Les positionnements psychiques (3/6)
La reconnaissance de nos dysfonctionnements est toujours heureuse, libératrice, à condition de les accepter véritablement (sans le moindre jugement).
Comme nous avons déjà pu le noter avec les deux chroniques précédentes, l’implication dans toute notre existence de nos positionnements psychiques est telle que je décide d’en prolonger l’exploration. Nous mettrions moins d’ardeur à défendre bon nombre d’entre eux si l’on savait à quel point ils nous limitent, nous emprisonnent, nous compliquent l’existence. Nous allons continuer d’en découvrir de nombreux que nous adoptons en diverses circonstances et il est à savoir que la plupart ne nous quittent quasiment jamais.
Entrons dans le vif du sujet avec un positionnement collectivement partagé : « être livré à soi-même ». Il repose sur l’idée que nous sommes coupés de tous les autres, ce qui renvoie bien sûr à l’impression ancestrale de séparation d’avec notre nature profonde, d’avec le Divin. Le positionnement psychique collectif « se vivre comme étant coupé d’autrui » implique par exemple l’intention de rester seul, de faire sans partage, de se protéger, de posséder le monde, de renoncer à l’essentiel, etc. En fait, ce même positionnement prend une forme spécifique dictée par notre blessure principale :
- Si « rester tout seul » est l’un de vos positionnements profondément enracinés, il conditionne tous vos échanges relationnels, y compris les plus prometteurs (abandon).
- Si « faire sans partage » est l’un de vos positionnements profondément enracinés, vous maintenez une frustration qui est bien pire que celle que vous déplorez (dévalorisation).
- Si « se protéger » reste l’un de vos positionnements profondément enracinés, vous contrariez malgré vous le flot de la vie, l’amour et l’abondance (maltraitance).
- Si « posséder le monde » est l’un de vos positionnements profondément enracinés, vous ignorez malgré vous tout ce que le monde et la vie vous offrent, sont prêts à vous offrir (rejet).
- Si « renoncer à l’essentiel » est l’un de vos positionnements profondément enracinés, vous continuez de vous maintenir dans une effroyable privation, insoupçonnée (trahison).
Les positionnements psychiques peuvent bien sûr être plus ou moins prononcés et, parfois, ils sont même extrêmes, paroxysmiques :
- Il n’est pas exclu que le positionnement rester tout seul incite certains à vivre en ermites.
- Il n’est pas exclu que le positionnement « faire sans partage » incitent certains à voler.
- Il n’est pas exclu que le positionnement « se protéger » transforme certains en bourreaux.
- Il n’est pas exclu que le positionnement « posséder le monde » incite certains au despotisme.
- Il n’est pas exclu que le positionnement « renoncer à l’essentiel » incite certains au suicide.
Si notre positionnement psychique prédominant reste « régler des comptes » ou « se méfier de tout le monde », par exemple, l’évocation de la paix n’aura sur nous aucun effet. Pour envisager du bon ou pour suivre un élan véritable, il faut avoir commencé à se défaire de nos intentions contradictoires et c’est toujours problématique. Pour prendre un troisième exemple, si nous avons pour intention ferme et définitive de nous contenter de peu de choses, nous suivrons difficilement un élan qui serait censé nous combler au-delà de toute attente.
Dès lors que « nous nous prenons pour ce que nous ne sommes pas », ce qui implique un autre positionnement ancestral, nous restons en effet positionnés de façon étrange, effroyable. Et nous le sommes, face aux autres qui se prennent pour ce qu’ils ne sont pas. Serait-ce sage d’en attendre paix, joie et amour ? Nous ne soupçonnons pas la souffrance que nous nous infligeons à rester positionnés faussement, comme si était réel ce qui ne l’est aucunement. La souffrance n’existe qu’à la faveur de l’ignorance et souffrir, c’est toujours rester positionné à partir d’un « savoir » mensonger.
