196 – La réalité non reconnue ou Le regard qui transforme
La Réalité non reconnue ou « Le regard qui transforme »
Tout comme celle-ci, un grand nombre des chroniques débutent avec l’évocation de la souffrance, de notre mal de vivre. Ce n’est pas étonnant car sans le mal-être généralisé, nous n’aurions pas grand-chose à dire ! Même la paix et l’amour n’auraient pas besoin d’être mentionnés si la souffrance n’était pas si « envahissante ». Aujourd’hui, nous allons nous arrêter sur quelques réalités psychiques qui expliquent la persistance du mal de vivre et dont la seule considération pourrait nous être très utile, d’une grande aide. Elles reposent sur l’ignorance, la crédulité, l’inadvertance, la négligence, l’endormissement ou l’adaptation incongrue. Indiquons aussi le déni souvent insoupçonné, le silence protégé et surtout le conditionnement ancestral et colossal. Il semble extrêmement puissant !
Quant à la désignation caractéristique de nos blessures psychiques, elle ne représente qu’un moyen pratique de considérer notre propre conditionnement séparateur. Nous sommes tous conditionnés, sans exception possible, et même quand nous le savons, toute proportion gardée, nous continuons de fonctionner comme s’il n’en était rien ou comme si cela était sans grande importance. C’est rester piégé ; c’est se priver de la possibilité de s’épanouir ; c’est évoluer en tant que programme et donc se vivre comme n’étant rien d’autre que ce programme. Parce que l’on est « complètement » soumis à son conditionnement, on pense ce que l’on pense, on dit ce que l’on dit, on fait ce que l’on fait, le tout étant trompeur. Dédaigner, ignorer cela ou le garder sous silence est donc particulièrement fâcheux !
Par exemple, nous prétendons des choses que nous finissons par démentir sans vergogne ou sans même nous en rendre compte ; certains répondent à des invitations sans la moindre envie ; d’autres consomment régulièrement des aliments qui les rendent malades de façon systématique. Nous pourrions trouver d’autres exemples de cette nature pour illustrer nos fonctionnements conditionnés ordinaires, mais il est surtout à savoir que c’est ainsi que nous vivons toute notre existence. Nous sommes aveugles ! Que ne nous faisons-nous pas subir ? (Thème de la prochaine chronique). Or, considérons tout cela avec bonté, avec douceur, avec bienveillance !
Ainsi, prenons conscience de combien nous restons positionnés comme des automates et combien nous sommes alors prêts à nous laisser traiter comme des machines, comme des objets et donc comme des esclaves. C’est l’esclave qui fait le bourreau, ce dernier n’étant pas pour autant dédouané. Son sentiment de culpabilité à lui l’atterrera tôt ou tard… C’est d’ailleurs ce que tout un chacun vit, à partir de ses réactions et autres comportements plus ou moins préjudiciables. Rappelons que tout état réactionnel représente une forme de malveillance. Et nous pouvons de plus découvrir que nous nous traitons nous-mêmes tels des objets. En réponse, la bienveillance pour nous-mêmes suggérée ne sera pas superflue !
Non seulement nos croyances nous fourvoient, mais nous ne tenons donc même pas compte de ce que nous savons pertinemment être faux. Et quand il s’agit du faux dans les relations, dans le monde, on n’y prête guère plus d’attention en général. En effet, on peut se maintenir dans une posture ou dans une activité que l’on a pourtant déjà perçue comme fausse, incongrue, délétère. Avec un minimum d’attention, bienveillante, nous pouvons découvrir comment et combien cela s’applique d’abord à nous-mêmes. Soyons vrais, sincères, honnêtes… Quand on a vraiment vu et reconnu que l’on fait fausse route, tout est accompli.
En fait, nous avons besoin de reconnaître et surtout de vivre la vérité, non pas d’abord la vérité qui nous est dite, mais celle qui est en nous-mêmes, celle que nous sommes. Si nous faisons fi de ce que nous savons clairement, par nous-mêmes, comme étant faux ou juste, quel réel intérêt pourrions-nous trouver à ce quiconque nous dit, nous fait partager ? Parfois, nous ne renonçons pas à ce que nous n’aimons pas, à ce que nous n’aimons plus, à ce que nous savons être faux ou néfaste. De cette façon, nous nous subissons nous-mêmes. Nous sommes l’esclave d’abord de nous-mêmes !
