La réalité inévitable
D’un côté, on déplore éventuellement des ennuis de santé, de l’insatisfaction notamment relationnelle, diverses conditions de vie difficiles ou éprouvantes, un certain mal de vivre sans même le nommer directement. D’un autre côté, on continue de RÉAGIR comme on a toujours réagi ; on SE COMPORTE inconsidérément de façon malsaine ou irrespectueuse ; on se maintient dans des POSITIONNEMENTS rigides et limitatifs ; on conserve des CROYANCES que l’on n’a jamais remises en question ; on maintient un DÉNI nuisible… Or, on ne sait pas, pas suffisamment, ou l’on oublie que le premier côté est l’effet du second, même si d’autres aspects sont impliqués (notamment des vieilles douleurs enfouies). Et il s’agit là d’une réalité inévitable. Quel est l’effet sur vous de ces premiers mots ?
Restez attentif à ce que vous lisez et allez lire, parce que vous pourriez y trouver de quoi changer favorablement vos humeurs parfois pesantes ou des réponses aux questions que vous vous posez peut-être de temps en temps. Et soyez sûr qu’il n’y a pas de fatalité, que le plein épanouissement est aussi pour vous, juste parce qu’il reste notre nature profonde. Ouvrons-nous à la possibilité d’être heureux ! Aimons l’idée d’être heureux !
LES RÉACTIONS-. Se soumettre, se résigner ou renoncer n’est certainement pas faire preuve de bienveillance envers soi-même. Quand on se plaint ou se révolte, on ne s’exprime pas à partir d’un espace aimant, ni ne propage l’amour. Qu’on le veuille ou non, toutes les réactions (passives ou agressives) restent malveillantes. Les « bonnes raisons » que l’on se donne pour réagir ne changent rien. Hors revendication, la seule reconnaissance de notre propre malveillance change tout, d’abord pour nous-mêmes.
Réagir à la malfaisance, par exemple, c’est se montrer malfaisant. Les malfaisants s’attirent de la malfaisance, se croyant alors justifiés de réagir comme ils réagissent. Par ailleurs, considérez un instant ceux qui se révoltent sans cesse. Ne vivent-ils pas sans cesse de quoi se révolter ? C’est un cercle vicieux. Et ceux qui se lamentent par rapport à la cruauté, infligée aussi aux animaux, se sont-ils déjà demandés l’aide que cela pouvait apporter aux victimes ? Le seul bénéfice de toute réaction est un soulagement très éphémère. Il est souvent même très coûteux. Rappelons ici que réagir contre quoi que ce soit ne fait que lui donner plus de force ; c’est lui fournir le carburant nécessaire pour qu’il continue d’exister.
LES COMPORTEMENTS DÉPLORABLES, INDÉFENDABLES-. Si l’on est prêt à tout pour avoir « la place », quelle est la valeur ou la stabilité de cette place éventuellement obtenue ? Si l’on s’arrange toujours pour ne jamais mettre la main à la pâte, peut-on imaginer que cela ne se voit pas ? Sommes-nous partisans du moindre effort, y compris en présence de ceux qui s’activent généreusement ? Si l’on ment de façon constante et éhontée, que croit-on en obtenir de façon réelle et durable ? Si l’on a tendance à tout subir sans mot dire, pour ne pas faire de vagues, par exemple, en a-t-on déjà tiré un avantage constant et véritable ?… Quels sont nos propres comportements discutables ?
Les personnes qui me consultent pour tenter de dépasser leur épreuve du moment se gardent bien, inconsciemment, de mentionner leurs propres comportements habituels et relativement contestables (abus, ingratitude, crises de jalousie, agressivité, bouderies…). C’est d’autant plus vrai quand l’épreuve est d’ordre relationnel. Or, la clé du dépassement de cette épreuve s’y trouve souvent contenue. Comme le reste, notre comportement critiquable est l’un des effets de notre vieux conditionnement et nous pouvons le reconnaître – pour nous-mêmes – sans nous juger, avec douceur, en comprenant la difficulté représentée. Mais le point de départ est la conscience, la reconnaissance.
