197 Le subir et ses implications
• Reconnaître toute impression de subir, sans rien en penser, n’est rien d’autre qu’un « acte d’amour », ce qui reconnaît de façon véritable et exclusive étant de nature divine.
À partir de l’heureuse disposition à prendre réellement soin de nous-mêmes, il y a bien des façons de considérer notre conditionnement, autrement dit nos blessures, et mon expérience m’en a très tôt offerte une qui n’a cessé et ne cesse de me combler. Elle est simple, logique et surtout très efficace, transformatrice, et peut se résumer en ces quelques mots : la reconnaissance pure et simple de ce qui est. Pour reconnaître une chose, il faut la regarder pour la voir, la sentir pour la sentir. Rega’rder, sentir ou encore écouter, c’est bien sûr diriger son attention (sur ce qui la demande). Quoi qu’il en soit pour ma part, « regarder », j’allais forcément aimer ça !
« Le regard qui transforme » ou la disposition réelle à l’authenticité ne permet pas seulement la purification nécessaire, mais nous fait aussi découvrir la réalité et la subtilité de nos mécanismes psychiques. Celui que j’ai scanné les derniers mois est le « subir », avec un grand nombre de ses implications. Il va faire l’objet de plusieurs chroniques. À défaut d’un autre terme, j’utilise un autre néologisme pour désigner le « subir », le fait de subir, à savoir le « subissement ». Il pourrait être suffisamment parlant !
Par exemple, le fait de souffrir est la souffrance. Et pour le fait de subir, quel serait le mot, le substantif adapté ? C’est donc le mot manquant, le « Subissement ». D’ailleurs, souffrir est aussi un synonyme de subir, mais la souffrance renvoie à bien trop de choses éprouvantes pour traduire directement le « subissement », lequel peut être une douleur très distincte ou ne même pas parler de douleur. Le « subissement » d’une migraine n’est évidemment pas le même que celui d’un examen auquel on se prête volontiers.
Si nous considérons notre véritable nature, nous ne subissons rien, nous ne pouvons pas subir quoi que ce soit. Et sur le plan physique il en est de même ou nous ne subissons pas les choses comme nous pensons les subir. Pourtant, nous composons tous avec l’impression de subir et cette impression peut même être très puissante, très envahissante. Elle laisse un goût très amer et ancre notamment un ressenti terrible d’impuissance. Plus nous sommes convaincus de subir une circonstance, moins nous pouvons envisager une porte de sortie. Il ne nous reste plus alors que le déni, la déploration ou même la lamentation.
Même avec empathie, nous pourrions croire (je l’ai effectivement cru un temps) que l’impression de subir ne concernent que les gens qui se lamentent, justement, qui se plaignent, qui se vivent et se présentent en victimes, ou encore qui s’indignent. Certains déclarent « Je n’ai jamais de chance », « C’est scandaleux, révoltant ! », d’autres « C’est injuste, c’est inadmissible » ou s’entendent dire « Ma pauvre ! Mon pauvre ! », d’autres encore « Que veux-tu que j’y fasse ? », « Mais ça n’en finira donc jamais ! »… Mais que tous ces « subisseurs se rassurent, ils ne sont pas seuls, nous en sommes tous ! Sans le déplorer directement, voire en le contestant, nous sommes tous positionnés comme si nous subissions le monde, l’existence.
Avant d’en venir à d’autres effets du subissement, du fait ou plutôt de l’impression de subir, nous devons dissiper une mauvaise compréhension possible. Vous pourriez me dire : « On ne peut pas contester que nous subissons des circonstances éprouvantes, comme ladite « crise sanitaire », par exemple, et tant de choses au quotidien ». De fait, des actions, des actes de pouvoir peuvent être exercés sur nous, des interdits, des limitations, des hausses de prix, des contraintes, voire des abus caractérisés… Et il nous arrive aussi de nous retrouver dans des impasses desquelles nous ne pouvons pas sortir, que nous subissons donc, sans que nous puissions toujours incriminer un « infligeur ». (La langue française ne nomme pas non pus spécifiquement celui qui inflige).