Nous résisterons à reconnaître l’un ou l’autre de nos positionnements si nous n’assumons pas bienveillamment ses effets. Par exemple, nous ne pourrions pas rester mobilisés par le positionnement « régler des comptes » sans faire constamment des adversaires de nombre de nos interlocuteurs. Déploré d’une manière ou d’une autre le « non-recevoir » est le premier effet du positionnement « ne jamais rien demander ». Les positionnements et leurs effets sont à assumer et à dépasser !
Il n’est pas évident de changer d’état d’esprit, de relâcher un vieux positionnement psych’ique, lequel n’est même pas reconnu en général, et tant que nous ignorons qu’il s’agit là d’une nécessité libératrice, nous nous maintiendrons dans une stagnation psychique éprouvante. Pour « l’éveil », ce qui nous manque est, non pas une méthode, mais la reconnaissance que nous avons besoin d’un changement d’état d’esprit. Seule cette reconnaissance peut attirer le moyen. La pleine reconnaissance d’un besoin a lieu sans le vouloir, sans l’énergie du vouloir. Si nous déplorons la pérennité d’une épreuve, comprenons plutôt que ce qui perdure en réalité n’est rien d’autre qu’un même état d’esprit.
Bien que nous continuions longtemps de lui opposer la réaction, toute épreuve nous invite toujours, en définitive, à changer d’état d’esprit, à abandonner nos croyances et positionnements conditionnés, tout ce qui attire et perpétue la souffrance. Oui, toute épreuve nous invite à changer d’état d’esprit, à opérer un miracle intérieur, le vrai miracle. C’est en quelque sorte nous libérer d’un mensonge personnel. Nous sommes tous concernés par le positionnement « démentir », par le souci de défaire extérieurement un mensonge. La démarche est vaine, parce que le mensonge est intérieur.
Si vous vous croyez méchant ou mauvais, ce que vous faites extérieurement (relationnellement) pour le démentir n’a pas d’autre effet que de consolider votre croyance. En fait, être jugés comme nous ne nous jugeons pas nous-mêmes nous fait sourire ou hausser les épaules, et nous n’éprouvons pas alors le besoin de démentir quoi que ce soit. De même que tenir à se défendre est en réalité s’accuser, vouloir démentir une chose est la confirmer, la consolider.
De même que nous ne pouvions pas réellement reconnaître la façon dont nous étions traités, enfants, nous sommes inconscients de nos positionnements psychiques. Il est question de déni. On se traite comme on s’est senti inconcevablement traité. Le pire que nous avons enduré en tant qu’enfant était inconcevable et, « paradoxalement », il nous est aujourd’hui inconcevable de nous positionner autrement que nous le faisons. « Me cacher » ou « me mettre à l’écart » fut l’un de mes positionnements psychiques prédominants. En tant qu’enfant, c’est bien ainsi que je me suis senti traité, sans pouvoir le reconnaître avant longtemps.
On abandonne une intention plus difficilement qu’une croyance et c’est dire que l’on peut rester longtemps limité par des positionnements psychiques. L’intention incite à la projection et la projection renforce l’intention. Le positionnement psychique est alors inébranlable. Voyez l’énergie que dégage une personne en train de manifester son intention, quelle qu’elle soit, ainsi donc que la difficulté que représenterait l’idée de l’arrêter dans sa « course ». Qui est prêt à remettre en question ce qu’il pense, à y renoncer ?
SACHONS que nous sommes tous le jouet de positionnements spychiques, que ceux-ci sont effroyablement puissants, et prenons le recul suffisant et bienveillant pour les considérer, pour les voir tels qu’ils sont. C’est quand on ne sait pas, en toute humilité, que l’on peut explorer une piste, alors qu’à l’inverse, une intention ferme et définitive est celle de qui « sait », qui est relativement borné et dans l’illusion. Quand on a perçu que le mal de vivre repose notamment sur des positions psychiques, sur des intentions fermes et définitives, le doute n’est plus permis quant à leur aspect trompeur ou pernicieux.
