Le sérieux
Avez-vous déjà remarqué le sérieux excessif, la gravité solennelle ou les efforts surhumains avec quoi l’on s’emploie parfois à faire les choses ? Ici, peu importe d’où nous vient cette sorte d’habitude, la reconnaître comme telle est suffisant. Elle peut dans le moment faire impression, mais elle ne produit pas de résultats heureux durables. Voulons-nous impressionner le monde, nous impressionner nous-mêmes ou être réellement productif, efficace ?
Qu’il s’agisse de nos activités courantes (professionnelles, familiales ou autres), de résoudre une difficulté (matérielle, conflictuelle ou autres) ou d’atteindre n’importe quel but, s’il y a de la tension, il y a surtout de la crispation, des complications et, disons-le, de la souffrance sous une forme ou sous une autre (quelque chose de pénible).
Avez-vous déjà remarqué combien il en va autrement quand nous agissons avec aisance, avec facilité, avec simplicité ? Oui, on peut rester à l’aise, dans la simplicité, alors qu’on s’attèle à une tâche qui présente une difficulté. Pensez, par exemple, aux jeux qui demandent de résoudre une énigme : elle peut être particulièrement ardue, gagne-t-on à oublier le jeu et à se prendre la tête ?
Maintenant, quand il est spécifiquement question de nos divers « malaises » et de les traiter, il est d’autant plus important de les aborder avec « aisance », de retrouver l’aisance. Pour considérer efficacement votre malaise, sentez-vous à l’aise. Quand nous parlons d’un problème en nous indignant, en nous révoltant, en nous plaignant…, non seulement nous ne sommes aucunement disposés à le résoudre (quoi que nous prétendions), mais nous nous assurons de la sorte de le conserver, de le faire durer, de l’empirer. Pouvez-vous vous offrir de voir cela ? La perception annonce la libération.
Les paragraphes suivants apportent des éléments suffisants pour faire une application concrète de ce qui vient d’être évoqué. Le moyen que je propose aujourd’hui pour remplacer le « sérieux » par la légèreté est simple et puissamment efficace, transformateur. Votre lecture vous montrera sur-le-champ la simplicité de la chose, mais pour ce qui est de son efficacité, il vous faudra l’appliquer pour la vérifier. Je ne pourrais insister trop sur ce point car, si nous lisons des enseignements, nous ne les appliquons généralement pas (ou si peu) ; si nous savons des chemins, nous ne les empruntons pas (ou si peu) ; quand nous savons quoi faire, nous ne le faisons pas…
Admettons que vous pensiez, repensiez à un problème du moment (quelque chose que vous voudriez surmonter, ne plus avoir à vivre ou quelque chose que vous voudriez vraiment obtenir). A quoi vous servent ces pensées, le plus souvent, sinon à vous mettre mal, à vous faire mal ? C’est tout à fait OK si vous pensez tranquillement à ce que vous avez à faire, à ce que vous pouvez objectivement envisager de faire pour dépasser le problème ou atteindre tout autre objectif. Dans ce cas, agissez effectivement, posez les actes qui s’imposent et demeurez tranquilles.
Cela étant précisé, reconnaissez que, dans nombre de cas, nos pensées concernant un problème ne se limitent pas aux actions à mener. On pense que l’on n’a pas de chance, que l’on n’en aura jamais, que la vie est bien trop compliquée, injuste, que le meilleur n’est pas pour soi, que l’on est bien trop nul, incapable, mauvais…, que le rêve qui tient à coeur est tout bonnement impossible, qu’il n’y a pas de solutions, que cela se saurait s’il y avait effectivement une solution, que les gens sont méchants, égoïstes, dangereux…, qu’il faut en baver pour avoir quoi que ce soit, que vieillir est synonyme de souffrir… J’ai confiance que chaque lecteur trouvera pour lui de quoi ajuster et enrichir sa propre liste. Une seule de ces pensées n’a comme pouvoir que de raviver la souffrance et, malgré tout, on y tient !
