Le basculement libérateur (8/8)
Pour finir la série consacrée au « basculement libérateur », je vais ici vous proposer notamment de renoncer au sérieux, à la gravité. Nous favoriserons grandement la conscience de ce qui se rejoue en nous-mêmes, de ce dont nous avons à nous libérer, si nous l’envisageons sans solennité, sans nous prendre au sérieux, sans y plaquer un sentiment de gravité. En fait, nos fonctionnements ordinaires sont à la fois si absurdes et attendus que nous pourrions finir par en rire, par nous en amuser. Alors, disposons-nous à basculer du « sérieux dramatique » à la légèreté, à l’insouciance, à la dédramatisation. Ce n’est pas rien, c’est se rapprocher de la vraie joie ! Sachons au moins qu’il s’agit d’une possibilité dont les effets sont inattendus et prodigieux.
Si l’évocation de nos vécus d’enfants plus ou moins éprouvants n’a pas pour but de désigner des coupables, elle n’est évidemment pas davantage censée servir une dramatisation. Elle est seulement en faveur d’une compréhension bienveillante et d’un plein accueil de nos vieux ressentis douloureux, d’abord à reconnaître enfin. En d’autres termes, d’autant plus si vous avez des souvenirs fâcheux, sachez la différence entre les considérer en conscience, avec tendresse, et se les remémorer dans une forme de réaction. La tendresse réconforte, alors que la réaction est guerrière. D’ailleurs, ce qui nous guérit, nous transforme, nous libère, nous le savons bien, ça ne peut pas être la peur, ni aucune forme de déploration, ça ne peut qu’être l’amour.
Par conséquent, cessons de nier, de dédaigner nos vécus déplaisants ou cessons d’en faire un fardeau. Nier ou déplorer une expérience, c’est empirer ses effets dans les deux cas. Soyons-en conscients et puissions-nous nous disposer à basculer de plus en plus de la tête au cœur, en fait du penser au sentir, à l’ouverture, aux ressentis ! Qu’est-ce que cela nous demande ? …De rompre avec le passé, en l’occurrence avec un passé des plus pesants, et de préférer l’amour en toutes circonstances ! L’amour est puissamment efficace.
Il n’y a pas de basculement libérateur sans rupture, la rupture avec des habitudes, avec des vieux schémas, avec au moins certains aspects de notre conditionnement, donc avec le passé. Or, c’est une rupture qui se fait sans déchirement. On vit ce phénomène-là quand on se met à aimer ce que l’on n’aimait pas ou à ne plus aimer ce que l’on aimait. Par exemple, ne plus aimer la viande rouge et me mettre à apprécier fruits et crudités m’a fait vivre quelque chose de nouveau et extrêmement plaisant. La rupture avec le mental pensant identificatoire est probablement celle à laquelle on a le plus difficilement accès. La peur et la gravité sont du carburant basique du penser compulsionnel.
Quand nous sommes une fois de plus confrontés à une circonstance qui nous contrarie d’une manière ou d’une autre, nous nous mettons rapidement et parfois pour longtemps à penser, à penser bien des choses. Nous jugeons la circonstance, une personne ou nous nous jugeons nous-mêmes. Quoi qu’il en soit, nous pensons en prenant très au sérieux les pensées qui surgissent. Nous avons besoin, non pas de lutter contre les pensées, mais de ne pas nous y impliquer, de ne pas les crédibiliser, ce qui est beaucoup plus facile et efficace, ce qui est surtout libérateur.
En outre, ce que nous ne savons ou ne nous rappelons pas, c’est que tout ce que nous pouvons déplorer, absolument tout, renvoie toujours à ce à quoi nous résistons encore. Et tant que nous y résisterons, nous ne pourrons que déplorer une chose après l’autre. C’est même à cause de cette résistance que nous nous aurons attiré chaque chose, même si, dans bien des cas pour être mal, il nous suffit d’interpréter un épisode qui, a priori, ne nous implique en rien. « Persiste ce à quoi l’on résiste », nous a enseigné Carl Gustav Jung, mais nous pouvons surtout observer que ce à quoi nous résistons tend aussi à empirer.
Il nous faut insister sur le point central de ce dernier paragraphe, parce qu’il est d’une importance primordiale. Comprenez bien que si nous étions dépourvus de résistance, nous n’aurions pas à déplorer ce que nous déplorons. Mieux encore, comprenez que plus nous allons reconnaître et accueillir notre résistance, moins nous aurons à endurer des contrariétés. La façon de déjouer la résistance revient, face à tout vécu plus ou moins éprouvant, à nous inviter à observer ce que nous ressentons vraiment, ce que nous ressentons profondément, un ressenti douloureux étant ce à quoi nous résistons le plus.
