Les positionnements psychiques (4/6)
Soyons-en de plus en plus conscients, nous sommes tous conditionnés, donc tous faussement identifiés, et nous avons tous à composer avec des positionnements psychiques qui nous emprisonnent. De surcroît, nous pouvons tenir à certains de ces positionnements, aussi pernicieux soient-ils, et
il en est des pires que nous ne soupçonnons même pas, tant nous y sommes identifiés. Nous avons besoin de reconnaître le monde mental dans lequel nous évoluons. La connaissance de nombreux positionnements psychiques possibles peut nous aider, pour peu que nous soyons intéressés, à vérifier lesquels pourraient être les nôtres à un certain degré, nous aider à les identifier. Alors, de mois en mois, de chronique en chronique, poursuivons l’exploration !
Étant donné que nous ne sommes pas nous-mêmes (sinon trop rarement), nous jouons des rôles, revêtons des costumes, nous manifestons à partir de positionnements adoptés inconsidérément. Nous pouvons faire mieux que juste nous savoir faussement identifiés, nous pouvons le vérifier notamment à travers nos divers positionnements. N’est-il pas évident que nos vieux positionnements, avec les intentions prises de façon compensatoire et « définitive », conditionnent notre penser, nos réactions, tous nos faits et gestes ? Si vous pensez ne pas être concerné par des positionnements psychiques, peut-être êtes-vous d’abord la proie du positionnement « être spécial », « être à part”. Amusons-nous !
Tout positionnement psychique réellement reconnu peut déjà être en partie relâché, parce qu’il est aussi de nature relativement physique ou comportementale. Il est toujours plus facile de relâcher un comportement, donc aussi un positionnement, qu’une croyance ou qu’une douleur émotionnelle, la condition étant cependant de le reconnaître vraiment. Laissez de côté la façon de se défaire d’un vieux schéma, veillez seulement à le reconnaître comme jamais, sans y mêler alors le moindre commentaire ! Simplement, observez-le !
Pour beaucoup l’indisponibilité est l’un des nombreux effets de leurs positionnement, quand il s’agit de les aider, même s’ils semblent accepter l’aide proposée, voire s’ils la demandent. On ne peut pas recevoir grand-chose de la personne que l’on sollicite si, par exemple, on reste positionné comme si l’on en savait plus qu’elle, l’intention pouvant alors être d’apporter la preuve que son aide ne sert à rien. Le positionnement « ne pas se faire avoir » peut être si envahissant qu’il vient brouiller ou compliquer « toutes » les relations, qu’elles soient intimes, sociales ou professionnelles. Nous n’aurions pas à vivre des choses si terribles, éventuellement, si nous ne maintenions pas des positionnements concordants.
Si notre positionnement nous laisse choisir et maintenir des relations « néfastes » pour nous-mêmes, ne nous étonnons pas, par exemple et le cas échéant, d’avoir longtemps choisi des thérapeutes ou autres gens de service qui ne nous ont pas vraiment aidés. Plusieurs personnes m’ont dit qu’elles avaient été abusées par leur psy, mais elles l’avaient été bien avant par beaucoup d’autres. Précisons au besoin que la considération ajustée des circonstances n’en excuse aucune.
Si nous considérons de près ce que nous pouvons déplorer chez les gens de notre entourage, avec bonne volonté, nous finirons par voir que cela fait opposition à nos « intentions positionnelles », donc malencontreuses. Moins nous restons la proie de nos intentions obsolètes et positionnements divers, moins nous sommes portés à déplorer les circonstances. Nos « intentions positionnelles » ont notamment pour effet de projeter sur les autres ce qui ne s’y trouve pas, ce qui ne les concerne pas…
Si « se retenir » est l’un de vos positionnements psychiques, par exemple, vous allez projeter sur les autres de quoi le maintenir et même le renforcer. En effet, si c’est par exemple l’hostilité que vous projetez, n’allez-vous pas vous retenir d’autant plus ? Si « rendre service » est l’un de vos positionnements (autre exemple), vous allez imaginer des besoins tout autour de vous. Dans sa forme paroxysmique, l’imaginaire ou la projection devient attraction : nous nous attirons de quoi confirmer nos peurs, nos croyances et la pertinence ou la validité de nos positionnements psychiques. Restez certain que vous allez vous faire avoir, par exemple, et « mille fois »
Ayez « l’intention positionnelle » de n’être jamais dérangé par personne et vous serez dérangé par tout le monde ! Ce qui est redouté ne peut être évité. Ayez « l’intention positionnelle » (compensatrice) de n’entretenir que des relations sincères et chaleureuses et vous serez sans cesse déçu ou dans le doute de mille manières. Ce qui est craint advient. Comprenons que nos positionnements psychiques sont dictés par la peur et que cette peur doit être reconnue, accueillie et donc libérée.