Comme nous l’avons déjà vu, un positionnement psychique renferme une intention qui occupe toute la place, qui dicte notre façon d’interagir avec le monde. Il est surtout à savoir que tous nos positionnements psychiques voilent la paix, la joie, l’amour, même si certains semblent témoigner du contraire ou semblent anodins. . Dans la nouvelle liste ci-après, voyez si quelque chose vous parle :
- Quand nous sommes pris par le désir, nous pouvons être positionnés en « rêveur profond » ? C’est alors que l’on nous dit « dans la lune ». L’intention du « rêveur » est de ne pas sentir (chagrin, ennui, solitude…).
- Quand nous succombons à des envies successives, nous pouvons être positionnés en « distrait infantile », toujours frustré. L’intention du « distrait » est d’aller voir ailleurs.
- Quand nous exprimons une exigence après l’autre, nous pouvons être positionnés en « pauvre victime », proche de l’hystérie. L’intention de la « victime » est de s’attirer toute l’attention.
- Quand nous y allons de nos revendications, nous pouvons être positionnés en « combattant », prêt à toutes les incartades. L’intention du « combattant » est l’invasion.
- Quand nous sommes dans l’espoir ou le fantasme, nous pouvons être positionnés (très temporairement) en « optimiste béat » ou exalté. L’intention de « l’optimiste exalté » est de ne pas voir la réalité.
J’ai été fortement intéressé à voir, aidé en cela par la cécité, et l’une des choses qu’il m’a fallu regarder et voir, c’est combien j’étais dans le déni, combien je ne voulais pas voir (positionnement – d’où la cécité). Pour repérer mieux vos positionnements psychiques, vous pouvez vous disposer à vérifier la façon dont vous regardez, dont vous écoutez, dont vous vous exprimez… Même si c’est d’une façon plus ou moins subtile, nos positionnements psychiques impliquent des attitudes extériorisées, des manifestations comportementales perceptibles. Avec le positionnement « se cacher » ou le positionnement « vouloir à tout prix », par exemple, notre regard, notre discours, notre posture physique ne sont pas les mêmes.
On pourrait confier que l’on ne voit rien ou que l’on ne sent rien, mais il serait plus judicieux de reconnaître la façon dont nous regardons et la résistance à sentir. En général et pour faire simple, on ne voit pas, tout simplement parce que l’on ne regarde pas. Ce n’est pas non plus « je ne sens pas », mais je résiste à sentir. En pleine souffrance, ne pas sentir sa vraie douleur, donc « incapable » de la dire, c’est tout bonnement continuer de penser, donc de souffrir, de maintenir son positionnement « subir » ou « déplorer ».
Il est, non pas difficile, mais impossible de sentir à partir d’un positionnement psychique maintenu, quel que soit celui-ci. Si vous dites ne pas sentir, ne pas pouvoir sentir, vérifiez surtout ce que vous « faites » à la place. Au lieu de dire « je ne peux pas sentir », nous pourrions plus justement dire « je ne peux pas cesser de penser ». On pourrait dire que sentir sciemment, sentir en pleine conscience, est un positionnement ajusté ou encore être momentanément hors de tout positionnement psychique.
Le seul penser est en soi un positionnement psychique et son contenu en implique bien sûr d’innombrables autres. « Tu es bien pensif », nous faisons-nous dire parfois, une façon « élégante » de relever notre positionnement psychique (indéniablement perceptible). Nos positionnements « fuir », « éviter », « nous évader » et même « prendre sur soi », « se défendre », par exemple, sont perçus dans notre entourage par le plus grand nombre. Au passage, Cela ne vous permet-il pas de percevoir encore mieux la réalité des positionnements psychiques ?
