185 – L’attente originelle dévoilée
En général, l’essentiel de notre attention est réservé, tantôt à ce qui nous fait réagir, nous permet de réagir, tantôt à des intérêts compensatoires, à des préoccupations essentiellement compensatrices. Nous pouvons ne pas le voir ainsi, directement, parce qu’il s’agit de notre fonctionnement habituel, que nous n’en connaissons pas d’autre. Et ainsi, nous ne pouvons que subir notre « réalité » éprouvée, ses effets manifestés que nous ne comprenons donc pas. Pourtant, comme nous l’avons exploré, dans les deux chroniques précédentes, « il doit bien y avoir autre chose » ! Et, sans nul doute, il y a autre chose !
Et tout cela n’est qu’une façon d’exprimer notre réalité fourvoyée, mais cela peut donc utilement nous amener à diriger différemment notre attention, à sortir un peu d’un train-train, non pas seulement quotidien, mais unique. Un changement préférable peut être encouragé, facilité. Vous est-il déjà arrivé de retrouver des amis que vous n’aviez plus vus depuis de nombreuses années, voire plusieurs décennies, pour découvrir qu’ils avaient toujours les mêmes réactions et intérêts ? Plus rarement, il en est tout de même que nous ne reconnaîtrions pas ! D’une certaine façon, ces derniers « se sont éveillés ». Ainsi, nous pouvons tenter utilement de vérifier ce qu’il en est de nos propres positionnements, de notre fonctionnement ordinaire. La souffrance ou le mal de vivre n’est pas une fatalité.
Pendant longtemps, en effet, nous ne reconnaissons pas notre état réactionnel, sauf peut-être dans ses manifestations les plus « spectaculaires ». Non seulement nous ne reconnaissons pas nos réactions pour ce qu’elles sont, mais nous serions prêts à les justifier, à les associer à des postures logiques, indispensables, à vue réparatrice. De la même façon, nous vivons nos intérêts compensateurs comme s’ils impliquaient des besoins fondamentaux, alors qu’en réalité, compte tenu de ce que nous lui assignons ou pour ce que nous sommes en essence, aucun besoin fondamental n’existe. La croyance contraire est bien sûr très tenace et elle n’est certainement pas ce que nous allons pouvoir en premier remettre en question.
Très généralement, nous ne savons pas que nous sommes le jouet de notre conditionnement, d’un vieux conditionnement. Il est fait à la fois du contexte dans lequel nous avons vécu nos premières années d’existence et de la condition humaine ancestrale. La façon même d’envisager toute notre existence, que ce soit pour la déplorer ou même la défendre, dépend exclusivement de ce conditionnement. Outre toutes nos conditions d’existence, notre penser, nos idées fixes révèlent l’influence sur nous du passé. Le seul constat que cette influence est marquée plus ou moins fortement d’une personne à l’autre peut être l’invitation à envisager que nous ne lui avons pas non plus échappé.
Pour l’heure, laissons de côté nos croyances, nos convictions, tout ce que nous pensons, ainsi que nos diverses réactions (si nous les connaissons), et arrêtons-nous sur ce qui reste l’essentiel de ce que nous ressentons. C’est fondamental, parce que si nous ne ressentions rien, lire et d’abord écrire ces mots ne revêtirait pas le moindre intérêt. L’aptitude à penser a toute sa place, d’autant plus quand elle est employée de façon créative, mais l’aptitude à sentir la dépasse de beaucoup. Et si nous pensons tant, comme nous pensons, c’est en fait parce que nous résistons à ce que nous ressentons, pourrions ressentir sciemment.
En termes de ressentis plus ou moins douloureux, nous ne devrions pas avoir trop de mal à reconnaître que ce qui fait notre malaise chronique repose, et sur une forme de manque, et sur une sorte d’encombrement. Dès lors que nous sommes dans le vouloir, que nous voulons quoi que ce soit, un manque est rappelé. Dès lors que nous sommes dans la réaction, dans le jugement, quelque chose nous encombre manifestement. N’est-ce pas très simple ? Tantôt nous voudrions amener à nous quelque chose, tantôt nous voudrions nous débarrasser de quelque chose. On ne veut que de ce qui manque et se débarrasser que de ce qui encombre.