Ainsi, nous pouvons bien déplorer mille choses, nous remettons rarement en question la façon dont, en effet, nous nous traitons nous-mêmes. Nous continuons de nous laisser séduire par le monde de la forme, même quand nous sommes capables de considérer qu’il n’est qu’illusion. Si vous ne croyez pas que le monde est irréel, sinon que la perception que vous en avez est trompeuse, c’est OK, mais si vous le savez tout en continuant de le redouter ou d’en être séduit, vous ne pouvez pas vous sentir bien. Au contraire, votre vécu est d’autant plus pénible. Or, nous sommes blessés, nous sommes conditionnés, certes, mais ce que nous sommes réellement est parfait. Il n’est rien qui puisse l’améliorer, ni qui ait à l’améliorer.
S’il est vrai que nous avons besoin de nous perfectionner pour assumer un rôle, une fonction, un savoir-faire, nous n’avons besoin d’aucun perfectionnement pour manifester ce que nous sommes. Nous sommes déjà parfaits et complets. Nous l’avons toujours été et nous le sommes à jamais. Ce qui pense, ce qui souffre, ce qui réagit de quelque manière que ce soit n’est pas ce que nous sommes et nous pourrions être très avisés de ne plus lui accorder le moindre crédit. Oui, cette possibilité est nôtre, tout de suite. Quel effet produit sur vous l’évocation de cette possibilité-là ?
Ce que nous sommes en essence est parfait et le monde, dont nous croyons être issus, est lui corrompu et dépravé. De même que nous ignorons notre nature profonde, nous ne soupçonnons pas la dépravation du monde. Elle n’est pas à dénoncer, elle est à connaître. La poussière sous le tapis ne pourra être retirée que lorsqu’elle aura été vue. Ce que l’on cache n’est pas vu, ce que l’on garde sous silence n’est donc pas entendu… La réalité ne doit pas être ignorée, encore moins niée, mais elle n’a pas non plus à être dénoncée, réactionnellement, ni à faire l’objet d’une préoccupation obsédante.
Nous pensons probablement bien des choses à propos des diverses circonstances plus ou moins éprouvantes auxquelles nous pouvons directement être confrontés. Nous en faisons des histoires terribles, sinon extraordinaires. Outre l’aspect illusoire de toute chose, certaines de ces histoires n’ont même pas la réalité apparente que nous pourrions dénoncer. La projection et l’interprétation occupent une place démesurée. En effet, nous pouvons nous inventer des histoires effroyables, pour faire pitié, nous apitoyer sur notre propre sort, alors que partout dans le monde, sont perpétuées des horreurs insoupçonnées, inimaginables et pourtant incontestables. Ne nous en servons pas pour dédaigner le douloureux en nous-mêmes, mais veillons à ne pas dramatiser notre propre réalité.
Sans en être sciemment conscients, nous restons positionnés comme si nous étions un vieux programme, un vieux conditionnement, une vieille histoire familiale ou même transgénérationnelle. Nous faisons l’instant présent d’un passé forcément passé, d’un passé même interprété et réinterprété mémoriellement. Nous projetons un vieux scénario, qui pis est faussé, et nous nous y vautrons, nous nous y perdons. Cela ne pourrait-il pas être vrai pour vous aussi, en êtes-vous si sûr ? Nous restons incapables de remettre en question quoi que ce soit ou surtout d’y voir le moindre intérêt. Cet intérêt est pourtant fondamental. Et sans cela, nous pouvons même prendre les rayons de soleil pour des coups de poignard.
Il serait tout à fait bénéfique que nous puissions vraiment considérer que Nous devons notre mal de vivre à une grosse méprise, à une sorte de malentendu. Cette « idée » peut être envisagée comme effroyable, pour peu qu’elle puisse effectivement être envisagée, mais quand l’égarement se dissipe, on ne peut que rire de bon cœur d’avoir si longtemps souffert pour rien ! Étant à jamais paix, joie et amour, nous ne devrions jamais souffrir, mais comme nous nous vivons comme des entités séparées et donc coupables, nous ne pouvons que souffrir, qu’être mal, que nous fourrer dans des situations inextricables. Et c’est même encore une fausse interprétation de ces dernières qui empire notre mal-être.
Peu importe la ou les blessures utilisées par notre incarnation, nous nous maintenons malencontreusement dans une position faussée, complètement absurde, mais telle est la réalité humaine, ancestrale et collective. Une erreur maintenue de très longue date dit, certainement pas qu’elle est fatale, qu’elle doit être prolongée, mais qu’elle reste à être abandonnée au plus vite. Et le temps est venu, si l’on peut dire, de rectifier cette erreur. Il en va de notre « santé psychique, physique et spirituelle ». Réveillons-nous ! Notre problème est un rêve, un cauchemar, rien d’autre.