Ainsi, je le répète : « Tout ce que nous pouvons déplorer renvoie exclusivement à ce à quoi nous résistons ». Cela implique notamment, face aux déconvenues, que nous nous positionnons toujours de façon malencontreuse, y compris ou d’autant plus quand nous nous employons à plaire ou à ne pas déplaire. Nous voulons plaire, avec diverses attentes aisément imaginables et ne pas déplaire, par exemple pour ne surtout pas déranger. Nous résistons à la peur que dissimulent nos attentes, peur alors puissamment créatrice, et ce que nous voulons éviter finit toujours par nous sauter à la figure.
Dans tous les cas, nous ne manifestons pas la souveraineté qui découle de notre nature profonde (voir ci-après). Et manifester cette souveraineté, c’est donc manifester ce que nous sommes en essence, c’est être libre de notre conditionnement, de nos vieilles blessures. Or, cela ne se décrète pas ou ne se fabrique pas, ne se manifeste pas à partir d’un contrôle, ni ne doit faire l’objet d’une nouvelle identification, mais cela surgit en tant qu’effet de la reconnaissance pure et simple de ce qui se joue et se rejoue en nous.
Quand j’évoque notre souveraineté, j’ai à l’esprit notre capacité à maîtriser notre réalité dans tous les domaines. Elle est à la fois un besoin et une vérité inaltérable. C’est la possibilité d’assumer ses choix, préférences et priorités, en n’étant plus soumis à ses intérêts compensateurs et réactionnels, ni à des autorités extérieures. C’est encore la liberté de penser, de paroles et d’actions ; c’est l’assomption de ses émotions, de ses revécus douloureux, de sa responsabilité face aux circonstances extérieures. La vraie souveraineté comprend aussi l’éthique, l’empathie et le respect de la souveraineté de tout un chacun. Nous partageons tous la même souveraineté et moins nous la vivons, plus nous sommes malheureux.
Si nous ne sommes pas ou plutôt ne manifestons pas notre souveraineté, nous sommes tout simplement dépendants, dépendants quand il n’y aurait pas lieu que nous le soyons. Nous sommes libres et nous avons absolument besoin de vivre notre liberté. Victor Hugo a dit : « Au point de vue politique, il n’y a qu’un seul principe : la souveraineté de l’homme sur lui-même. Cette souveraineté de moi sur moi s’appelle Liberté. » Vous manifestez votre propre souveraineté notamment à travers les décisions que vous prenez, vos intentions heureuses que vous honorez, votre disposition à ne pas prendre pour argent comptant tout ce que vous lisez et entendez (notamment dans les médias)…
Face à quelque circonstance que ce soit, il n’est foncièrement pas possible de prédire l’attitude d’une personne qui vit de façon souveraine, parce qu’elle est alors inspirée et donc imprévisible. Précisons que cette personne fait mieux que d’affirmer ou même que de revendiquer sa souveraineté, elle la vit, tout naturellement. Cependant, nous pouvons imaginer un nouveau mode d’expression pour chaque « blessé », dès lors qu’il cesse d’être la proie de sa blessure principale. Et comme nous pouvons être plus ou moins concernés par toutes les blessures, toujours avec légèreté, voyons ce qui peut faire écho pour nous dans ce qui suit (même s’il ne s’agit pour chaque cas que d’une caractéristique limitée, spécifique) :
• L’ex-abandonné se met à parler de lui, ayant forcément des choses intéressantes à partager, qui plus est pour un partage fort utile. Ne pas le faire serait « étrange » ou au moins dommage ! S’il a besoin d’aide, il en fait une demande directe, à voix claire, très distincte.
• Sans plus se prêter aux attentes ou demandes incongrues d’autrui, en pouvant clairement affirmer son « non » quand il s’impose et vivre de vrais partages, l’ex-dévalorisé réalise de « grandes choses », à portée collective.
• L’ex-maltraité dit son appréciation, exprime son empathie, dit oui à ce qui se présente à lui, et peut aussi, au besoin, dire tranquillement ce qui le tourmente encore. Il propose respectueusement son aide et contribue efficacement à l’harmonie dans son entourage.