La considération bienveillante de nos positionnements nous fait doucement relâcher ce qui est contraire à nos élans du cœur, à nos élans véritables. Nous pouvons bien sûr être disposés à vivre le meilleur, mais notons qu’il ne s’agit pas alors d’un positionnement psychique. VOULOIR quoi que ce soit et être disposé à le vivre sont deux choses très différentes. Vérifiez si vous faites cette différence. Si vous vous y arrêtez un petit moment, vous devriez la percevoir !
Du fait bien sûr de notre conditionnement, en appui sur nos positionnements chroniques et la peur impliquée, en effet, nous nous attirons tout ce que nous finissons par déplorer. On pourrait minimiser le réel impact sur nous de nos blessures infantiles alors que, à un certain degré, on maintient le positionnement « être abandonné, dévalorisé, maltraité, rejeté et/ou trahi » ; l’intention principale étant le démenti ou la dénonciation.
Envier ou espérer quoi que ce soit, par exemple, est une chose, savoir la vivre ou la recevoir en est une autre. D’une part, nous savons peu recevoir ce que nous « savons » mieux vouloir et, d’autre part, nous ne nous occupons pas de ce qui en nous maintient le vouloir compensateur et toujours dommageable. Si vous êtes positionné en tant qu’anticipateur défaitiste (intention « se préparer aux coups »), vous détenez le moyen de vous empoisonner l’existence à tout moment et vous ne vous en privez pas ! Si vous déplorez un manque d’attention envers vous de la part de ceux à qui vous témoignez sans cesse générosité et disponibilité, découvrez donc votre vieux positionnement « n’avoir jamais besoin de rien », avec l’intention plus précise « ne pas poser le moindre problème ».
Dans certains cas, il se peut que vous ayez à reconnaître que vous traitez vous-même certaines personnes à la façon que vous déplorez le plus d’être traité par d’autres. S’il devait s’avérer que vous ne traitez jamais personne comme vous déplorez d’être traité, ce qui est donc envisageable, vous déplorez alors d’être traité comme vous vous traitez vous-même. Ce sera toujours l’un ou l’autre (souvent les deux). Infliger à autrui la façon dont on s’est senti traité ou se l’infliger à soi-même est un positionnement communément partagé et malencontreusement banal.
Nous continuons de vouloir et de réagir, comme nous voulons et réagissons, parce que demeurent en nous de l’oubli, de l’illusion, du non-exprimé, de l’ignoré, du déni…
- Tout comme il s’est senti oublié, l’abandonné a fini par oublier ses priorités et quand de nouvelles se font jour, il les oublie très vite.
« Oublier » est l’un des positionnements psychiques de l’abandonné, lequel explique en partie son mal de vivre « permanent ». - Parce que l’accent a été pour lui mis sur les apparences, le dévalorisé s’y est attaché et il continue d’entretenir des illusions.
« être touché ou affecté par l’imaginaire », ce qu’il juge, envie, anticipe…, est l’un des positionnements psychiques du dévalorisé, lequel explique en partie sa frustration notoire. - Aussi plaintif que soit le maltraité, il n’exprime jamais ses vrais ressentis, heureux ou malheureux, parce que pour l’avoir fait, il a payé cher.
« Taire sa vérité éprouvée » est l’un des positionnements psychiques du maltraité, lequel explique en partie sa souffrance envahissante. - Tout comme il s’est senti ignoré, le rejeté ignore ses vrais besoins, en ne pouvant que consacrer tout son temps à la vaine satisfaction de ses fantaisies compensatrices.