Quand elle n’est pas physique, une douleur qui est donc émotionnelle peut être aussi bien une forme de manque qu’une sorte d’encombrement. Évidemment, ces deux ressentis douloureux reposent sur d’autres douleurs et en causent bien d’autres encore. Leurs effets sont multiples. Le manque éprouvé parle d’attentes, de frustration, de privation…, et l’encombrement de peur, de honte, de culpabilité… Les deux sont interdépendants. Toute forme de manque cause le vouloir, les attentes, les intérêts compensateurs, et toute sorte d’encombrement provoque le non-vouloir, la résistance, les postures réactionnelles. C’est ainsi que, pour être mal, à partir du manque ou de l’encombrement, ce qui nous fait aussi juger ce qui est ici et maintenant, nous nous laissons être la proie du mental, du penser intempestif (de l’ego).
Oui, ensemble, le manque et l’encombrement qui nous habitent sont sous-tendus et entretenus par les sentiments irrationnels de peur, de honte et de culpabilité. Nous pouvons aisément soupçonner notre manque originel, répétons-le, à travers la frustration, l’insatisfaction, le sentiment de privation, le vouloir sous toutes ses formes et les attentes en général. L’encombrement éprouvé renvoie à ce à quoi l’on résiste, à ce que l’on ne veut pas, aux jugements, interprétations, projections, à la non-acceptation…
Et avec la disposition généreuse ou bienveillante à considérer tout ce qui vient d’être dit, nous allons pouvoir admettre notre état d’attente, comprendre que nous ne pouvons pas ne pas être dans l’attente. Plus ou moins consciemment, nous attendons d’être débarrassés de ce qui nous encombre et que soient comblés ce que nous pouvons considérer comme nos besoins. Parfois, nous avons des attentes relativement « claires », peut-être revendiquées… Or, quels que soient nos états d’âme, nous devrions pouvoir remarquer que de l’attente demeure en nous, y compris quand nous ne saurions même pas dire ce que nous attendons. Il s’agit d’une attente logique, compréhensible, inévitable, mais qui dépasse tout ce que nous pourrions croire d’ordinaire.
Ici, je vous propose un petit exercice, simple et plutôt plaisant, qui vous sera beaucoup plus utile si vous le faites sans tarder, sans lire d’abord ce qui suit. L’effet sur vous ne sera pas le même si vous le faites avec les indications ultérieures, sans compter qu’elles risquent fort d’influencer vos réponses. Alors, si vous n’avez pas le temps (cela ne vous en demandera pas beaucoup), arrêtez simplement votre lecture et vous la reprendrez quand vous pourrez vous accorder « du bon pour vous » ! Ainsi, si vous consentez à vous y prêter, répondez à ces « consignes » :
Pouvez-vous vous rappeler des moments relationnels, absolument exceptionnels, qui ont été comme des instants de grâce, qui ont représenté quelque chose de tout nouveau pour vous, ordinairement inconnu ? À partir d’un exemple ou de plusieurs, écrivez clairement ce que vous avez reçu et vécu. Et si vous avez du mal à trouver un exemple, essayez encore en vous rappelant vos meilleurs souvenirs relationnels, souvenirs de rencontres exceptionnelles.
Sans doute vous arrive-t-il, au moins de temps en temps, de prendre soin d’enfants, de proches, d’amis, d’élèves ou de clients. Dans ces moments-là, qu’avez-vous vraiment à cœur de leur faire passer ? Qu’appréciez-vous qu’ils entendent, qu’ils reçoivent ? Notez cela aussi, en quelques mots ! Si vous ne pouvez pas trouver d’exemples, notez alors ce que vous aimez recevoir quand quelqu’un prend soin de vous, de façon plutôt inhabituelle et surtout chaleureuse !
Nous reviendrons plus loin sur vos réponses. Pour l’instant, reconnaissons de bonne grâce que nous ne nous sentons pas toujours pleinement épanouis. Cette reconnaissance pure et simple n’est pas aussi évidente que l’on pourrait le croire, parce que nous risquons fort de le déplorer plutôt que de le reconnaître. Déplorer et reconnaître quoi que ce soit sont deux choses très différentes. Et nous ne savons pas – ou ne nous le rappelons pas – que la reconnaissance pure et simple de tout état douloureux est la contribution majeure à sa dissipation. Certes, la compréhension de ce qui se rejoue en nous, la considération de notre conditionnement est aussi d’une aide très précieuse. Cette aide n’est cependant effective qu’en l’absence de la réaction (de la déploration).