LES POSITIONNEMENTS IDENTIFICATOIRES-. La possibilité d’être aidé, de recevoir de l’aide, ne vient même pas à l’esprit de certaines personnes. Elles restent positionnées comme si la chose n’était pas envisageable. D’autres sont à l’inverse positionnées comme si tout leur était dû et il n’est pas difficile d’imaginer les retours auxquels elles sont souvent confrontées. Si vous êtes généralement positionné comme malchanceux, il est évident que vous repoussez malgré vous l’abondance. Vous pouvez à tort resté positionné comme si vous étiez incapable, un problème, sans mérite ou en tant que victime, voire maudit. La Vie (que nous sommes) nous donnera toujours ce à quoi nous nous attendons.
Bien sûr, là encore, nos positionnements résultent de la façon dont nous nous sommes sentis traités en tant qu’enfants. Non seulement nous nous traitons nous-mêmes comme nous nous sommes sentis traités, mais nous nous sommes identifiés à ce qui a semblé être projeté sur nous. Alors, aujourd’hui, « je suis » l’ignorant, « je suis » celui qui sait, qui doit savoir, « je suis » celui qui doit recevoir toute l’attention, « Je suis » le clown, le boute-en-train, « je suis » le monstre, « je suis » l’indigne, l’inadéquat… Certains de nos positionnements psychiques reposent sur nos « croyances autoaccusatrices ». La personne qui se croit dérangeante, par exemple, ne demandera jamais rien, positionnée comme si elle n’était pas censée le faire, n’en avait pas le droit.
LES CROYANCES LIMITANTES-. Pour nos choix, décisions et préférences, lorsque nous nous basons sur nos propres expériences, sur nos intuitions, sur notre inspiration, sur ce que nous souffle notre cœur, il n’y a rien à croire. Nous ne croyons pas alors, nous savons ! Savoir fait appel au ressenti, à l’observation, à l’expérience, et croire implique le mental, le penser. Beaucoup de nos croyances sont associées à de la culpabilité. Elles peuvent aussi servir l’évitement. Elles sont incontournables dès lors qu’on fonctionne à partir de la tête plutôt que du cœur. C’est à chacun de découvrir ce qu’il croit et qui ne lui est d’aucune aide.
Une croyance est l’appropriation de ce qui vient de l’extérieur (environnement, médias, religion…) et contrarie ce dont nous sommes porteurs intérieurement, ce qui est « nous ». Nous sommes peu conscients de combien nous fonctionnons mentalement, donc à partir de croyances. Prenons un simple exemple, très courant : vous êtes face à une possibilité ou une proposition alléchante que vous ne sentez pas. En vous, ça dit « non », mais vous vous dites alors des choses, forcément mentales, qui vous empêchent d’écouter et de respecter ce « non ». Et, dans tous les cas, vous aurez de quoi le regretter. Ces choses que l’on se dit sont des croyances. Et il y a bien sûr des « oui » en nous que l’on n’écoute pas davantage, toujours en écho à des croyances.
Et il y en a d’autres, encore plus insidieuses. Ce sont celles que je qualifie d’« autoaccusatrices », par exemple non-intéressant, sans valeur, mauvais, méchant ou illégitime… Dire que l’on y croit ne serait en général pas tout à fait exact, mais on peut finir par réaliser que l’on reste positionné comme si on l’était. Pour éprouver à l’occasion une profonde honte, il faut bien que la circonstance utilisée appuie sur le bouton de notre propre croyance autoaccusatrice. Et non seulement cette croyance fait bien des fois notre malaise, mais elle limite également nos élans et notre potentiel.
LE DÉNI DÉVASTATEUR-. Le déni n’est pas seulement l’oubli d’un fait douloureux ou l’évitement d’une émotion. C’est l’acte intérieur par lequel nous refusons de regarder une croyance fausse que nous entretenons. Par exemple, nous nions la façon dont nous nous sommes sentis traités (douleur) par une personne (nos parents à l’origine) et nous avons idéalisé cette même personne (fausses croyances). Le déni protège le « moi séparé ». Il garde intacte l’illusion de la séparation en détournant le regard de ce qui pourrait la dissoudre.