« Ignorer ce que dit le cœur » est l’un des positionnements psychiques du rejeté, lequel le force à s’inventer une réalité qui ne peut que le léser effroyablement. - Tout comme il s’est senti particulièrement renié, le trahi nie la façon dont il est et surtout a été traité, ainsi que le douloureux résultant.
« Nier la réalité » est l’un des positionnements psychiques du trahi, lequel explique en partie la privation qui le ronge.
Un positionnement psychique n’est pas l’apanage exclusif d’un blessé, mais à l’évidence, chacun manifeste plus spécifiquement les positionnements qui lui correspondent. Un positionnement peut avoir une portée générale, être communément partagé, mais il peut aussi témoigner d’une blessure en nous-mêmes que nous n’avions pas encore reconnue.
- « Être seul au monde » est spécifiquement le positionnement psychique de l’abandonné, mais il est aussi nôtre à un certain degré, quelle que soit notre blessure, parce que nous composons tous avec l’impression de séparation.
- « Tenter de se corriger ou de s’améliorer » est spécifiquement le positionnement psychique du dévalorisé, mais nous pouvons dire que nous avons tous un certain degré de dévalorisation (aucune blessure n’est valorisante).
- « Se plaindre » est spécifiquement le positionnement psychique du maltraité, mais on peut dire simplement que toute forme de réaction est en elle-même une plainte.
- Se rebeller contre Le monde est spécifiquement le positionnement psychique du rejeté, mais nous pourrions souvent le suivre dans ses emportements, parce que notre non-acceptation n’a rien à envier à la sienne.
- « S’excuser d’exister » est spécifiquement le positionnement psychique du trahi, mais il est aussi nôtre à un certain degré, quelle que soit notre blessure, parce que nous sommes tous concernés par la culpabilité.
Plus nous faisons fi des petites contrariétés de l’existence ou ne faisons qu’y réagir, plus elles deviennent grosses, nombreuses, successives. Tout ce qui nous arrive nous appartient, appartient à notre conditionnement, mais nous ne nous l’attirons certainement pas pour en occulter l’effet produit sur nous, le désagrément intérieur occasionné. Reconnaître un désagrément, en fait une vraie douleur, c’est cesser de le penser, voire de le panser ; c’est l’observer purement et simplement, ce qui peut souvent occasionner des larmes libératrices ; c’est donc cesser de l’occulter ou d’y réagir. Nos larmes qui accompagnent nos réactions, y compris subtiles ou discrètes, ne peuvent pas être libératrices.
Nous ne pouvons pas continuer d’occulter le douloureux en nous et ne pas plonger dans la réaction, ni continuer de faire fi de nos ressentis de manque et ne pas être pris par le vouloir, par l’attente. Quand vous vous surprenez dans l’attente, dans le vouloir, prenez un temps pour accueillir vos ressentis profonds qui parlent de manque : sevrage brutal, frustration réitérée, carence à tous niveaux, attention refusée, privation permanente. Quand vous notez après coup que vous avez été dans la réaction, prenez bienveillamment un temps pour explorer vos ressentis douloureux de toute nature.
Trois positionnements ataviques et généralement insoupçonnés, collectivement partagés, sont (1) l’impression d’être séparé de notre nature profonde, de notre source, (2) le sentiment irrationnel de culpabilité et (3) l’impression de subir l’existence. Le positionnement « être séparé » répond à l’intention de se fabriquer un monde, « être coupable » à celle d’être puni ou de se racheter et « subir l’existence » à celle d’accuser l’extérieur.
Tout positionnement psychique implique le passé, un enfermement mental, une intention obstinée, une décision oubliée, un aspect comportemental, un état émotionnel, une perception erronée de la réalité… Une tension mentale ou une certaine énergie lourde est également associée à un positionnement psychique, mais il est plus facile de la ressentir que de la définir. Par exemple, quand nous appréhendons une échéance, toute circonstance, avec une intention très ferme et relativement hostile, nous pourrions le constater, nous ne nous sentons pas bien.
