira par se présenter à vous. Plutôt que de considérer parfois que nous devrions faire ceci ou faire cela, nous pourrions nous sentir simplement disponible à ce que la vie attend de nous, d’accord pour suivre le chemin qu’elle trace devant nous.
Depuis le décès de ma mère, en décembre dernier, j’ai personnellement été confronté à une série de contrariétés plus ou moins éprouvantes (dont un ennui de santé). Notre fonctionnement humain ordinaire nous incite à maintenir toute notre attention sur ce qui ne va pas sans s’arrêter de même à ce qui pourrait être plus heureux ou plus harmonieux. Pour évoquer encore ma propre expérience, il se trouve que je vis aussi depuis plusieurs semaines une série incroyables de propositions d’aide qui m’ont permis de réaliser plusieurs petits objectifs dont j’avais eu du mal à m’occuper jusque-là. Je ressens qu’il est bon de me rappeler la gratitude plutôt que de déplorer ce qui ne va pas ou semble ne pas aller.
En effet, il est aussi important de réaliser que les choses qui nous affectent ne sont pas nécessairement aussi graves que nous le croyons. Les médias peuvent nous donner de fausses informations ; nous pouvons interpréter les propos de nos proches à l’aune de nos blessures non guéries ; toute circonstance éprouvante recèle un message heureux à notre intention (comme le message qu’il est devenu urgent d’abandonner une peur, une culpabilité, une honte)…
Je connais la folie du monde ; il serait bien difficile de la nier ! Cependant, je vérifie sans cesse que plus une personne réagit aux circonstances extérieures négatives ou même effroyables et plus elle évite un sentiment de culpabilité parfois bien pire et un autotraitement qui demeure la seule vraie cause de son insatisfaction chronique. Nous sommes malheureux ou nous ne sommes pas plus heureux que nous le sommes, parce que nous continuons d’être durs, exigeants, vraiment injustes… envers nous-mêmes. Et c’est là où ne va « jamais » notre attention.
Inconsciemment et à tort, inconsciemment et À TORT, nous nous autoaccusons, nous nous croyons indignes, nous nous faisons beaucoup de mal… Quand nous cherchons à aider le monde, c’est de la bienveillance que nous voulons lui accorder. Accordez-vous cette bienveillance et vous aiderez le monde !
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