Nous finissons assez tôt par reconnaître la façon dont nous sommes positionnés, réalité oblige, mais nous réalisons bien plus tardivement qu’il s’agit d’une décision que nous avons prise, d’un positionnement tout à fait intentionnel. Se traiter comme on se traite, sans conscience, est quoi qu’il en soit un positionnement psychique, donc une intention.
- L’abandonné se néglige, ne prend pas soin de lui, mais c’est précisément ce qu’il a enduré. Se négliger est son intention, sa décision oubliée.
- Le dévalorisé se critique lui-même, au minimum pour ne pas s’être senti valorisé. Se critiquer est son intention, sa décision oubliée.
- Le maltraité se mène la vie dure. Enfant, il n’a rien connu d’autre. Se mener la vie dure est son intention, sa décision oubliée.
- Le rejeté ignore ses besoins essentiels et, enfant, c’est lui qui était ignoré. S’ignorer est son intention, sa décision oubliée.
- Le trahi est dans le déni de son vécu et, enfant, il a éprouvé le reniement. Se renier est son intention, sa décision oubliée.
Quelle que soit notre blessure, nous avons tous eu à composer avec des « il faut » et/ou des « il ne faut pas », et nous leur devons nos intentions, nos positionnements psychiques. Avec la croyance qu’il ne faut jamais faire attendre qui que ce soit, soit dit en passant tandis que l’on passe sa vie à attendre, on devine divers positionnements consécutifs : se dépêcher ; prendre de l’avance ; renoncer à ses priorités…
Si vous listez vos « il faut, faudrait, il ne faut, ne faudrait pas, je dois, ne dois pas, etc. », auxquels vous croyez ou avez cru, vous pourrez découvrir nombre de vos intentions et positionnements psychiques. Si, malgré vos prises de conscience, vous déplorez de rester mal émotionnellement, intéressez-vous un peu au(x) positionnement(s) que vous pourriez maintenir, qui pourrait être concerné. L’un de nos positionnements psychiques possibles est « exister à sa manière », « pouvoir se valoriser, se mettre en avant », « parler du bien que l’on a fait », « avoir quelque chose à raconter » ou « témoigner à autrui d’un vécu heureux, d’une place accordée ».
Le positionnement psychique qui implique le monde « témoigner aux autres de son expérience » renvoie à la façon générale dont on s’est senti traité dans sa famille. Un non-vécu matériel ou relationnel peut être l’occasion de revivre manque, privation ou frustration, mais il est de la souffrance accrue s’il vient contrarier le positionnement psychique « surprendre ou éblouir le monde ».
Le positionnement du genre « impressionner son entourage » est censé démentir des croyances, mais ces croyances sont les siennes, non pas celles de son entourage. Le positionnement « montrer que l’on est aimé », par exemple, que l’on ait ou non de quoi l’animer, ne tient que tant que l’on continue à se croire non aimable. Il s’agit là d’une vieille croyance, assez communément partagée. Vous ne pouvez pas conscientiser votre positionnement psychique éventuel du genre « impressionner le monde » et ne pas vous disposer simultanément à vous en détacher.
« Vivre sans être aimé » est sans nul doute un positionnement incroyable, partagé plus ou moins par tout le monde, mais plus encore par l’abandonné type. « Ne plus rien attendre » est son intention. « Vivre sans être aimé » est l’un des positionnements les plus difficiles à conscientiser, vécus comme évidence indiscutable. Pour certains, c’est « vivre sans la santé, … sans partage, … sans insouciance, … sans abondance, … sans créativité, sans conscience », etc. Et nous devons ce positionnement atavique, dû à l’impression de séparation, à notre conditionnement identificatoire ancestral.