• L’ex-rejeté jouit directement de sa bonté, de son humour, ayant lui aussi beaucoup à apporter à son entourage, en s’attirant sans cesse et sans attente de quoi se sentir aimé, comblé. Il est alors en accord ou en harmonie avec tout le monde.
• L’ex-trahi prend des initiatives qui lui font vivre le partage, rester dans le partage, et il répond de son mieux aux sollicitations qui affluent. Il n’attend plus, il vit. Seuls l’éviteraient ceux qui redoutent l’authenticité.
• Celui qui a cessé de se vivre comme étant séparé, « l’ex-séparé », baigne dans l’amour, propage l’amour, et il n’est rien ni personne qui, même à son insu, ne soit pas touché par « cet amour ». Il est en paix et dans la joie, et n’appelle aucune opposition frontale. Son épanouissement est contagieux.
Puisque nous vivons peu de ce qui vient d’être mentionné, proportion gardée, utilisons toute occasion pour reconnaître et accueillir notre résistance. Voyons en premier lieu, en nous en amusant, combien ça pense en nous, combien nous pensons, si vous préférez. Pour faire l’expérience d’en être amusé, il faut qu’il y en ait conscience. Seule la résistance incite à penser, fait affluer les pensées. Saviez-vous que résister, c’est penser et que souvent même, penser, c’est résister ? « Rendons grâce à notre résistance : grâce à elle, nous avons de quoi réagir autant que nous tenons à le faire ! » Eh oui, plus nous allons pouvoir nous amuser de nos vieux schémas, de notre conditionnement, plus nous allons aussi nous en libérer !
Regardez-y de près, même dans l’instant, ne se nicherait-il pas en vous un sentiment de gravité ? Vérifiez-le en souriant ! Je donne peu de conseils, en règle générale, et celui-là pourrait sembler osé, mais je l’assume, je persiste et je signe. Je ne vous suggère rien que je ne pratique pas moi-même. Je m’invite aussi au non-sérieux, ce qui ne veut pas dire que j’y parviens toujours, ce qui finit encore par m’amuser de plus belle. Je ne peux pas me léser en me moquant de moi-même avec tendresse. En réalité, ce sont mes attitudes conditionnées qui m’amusent.
La « moquerie » mentionnée ici n’a rien à voir avec la tendance autodestructrice d’une personne qui aurait pour habitude de faire fi d’elle-même, de ses vrais besoins, de ses ressentis douloureux, qui se jugerait grossièrement… Et en général, cette personne-là n’est certainement pas étrangère au sérieux et à la gravité, notamment quand elle considère les autres. Celui qui peut rire de ses positionnements dysfonctionnels n’envisage pas autrement ceux de quiconque. Une disposition à la fois ferme et enjouée occasionne des basculements toujours appréciés. C’est en ne prenant pas gravement ce que vivent les autres que nous pouvons les aider quand nous y sommes amenés, de façon assurément plus efficace.
Après avoir longtemps remis au lendemain ce qui était à faire, tergiversé pendant des semaines ou des mois, certains se retroussent soudainement les manches et passent à l’action, peut-être un peu comme s’ils se disaient : « Bon, ça suffit maintenant, allons-y ! » Un basculement a donc lieu. Eh bien, nous pouvons faire de même avec la façon dont nous avons toujours vécu les circonstances éprouvantes que nous avons continué de nous attirer nous-mêmes : « Bon, ça suffit maintenant ! Rien n’est grave. Je ne suis pas à chaque instant en train d’apprendre la fin du monde ! Et d’ailleurs, cela serait-il si grave, grave à la manière dont je pourrais l’imaginer ?… »
Je conçois que le renoncement à la gravité puisse se présenter comme un défi un temps inenvisageable pour qui s’emploie à montrer au monde combien ce qu’il endure est terrible, autrement dit grave, très important, prioritaire. Comprenons-le, il a été traité cruellement, se traite lui-même cruellement et il n’a pas encore pu se libérer du douloureux qui en est résulté, qui croupit en lui. Et il y a aussi celui qui tient à considérer que sa propre histoire est vraiment spéciale, donc plus grave et plus remarquable que toute autre. « Oui, mais pour moi, c’est différent », nous dira-t-il.
L’attente d’être pris au sérieux révèle le déni ou même le mépris de soi-même. La défense du besoin d’être pris au sérieux est la validation du même déni ou du même mépris. Tout le monde attend de l’extérieur ce qu’il ne s’accorde pas, tout le monde attend ce qui renvoie à ce qu’il se refuse. Et si vous ne vous sentez pas pris au sérieux, en l’éprouvant amèrement, sans doute est-ce que vous revivez de l’incompréhension ou un manque d’écoute. Et si nous devions encore revendiquer le sérieux ou la gravité, ne soyons plus étonnés d’éprouver parfois de la lourdeur. Elle en est aussi un effet.