Pour tenir compte de notre propre conditionnement, nous pourrions découvrir ou nous rappeler notre propre blessure principale. Le conditionnement en cause implique la nécessité et surtout la possibilité d’un déconditionnement (guérison, libération). Or, un peu comme pour gagner du temps, nous pouvons mettre directement notre attention sur l’un des effets systématiques de tout conditionnement psychique, émotionnel : l’attente ! S’il nous arrive d’éprouver l’impression d’en être toujours au même point, c’est que nous restons dans l’attente et il ne peut pas alors en être autrement. Tout vécu pénible implique de l’attente, des attentes conscientes, et rappelle surtout une attente insoupçonnée.
Alors, pouvez-vous reconnaître votre propre état d’attente, sachant qu’il se fait encore subtil quand il ne vous viendrait pas d’annoncer l’une de vos attentes spécifiques ? Parfois, relativement tranquille, vous vous adonnez à vos diverses activités, qu’il s’agisse de loisirs ou de nécessités diverses, et plus ou moins soudainement, un malaise chronique se rappelle à vous. Il peut tout simplement être cet état d’attente persistant. Comment pourrait-il donc ne pas exister puisque demeure en nous ce qui n’a pas été dépassé, ce qui n’a pas été reconnu et donc libéré ? Il n’y a pas de vécu pénible sans attente !
« L’endroit le plus saint sur terre est là où une haine ancienne a été remplacée par un amour présent » (Un cours en miracles).
Considérer la façon dont nous nous sommes toujours SENTIS traités, non pas bien sûr pour en faire des accusations, permet utilement d’identifier ce qu’est notre blessure principale. La façon dont nous nous sommes sentis traités évoque ce que nous avons éventuellement enduré, ce que nous avons vécu, surtout éprouvé… Or, autre phénomène d’importance primordiale, notre conditionnement humain comporte aussi du « non-vécu », un non-vécu effroyable, déterminant. Par définition, il n’est pas simple à identifier ; on met beaucoup de temps à l’identifier. Ce qui n’est pas vécu est donc relativement inconnu. L’ex-enfant qui n’aurait jamais été touché, caressé, en souffre sans savoir simultanément ce qui constitue son manque, ce qui maintient donc une ATTENTE INDÉFINIE.
La non-disposition à se sentir aimé, à se sentir dans l’amour, est l’effet de ce que nous pouvons appeler un « verrouillage relationnel », effet probable d’un non-vécu, d’une expérience inconnue. Le verrouillage est souvent l’effet d’un non-vécu, d’un manque originel et durable, ou d’un vécu traumatisant permanent (parent absent, déprimé, drogué, alcoolique, paroxystiquement illusionné…). Nous sommes tous concernés ! Nous vivons nos rêves, désirs, envies, espoirs, fantasmes, exigences ou revendications à travers un « décor » ou un contexte très particulier qui témoigne d’un non-vécu, d’un non-exprimé, d’une charge à libérer.
Il est pour chacun une chose qui ne fait que nous faire réagir, mais qui provient d’un éprouvé réel que l’on n’a jamais reconnu purement et simplement. Il est des choses que l’on veut à tout prix ou désespérément, mais elles reposent sur un manque « subi » que l’on n’a jamais considéré de près. Au lieu de réagir et de compenser comme on réagit et compense toujours, on gagnera beaucoup à reconnaître enfin ce que l’on a réellement vécu ou éprouvé. De façon inconsciente, on l’a en travers de la gorge ! Et le non-vécu y tient une bonne place. Le non-vécu essentiel constitue en réalité un vécu très éprouvant, une carence longtemps dédaignée, un manque affectif majeur :
Tu peux bien continuer de rêver et de te résigner, il reste que tu t’es réellement senti abandonné.
Si je me suis senti abandonné, c’est l’abandon éprouvé qui m’a fait mal et qui conditionne ma vie, plus que le manque relationnel qui en résulte.
Tu peux bien continuer de te soumettre et de succomber à toutes tes tentations bravées, il reste que tu as dû composer avec un interdit terrible.
Si l’essentiel m’a été interdit, c’est la confrontation avec cet interdit qui m’a dévalorisé et la frustration ne fut qu’un élément subsidiaire.
Tu peux bien continuer de crier à l’injustice et d’exiger mille choses, il reste que tu as bien expérimenté une dureté effroyable.