En mode « anticipation négative », on se donne de quoi amplifier le douloureux qui se tapit déjà en nous, au lieu bien sûr de le reconnaître, de l’accueillir, donc de le libérer. L’anticipation peut être une simple réaction, mais quand elle est devenue systématique, elle s’est faite positionnement psychique, avec l’intention d’éviter le pire ou l’illusion de contrôler les circonstances. On a donc ici le positionnement psychique « anticiper ». Au passage, précisons que le positionnement psychique se désigne en principe par un verbe, parce qu’il est une action, plus abstraite que concrète (et un verbe d’état peut aussi faire l’affaire).. « Être impeccable » et « faire de son mieux » sont pareillement deux positionnements psychiques possibles.
Nous ne devons pas directement nos divers positionnements à nos vieilles douleurs, mais ils découlent du déni de celles-ci et plus encore de la façon dont nous nous sommes sentis traités. « Être dans le déni » est un positionnement psychique à part entière, l’intention étant de fuir l’inconcevable, de ne pas s’y arrêter, de ne surtout pas le voir. Si vous vous savez positionné en « attendant », comme étant dans l’attente, n’en doutez pas, vous avez éprouvé le manque et vous avez donc été privé.
Quand nous découvrons la vanité de toute attente, nous ne tenons pas forcément à nous voir positionnés en tant que « celui qui attend ». Et pourtant ! Quand nous demandons de l’aide, y compris au Divin, nous pourrions demander, non pas la solution à l’épreuve en cause, mais la possibilité de reconnaître et de relâcher notre positionnement sous-jacent. Nous nous mettons en situation de pouvoir bénéficier de la grâce dès lors que s’est produit en nous un changement d’état d’esprit, qu’a pu se faire jour une nouvelle disposition.
Pour formuler avec un verbe le positionnement « moi moi moi », on peut dire « être tout seul au monde », « être spécial », « être à part », « être victime », « être supérieur », « être incompris » (un con pris)… La lecture « langue des oiseaux » du mot « incompris » est d’autant plus pertinente pour le trahi, lequel se sent incompris, qu’il a souvent aussi l’impression d’être « pris pour un con ». Quelle projection révélatrice ! Si vous ne voulez surtout pas être pris pour un con, vous ne voulez pas être abusé et vous êtes donc concerné par la blessure de trahison.
Le positionnement « moi moi moi » est très prononcé chez certaines personnes et avec suffisamment d’attention, nous pouvons voir à quel degré il est également le nôtre. L’intention qui sous-tend le positionnement « moi moi moi » peut être par exemple « exister discrètement », « exister sous les feux de la rampe », « exister prioritairement », « exister à tout prix », « exister quand même ». Si vous reconnaissez la façon dont vous existez ou tenez à exister, vous pouvez découvrir aussi ce que vous projetez.
Le positionnement « être tout seul au monde » a pour intention notamment de ne jamais rien demander à personne. Ce qui est projeté est le désintérêt d’autrui envers soi. Le positionnement « être à part » a pour intention notamment d’intriguer le monde ou encore de s’en protéger. Ce qui est projeté est la non-considération ou la malveillance. Le positionnement « être incompris » a encore pour intention d’apporter la preuve de mauvaises intentions. Ce qui est projeté est l’idée d’être perçu comme étant un problème. On peut aussi être un problème en passant pour un con.
Tout positionnement psychique témoigne de notre « identification fourvoyée », ce qui peut être reconnu en toute tranquillité. Tout positionnement est une invalidation. Il y a des positionnements, adoptés par ignorance, que nous sommes prêts à abandonner, en les conscientisant, et il y a ceux auxquels nous tenons sans pouvoir les reconnaître comme tels. Les positionnements psychiques que nous reconnaîtrons le moins sont ceux auxquels nous sommes le plus attachés, en fait dont l’intention est absolument non négociable. Quand nous nous rendons compte qu’un positionnement contrecarre nos élans véritables, ce qu’ils font tous, nous sommes davantage disposés à nous en détacher.
- Si vous êtes concerné par la blessure d’abandon, vous avez à reconnaître quand, comment, combien vous restez positionné comme si l’amour ou le meilleur était pour vous impossible.