Et ne vous méprenez pas : la possibilité de ne pas prendre gravement les choses, sachant du reste qu’il n’est rien qui doive être PRIS, n’implique pas de les nier, de les ignorer, de les négliger, de faire comme si elles n’existaient pas. La vraie reconnaissance de quoi que ce soit se fait sans gravité. Par exemple, une aide perd beaucoup en efficacité si elle est empreinte de gravité ou de solennité (qu’il s’agisse d’aider autrui ou de s’aider soi-même). Et soyez sans crainte, on ne renonce pas à la gravité pour devenir insensible, indifférent, je-m’en-foutiste… Et quand je dis que rien n’est grave, je dis surtout ou d’abord que rien ne doit être pris gravement. Comment notre mal-être ne pourrait-il pas d’abord dépendre de la façon dont nous prenons les choses ?
Comprenez-le bien, il ne s’agit pas de nier la « gravité » ou l’aspect grave d’une maladie, par exemple, dans le sens où cette réalité demande une attention particulière, parfois une intervention urgente. Ne s’agirait-il d’ailleurs pas plus d’importance que de gravité ? Et reste à savoir ce qu’est l’état d’esprit de la personne concernée, d’autant plus quand cette personne est soi-même ! Cela dit, s’agissant des manifestations graves ou importantes de notre corps, écoutons ce qu’a dit La Rochefoucauld : « La gravité est un mystère du corps inventé pour cacher les défauts de l’esprit ».
Comprenons donc ici (ou rappelons-le-nous) que tout malaise ou toute forme de contrariété, y compris quand c’est le corps qui « s’exprime », qui a mal, témoigne d’un « blocage psychique », d’une charge émotionnelle et du besoin d’un éveil, d’une reconnaissance, d’une conscientisation, d’un plein accueil, d’un déploiement libérateur. Autrement dit, qu’ils soient physiques, matériels ou relationnels, nos vécus éprouvants réclament un basculement. Or, celui-ci n’aurait pas lieu si on l’envisageait de façon grave, tendue, rigide. D’ailleurs, pour nous en amuser un peu, notons également ce qu’a dit Montesquieu : « La gravité est le bouclier des sots ».
Plus « sérieusement », si je puis dire, considérons l’adage persan qui dit « cela aussi passera », applicable à toute expérience. Bien des temps difficiles que nous avons connus n’ont-ils pas passé, sans même laisser un souvenir amer ? Si le rappel que « cela aussi passera » ne produit jamais sur nous le moindre effet bénéfique, suspectons une fois de plus notre attachement à la souffrance ! Et… ça n’est pas grave, cela aussi passera ! Sans négliger les actions inspirées éventuelles qui sont bien sûr à suivre, rappelons-nous encore ce « cela aussi passera » quand nous nous sentons désemparés face à la souffrance autour de nous, dans le monde, et à la folie dominante. Si nous négligeons les choses ou manifestons de l’indifférence, le « cela aussi passera » n’est évidemment pas pour nous !
Ainsi, il est des basculements heureux, éventuellement proposés, qui ne retiendront pas l’attention, voire dont l’évocation pourra faire frémir, parce qu’ils requièrent l’abandon de la réaction, de certaines croyances ou du penser inutile, surtout du jugement, ainsi donc que de l’attachement à la souffrance. Et le seul abandon de la gravité reste pour beaucoup inenvisageable. Alors, tentons d’envisager des basculements dont la seule idée pourrait davantage animer toute personne concernée. Bien sûr, nous savons que l’animation temporaire ne garantit pas l’adhésion pratique à une proposition enthousiasmante.
• L’abandonné doit basculer de l’entretien de sa croyance (autoaccusatrice inconsciente) « je suis inutile, je suis inintéressant » à la conscience de combien il est apprécié par ceux qui le côtoient.
• Le dévalorisé doit basculer de l’entretien de sa croyance (autoaccusatrice) inconsciente « je suis nul, je ne vaux rien » à la conscience qu’il suscite souvent beaucoup d’admiration.
• Le maltraité doit basculer de l’entretien de sa croyance (autoaccusatrice) inconsciente « je suis mauvais, épouvantable » à la conscience de ceux qui lui sourient, si nombreux.