Les choses sont extrêmement simples : nous ne pouvons écouter que l’une ou l’autre des deux seules voix qui s’offrent à nous, celle de la tête ou celle du cœur, celle de l’ego ou celle de l’Amour, celle du passé ou celle de « l’Ici et Maintenant », celle de l’ombre ou celle de la lumière… C’est la première que nous écoutons la plupart du temps, peut-être tout le temps, mais nous ne pouvons pas méconnaître la seconde complètement. Écouter la voix du passé est notamment une habitude profondément enracinée, donc très puissante, et un degré élevé de réaction ou d’ignorance assure sa continuité.
Oui, nous devrions absolument nous en remettre à la « voix du cœur », à « l’esprit-saint », pour ceux qui entendent ce langage ; nous devrions lui confier nos préoccupations, nos vieux souvenirs obsédants, mais il se peut que nous résistions à cette seule idée : « S’en remettre », quelle idée ! Or, dans le même temps, de façon un peu étrange, nous ne résistons pourtant pas à nous en remettre à la voix de l’ego, au discours qui nous piège, aux croyances qui font tout notre drame. Essayons au moins de reconnaître cette position contradictoire et préjudiciable. D’aucuns peuvent se gausser à l’idée que tous, nous sommes paix et amour en essence, que nous sommes aussi puissance, tout en anticipant le pire avec le plus grand sérieux. On rejette le doux prêt à surgir et attire le dur qui ne se fait pas prier non plus.
Nous ne le reconnaissons pas, évidemment, mais nous restons positionnés comme si, plutôt que d’être heureux, nous préférons avoir raison, pouvoir avoir l’impression d’avoir raison. Oui, c’est vraiment ainsi que nous fonctionnons, même encore quand nous pouvons faire nôtres ces idées-là. Sachons-le ou rappelons-le-nous, et avec beaucoup de bienveillance, sourions à notre vieux fonctionnement conditionné, à nos habitudes délétères, à notre vision trompeuse et malheureuse.
« Souffrir », se maintenir dans une certaine souffrance psychique, dans un certain mal de vivre, c’est à tort prétendre savoir des choses. Cela vous semble-t-il inconcevable pour vous, pour votre cas ? Soyez sûr que c’est ainsi que votre serviteur vit le moindre de ses états d’âme éprouvants et qu’il en reçoit tôt ou tard beaucoup de lumière libératrice à chaque fois. Et sincèrement, je ne pense pas que je généralise mon expérience, de façon abusive, parce que je « vous » vois, parce que je vous entends, parce que je vous sens, parce que je vous sais, parce que je vous aime. Au nom de quoi résisteriez-vous à l’idée que vous souffrez pour rien ?
Nous nous sommes engagés sur la « mauvaise route » depuis des lustres, jusqu’à nous habituer à des conditions de vie ou de voyage tout à fait chaotiques. La bonne nouvelle est que nous n’avons pas besoin de rebrousser chemin, de reparcourir à rebours toute la route infernale. Outre la manifestation physique, tout ce qui prend du temps ne concerne que l’ego. Ce qui a trait à l’être est intemporel, indépendant du temps. L’accès à la voie à emprunter est là, ici et maintenant, et s’y « engouffrer », c’est manifester un éveil, tout de suite. Évidemment, « c’est incroyable », mais il s’agit, non pas d’y croire, mais de s’y disposer, d’en être d’accord. Autrement dit, même le vouloir n’est pas requis.
Si nous le pouvons, remarquons que chercher à se débarrasser d’une préoccupation prend un temps infini, que de surcroît, c’est toujours vain. En revanche, le plein accueil du douloureux associé, « option spirituelle », a très ordinairement pour effet une libération rapide, parfois même immédiate. Et les seules deux voix ou voies possibles sont bien rappelées ici. Il reste encore exceptionnel, autant le dire, que nous écoutions ou empruntions la seconde. Sachons au moins que cette seconde voie existe, qu’elle est TOUJOURS à notre disposition et rappelons-le-nous. C’est en cessant d’écouter la VOIX dissonante que nous empruntons la VOIE juste.