« Abandonné », vous aurez du mal à reconnaître votre « croyance » en l’impossible car, pour ne pas vous y confronter, vous oubliez tout ce qui pourrait vous faire plaisir.
Si nous nous positionnons en « personne insignifiante », nous ne pouvons pas nous sentir épanouis et nous ne vivons « jamais » rien de réjouissant. - Si vous êtes concerné par la blessure de dévalorisation, vous avez à reconnaître quand, comment, combien vous restez positionné comme si l’amour ou le meilleur était pour vous interdit.
« Dévalorisé », vous aurez du mal à reconnaître votre « croyance » en l’interdit car, pour la démentir, vous êtes prêt à vous « autoriser » tout et n’importe quoi.
Si nous nous positionnons en « bonne personne », sans conscience évidemment, nous allons nous intéresser à tous les coupables potentiels et les dénoncer sans retenue. - Si vous êtes concerné par la blessure de maltraitance, vous avez à reconnaître quand, comment, combien vous restez positionné comme si l’amour ou le meilleur n’était que pour vous.
« Maltraité », vous aurez du mal à reconnaître votre « croyance » en l’injustice car, de son fait même, vous vous attirez tant d’adversité que vous ne pouvez pas l’imputer à une croyance.
Si nous nous positionnons en « personne malheureuse », nous nous attirons sans cesse de quoi en témoigner. - Si vous êtes concerné par la blessure de rejet, vous avez à reconnaître quand, comment, combien vous restez positionné comme si l’amour ou le meilleur vous était dû.
« Rejeté », vous aurez du mal à reconnaître votre « croyance » en votre bon droit car, pour éviter le risque d’autre chose, vous êtes prêt à tout pour obtenir ce que vous voulez.
Si nous nous positionnons en « personne exceptionnelle », qu’allons-nous pas devoir inventer pour en témoigner ? - Si vous êtes concerné par la blessure de trahison, vous avez à reconnaître quand, comment, combien vous restez positionné comme si l’amour ou le meilleur était pour vous inaccessible.
« Trahi », vous aurez du mal à reconnaître votre « croyance » en l’inaccessible car, de son fait même, vous n’osez pas vous laisser aller à l’amour ou au meilleur.
Si nous nous positionnons en « personne accommodante », nous restons forcément dans le déni de la façon dont nous sommes traités, jusqu’à être payés d’ingratitude.
Aucun positionnement psychique n’est de nature spirituelle, pas même quand il repose sur l’intention de l’être, parce que c’est plus celle de le paraître que de l’être. Le positionnement psychique « être spirituel » renvoie à l’intention d’être « comme il faut », suivant sa morale, ses critères, ses croyances. « Être comme il faut » implique les apparences, donc le mental. Indéniablement, nous avons besoin de nous libérer spirituellement, nous défaire de nos vieux positionnements étant un excellent début, et si nous y sommes disposés, allons-y en douceur, sans jamais nous juger.
Il est des positionnements psychiques que nous n’adopterions pas si nous ne nous sentions pas égoïquement concernés ou impliqués par ce qui se passe autour de nous. Nous aurions alors une attitude ajustée, inspirée à l’instant présent et par l’instant présent. On peut être (égoïquement) positionné comme étant tout-puissant ou, à l’inverse, comme n’ayant aucun pouvoir. Propriété commune à tous, le vrai pouvoir ne se prétend pas. Une personne présente, paisible, joyeuse ou aimante se manifeste au besoin de façon ajustée, harmonieuse, et ne prétend rien.