• Le rejeté doit basculer de l’entretien de sa croyance (autoaccusatrice) inconsciente « je suis méchant » à la pleine appréciation de tous ceux qui l’aiment et en témoignent, limités seulement par lui-même.
• Le trahi doit basculer de l’entretien de sa croyance (autoaccusatrice) inconsciente « je dérange, je suis un problème » à la pleine conscience qu’il est surtout bienvenu et même joyeusement sollicité.
À l’évidence, sans l’ingrédient « gravité », il ne serait pas possible de souffrir. Il y aurait encore de la douleur à gérer, bien entendu, mais celle-ci ne serait donc plus entretenue. Pour nous faciliter les choses, c’est au moins dans les moments où la réactivation émotionnelle n’a pas atteint son paroxysme que nous pourrons utilement nous rappeler la possibilité de ne pas sombrer dans la dramatisation. La dramatisation est la tendance à donner à une chose de la gravité et même de l’importance qu’elle n’a pas. Nous l’avons déjà suggéré, l’ego ne peut pas nous suivre ici. Sa fonction n’est pas de voir, mais de penser, de penser et de réagir.
Nous allons énumérer d’autres basculements peut-être plus attractifs, aussi attractifs qu’indispensables. Ils ne sont indispensables que dans la mesure où nous serions disposés à envisager mieux pour nous-mêmes. L’évocation d’une telle disposition ne devrait pas a priori faire l’objet d’une grosse résistance. Toutefois, cette disposition est nôtre ou elle ne l’est pas. Nous avons tout intérêt à reconnaître au besoin le degré de notre résistance au meilleur, quelles que soient les explications que nous pourrions apporter. Nous ne devrions pas avoir trop de mal pour découvrir quand, combien ou comment nous n’œuvrons pas en notre faveur, ce dont nous devons aussi tenir absolument grand compte. Manifester quelque chose de nouveau, c’est « basculer ». Et voici les basculements envisageables annoncés :
• Exprimer enfin, purement et simplement, une demande retenue depuis bien trop longtemps ;
• Découvrir des propositions que l’on pourrait faire ou reconnaître celles que l’on ne fait pas, bien sûr pour les faire désormais ;
• Contacter enfin ces personnes auxquelles on pense volontiers en se sentant bien, sans rien en faire, en repoussant toujours le contact ;
• Se rendre compte que l’on a beaucoup à donner, dans divers domaines, repérer et utiliser les occasions de le faire ;
• Voir qu’il y a des gens dans son entourage avec qui beaucoup pourrait être partagé, bien sûr pour agir alors dans ce sens ;
• S’inscrire enfin à ce « programme » dont l’idée nous sourit et auquel on ne cesse pas de penser ;
• Découvrir ce qui pourrait vraiment nous amuser, peut-être en faisant un petit effort, et commencer à nous le permettre ;
• Lâcher beaucoup de « mais » et d’abord celui-ci : « J’aimerais …, mais … ». Beaucoup des « mais » sont absurdes !
• Juste découvrir que nous ne nous sommes jamais arrêtés sur ce qui pourrait nous faire plaisir et nous laisser toucher par cela ;
• Au-delà du vouloir compensateur et revendiqué, juste se dire qu’il y a en nous une vraie aspiration que nous n’avons pas encore reconnue ;
• Décider de se dire de plus en plus : « Non, je ne peux pas être sûr à 100 % que ce que je pense est vrai ». (Tester cela ne devrait être difficile pour personne).
• Prendre en considération la réalité éprouvante de notre « état d’inconscience » (sujet des deux prochaines chroniques).
• Cesser de « refuser le bonheur » (sujet des chroniques de juin à août 2024)…
Rappelons-nous que ce que l’on pense n’est pas le problème, que cela soit vrai ou faux, un ressenti profond étant toujours à reconnaître. Le seul fait d’initier l’une ou l’autre des options qui viennent d’être énumérées ou celle qu’elles ont pu vous inspirer n’aura pas pour seul effet le contentement associé, mais il provoquera en vous une nouvelle dynamique et des effets où vous ne les attendriez pas. De plus en plus, vous allez vous trouver en situation de répondre à vos « vrais besoins », sinon à vos aspirations profondes, celles de votre cœur. Et s’agissant de « besoins », nous allons maintenant nous arrêter sur ce dont… nous n’avons pas besoin ou, si vous préférez, sur ce dont nous n’avons plus besoin.