Les effets du déni sont doubles. D’une part, ce qui est nié ne disparaît pas : Cela reste actif dans l’ombre, produisant des perceptions répétitives, des situations semblant venir de l’extérieur. D’autre part, le déni empêche la libération ou ce qu’UCEM appelle le pardon véritable, car « ce qui est nié ne peut être pardonné », donc libéré. Tant que nous résistons à reconnaître la peur, la honte, la culpabilité, nous les projetons et les subissons encore et encore.
La guérison ou la transformation vient, non pas en nous forçant à nous confronter à ce qui a été caché, mais en acceptant doucement de le voir avec le cœur. Regarder avec la lumière ne condamne pas, cela dissout. Le déni est alors remplacé par la reconnaissance, et la reconnaissance ouvre à l’accueil, donc à la libération (au pardon), ce qui ramène notre esprit à la paix.
LA RÉALITÉ NON CONSIDÉRÉE-. On pourrait bien continuer d’ignorer totalement ce qui vient d’être dit, voire s’en moquer. Pourtant, il s’agit de ce qui contribue très largement à notre souffrance. Cela s’y trouve pointé de manière claire et directe. Rappelons ce que nous a dit Albert Einstein : « La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent ». Pour obtenir ce résultat différent, il faut nécessairement changer sa manière de faire, d’agir et surtout de penser. Bien sûr, ce n’est pas par hasard ni pour rien que nous agissons comme nous agissons, d’autant moins quand nous agissons contre l’amour, d’ailleurs toujours à notre détriment, du douloureux bien enfoui restant à libérer, mais justifier, revendiquer ou nier certains de nos fonctionnements courants nous enfonce dans une forme de misère émotionnelle.
Comprenons la portée de ce que nous dit Einstein : nous ne pourrons jamais être heureux sans avoir adopté un autre art de vivre. Nous gagnons tout à considérer cette réalité-là comme nous ne l’avons probablement jamais fait. Nous verrons que nous pouvons encore aller plus loin, de façon peut-être un peu moins tangible a priori, mais nous avons déjà là une compréhension tout à fait accessible et qui constitue une première étape très précieuse. Si nous aspirons à du changement, un changement intérieur s’impose inévitablement. Ne retenons pas qu’« il faut changer », aucun « il faut » n’étant de mise à cet égard, mais sachons ou rappelons-nous qu’une autre réalité existe et que nous pouvons nous y disposer.
LA PAROLE DES SAGES-. La citation relevée d’Einstein est une expression très célèbre de l’idée que le changement n’est possible qu’en modifiant son action ou son approche. D’autres sages ou auteurs expriment des idées similaires qu’il peut être utile ou inspirant de connaître. Confucius a dit : « Celui qui déplace une montagne commence par enlever les petites pierres ». Cela souligne que le changement commence par de petites actions, car répéter le même geste ne mène nulle part. David Lynch a dit : « Si tu veux changer le monde, commence par changer ton regard sur lui ». Il ne s’agit pas de faire les mêmes choses, mais de voir les choses différemment, ce qui mène à des résultats différents.
« La répétition d’une erreur ne la change pas en vérité » : cette citation de Mahatma Gandhi bien qu’orientée vers la vérité, insiste sur l’inutilité de la répétition sans changement, même si on s’attend à un résultat différent. Daniel J. Boorstin dit : « Le plus grand obstacle à la découverte n’est pas l’ignorance, c’est l’illusion de la connaissance ». Cette citation se rapproche de l’idée d’Einstein en ce sens que si l’on est certain de la validité de sa méthode (la connaissance), on ne cherchera pas d’alternative, et on ne fera que répéter le même processus sans obtenir de nouveaux résultats.