Un positionnement psychique est un cadre et dans un cadre, on est enfermé, forcément limité. À partir de cet espace psychique, on ne fait pas, ne tente pas, n’envisage même pas diverses choses. Or, on peut aussi se limiter par pure ignorance et il n’y a donc pas toujours lieu d’imputer un positionnement psychique, même si « ne jamais rien tenter, ne jamais rien vérifier », par exemple, peut en effet être l’un de nos positionnements psychiques. Jusqu’à ces dernières années, je n’ai pas fait bien des choses, parce que j’ignorais totalement qu’elles étaient à ma portée, en étant alors contraint de me positionner différemment. Quand nos positionnements ne sont pas des intentions, ni des interprétations, ni bien sûr des options ajustées, ils sont les effets de l’ignorance, voire de « l’état d’absence ».
D’une manière ou d’une autre, nous déplorons les positionnements d’autrui, sans voir surtout que nous les déplorons à partir des nôtres. Pendant très longtemps, j’ai déploré que rien ne me soit « jamais » dit, le négatif comme le positif, inconscient que l’un de mes positionnements psychiques était « ne rien exprimer ». Dans la souffrance, on est souvent très drôle ! Une consultante déplore amèrement l’indifférence de son ami, mais elle reconnaît aussi, désormais, que l’un de ses propres positionnements est « ne se soucier que d’elle-même, de ses seuls intérêts ». Dans la souffrance, on est souvent très drôle !
Vous pourriez déplorer le manque de vrais partages avec quiconque sans vous arrêter sur votre positionnement psychique « se soumettre », « ne rien demander » ou même « s’isoler ». Il y a un lien très étroit entre ce que nous déplorons de vivre ou de ne pas vivre et les positionnements psychiques dans lesquels nous restons enfermés, même si l’explication peut être élargie. Quand nous souffrons, quand nous nous sentons plus particulièrement mal, nous sommes notamment avec les effets de l’un de nos positionnements psychiques.
Le positionnement psychique « ne pas accepter » reste maintenu a priori, cela étant la propriété de tout positionnement psychique, et quand on le considère de près, on comprend bien qu’il garantit une forme de souffrance. Plus le positionnement « ne pas accepter » s’active violemment en nous, plus il s’avère que nous avons à découvrir que nous acceptons surtout ce que nous ne devrions pas accepter. Vous avez sans cesse des choses à déplorer, donc comme étant inacceptables, et l’on peut vous surprendre accepter des choses que « personne » à votre place n’accepterait, sans même être dans la réaction.
« Ne rien dire à personne, y compris en étant au plus mal » est un positionnement terrible, incombant à qui l’adopte d’en reconnaître l’intention. Éviter de nous plaindre, de nous indigner, donc de « cracher » notre fiel sur nos interlocuteurs, n’implique pas de nous taire, de ne rien dire. Disons plutôt ce que nous n’avons jamais dit ! Et pour « balancer du lourd » sur notre entourage, il n’est pas nécessaire de se plaindre (maltraité), ni de s’indigner (rejeté), il suffit de rester avec son amertume abyssale silencieuse (trahi). C’est dans les trois cas imposer son humeur (et positionnement).
Si notre positionnement consiste à faire de l’être « aimé » notre propriété, nous aurons largement et régulièrement de quoi nous sentir mal (frustrés, jaloux, ignorés, dépossédés…). Si notre positionnement psychique consiste à donner (compensatoirement) le meilleur de nous-mêmes, nous allons âprement revivre l’impression de ne produire aucun effet, ce que notre générosité illimitée était censée démentir (l’intention). À partir d’un positionnement psychique, à envergure égale, « ne rien donner » et « donner tout » produisent les mêmes effets éprouvants.
Une même attitude peut être, soit soufflée par son cœur, soit être devenu un positionnement psychique. Ne confondons pas ces deux possibilités, elles ne produisent pas les mêmes effets ! « Faire de son mieux » est un positionnement des plus sages, mais si c’est un positionnement psychique, il devient très éprouvant et surtout contreproductif. Si nous avons à composer avec le positionnement « tout m’est dû », nous nous heurtons sans cesse à la frustration, à l’insatisfaction.