D’abord, rien de ce qui nous arrive ne peut être dû au hasard, à l’injustice, à la malédiction, ni même à travers le chatiment d’un dieu ou d’une autorité extérieure. Nous nous punissons nous-mêmes ! Tôt ou tard, tout malfaisant se punit, pire encore que celui qui s’accuse à tort. En conséquence de la culpabilité ou même du sentiment irrationnel de culpabilité, nous nous attirons, nous nous infligeons des peines, jusqu’à utiliser au besoin le concours de malveillants ou même de malfaisants. Si vous ne pouvez pas le voir pour vous-même, voyez autour de vous ceux qui s’attirent toujours les mêmes coups durs, sans que cela ne vous étonne d’ailleurs plus ! Vous connaissez donc ce dont il est question ici. Dire que nous nous subissons nous-mêmes est dire que nous nous punissons nous-mêmes.
Or, si ce point vous apparaît tout de même un peu ardu, voire si vous le contestez, laissez-le de côté (pour l’instant) car cela ne vous empêchera pas de recevoir la suite. Que vous considériez ou non que vous subissez telle ou telle épreuve, laquelle vous affecte quoi qu’il en soit, vous pouvez y plaquer ou non l’impression très marquée de la subir, autrement dit un surplus de souffrance. Exprimé ou non, le subissement est accompagné de réaction, d’accusation.
« Je me sens complètement abandonné depuis le départ de ma femme », c’est une douleur (un ressenti douloureux reconnu) ; « Tu te rends compte ce qu’elle m’a fait », c’est une seconde douleur (une réaction, une accusation). Impliquant ici ma blessure d’abandon, la première douleur est inévitable, mais la seconde est facultative et réactionnelle. C’est pourtant cette dernière qui retient mon attention. Je dirai ou me dirai beaucoup plus facilement « Ma femme m’a abandonné » que « je me sens abandonné ». C’est un « choix » illusoire et surtout périlleux.
Votre mari (femme) vous appelle pour vous dire qu’il (elle) ne sera pas là pour le dîner (réunion prolongée oblige). Cela vous arrive, c’est incontestable. Subissez-vous cette situation ? L’autre vous la fait-il subir ? Il n’a fait que vous donner une information. Votre réponse aux deux questions sera donnée, non pas par la réalité, mais par votre ressenti éventuellement douloureux ou par vos croyances. Allez-vous encore avoir à l’esprit ce qu’il vous fait subir en l’occurrence et ce que vous subissez donc, prétendrez-vous encore à ce « subir », si, pour vous, c’est par exemple l’occasion rêvée pour revoir quelques amis ou pour regarder enfin cette série qu’il ou elle déteste tant ? Là, voyez-le, vous ne serez pas avec l’impression de subir quoi que ce soit !
Or, au moment de l’appel, si vous veniez de vous préparer pour le restau que vous aviez prévu, la surprise étant du programme, voilà une occasion pour vous de revivre par exemple de la déception. Cette déception est une vieille douleur à libérer et si vous y plaquez le « ce qu’il vient de me faire » (subissement), ce ne sera pas encore pour cette fois ! L’impression de subir est en elle-même une douleur à part entière (en fait de la souffrance), indépendamment de la chose subie, une douleur ajoutée à celle reliée directement à la circonstance (la déception dans notre exemple).
Nous verrons dans une chronique ultérieure l’aspect « douleur extrême » de l’impression de subir, aspect très édifiant, mais restons pour l’instant sur son aspect « croyance ». Plus nous croyons subir le monde, les autres, l’existence, plus nous disons que nous sommes sans pouvoir. Nous croyons en un pouvoir extérieur. Le vrai pouvoir ou la puissance est inhérente à notre nature profonde et il est évident, à partir de la croyance que nous sommes des « subisseurs », que nous ne pouvons pas reconnaître cette puissance, ni surtout la mettre au service de la créativité et de notre ajustement aux circonstances problématiques.
Nous sommes tous conditionnés, nous nous sommes tous sentis traités d’une certaine façon (trahis, rejetés, abandonnés…), résultant notamment en douleurs spécifiques, mais nous pouvons tous partager la même croyance, de façon plus ou moins consciente et plus ou moins ferme : « On me l’a fait ; je l’ai subi ; j’ai été victime ; elle me prend pour son esclave… ». Et si cette croyance occupe trop de place, nous nous arrêterons difficilement sur l’essentiel, sur ce que nous avons réellement éprouvé, sur nos « fameuses douleurs spécifiques ». Peu importe qui nous l’a fait, puisque nous avions à le vivre, mais ce que cela nous a fait est primordial, exclusivement ce qui est à reconnaître.