Tant que nous ne reconnaîtrons pas le désagrément réel éprouvé lors du moindre vécu qui nous fait réagir, nous aurons à le revivre encore et encore. Ne restons pas dans l’erreur : réagir à un vécu n’est en rien reconnaître le désagrément réel, la réaction étant même destinée à le négliger, le permettre ou en imputer la cause à un tiers, le dénoncer, s’en indigner ou le nier. Si, par exemple, vous niez ou ignorez la façon dont vous êtes traité, ainsi donc que le douloureux qui en résulte, vous vous attirez des ennuis de santé ou des contrariétés matérielles (parfois même en cascades).
Un positionnement psychique peut aboutir à une somatisation ou toute somatisation est l’effet d’un positionnement psychique. Quand vous êtes malade, ne vous contentez pas du remède extérieur, mais tentez aussi ou surtout d’identifier le ou les positionnements psychiques qui sont en cause. Un positionnement psychique est aussi perceptible dans notre corps, en termes de sensations, lesquelles peuvent notamment être localisées dans les jambes, les bras, le dos, la tête, la gorge, l’estomac…
Lorsque vous tentez de reconnaître l’énergie dans laquelle vous vous trouvez, votre ambiance intérieure, si cela vous arrive, vous êtes en train en quelque sorte de cerner votre positionnement du moment, de le rencontrer. Un positionnement psychique est un repoussoir de la lumière, de la vision. Il s’impose en éteignoir. Il est à la lumière ce que le brouhaha est au silence. Nos positionnements psychiques sont plus encombrants que nos bagages et vêtements d’hiver tandis que nous arrivons dans une pièce chauffée.
Quand on nous invite à nous mettre à l’aise, histoire de nous désencombrer, nous pourrions parfois nous défaire aussi du positionnement que nous avons endossé. Et, sans le dire, c’est aussi un peu à quoi l’on nous invite ! Quand on nous dit « mais arrête un peu » ou « lâche donc cette idée », par exemple, est pointé sans le dire notre positionnement psychique, notre décision folle, notre intention délirante… Nos intentions positionnelles sont toujours délirantes, mais parfois, nous pouvons dépasser les bornes, ce qui en soi peut permettre un « éveil » !
À deux reprises, j’ai été sollicité par deux personnes différentes qui se disaient être sur le point de commettre un meurtre, avec des raisons complètement extravagantes, sans qu’elles puissent le reconnaître sur le moment. Le meurtre ou le suicide que l’on annonce haut et fort est rarement très inquiétant, mais les raisons données sont toujours très édifiantes, en fait complètement incohérentes, aberrantes… La libération demande, non pas de nous arrêter sur les effets extrêmes des positionnements des uns et des autres, pas davantage des nôtres, mais sur leur existence même. Le positionnement psychique est l’adoption de longue date d’une position déterminée, fixe, la cristallisation psycho-énergétique de son conditionnement, d’un aspect de celui-ci.
Nous ne saurions pas (toujours) nommer les positionnements psychiques de ceux qui nous entourent (ni eux les nôtres), mais nous les éprouvons quoi qu’il en soit. Nous pouvons ressentir un certain malaise quand nous avons face à nous quelqu’un dont le positionnement est par exemple « profiter de tout ce qui se présente », « prendre toute la place » ou « ne s’occuper que de soi ». Quels sont nos positionnements susceptibles le plus de produire un certain malaise chez autrui ? Considérons cela tranquillement ! « Produire un malaise chez autrui » peut être un positionnement tout à fait intentionnel, l’intention étant par exemple de se venger, mais bien d’autres positionnements (sinon tous) affectent ou peuvent affecter notre entourage.