Tant que nous sommes positionnés comme étant dépendants de l’extérieur pour notre bien-être, notamment du regard porté sur nous, nous sommes dans l’erreur et nous causons beaucoup de tort. C’est un positionnement très répandu ! Une même personne peut simultanément éprouver qu’elle ne produit aucun effet et l’impression que tous les regards sont braqués sur elle. Dans la souffrance, on est souvent très drôle !
On continue de devenir ce que l’on a déploré d’être, aussi sur le plan physique, parce que l’on reste pris dans le même positionnement psychique. Si vous déplorez une pauvreté ou une maladie, vous n’êtes pas seulement pauvre ou malade, vous continuez de le devenir ici et maintenant, tant que demeure intact le positionnement psychique qui l’a mis en place. En étant positionné en tant que celui qui n’a pas le droit de voir, je deviens aveugle, mais est-ce que je délaisse alors le positionnement « ne pas regarder » ? Il peut devenir « ne surtout pas toucher ». Le toucher est aussi une façon de « regarder ».
Une dame aveugle m’a consulté, notamment parce qu’elle perdait la sensibilité du toucher (ne pouvant plus lire en Braille). Elle a résisté à reconnaître son positionnement psychique « se couper du monde », révélé par ailleurs de façon éblouissante. Il est précieux d’identifier nos positionnements psychiques, parce que leurs implications sont préjudiciables, souvent effroyables.
- Si vous restez positionné en tant que personne inintéressante (ne pas intéresser), vous ne vous mettez pas en situation de vivre l’affection.
- Si vous restez positionné en tant que personne incapable et dépendante d’autrui (ne pas essayer), vous allez notamment éprouver les effets d’une grande procrastination.
- Si vous restez positionné en tant que personne à plaindre (ne pas dire), vous ne vous mettez pas en situation de vivre des relations harmonieuses.
- Si vous restez positionné en tant que personne savante (ne pas se taire), vous ne pouvez pas être à l’écoute, ni rien apprendre de personne.
- Si vous restez positionné en tant que personne dérangeante (ne pas exister), vous ne pouvez pas faire vos vraies demandes, ni vous laissez aller avec qui que ce soit.
Nous l’avons déjà vu, « attendre » est un positionnement psychique très commun qui explique, non seulement la procrastination, mais encore l’ennui, le désoeuvrement, ce que l’on fait pour tuer le temps, la difficulté d’agir, de passer à l’action, de passer à une autre activité, de s’occuper de soi… Le positionnement « tuer le temps » est terrible car il contrecarre les élans du cœur, l’inspiration, la créativité. Quand vous êtes désoeuvré, vous ennuyez, ne savez que faire, par exemple, vérifiez si votre positionnement « attendre » ne serait pas lui activé. On n’attend pas, parce que l’on s’ennuie ; on s’ennuie, parce que l’on attend. Quand nous ne sommes aucunement dans l’attente, ni donc avec le fait de ne s’attendre à jamais rien vivre de bon, on ne peut pas s’ennuyer.
S’agissant de nos positionnements psychiques, inévitablement cause de souffrance, celui que nous pourrions adopter délibérément est « les surprendre », « les reconnaître comme tels », « être intéressés ou même amusés de les voir s’animer ». Peu importe les raisons qui ont donné lieu à un positionnement psychique, nous l’avons bel et bien adopté et nous ne sommes surtout pas tenus de le conserver. Sachez ou rappelez-vous qu’il ne s’agit pas de vous défaire délibérément de quoi que ce soit, ni donc de vos positionnements, et que les reconnaître comme tels et comme jamais est ce qui conduit à leur détachement progressif. Si vous « aimez » vous voir, vous découvrir, quoi que vous voyiez, vous êtes sauvé, vous êtes sur la bonne voie ! (À suivre)
- Je nous souhaite d’aspirer au meilleur sans plus le faire dépendre de quoi que ce soit qui ressemblerait à une cause extérieure.
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