Et, paradoxalement, ce point est délicat, parce que l’impression du subissement peut être refoulée. Elle l’est d’ailleurs en partie dans tous les cas. On résiste au fait que l’on ne peut rien subir ou que rien n’est fatal dans le même temps où l’on nie la façon dont on se sent et s’est senti traité. Se prendre pour une victime n’implique pas que l’on ait reconnu la réalité de ce que l’on a enduré. Finalement, on ne peut pas concevoir, au départ en tant qu’enfant, que papa ou maman « nous a fait ça » ! Le « ça » est le mal et l’on ne le libère pas si l’attention reste sur l’infligeur ou s’il s’agit à l’inverse de ne surtout pas le voir.
Rappelez-le-vous, il s’agit toujours et uniquement de reconnaître ce qui est, ici en termes de ressentis, et non pas de désigner des coupables, des infligeurs. Si je sens qu’il me ment, sans me convaincre du mensonge, j’ai besoin de le reconnaître, qu’il m’ait réellement menti ou pas, parce qu’avec ce ressenti-là, il y a également, par exemple, une tristesse qui demande à être accueillie, libérée. Dire que vous me faites ceci ou cela, donc que je vous subis, est une pensée (du mental) et pour l’accès à l’effet produit, le penser devient un obstacle. La réaction ou le penser imaginatif recouvre toujours une vraie douleur.
Croire que nous subissons les choses, en le déplorant en conscience, c’est exactement comme réagir à quoi que ce soit. Dans les deux cas, nous ne nous arrêtons pas sur le douloureux en cause. Quand je suis dans la réaction, c’est bien parce que ce à quoi je réagis me fais sentir quelque chose de déplaisant. Ne pourrais-je pas m’y intéresser davantage ? Ce déplaisant est en moi de toutes façons. Si je déplore le fait de subir ceci ou cela, je ne me suis pas encore arrêté sur ce que me fait sentir la chose que je me dis subir. C’est toujours et encore, toujours et seulement du vieux douloureux qui réclame de la reconnaissance, un véritable accueil.
En revanche, puisque nous composons de fait avec l’impression de subir, la nier ou l’ignorer, ce serait comme ne jamais mettre l’attention sur la façon dont nous sommes encore aujourd’hui traités par certaines personnes. Subir réellement une personne, pourrait-on dire, en réalité se la faire subir, c’est se maintenir inconsciemment dans une relation toxique, mais c’est donc subir notre inconscience. Ainsi, décidément, le douloureux en nous pourra couver encore longtemps ! Et c’est là tout ce que nous nous faisons subir à nous-mêmes. Nous subissons, non pas le monde, l’existence, mais nous-mêmes, notre vieux conditionnement si vous préférez.Ne retenez donc pas que vous ne devez pas avoir l’impression de subir, mais restez ouvert à la possibilité de percevoir ce que cette impression implique.
L’irréalité du subissement n’est pas synonyme de l’inexistance de la folie et de la cruauté humaine, qu’elle soit celle des milliardaires déments, de votre voisin, de vous-même ou de moi-même. Notons d’ailleurs, d’une manière générale et même évidente, que le pouvoir extérieur que nous subissons, croyons subir, est de nature hostile, perverse, dangereuse, plus ou moins malveillante. Telle est bien du reste la nature du monde de la forme, lequel comprend aussi nos propres accusations trompeuses, mais nous ne sommes pas tenus de le subir. Éprouver le subissement est seulement une option, un rajout qui fait mal.
Tout ce qui nous affecte ne fait que rappeler notre attachement au monde de la forme, au monde illusoire et mensonger. « Nous ne sommes pas de ce monde, nous disent les grands sages, mais qu’est-ce que nous y sommes attachés ! L’impact perturbant sur nous d’une chose requiert un attachement minimal à celle-ci et un attachement est un manque de liberté. Nous subissons (souffrons) beaucoup de mensonges, beaucoup d’inconscience. C’est dire surtout que nous souffrons pour rien.