Si je n’ai connu que dureté, c’est celle-ci qui m’a forcément détruit et non pas les récompenses et gratifications que je n’ai pas eues.
Tu peux bien continuer de faire des « caprices » et de t’indigner, il reste que tu t’es réellement senti rejeté (que tu ne l’as jamais reconnu, jamais).
Si mon amour a été repoussé, j’en garde une douleur cuisante, et ceux que je pourrais convaincre, me mettre dans la poche, ne guériront jamais cette douleur.
Tu peux bien continuer de fantasmer et d’allonger la liste des preuves plus aberrantes les unes que les autres, il reste que tu n’as jamais eu accès en réalité, que tu as éprouvé le non-accès…
Si j’ai éprouvé le non-accès, c’est lui qui conditionne ma vie, qui m’a fait mal, non pas la chose à laquelle je n’ai pas eu accès. Ainsi, en vain, je tenterai l’accès à travers mille choses.
Le « non-vécu » peut causer des états d’indifférence, de fermeture et de dépendance. Notons au passage que toute forme de dépendance repose sur un non-vécu, un manque, un interdit, un non-droit, une expérience de privation, ce qui ne s’applique pas seulement à la dépendance affective. La première dépendance, laquelle suscite les autres, est le penser compulsif et c’est la dépendance que l’on ne reconnaît jamais comme telle. Penser n’est pas en soi un problème, mais se laisser embarquer par les pensées qui passent est effectivement une forme de dépendance et même d’esclavage. Le mental dicte le ou les « remèdes » : plainte, condamnations, drogue sous toutes les formes, dépendances aussi affectives, méditation avec attente… (du mental en abondance).
Nous n’avons pas seulement telle envie, telle tendance, telle dépendance, telle « faiblesse »… nous avons aussi ou surtout son tuteur qui dit quelque chose comme « C’est mal ! Quelle honte ! faut pas !… » De surcroît, non seulement la dépendance ne permet pas de libérer le sentiment de manque, mais c’est comme si elle l’aggravait, forçant à l’éprouver davantage. Et Michael Dawson a écrit : « La dépendance engendre le mépris, les personnes dont nous dépendons nous rappelant sans cesse notre indignité ».
Des liens voulant être établis, la dépendance aux relations, états, substances, objets témoigne du lien avec la source, éprouvé comme coupé. Appréciez vraiment ce que vous aimez, y compris tous les rôles que vous jouez, mais n’en revendiquez pas la dépendance, percevez-la ! On ne peut pas en même temps se savoir libre, responsable, et éprouver la dépendance. La dépendance éprouvée est l’expérience de qui ignore qu’il est libre, puissant et créateur.
Nous nous libérons de nos dépendances, quand nous pouvons les reconnaître comme telles, en cessant d’être convaincus qu’elles peuvent nous combler, en reconnaissant et bien sûr en comprenant (avec bienveillance) notre « vouloir prendre », notre tendance à prendre (substances, relations, activités…). Nous ne commençons à recevoir que lorsque nous cessons de prendre, de vouloir prendre. Le moment venu, « aimer recevoir » est substitué au « vouloir prendre ». Étant la reconnaissance pure et simple, la considération libératrice de nos postures conditionnées requiert du non-jugement, une disposition amicale envers soi-même.
Constituant un « verrouillage psychique », le non-vécu fondamental aboutit à un malaise indéfini quand se présente inopinément l’occasion de vivre ce qui n’a pas été vécu et qui n’était plus attendu. Par manque d’expérience, certains refusent même catégoriquement ce qui pourrait pallier bénéfiquement ce qu’ils n’ont jamais reçu. Toute proportion gardée, nous ne vivons toujours pas ce que nous n’avons pas vécu, non pas seulement parce que nous ne l’avons pas vécu, mais davantage parce que nous ne savons pas le vivre, le recevoir. Alors, nous l’attendons encore et encore (inconsciemment) :
Du fait de sa grande timidité, l’abandonné se sent impuissant face à ce qui serait la réalisation de son rêve. Rêver est tout ce qu’il peut.
Du fait de son envie obsédante, le dévalorisé ne reconnaît pas ce qui vient à lui si c’est dépourvu de tout aspect d’interdiction.
Du fait de son besoin intarissable d’attention, le maltraité ne perçoit l’amour et l’abondance que pour les mettre au service de sa tendance à thésauriser.