C’est encore mon expérience actuelle (voir sans les yeux) qui m’a soufflé cette autre idée. À plusieurs reprises, j’ai senti « je n’ai pas besoin d’être aveugle » ou aussi « je n’ai plus besoin d’être aveugle ». Manifestement, nous avons eu besoin de tout ce que nous avons vécu, puisque nous l’avons vécu, mais cela ne nous empêche pas de dire, sans regret ni remords, que nous aurions très bien pu ne pas avoir besoin de souffrir. Nous pouvons le dire de la même façon qu’il nous importe de dire ou de sentir désormais : « je n’ai pas besoin de … (souffrir) ». Bien sûr, la chose dont nous n’avons pas besoin est un effet inévitable, notamment d’un vieux schéma non libéré, mais le déplorer ou y résister, c’est contribuer pratiquement à son maintien.
• Je n’ai pas besoin de penser ce que je pense, de me dire ce que je me dis. Non, je n’en ai pas besoin. C’est plus fort que moi, d’accord, mais je n’en ai pas besoin.
• Je n’ai surtout pas besoin de croire à ce que je me dis. Non, je n’en ai pas besoin. Je pense et je me dis ce que je me dis, je ne peux m’en empêcher, mais je n’ai pas besoin d’y croire en conscience.
• Je n’ai pas besoin d’accuser qui que ce soit. Non, je n’en ai pas besoin. Ça me soulage, c’est vrai, mais ça ne sert à rien de bon. Je n’en ai pas besoin.
• Je n’ai pas besoin de vivre ce que je vis comme si c’était la réalité. C’est bien ce que je fais, mais je n’en ai pas besoin.
• Mais bien sûr que je fais plein de choses dont je n’ai pas besoin, alors même que cela me coûte. Qu’est-ce que je fais que je n’ai vraiment pas besoin de faire ?
• Je n’ai pas besoin de m’inquiéter. Est-ce que m’inquiéter m’est utile ? Non, vraiment, je n’en ai pas besoin !
• Je n’ai franchement pas besoin d’imaginer le pire, d’anticiper des scénarios alarmistes. Je n’en ai pas besoin, ce qui est d’ailleurs un euphémisme.
• Je n’ai besoin ni de ceci ni de cela, d’autant moins qu’en vérité, je n’ai besoin de rien, et certainement pas de me traiter durement.
• Je n’ai pas besoin de ce que je crois avoir besoin, parce que quand je l’ai ou le vis, ça ne change rien durablement.
• Je n’ai pas besoin de ce que je me dis vouloir, parce que le « vouloir » est seulement envisagé pour fuir ou démentir un vieux schéma personnel.
Terminons notre exploration du « basculement libérateur » en nous rappelant au moins et simplement que « basculer » pourrait devenir une auto-invitation en cas de toute perturbation psychique. Ou bien nous allons encore prolonger inutilement chaque nouveau malaise émotionnel, ou bien nous allons tenter de nous permettre un basculement « immédiat ». Si nous considérons dans l’instant cette seule double possibilité, si nous nous y arrêtons vraiment, nous pourrons en reconnaître un premier effet heureux.
Personnellement, je n’ai pas besoin de savoir combien ou comment j’y parviendrai pour en apprécier l’idée. Elle me sourit. Non, en conscience, nous n’avons pas à choisir de rester dans un état éprouvant et nous pouvons au moins sentir notre préférence. Et admettons, par exemple, que nous puissions tout à coup rendre grâce de « voir » mieux, de savoir qu’il y a toujours une autre voie, eh bien, un basculement a ainsi eu lieu. Alors, de quoi avons-nous besoin ?
• J’ai besoin de basculer du croire à l’expérience, de l’ombre à la lumière, du penser à l’observation, de la réaction à la paix, du jugement à l’amour.
• J’ai besoin de me rappeler le contentement, je l’ai déjà connu, et de le laisser pénétrer toutes les cellules de mon corps.
• J’ai besoin de lumière, de sagesse, de vérité, de me défaire du conditionnement qui les voile, qui me fait les ignorer ou ne pas les préférer.
• J’ai besoin d’être ce que je suis, de dévoiler ce que je suis, de ne plus faire obstacle à ce que je suis, de ne plus réprimer les élans de mon cœur.
• J’ai besoin de manifester l’empathie et l’appréciation, lesquelles font briller ou dévoilent la lumière que je suis.
• J’ai besoin de rendre grâce à la Lumière, à l’Amour, à la V érité, à l’Intelligence infinie, en définitive au Divin, à la seule réalité immuable.
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