Les croyances – la responsabilité
Nous vivons tous des choses qui nous déplaisent, qui nous dérangent, qui ne nous conviennent pas. Nous pouvons aussi déplorer de ne pas en vivre certaines autres. Nous aimerions réaliser ceci, obtenir cela, et nous n’y parvenons toujours pas. Bref, ça ne va pas comme on voudrait et l’on y réagit de diverses manières (on s’indigne, se désespère, se lamente…). En même temps, nous émettons à cet égard des jugements que nous tenons pour vrais, bien entendu. Peut-être est-ce justement la prise en compte de certains de ces jugements qui m’a régulièrement plongé dans une sorte d’étonnement (relatif) que je choisis d’évoquer davantage dans cette nouvelle chronique.
Ce qui m’étonne ou finit par m’étonner du fait de nos positionnements tenaces inconscients, ce sont justement nos diverses réactions et nos considérations avouées en rapport avec nos conditions de vie indésirables et toutes nos contrariétés endurées au quotidien (le cas échéant). Pourquoi ? Parce que ce que nous vivons est tout bonnement logique, parce que nous ne pouvons pas vivre autre chose, parce que le hasard, la malchance et l’injustice ne sont en rien concernés. Même les autres dans notre entourage ne sont pas véritablement impliqués. Cela en a pourtant tout l’air, surtout quand ça nous arrange bien de le voir ainsi, mais il n’en est rien, jamais.
Aujourd’hui même, une personne me confie qu’elle ne sait pas comment s’y prendre pour s’attirer une maison dans le Sud de la France, alors que tel reste l’un de ses souhaits les plus chers. Elle en parle manifestement en s’en plaignant. En l’écoutant, on entend bien qu’elle incrimine la chance qui lui fait (ferait) défaut ou, pire, l’injustice qui lui est réservée. Pour ce faire, pour réagir de la sorte, elle a déjà oublié qu’elle venait de me demander de l’aider en vue de « travailler » une de ses croyances récemment identifiée : « Ce qui me fait vraiment envie n’est pas pour moi ». Percevez-vous l’aspect logique de la situation où l’on ne s’attire évidemment pas ce qu’on souhaite en croyant simultanément qu’on n’aura jamais ce qui compte pour soi.
Et vous pourriez déclarer cependant : « Je peux bien déplorer de ne pas vivre ce à quoi j’aspire, du fait même connu de mes croyances limitatives. Il n’y a rien d’étonnant là-dedans ! ».
Dès lors que vous croyez ce que vous croyez, il est normal de vivre ce que vous vivez en conformité avec vos croyances. Il ne sert à rien de vous en plaindre ou d’y réagir de quelque façon que ce soit. En fait, la réaction maintient la situation en l’état ou même l’empire. Si vous tenez à déplorer quelque chose, déplorez plutôt vos croyances que ce qu’elles vous amènent à vivre en toute logique.
« Déplorez ceci », « Ne déplorez pas cela », « Il ne sert à rien de réagir, de résister »… Comprenez que c’est juste une façon de dire les choses car il s’agit de voir, d’observer ce qu’on croit, la tendance à penser compulsivement, les attitudes qu’on adopte, par exemple, et non pas de chercher à se corriger a priori. Et les quelques « injonctions » qui émaillent ce texte (et les autres) ne sont que des invitations déguisées à observer.
Personnellement, j’aurais pu très tôt dans ma vie déplorer – en fait reconnaître – ma croyance qu’autrui ne pouvait qu’avoir honte d’être avec moi en relation intime. J’ai longtemps « préféré » regretter une solitude affective prolongée. Ici, voyez-vous l’absurdité de ma réaction (le regret) et la logique de mon vécu ? Vous-même, êtes-vous convaincu d’inspirer de la honte et voulez-vous en même temps vous sentir aimé ? Il va falloir choisir ! En fait, nous gagnons surtout et toujours à voir tranquillement nos positionnements contradictoires.
Certes, tous nos fonctionnements et toutes nos considérations découlent de leur propre logique, mais il est possible de dépasser le fonctionnement humain ordinaire pour bénéficier de l’observation qui dévoile une sorte de folie. Si vous êtes en conflit avec qui est censé vous aimer et/ou que vous êtes censé aimer, que diverses circonstances vous empêchent cependant d’exprimer ce conflit autant que de besoin, il vous faut pour vous décharger, vous défouler – c’est « logique » – trouver un bouc émissaire. Que se passe-t-il alors à partir de vos critiques et reproches envers ce dernier ? Quand vous choisissez l’observation, c’est encore la logique que vous découvrez. Les réactions contre un bouc émissaire ne mènent nulle part ou empoisonne à vrai dire l’existence.
Je ne vais pas multiplier les exemples qui montrent l’aberration avec laquelle nous considérons nos divers malaises (nous pourrions y revenir au besoin). Il suffit de se rappeler, chaque fois qu’un malaise se fait éprouver, qu’une contrariété se présente, la possibilité qui est nôtre d’envisager l’idée que la situation en cause est normale, logique, attendue. La difficulté d’en voir l’évidence ne devrait pas être le prétexte pour la remettre en cause ou pour ne pas la considérer. Comme à l’accoutumée, je fais là le partage de ce que je m’applique à moi-même et qui s’avère tout à fait efficace.