Non, ce que nous sommes en essence ne peut pas souffrir et toute douleur révèle ou pourrait révéler un attachement ou une mémoire identificatoire, un vieux schéma mensonger. Il ne serait pas sage de nous reprocher nos mensonges adaptés aux exigences folles du monde, si nous les reconnaissions, mais il est surtout particulièrement sage de reconnaître que nous nous laissons encore subir le monde. Et nous ne percevons pas son aspect mensonger, parce que nous y projetons aussi bien du beau que du laid. C’est ce que nous nous faisons subir, tout en continuant de croire en un pouvoir extérieur, dans le dédain du « nôtre ». Nous avons cependant besoin, non pas d’affirmer notre autorité (compensatoirement), mais de reconnaître combien nous restons positionnés en tant que « subisseurs ».
L’étymologie latine du verbe « subir » est « aller sous », ce qui souligne une action personnelle et implique donc la responsabilité du subisseur. Une soumission est clairement pointée ici (se soumettre = se mettre dessous), avec l’évocation du « choix » d’un « refuge infernal » (aller sous). Et si l’on dit « je subis par exemple l’incohérence ou la malveillance d’autrui », c’est vrai si l’on entend « je me fais vivre … ». Il en est bien ainsi pour l’examen ou l’opération chirurgicale que l’on subit. C’est potentiellement un choix même tout à fait délibéré. L’impression accusatrice de subir ne commence-t-elle pas à battre de l’aile ?
En général, de façon bien sûr accusatoire, on entend par « je subis », « on exerce sur moi un pouvoir », et c’est toujours faux ou toujours possible de découvrir comment c’est faux. Peut-être est-ce votre ex ou votre collègue que vous vous dites subir, mais le cas échéant, voyez que ce qui sous-tend votre « accusation » ne sont pas vraiment les détails de la circonstance, mais ce que vous pensez, ce que vous vous racontez, tous vos jugements. Trouvez seul le « faux » qui s’y trouve contenu. « En effet, je pense qu’il, qu’elle …, mais pourrais-je dire que je suis sûr à 100 % que tout cela est vrai ? » L’autre a bien fait quelque chose, le cas échéant, mais ce que vous subissez est ce que vous en pensez (quoi qu’il ait fait).
De surcroît, même en disant et croyant que l’on subit telle chose, qu’elle est donc infligée ici, on ne dit pas encore son effet sur soi. Est-ce qu’on la subit (au sens « souffrir) ? Est-ce qu’on en souffre ? « Je subis » veut dire « on m’inflige », mais également « j’ai mal ». Et bien sûr que l’on a mal en l’occurrence et c’est pourquoi il sera si utile de basculer de l’accusation au ressenti douloureux, de quitter l’extérieur pour revenir à soi, en soi. Et au lieu de juste déplorer encore ce que le monde semble nous infliger, nous faire subir, considérons de près et avec bienveillance la façon dont nous nous traitons nous-mêmes, ce que nous nous faisons donc subir, ce que nous nous « infligeons » la plupart du temps. Mais considérons aussi ce que nous ne faisons pas, qu’il nous serait salutaire de faire !
En effet, plus forte est notre impression de subir, plus est garantie notre posture d’inaction, de soumission, de résignation, de passivité, de démission généralisée… Et comme me l’a soufflé avec sagesse mon amie, Muriel Bergeot : « Dès lors que nous essayons une chose ou une autre, quoi que ce soit, l’éventuelle impression antérieure de subir ne peut plus être éprouvée ». Quand nous sommes vraiment dans l’action, nous devrions pouvoir observer que nous ne sommes pas ou plus avec l’impression de subir.
Ainsi, si vous pouvez reconnaître votre impression chronique de subir l’existence, passez à l’action, tentez des choses, faites ce que vous pouvez ; faites ce que vous pouvez, mais faites-le ! Dans l’action, le mouvement ou l’expression, l’expérience intérieure change instantanément. Et vous ne pourrez pas être dans la réaction, ni dans la compensation, quand vous vous mettrez enfin à dire ou à faire ce que vous n’avez jamais dit ni fait jusque-là. Nos attitudes réactionnelles et compensatrices sont mises en place de longue date.