Du fait de sa croyance persistante en son indignité, le rejeté ne peut pas pleinement apprécier l’expérience de se sentir aimé pour ce qu’il est.
Du fait de sa honte abyssale, le trahi fait marche arrière quand il a soudainement accès à ce qui lui tient le plus à cœur.
L’identification de notre non-vécu fondamental peut être l’occasion d’une expérience très touchante, libératrice, et nous n’en faisons pas alors une déploration. C’est faire l’expérience de la reconnaissance pure et simple, libératrice. Si nous devions faire une histoire d’un non-vécu (lamentation, indignation, culpabilisation…), il ne s’agirait pas d’un non-vécu fondamental enfin reconnu, mais de ce que nous sommes habitués à déplorer, d’une occasion de plus de réagir comme nous avons toujours réagi, forcément en vain !
Maintenant, reprenez vos réponses aux deux cas de figure que je vous ai proposé de regarder plus avant : ce que vous avez reçu de moments relationnels qui vous ont sorti de l’ordinaire ; ce que vous avez à cœur d’offrir à qui dont vous prenez soin. Peut-être pourrez-vous noter un lien étroit entre les deux. Quoi qu’il en soit, essayez de les synthétiser, de dire de quel vécu général il est question pour les deux. À titre d’exemple, voici ce que m’ont répondu hier et aujourd’hui même les deux personnes à qui j’ai proposé l’exercice (par écrit pour la première) :
Dans des moments particulièrement heureux, j’ai reçu de l’amour, de l’écoute, de l’aide et de la reconnaissance.
Quand je prends soin de mes proches, clients, élèves, je veux leur faire passer du bien-être. Essentiellement ça, en fait les aider, les alléger, les rendre plus paisibles, leur rendre la vie plus agréable.
Ainsi, on peut dire que la réponse synthétisée, provenant des deux questions, c’est du bien-être permis par l’amour. Observons que l’aide apparaît dans les deux réponses. Les réponses de la seconde personne :
(Moments relationnels heureux exceptionnels) Révélation. Reconnaissance. Recevoir. Joie, un état bouillonnant de vie, une renaissance.
(Faire passer) Une joie libre. Reconnaissance. Utilité, valeur, importance…
La synthèse parle ici d’une naissance accueillie, joyeuse, de la révélation ! J’ajouterais le « droit à l’existence »…
Eh bien, ce qui est si bon dans les moments relationnels heureux que l’on a vécus, moments exceptionnels, et qui est très proche de ce que l’on a à cœur de donner, de faire passer, c’est précisément ce que j’appelle le « non-vécu », ce qu’enfant, on n’a pas vécu, ce que nous n’avons pas vécu à la naissance et/ou lors de nos premières années d’existence ! En toute sérénité, vérifiez cela, ressentez-le, accueillez-le, reconnaissez-le comme jamais ! Ensuite, reconnaissez aussi comment, d’une certaine manière, ça reste ce que vous ne vous donnez pas, à vous-même, ce que vous vous refusez, juste parce que nous nous traitons comme nous nous sommes sentis traités ou, pour l’ajuster au phénomène relevé ici, nous ne nous accordons pas ce qui ne nous a pas été donné.
Compte tenu de cette réalité existentielle, celle du non-vécu perpétué, comment aurait-il été possible qu’un état d’attente ne s’enracine pas, ne se cristallise pas ? Et il demeure bien enfoui en nous, indépendamment des attentes connues qui peuvent même être satisfaites de temps en temps, toujours en vain. Notre état d’attente spécifique parle à la fois de notre blessure principale et de notre condition humaine ancestrale. Ultimement, nous attendons notre « retour à la maison », la réconciliation avec nous-mêmes, avec notre véritable nature…
Par voie de conséquence, en arrivant en ce monde, nous n’avons pas fait l’expérience de l’unité, nous sommes restés dans la « séparation », dans la séparation éprouvée. Depuis lors, que nous soyons seuls ou en compagnie, le premier encombrement éprouvé est constitué de l’illusion envahissante du « moi historique », lequel est donc le « moi séparé ». Quand l’illusion du « moi historique » s’estompe, quand le « moi historique » n’est plus, l’espace est libre, l’écoute est pleine, la vision est inconditionnelle, le senti est reconnaissance pure… C’est la révélation ! Chérissons l’idée d’être de plus en plus libre de toute attente !
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