- « Ô, Source divine, éclaire-moi quand je reste coincé dans un positionnement susceptible d’engendrer le moindre malaise chez autrui ! »
Nous intéresser à nos propres positionnements psychiques, c’est prendre soin de nous-mêmes, il est vrai, ce que nous sommes peu habitués à faire. Et nous y intéresser veut dire nous y intéresser, rien de plus ! Peu importe que vous ayez du mal à définir clairement certains de vos positionnements ! Il vous suffit bien de noter qu’ils n’évoquent pas la paix, la joie, l’amour. Dans un premier temps, peu importe que vous n’identifiiez pas clairement un positionnement psychique, en soupçonner le phénomène est une percée remarquable ! Pour vous aider à repérer vos positionnements, à tout moment, vous pouvez vous dire : « Tiens, en quel mode est-ce que je suis dans l’instant ? » Par exemple, le mode « vouloir », « attente », « jugement », « accusation », « je-m’en-foutisme », « auto-isolement »…
Si vous vous permettez de partager vos prises de consciences avec une personne amie, vous pouvez vous aider mutuellement à identifier vos positionnements psychiques : hors jugement et réaction, on voit mieux pour l’autre que pour soi. Le mode « jugement » est conforme au positionnement « dénoncer » ou « condamner » ; Le mode « je-m’en-foutisme » est conforme au positionnement « ne se préoccuper que de soi » ; le mode « auto-isolement » est conforme au positionnement « se mettre à l’écart »…
Si vous pouviez dire souvent « j’aimerais bien, mais je n’ose pas », ayez la curiosité de repérer le positionnement qui pourrait être le vôtre en général : « rester à l’écart », « se retenir », « se soumettre », « se résigner », « ne rien demander », « ne pas déranger »… Une croyance a pu se muer en positionnement, mais le positionnement n’est pas la croyance. Il en est l’effet cristallisé, marmorisé. Une intention ou une décision n’est pas une croyance.
- La croyance « je suis inutile, inintéressant » donnera le positionnement « ne pas prendre soin de soi » ou « ne jamais demander d’aide ».
- La croyance « je suis nul, incapable, sans valeur » donnera le positionnement « ne pas essayer » ou « se laisser faire ».
- La croyance « le monde est injuste » ou « je suis le plus malheureux » donnera le positionnement « exiger » ou « attirer l’attention ».
- La croyance « je suis méchant ou idiot » donnera le positionnement « être le meilleur » ou « occuper toute la place ».
- La croyance « je suis un problème » donnera le positionnement « ne pas déranger » ou « ne rien demander ».
Nous sommes toujours faussement positionnés et il est possible, surtout fécond de reconnaître le positionnement du moment en toute situation de trouble, de perturbation, même quand ce moment n’est pas des plus critiques. J’ai été quelque peu « perturbé » par deux ou trois activités très plaisantes qui retenaient simultanément mon attention et j’ai mis au jour le positionnement en cause : « vite aller au bout ». Chaque activité était retardée par les deux autres. Mille exemples confirment mon positionnement « vite aller au bout » et il prend place à ma naissance où prêt à naître, je ne le peux pas, ma mère n’ayant personne pour la conduire à la maternité. Elle m’expliqua : « Ta tête était déjà dans le passage ! »
L’invariant (le message) du glaucome est « il faut vite en sortir, en avoir fini ». Avec mon positionnement conforme, voilà qui éclaire d’un jour nouveau mes épreuves qui ont tant tardé à présenter le mot « fin » (maltraitance scolaire, internat, divers autres problèmes). Le positionnement psychique « en sortir au plus vite » répond initialement à l’intention de « sauver sa peau » et ensuite d’éviter le douloureux ravivé. Ne vous souciez pas de la façon dont un positionnement vous quittera, sentez seulement l’importance ou la pertinence à en être libre. Telle est votre tâche !
Nos positionnements psychiques nous lâcheraient si nous ne nous attirions pas ce que nous redoutons et si nous accueillions nos douleurs croupissantes. Nous tenons fort à nos positionnements, à nos vieilles intentions, et nous pourrions considérer cela de près. Ils nous piègent ! Pour pouvoir laisser actif son positionnement psychique « en finir au plus vite » ou « s’en sortir enfin », par exemple, il faut absolument faire durer des épreuves, donc être confronté aux épreuves pérennes… La compulsion à finir au plus vite y compris une tâche enthousiasmante fait écho au sentiment d’être démuni face aux circonstances éprouvantes interminables.
La découverte de l’un de nos positionnements nous illumine et nous ne sommes pas tenus d’en découvrir « l’origine », laquelle sera toujours relative. Si vous êtes né prématurément ou même par césarienne, vous pourriez être conditionné par le positionnement (par exemple) « en finir, achever ». Selon conditionnement, « en finir » signifie pour certains « sortir, arriver ailleurs » et pour d’autres « achever, compléter ».