Ne nous privons pas de voir comment nous fonctionnons, à l’ordinaire, comment nous dysfonctionnons. Voyons-le, reconnaissons-le, c’est tout ! N’y résistons pas, n’y résistons plus ! Ne cherchons même pas à faire mieux, à faire autrement, d’autant moins en suivant encore un « il faut » ou un « il ne faut plus ». Pour la libération ou une transformation, la condition sine qua non est la reconnaissance pure et simple. Tout changement utile ou souhaitable en est un effet. La voie de l’Amour méconnaît l’effort, la dureté, l’exigence. Ces choses-là sont réservées à la voie de l’ego, au vouloir, au paraître… Nous sommes censés être heureux, tout de suite, et non pas souffrir. Et cela n’exclut pas que nous pouvons vérifier ce qu’est en l’occurrence notre état d’esprit, notre disposition du moment :
Peu importe dans cinq minutes, dans deux heures, demain, et encore moins hier, sommes-nous disposés tout de suite, ici et maintenant, à choisir, plutôt que la voix de l’ego, du mental, du conditionnement, celle du Cœur, celle de l’Esprit, lequel est porte-parole exclusivement du « Divin », sinon de la Paix et de l’Amour ? Et juste maintenant, juste à cet instant, pouvons-nous aimez l’idée d’être en paix et dans l’amour ? Pouvons-nous, tout de suite, aimer cette idée-là ? Nous pourrions disserter longtemps sur le libre arbitre, mais nous ne devrions pas nier que le choix nous est accessible, indépendamment même de ce que l’on nommera réussite ou efficacité. Nous ne devrions pas déplorer de ne toujours pas avoir reçu ce que nous n’avons jamais demandé.
Indépendamment de ce que nous savons ou pensons de la crise mondiale actuelle, dite sanitaire, peu seront prompts à nier son caractère inédit et relativement perturbant. Reste à savoir comment nous la vivons, combien nous l’utilisons pour raviver nos vieux schémas et douleurs non libérées. En fait, c’est un excellent exemple pour vérifier à quel degré nous la considérons de façon mentale, réactionnelle ou plutôt consciente et apaisée. Quand la lumière jaillit, l’ignorance devient impossible, mais pour certains d’entre nous, quand la réalité se fait horreur et s’avère inconcevable, le déni reste encore une option mentale.
Maintenant, que se passe-t-il, ordinairement, quand nous nous trouvons dans un état plutôt déplaisant, alors que nous ne saurions pas dire ce qui ne va pas ? Comment vivons-nous cela ? Ce peut être une sorte de mauvaise humeur ou un état simplement malheureux. Eh bien, il est fort probable que nous n’y répondions pas par un véritable accueil du moment, ni par sa reconnaissance pure et simple ! Nous n’entendons et n’écoutons pas la voix du cœur. Nous sommes aussi dans la réaction, en n’écoutant seulement la voix de l’ego. Ajoutons qu’en cas de grande confusion ou d’état malheureux énigmatique, tout se mélange en nous, cultivant pêle-mêle des attitudes réactionnelles et des préoccupations compensatrices.
Nous résistons à ce qui se présente momentanément à la conscience. Nous le déplorons de façon plus ou moins affirmée, plus ou moins véhémente, plus ou moins entêtée… Toujours de façon « réactionnelle », nous pouvons aussi faire comme si ça n’était rien, comme si ça n’existait pas, parce que nous avons toujours réagi ainsi (quand tel est le cas). Nous subissons aussi certains états d’âme sans aucun soin. Autrement dit, quoi qu’il en soit, nous écoutons le disque rayé, la voix du passé, le narratif conditionné. Ce positionnement ordinaire ne s’applique pas seulement aux moments éprouvants plus incompréhensibles que d’autres, mais il reste la chose à considérer en premier lieu si l’on aspire à déjouer la « souffrance ».
« Donnons-nous le temps » pour manifester pleinement notre préférence pour la voix du Cœur, de la Vérité, mais une nouvelle fois et au minimum, voyons si nous pouvons en aimer l’idée, tout de suite. Comprenons bien que la manifestation heureuse de quoi que ce soit est précédée de l’intérêt qu’on lui accorde, d’autant plus quand cet intérêt est en réalité un élan choyé ou une préférence très prononcée. Avec autant de douceur que possible, considérons simplement où nous en sommes à cet égard : à quel degré chérissons-nous la simple idée de nous défaire de la souffrance ? Et en conclusion, voyez si vous pouvez faire vôtre ce dernier paragraphe :
« Dans l’instant, je ne sais pas pourquoi je me sens mal, ce qui se rejoue en moi, ni comment m’aider moi-même, mais j’aime me rappeler qu’un basculement dans la paix, dans la joie, dans l’amour est accessible à tout un chacun, tout de suite ! Sans attente ni prétention, je m’en remets au « Divin » pour être éclairé, pour être libéré, pour être en mesure de préférer le sourire, de préférer l’Essentiel, de préférer l’instant présent… »
En complément à cette nouvelle chronique, je vous suggère de lire ou relire celle de juillet 2020 : « » :
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