Dans le même temps où je rédige ces lignes, je tente en vain jusque-là de m’organiser des rendez-vous dans Paris sur une même journée. Voilà le genre de situations qui, avec le sentiment d’être bloqué, arrêté, empêché…, a eu longtemps le pouvoir de m’irriter, voire de m’exaspérer. D’ailleurs, je peux encore soupçonner un léger agacement. Ce qui se passe, c’est que les choses ne se présentent pas comme je le veux… Et je retrouve le calme en me rappelant que la circonstance est tout à fait normale, qu’il y a déjà tout en moi pour l’attirer et la vivre comme je la vis, pour l’interpréter comme je l’interprète et m’en trouver aussi mal « que je le veux ».
Je veux là insister sur le fait que je n’ai pas besoin a priori de voir, de savoir la manière dont je me débrouille pour être encore confronté à ce genre de situations pour en admettre l’idée et en tirer d’emblée un bénéfice (un apaisement émotionnel). De plus, l’ouverture à cette idée même permettra la compréhension, tôt ou tard. Je ne risquerais pas de comprendre si j’y résistais…
C’est « logique » que je ne parvienne pas tout de suite à fixer mes rendez-vous. Et il est bien plus important de savoir cela que de pouvoir l’expliquer. Je ne suis pas loin de le voir dans l’instant, mais c’est vraiment secondaire. Et la circonstance « rendez-vous non pris » me fait retrouver le ressenti « bloqué, empêché, arrêté »… Combien de fois n’ai-je pas éprouvé cela, mais toujours dans la réaction ! Alors, c’est également logique que je me sente bloqué… Et juste avant de me dire cela, non seulement je me sentais bloqué, mais j’enrageais. Je peux encore éprouver le blocage, mais la rage n’est plus.
Le fait d’avoir sans cesse à faire face à des circonstances problématiques similaires répétitives devrait nous mettre la puce à l’oreille. Puisque cela m’arrive, puisque c’est à moi que cela arrive, je dois bien y être pour quelque chose, non pas ici en termes de faute mais de cause. Si je n’ai jamais véritablement et pleinement reconnu l’insatisfaction en moi, je comprends bien que je vais continuer de m’attirer des choses insatisfaisantes, ce jusqu’à ce que je me libère du ressenti « insatisfaction » que je garde au chaud. Au lieu de cela, ordinairement, on s’emporte contre les circonstances extérieures, lesquelles sont souvent des personnes.
Vous pourriez bien me prouver que telle personne a objectivement failli (je peux d’ailleurs le savoir moi-même) : il ne sera pas moins vrai que c’est toujours et encore quelque chose en moi, chez moi qui explique que j’ai à me frotter à cet individu (quand c’est le cas). De 3 ans mon aîné, un gamin m’a donné le coup de poing qui m’a rendu aveugle. Il l’a bel et bien fait, mais rien de ce qu’on pourrait dire à son sujet n’entamerait la réalité qui ne concerne que moi : c’est moi et moi seulement qui, à l’époque, résistait violemment à voir certaines choses, si violemment que j’allais en perdre la vue et peu importe alors par quel biais.
Adhérer à l’idée que ce qu’on est en train de vivre et d’éprouver est tout à fait logique, voire inévitable, offre un grand avantage, un avantage merveilleux. Dès lors que l’on se rappelle cette idée, on accepte pleinement la situation en cause, on peut en venir plus certainement à l’accepter de la sorte. On accepte, on accueille le moment présent. C’est dire qu’on a alors cessé d’y réagir, de résister, de se battre, de souffrir. C’est tout ce qu’il faut pour mettre fin aux vieilles histoires, pour vivre les transformations heureuses attendues. Reste à savoir si c’est ce à quoi nous aspirons.
Ce dernier paragraphe indique au besoin que l’aspect logique et inévitable des conditions de vie indésirables n’engage aucunement l’avenir a priori. Si je change mon regard sur le monde, le monde change. Quand j’ai vu enfin ce que je résistais à voir, je n’ai plus à le voir, ni donc à m’attirer ce qu’il a fallu pour le voir. Quand j’accepte pleinement, authentiquement ma difficulté à accepter une circonstance difficile, je suis dans l’acceptation et quelque chose se transforme infailliblement.
Il est utile d’accepter ce qui est, puisque c’est quoi qu’il en soit, et il devient plus facile de l’accepter en considérant que ce qui est – qui souvent fait réagir – est en réalité normal, logique, attendu, inévitable… En sachant que l’effet de la véritable acceptation est toujours heureux, qu’est-ce qui pourrait s’opposer encore à la décision de s’y abandonner ? Le déni, l’inconscience ou le masochisme !… En fait, il reste le goût inconsidéré pour la réaction et le refus associé des solutions, de la paix, de l’amour.
Il y a en nous un peu de tout ça et, bien mieux, il y a surtout la possibilité de l’envisager, de le reconnaître, de l’accepter, donc de s’en délivrer. Alors, pouvez-vous recevoir ce qui est donné dans ces lignes et l’appliquer à la première préoccupation qui vous vient à l’esprit ? Voulez-vous nous faire partager votre expérience ? Cela pourrait être un enrichissement pour tous !
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