La considération de certains de nos positionnements psychiques peut nous éclairer de façon prodigieuse quant à nos conditions de vie et nos ambiances émotionnelles. Si vous déplorez, par exemple, le manque de joie dans votre vie, découvrez vos positionnements les plus incompatibles : « ne pas se permettre », « ne pas se laisser aller », ne rien demander », « ne s’attendre qu’au pire », etc.
Pour être dans l’instant la proie de l’un de nos positionnements psychiques, nous n’avons pas toujours besoin d’un conflit manifeste, mais tout positionnement cause au moins un conflit interne. On peut être ponctuellement pris par son positionnement « ne rien demander », alors étant momentanément bien embarrassé, sans être en conflit avec qui que ce soit. On n’a pas dit non, on a retenu une demande, par exemple, et l’on est alors en conflit qu’avec soi-même. Le positionnement psychique « accepter les choses », lequel veut dire alors renoncer, se soumettre ou se résigner, lequel peut aussi faire l’affaire de l’entourage, cause tôt ou tard un gros conflit intérieur. Vous arrangez bien ceux à qui vous ne demandez jamais rien, tout en leur donnant beaucoup, quand ils s’avèrent être plus particulièrement égoïstes.
Le positionnement « ne jamais être d’accord » est assez courant, mais il est de ceux que l’on ne reconnaîtra pas volontiers. Il peut aussi impliquer « ne jamais dire que l’on est d’accord ». Celui qui ne dit pas son accord ou qui n’est jamais d’accord est spécifiquement réfractaire aux vrais partages, aux relations complices (cela constituant son intention). Le positionnement « ne surtout pas être d’accord » ou « taire son accord » informe notamment d’une colère contenue.
Quand nous sommes par exemple avec l’envie ou le fantasme, nous nous projetons sans notre positionnement psychique prédominant, mais nous en éprouvons les effets quand l’envie ou le fantasme se réalise. Avec l’envie, vous tentez notamment de braver l’interdit, celui auquel vous croyez, et quand vous la satisfaites, vous êtes blasé très vite, effet fréquent du positionnement « agir en douce » ou « ne s’occuper que de soi ». Avec le fantasme, vous vous donnez le droit, tentant ainsi de démentir votre croyance contraire, et sur le point fortuit de le réaliser, vous êtes désemparé, effet possible du positionnement « ne rien exprimer », « ne rien montrer (d’autant moins ses sentiments) ».
L’envie, le fantasme, le vouloir en général dépend exclusivement de la projection. On ne veut que ce que l’on projette, la chose prétextée étant superbement revêtue de notre projection. Un proche pourrait vous confirmer la beauté ou la bonté d’une personne, mais son intérêt différent du vôtre sera dû à l’absence de projection ou à une projection différente. Pour être maintenu, tout positionnement psychique a besoin de la projection, qu’elle soit fâcheuse ou réjouissante, ainsi que de l’attraction quand la projection s’avère insuffisante. Pour maintenir notre positionnement « faire très attention », nous nous attirons moult déboires.
Pour être animé par le positionnement « profiter de tout » ou « s’accaparer tout », par exemple, il faut projeter sur chaque chose un intérêt particulier. Pour laisser libre cours à son positionnement « se méfier de tout le monde », il faut voir partout la malhonnêteté, donc la projeter et même se l’attirer. Nous ne pouvons pas cesser de projeter quoi que ce soit sans l’activation de nos positionnements psychiques. Ils ont absolument besoin de la projection. Sans celle-ci, ils ne peuvent pas subsister.
Nous pourrions avoir du mal à reconnaître notre projection, mais si c’est l’anticipation qui mobilise un positionnement psychique, nous nous trouvons dans la même illusion, de façon plus difficilement contestable. Toute projection comprend un aspect anticipatoire « on va être durement éprouvé » ou « on pourrait bien là vivre de quoi jouir », passer un bon moment. À partir de la découverte de nos positionnements psychiques, nous pouvons aisément reconnaître et décrédibiliser nos croyances, nos projections et nos anticipations.