Un proverbe chinois affirme justement : « Si nous ne changeons pas de direction, nous risquons de finir là où nous nous dirigeons ». Une version plus directe et terre à terre de la même idée : si l’on ne modifie pas sa trajectoire, on ne peut pas s’attendre à atterrir ailleurs. Henry Ford dit : « Si vous continuez à faire ce que vous avez toujours fait, vous obtiendrez ce que vous avez toujours obtenu ». En vérité, on obtient pire, juste pour nous inciter au changement salutaire. Enfin, Carl Jung nous dit : « Tant que vous n’aurez pas rendu l’inconscient conscient, il dirigera votre vie et vous l’appellerez destin ». D’autres l’appellent fatalité, non-mérite, injustice, malchance ou malédiction. (Et c’est cela, la réalité inévitable !)
COMPRÉHENSION ET BIENVEILLANCE ENVERS… SOI-MÊME-. Comme je l’ai suggéré, ce n’est pas par hasard ni par plaisir que nous fonctionnons comme nous fonctionnons. Nous fonctionnons ainsi, parce que nous avons été conditionnés, que nous n’avons pas, dans le monde de la forme, appris autre chose, que nous avons été emportés par l’ignorance. Or, aujourd’hui, nous pouvons écouter l’appel du cœur, sentir qu’une autre réalité nous attend, nous appelle. Il s’agit de nous offrir à la paix, à la joie, à l’amour, à la lumière, pour y baigner, pour propager la paix, la joie, l’amour, la lumière.
Réalisons pleinement que nous restons positionnés comme si nous étions séparés du « Meilleur », de notre plein potentiel, de notre nature profonde et que là se niche notre douleur la plus profonde, la plus cuisante, celle qui engendre toutes les autres. Personne ne peut se croire seul et être heureux. La séparation que nous éprouvons n’est pas d’ordre physique et là où nous l’éprouvons, elle n’existe pas. C’est un mirage !
LA SÉPARATION ET SON MIRAGE-. Tant que nous croyons à la séparation, nous cherchons dans un désert l’eau qui ne s’y trouve pas. La séparation est l’idée insensée que nous avons pu nous couper de notre Source, de l’Amour qui nous a créés. Cette pensée, bien qu’impossible en vérité, engendre tout un monde qui semble en découler : la peur, la honte, la culpabilité, le sentiment d’isolement, l’impression que nous devons lutter pour exister.
Dans notre vie, cela se traduit par des répétitions douloureuses : nous cherchons reconnaissance, sécurité, accomplissement dans des « lieux » qui ne peuvent nous les donner. Nous voulons la paix, mais nous continuons d’alimenter des pensées de conflit. Nous revendiquons la liberté en tentant de contrôler nos proches. Nous espérons la joie et l’amour, mais nous nourrissons des jugements. Et parce que « les idées ne quittent pas leur source » (UCEM), nous récoltons toujours le fruit du terrain où nous avons semé. Les mêmes causes produisent les mêmes effets : si la cause est la croyance en la séparation, l’effet sera toujours la privation, la solitude, le manque.
Un cours en miracles appelle cela la folie, la démence : répéter sans cesse la même perception (interprétation), tout en espérant un résultat nouveau. La seule guérison envisageable est de changer de cause, d’accepter que la paix ne peut pas venir de l’ego, du « moi séparé », de ce pour quoi nous nous prenons, mais seulement de l’Esprit, de l’Amour. Le « miracle intérieur » n’est rien d’autre que ce retournement : choisir de voir avec la lumière, plutôt qu’avec la peur.
Alors, ce qui semblait fermé s’ouvre. Ce qui semblait impossible devient réalité. Ce qui semblait inaccessible devient évidence. Ce qui semblait un désert révèle une source. Et il en est ainsi, non pas parce que le monde extérieur a changé, mais parce que l’esprit a cessé d’insister sur la même vieille illusion. La séparation n’a jamais eu lieu ; seul l’Amour est réel. Et quand nous choisissons l’Amour comme origine, nous avons mis ou mettons fin à la « réalité inévitable », l’épanouissement n’est plus une quête, il devient notre état naturel.

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