Nous ne pouvons pas essayer quoi que ce soit, s’il s’agit d’un véritable essai, donc soutenu, sans en faire une expérience profitable d’une manière ou d’une autre. Qu’est-ce que vous avez déjà essayé dans toute votre existence qui n’a pas abouti à une expérience profitable ? Vérifiez bien ce que vous entendez par « essayer » ! « Qu’est-ce que je ne fais pas ? De quoi est-ce que je ne m’occupe pas ? Qu’est-ce que j’aimerais et que je n’essaie même pas ? » Voyez si ces questions peuvent vous intéresser ! Si vous prolongez réellement un essai infructueux, peut-être est-ce parce que vous n’avez pas de motivation pour la chose ou que vous subissez une croyance invisible, la vôtre.
Il est des choses dont nous ne nous occupons pas, des tentatives que nous ne faisons pas, parce que nous sommes accoutumés à « subir ». Soit nous « subissons », soit nous agissons. Comme ce n’est jamais tout ou rien, nous pourrions découvrir des circonstances où nous subissons davantage et d’autres ou nous agissons davantage. Nos diverses positions disent ou affectent notre ambiance intérieure. Nous pouvons nous priver de certaines tentatives par peur, par honte, par culpabilité, à cause de certaines croyances, mais plus simplement encore par ignorance. Proportion gardée, j’ai pu subir ma cécité en ce sens que j’ignorais la faisabilité de certaines tâches physiques, et ce fut un vrai bonheur de découvrir et d’apprécier le possible, l’accessible, le réalisable.
De temps en temps, nous nous trouvons un subissement à dénoncer, sachant qu’il n’y a rien de plus facile, mais tout le temps, nuit et jour, nous nous fustigeons. Nous finissons toujours par voir, une fois ou l’autre, que nous ne subissons pas l’extérieur, et de plus, nous voyons de mieux en mieux que nous nous subissons nous-mêmes. Reconnaître que nous ne subissons que « nous-mêmes », en fait notre vieux conditionnement, c’est nous ouvrir la porte de la liberté, de l’épanouissement. C’est nous réveiller, sortir du cauchemar. S’il est juste et bon de reconnaître la réalité, c’est seulement parce que cela nous fait du bien, un bien fou !
Quand nous attendons les faveurs du monde, nous confirmons notre identification au « subisseur ». C’est nous vivre en tant qu’effet, non pas en tant que cause. Nous pouvons nous croire cause, sans être épanouis, parce qu’alors en réalité, nous ne nous sentons pas cause, mais nous nous croyons faute. Nous ne sommes pas des « subisseurs » et si nous en étions, sur qui pourrions-nous compter ? Où seraient alors les « non-infligeurs » bienveillants ou compréhensifs ? C’est précisément parce que nous ne sommes pas des « subisseurs » que nous pouvons être des « porteurs de lumière », des propagateurs de paix et d’amour.
Voilà des mots que notre ego ne peut pas entendre, ni même et surtout écouter ! Et tant que l’ego domine, nous composons tous plus ou moins, obligatoirement, avec l’impression de subir l’existence, y compris ceux qui la traitent avec violence. Quiconque s’en prend au monde croit en être victime. Et comme nous le dit Euripide/ « Qui use de la violence subira à son tour la violence ». Or, c’est là une information et non pas une consolation.
Nous cessons de subir, ici de souffrir, quand nous le reconnaissons, parce que ce qui reconnaît ne peut pas souffrir, ne peut rien subir. Et si seule l’intensité diminue, apprécions-le, aimons cela ! Quoi que nous pensions et concluions, pour garantir ou dévoiler la paix, nous n’aurons jamais d’autre option que d’en revenir à l’amour, qu’aimer être dans l’amour… Si nous pouvons repérer des instants sans la moindre impression de « subir », nous devrions aussi pouvoir reconnaître que nous sommes alors tout proche de notre nature profonde, que « notre âme est davantage au premier plan ». (À suivre)
Commentaire
197 Le subir et ses implications — Aucun commentaire
HTML tags allowed in your comment: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>