Donc, vous repensez une fois de plus à ce problème du moment au sujet duquel aucune action immédiate n’est envisageable. En pleine nuit, c’est souvent plus vrai encore. On s’empêche de dormir en cultivant de vaines pensées, en nourrissant une préoccupation ou une autre. Tôt ou tard, à un moment, vous vous rendez compte que les pensées « négatives » et en tout cas « souffrantes » ont refait leur entrée triomphale. Ne cherchez pas à les empêcher, ne luttez pas, ne vous jugez pas non plus. Ce que je vous propose ici – et juste pour deux ou trois minutes à chaque fois -, c’est d’appliquer l’une ou l’autre des deux possibilités suivantes ; vous pouvez même passer de l’une à l’autre :
Vous inviter à vous rappeler quelque chose d’heureux, quelque chose d’exclusivement heureux. Quitte à penser, autant penser à ce qui apaise, à ce qui rend joyeux, à ce qui fait plaisir. Et décidez (faites le choix conscient) de conserver ce genre de pensées pendant deux ou trois minutes. Est-ce trop vous demander ?
Vous inviter vous-même à ressentir « ici et maintenant » ce que vous voulez ressentir à l’idée de résoudre le problème ou de réaliser un but. Pendant deux ou trois minutes, ressentez la paix, la joie, la liberté à vivre ce à quoi vous aspirez. Puisque vous aspirez à la chose, vous savez aussi ce que vous voulez ressentir. Dès maintenant, ressentez-le alors en conscience.
Où sont le sérieux, la gravité et les efforts quand vous pensez à quelque chose d’exclusivement heureux ? Alors, à chaque fois que vous allez le faire (car vous allez le faire, bien entendu), dès lors que vous vous surprenez à penser de façon non bénéfique, vous vous féliciterez vous-même d’initier en conscience quelque chose de nouveau en votre faveur. Vous en serez content, vous vous en remercierez et vous baignerez un peu encore dans plus de gratitude que vous adressez alors à Dieu, à l’Univers ou à qui vous voulez. Seul le ressenti compte.
Rappelez-vous quelque chose d’exclusivement heureux et/ou ressentez le bonheur à vivre ce à quoi vous aspirez et remerciez. C’est tout !
Arrivé à ce point de ma chronique, j’avais envie de l’enrichir encore un peu (je la jugeais trop courte). Je me suis surpris à éprouver un peu d’impatience et d’irritation, parce que l’inspiration se faisait attendre. Puis j’ai vu cela et je me suis demandé : « Comment me sentirais-je si ma chronique était terminée selon ma convenance du moment ? » Autrement dit, « comment est-ce que je veux me sentir ? » Et la réponse qui m’est venue : « Tout simplement, je serais satisfait ». Ici et maintenant, qu’est-ce qui pourrait donc m’empêcher de me sentir satisfait, comblé ? Oh, que c’est bon de se sentir comblé, content ! Je le ressens maintenant ; je reste avec, le prolonge maintenant. Je le ressens si bien que j’en rends grâce et j’aime tant retrouver cette seule expérience de gratitude (elle a fait l’objet de tout un chapitre dans « Le regard d’un non-voyant » que j’ai publié en 1997.
Ma pratique a donc un effet immédiat. Et je suis heureux de le partager dans ces lignes. C’est aussi de la sorte que l’on peut résoudre ses problèmes et réaliser ses aspirations profondes, mais la manifestation de ces effets-là demande un peu plus de temps. Ce ne devrait pas être un problème en soi quand on a vécu des années, parfois des décennies avec la circonstance insatisfaisante chronique ou récurrente.
Je ne peux pas (je ne peux plus) prétendre vouloir être satisfait (ou libre, heureux, compris, aimé… – identifiez votre propre ressenti attendu) sans m’inviter à le ressentir tout de suite, à y revenir régulièrement (au moins quand le négatif refait surface). Faute de quoi, autant me l’avouer, je ne veux pas ce que je dis vouloir, ce que mes propos laissent croire que je veux, mais je veux juste me plaindre, me lamenter, bougonner (ronger un os), m’insurger, me justifier, accuser, m’autoaccuser, ou réagir de façon plus personnelle et donc souffrir.
En fait, notre ressenti prédominant constitue une demande à « l’univers » et il y répond infailliblement. « Parle-moi de tes conditions de vie et je te dirai ce que tu ressens principalement ; dis-moi ce que tu éprouves le plus souvent et je te dirai ce que sont nombre de tes conditions de vie ». Voulons-nous vivre plus de paix et d’amour ? Alors, ressentons la paix et l’amour !
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