Le positionnement « se débrouiller seul » peut éclairer la croyance « on ne peut compter sur personne », le positionnement « ne jamais déranger quiconque » éclairer la croyance « je suis dérangeant, je suis un problème »… Devenus psychiques, nos positionnements ont d’abord eu une raison d’être, étant adaptés aux vécus infantiles éprouvants. L’enfant qui se fait crier dessus ou pire quand il pleure comprendra assez vite qu’il est pour lui sage de « ne plus rien dire, plus rien demander, ne plus s’attendre au bon, etc. ».
L’une de nos croyances terrifiantes implique de vivre l’existence comme étant forcément la copie de nos premières années, de notre prime enfance. Et, psychiquement, nous faisons ce qu’il faut pour qu’il en soit ainsi en maintes circonstances. L’enfant maltraité n’a pas eu besoin d’abord de s’attendre au pire, il vivait pire chaque jour et qu’y aurait-il de surprenant qu’il en fasse ultérieurement une attente pénible ? Si notre positionnement est « s’attendre au pire », notre intention principale est de le déplorer, mais parfois (plus obscurément) de nous punir.
Le positionnement « s’attendre au pire » comprend d’abord le « ça va mal se passer, là maintenant » ou « ça va foirer comme d’habitude », l’intention minimale étant de manifester son mécontentement. Si « manifester son mécontentement » est l’une de nos intentions, résultant bien sûr d’un vécu très éprouvant, « s’attendre à ce que cela se passe mal » en est le moyen par excellence. Si l’on est concerné, la considération du positionnement « s’attendre au pire » ou s’attendre à ce que cela se passe mal » est très édifiante et absolument libératrice.
Lorsqu’une personne identifie clairement son positionnement et son intention, un « oui mais » peut encore surgir, parce que ce qu’elle n’a pas identifié alors, c’est à quel point elle y tient, qu’elle n’est pas disposée à lâcher le morceau. « Ne me montre pas que mon positionnement me lèse, je ne peux pas m’envisager sans lui, je ne sais pas fonctionner autrement ». « Fonctionner » est un autre positionnement : il s’agit, non pas de fonctionner, mais d’être. « Penser quelque chose, dire quelque chose, faire quelque chose », ce qui veut dire aussi « fonctionner », sont encore des positionnements psychiques dont nous n’avons nul besoin. Nous n’avons besoin d’aucun positionnement psychique.
Quand nous avons repéré l’un de nos positionnements chroniques ou récurrents, nous pouvons noter aussi les moments où il n’est pas actif et que ces moments-là sont bien plus fructueux. Des bébés aux vieillards, tout le monde ne manifeste pas seulement ses limites et positionnements psychiques, laissant aussi se manifester son heureuse nature, mais nous permettons-nous de la reconnaître, de l’apprécier, de l’encourager alors.
Tout le monde compose avec des limitations et des positionnements psychiques, mais n’oublions pas que notre projection nous fait toujours percevoir ce qui n’est pas. Nous pouvons multiplier les moments voués à aimer l’heureuse nature de tout un chacun, ce qui veut dire être dans l’amour et désamorcer nos vieux positionnements psychiques. C’est favoriser un changement d’état d’esprit au bénéfice de tout le monde. J’ai connu bien des gens qui pouvaient se montrer régulièrement froids ou même hostiles, tout en me surprenant « toujours » par une spontanéité sage, gentille, généreuse, très inspirée… L’amour et la vérité demeurent en chacun de nous et parfois, nous en témoignons de façon que nous ne soupçonnons pas.
Nous sentir coupable vis-à-vis de qui ne nous reproche strictement rien, ou dont le reproche fut dérisoire par rapport à notre culpabilité, est notamment un moyen de limiter le partage possible. Plus on joue avec ses positionnements, à seule fin de les reconnaître de mieux en mieux, plus on a de compassion pour ceux d’autrui, donc pour autrui. C’est une bénédiction que de pouvoir considérer nos positionnements psychiques et nous ne pouvons avoir que de la compassion pour ceux qui ne peuvent qu’être le jouet des leurs. Nous sommes tous pris dans des positionnements psychiques, forcément conditionnés, et le savoir nous fait sortir un peu du rêve ou… du cauchemar. (À suivre)
Commentaire
Les positionnements psychiques (4/6) — Aucun commentaire
HTML tags allowed in your comment: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>